Combien ça coûte? L’inflation au Canada

Pourquoi les prix changent, et les conséquences pour l’économie

Sharon Kozicki
Sharon Kozicki
Jill Vardy
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Laurence Savoie-Chabot
Laurence Savoie-Chabot

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Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines choses sont beaucoup plus chères aujourd’hui que lorsque vous étiez jeune? C’est le signe d’un phénomène important dans notre économie : l’inflation.

L’inflation est une mesure de la hausse du prix des biens et des services. Beaucoup de facteurs agissent sur les prix : la difficulté qu’on a à trouver un produit, le coût de la main-d’œuvre et des matières premières qui servent à le fabriquer, la concurrence entre vendeurs, etc. Les politiques qui favorisent la croissance économique peuvent elles aussi créer de l’inflation : quand les gens ont plus d’argent, la demande de biens et de services a tendance à augmenter, ce qui peut faire monter les prix.

L’inflation donne un portrait global

Pour mesurer l’inflation chaque mois, Statistique Canada suit les prix d’une longue liste de biens et de services, qu’elle appelle un « panier ». Le contenu de ce panier tient compte de la quantité de chaque bien ou service que les gens achètent habituellement. On se sert des prix de tous ces éléments pour calculer une mesure moyenne des prix, que l’on nomme l’indice des prix à la consommation (IPC).

Chacun de nous a sa propre expérience de l’inflation, selon ce qu’il achète chaque mois. Ainsi, un fumeur qui conduit une voiture et qui mange de la viande tous les jours ne connaît pas la même inflation que son amie végétalienne non fumeuse qui se déplace à vélo.

Comme l’IPC est une mesure moyenne, il donne un portrait global des dépenses de consommation pour l’ensemble du pays. Ce n’est pas la seule mesure de l’inflation, mais c’est la plus utilisée, tant par les entreprises que par les institutions et les gouvernements. Par exemple, la croissance de l’IPC chaque année a une influence sur l’augmentation de salaire que bien des gens reçoivent ou sur la hausse de leur pension de retraite.

Une inflation trop haute ou trop basse est synonyme de problèmes

C’est lorsque l’inflation est stable et prévisible que l’économie fonctionne le mieux. L’entreprise qui prépare son budget pour l’année suivante doit considérer à quel rythme vont augmenter le prix de son matériel et de ses fournitures, son loyer et le salaire de ses travailleurs. Quand ces coûts montent, l’entreprise relève aussi ses prix. On parle d’inflation élevée quand les prix augmentent rapidement et qu’on n’en a plus autant pour son argent. Notre pouvoir d’achat, c’est-à-dire notre capacité d’acheter des biens et des services avec l’argent que nous avons, est alors réduit.

Voilà comment une inflation élevée et imprévisible nuit à l’économie : si les revenus n’augmentent pas aussi vite que les prix, le pouvoir d’achat de tout le monde baisse. Les gens consomment moins et l’économie commence à ralentir. À cause d’une inflation élevée, les personnes qui ont épargné en vue de leur retraite pourraient se retrouver avec moins d’argent qu’elles ne l’avaient prévu. Les entreprises et les consommateurs doivent s’efforcer de se protéger contre les effets de la hausse des coûts.

Dans des cas extrêmes, une inflation élevée peut vouloir dire que l’économie est à la dérive. Par exemple, au Venezuela, les problèmes économiques se sont accompagnés de très forts taux d’inflation. Ainsi, en 2017, l’inflation dépassait 2 800 %, selon les chiffres du Fonds monétaire international. À ce rythme, le café de 2 dollars que vous vous êtes acheté en allant travailler coûterait 58 dollars dans un an. Quand l’inflation atteint de tels niveaux, les économistes parlent d’« hyperinflation ».

Alors, si une inflation élevée n’est pas souhaitable, la déflation – c’est-à-dire une baisse des prix – doit l’être, non? Pas forcément. Quand le prix de certains articles diminue, cela peut en stimuler la demande. Mais quand on assiste à une baisse généralisée et durable des prix, c’est bien souvent le signe de problèmes économiques profonds. Lorsque les gens perdent leur emploi, ils consomment moins, et lorsque les entreprises vendent moins, elles réduisent leurs prix. Les gens peuvent alors décider d’attendre avant d’effectuer de gros achats parce qu’ils pensent que les prix vont continuer de baisser. Et plus ils épargnent, moins ils dépensent. Par conséquent, les prix diminuent encore plus et l’activité économique s’affaiblit.

L’inflation au fil du temps

D’habitude, les Canadiens n’accordent pas beaucoup d’attention à l’inflation. C’est parce que l’inflation au Canada se situe aux alentours de 2 % par année depuis à peu près 25 ans.

Au cours des années 1970, les prix ont augmenté en moyenne de quelque 8 % par année. À ce rythme, les prix doublent en 9 ans seulement. Mais, quand l’inflation est autour de 2 % par année, il faut environ 35 ans pour que les prix doublent.

En 1991, le gouvernement du Canada et la Banque du Canada ont convenu qu’il serait avantageux pour les Canadiens que l’inflation soit à un niveau bas, stable et prévisible, et ont conclu une entente à ce sujet. La Banque a alors reçu le mandat de ramener l’inflation à environ 2 % et de la maintenir entre 1 et 3 %. En fait, elle a réussi à la garder près de 2 %.

Un niveau bas, stable et prévisible

Pour atteindre cette cible d’inflation, la Banque ajuste son taux d’intérêt directeur, soit en l’augmentant ou en l’abaissant. Si l’inflation dépasse la cible de 2 %, la Banque peut décider de hausser le taux directeur. Cela incite les banques à relever leurs taux d’intérêt sur les dépôts et les prêts hypothécaires, entre autres. Les gens sont alors portés à épargner, plutôt qu’à emprunter et à dépenser. Les entreprises réagissent en augmentant leurs prix de façon plus graduelle ou même en les réduisant pour stimuler la demande. Résultat : l’inflation diminue. Pour sa part, une baisse des taux d’intérêt a l’effet contraire et peut faire monter l’inflation si elle est trop basse.

Évidemment, la Banque n’intervient pas à chaque mouvement de l’inflