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Les échanges commerciaux sont le sujet de l’heure. En fait, on entend tellement parler de protectionnisme et de barrières tarifaires qu’on en oublierait facilement que notre croissance économique et notre prospérité reposent en grande partie sur le commerce international.

Le gâteau de la richesse grossit grâce aux échanges commerciaux

Pendant des dizaines d’années, le commerce entre les pays n’a cessé de croître, et avec lui, la richesse mondiale. Chez nous, environ un emploi sur six dépend des exportations. Selon des économistes, les Canadiens gagneraient des revenus de 15 à 40 % plus élevés1 grâce à la libéralisation des échanges. Sans compter qu’ils bénéficient d’un plus grand choix de biens et de services, et à meilleur prix.

Bien des choses ont changé en 70 ans, mais il n’en reste pas moins que la plus importante hausse de la richesse mondiale coïncide avec une réduction majeure des barrières commerciales et le développement marqué des échanges à l’échelle internationale.

Au pays, le libre-échange a profité tant aux consommateurs qu’aux producteurs. Bien des choses ont changé en 70 ans, mais il reste que la plus importante hausse de la richesse mondiale coïncide avec la réduction des barrières commerciales et le développement marqué des échanges à l’échelle internationale.

Comment expliquer cette vive progression? Par la libéralisation des échanges de biens et de services entre les pays, qui favorise ce qu’on appelle la spécialisation.

Des gagnants sur toute la ligne

La spécialisation signifie qu’un pays se concentre sur les biens qu’il produit de la manière la plus efficace, et qu’il commerce avec l’étranger pour obtenir les autres biens dont il a besoin. Comme la spécialisation appuie l’efficacité, il se crée davantage de richesse que si chaque pays faisait tout lui-même.

Sur ce plan, le commerce international ne diffère pas du commerce intérieur, où ce sont les régions qui se spécialisent et échangent entre elles, ni de la spécialisation à l’échelle individuelle. Par exemple, qui mange uniquement des aliments qu’il a produits ou fait son propre nettoyage à sec? En fait, on se spécialise et on échange.

À l’échelle internationale, si on combine spécialisation et échanges, on obtient des avantages considérables.

  • Dans les petits marchés, comme au Canada, certains biens ou services sont impossibles à produire de manière rentable, parce que les coûts fixes de production font en sorte que le coût unitaire moyen serait trop élevé. Par contre, si une entreprise est en mesure d’exporter ses produits, elle peut produire à beaucoup plus grande échelle, ce qui fait baisser le coût unitaire moyen.
  • Dans un marché ouvert, les entreprises investissent dans les nouvelles technologies pour mieux répondre à la hausse de la demande. Résultat : il y a croissance économique et création de richesse.
  • Les consommateurs profitent aussi des gains découlant du commerce international : ils ont accès à des biens de qualité supérieure, à meilleur prix, et bénéficient d’un plus grand choix.
  • Grâce à la libéralisation du commerce, la fabrication d’un bien peut être répartie entre plusieurs manufacturiers établis dans des pays différents. Chacun d’eux peut se spécialiser davantage en développant son avantage comparatif dans une composante d’un bien seulement, au lieu du produit dans son ensemble (comme les plaquettes de frein d’une automobile), et laisser à d’autres entreprises ou pays la fabrication du reste. Ce modèle constitue une chaîne d’approvisionnement, qui fait baisser tant les coûts de production que les prix.

Le protectionnisme ne profite à personne

Si la libéralisation du commerce – tant les exportations que les importations – est dans l’intérêt général, le contraire est aussi vrai. Les obstacles au libre-échange, comme les droits de douane, nuisent à notre bien-être économique.

En règle générale, les droits de douane sur les biens sont payés à la frontière par l’importateur – et non l’exportateur. Autrement dit, ils sont facturés à l’acheteur. Celui-ci peut soit refiler une partie de ce coût à ses clients, en augmentant ses prix, soit convenir d’un partage avec l’exportateur.

  • Par exemple, les fabricants américains de cannettes achètent leur aluminium au Canada. Ce sont eux (les importateurs d’aluminium) qui doivent payer les droits de douane, ce qui fait augmenter le coût de production des cannettes. Au bout du compte, les consommateurs américains paient plus cher leur boisson préférée.

L’existence ou non d’un produit de substitution à un prix inférieur détermine normalement qui, au final, paiera la note et à combien celle-ci s’élèvera. Quoi qu’il en soit, dans la plupart des cas, ce sont les habitants du pays qui décide d’imposer les droits de douane qui en font les frais.

Grâce à la libéralisation du commerce, les pays sont plus interreliés que jamais et les entreprises peuvent tirer parti de chaînes d’approvisionnement spécialisées. Un renversement de la tendance, par l’imposition de droits de douane, aurait pour effet de perturber le marché mondial et de faire perdre de nombreux avantages tirés du libre-échange.

Un partage inégal du gâteau

La libéralisation du commerce a fait grimper les revenus dans l’économie mondiale, sans pour autant profiter à tout le monde. Les pays qui ont adopté le libre-échange ont certes vu leur situation s’améliorer globalement, mais au détriment de certains secteurs et certaines régions.

Il est arrivé que des inégalités de revenus s’aggravent, puisque des secteurs ont dû réduire leurs activités à cause du libre-échange, tandis que d’autres ont transféré leur production à l’étranger, au détriment des travailleurs locaux. En fait, bien que la spécialisation profite à de nombreux secteurs, d’autres en pâtissent, souvent parce qu’ils ne peuvent pas rivaliser sur la scène mondiale.

De ce fait, les travailleurs, leurs familles et les villes et régions concernées vivent de grands bouleversements. Il faudra probablement des années, voire une génération entière, avant que les ajustements donnent les résultats attendus.

Les gouvernements ont pris des mesures, notamment en appuyant des programmes de formation continue et de reconversion, pour aider les travailleurs touchés à s’adapter. Cette solution vaut mieux que de réduire la taille du gâteau par des mesures protectionnistes. Tout le monde en souffrirait bien plus.

Déficits et excédents commerciaux : au-delà des chiffres

On vient de le voir, tous n’ont pas reçu leur part du gâteau; un gâteau que la libéralisation du commerce avait pourtant fait grossir. Il est important toutefois de briser le mythe voulant que les importations de marchandises bon marché sont la cause de tous les maux et qu’il faut éviter les déficits commerciaux.

Autrefois, les exportations étaient généralement vues d’un bon œil, tandis que les importations étaient considérées comme une mauvaise chose. Les pays ont donc tenté d’exporter plus de produits qu’ils en importaient. Pourtant, l’idée de voir la balance commerciale entre deux pays comme une sorte de « feuille de pointage » avec un gagnant et un perdant est fausse.

Quand on examine les soldes commerciaux d’un pays avec ses partenaires, on devrait trouver des excédents avec certains et des déficits avec d’autres. C’est le résultat de la spécialisation.

Les importations sont d’une importance capitale pour notre économie :

  • Elles permettent souvent d’obtenir des composantes essentielles des machines et du matériel dont les entreprises ont besoin pour accroître leur productivité.
  • De tous les produits consommés au Canada, 34 % sont produits ailleurs, en tout ou en partie.
  • Beaucoup d’exportateurs dépendent des importations, car celles-ci entrent dans la composition du produit fini qu’ils vendent. C’est là l’essence même de la chaîne d’approvisionnement : permettre aux entreprises de se spécialiser dans le domaine où elles excellent.

Les interconnexions du commerce mondial

Le déficit ou l’excédent commercial entre deux pays ne dit pas tout : il est plus utile de s’intéresser à la balance commerciale d’un pays avec l’ensemble de ses partenaires.

Dans le monde actuel, où tout est interrelié, un déficit commercial peut vouloir dire bien des choses à propos de l’économie, dont beaucoup n’ont rien à voir avec les accords commerciaux. Essentiellement, si les dépenses d’un pays sont supérieures à ses revenus, l’écart entre les deux se traduit par un déficit commercial. C’est un peu comme si l’État avait une dette envers le reste du monde. La balance commerciale globale d’un pays dépend donc de nombreux facteurs.

  • Si un pays investit une grande part de ses revenus dans des biens de production comme des machines et du matériel, et que tous les autres facteurs demeurent inchangés, son solde commercial sera plus faible. Pourtant, en règle générale, la vigueur des investissements favorise la croissance future de la productivité et celle de la richesse. C’est pourquoi un solde faible n’est pas forcément quelque chose de négatif.
  • Pour financer un déficit, un gouvernement doit emprunter auprès de sa population ou d’autres pays, parfois des deux. Ainsi, si globalement l’emprunt public est supérieur à l’épargne privée au pays, la différence représentera un déficit commercial, ce qui équivaut à un emprunt à l’étranger.
  • L’augmentation du taux de change a tendance à affaiblir le solde commercial du pays concerné, puisqu’elle fait monter le prix de ses exportations en devises et baisser celui de ses importations.

Nous devons faire en sorte que le gâteau continue de grossir

Au fond, on peut affirmer que dans l’ensemble, le commerce international a favorisé notre prospérité. Même si ses bénéfices ne sont pas toujours répartis équitablement, la spécialisation associée à l’ouverture du commerce international nous a rendus plus productifs et a réduit le prix des biens et des services que nous consommons.

La libéralisation du commerce, à condition de s’accompagner de politiques visant à aider les personnes qu’elle désavantage, devrait continuer à faire grossir le gâteau, pour le bénéfice de tous.

  1. 1. Les estimations des économistes correspondent aux récentes théories sur lesquelles ils se fondent pour évaluer, à partir des variations du revenu réel, les gains de bien-être provenant de la libéralisation du commerce.[]

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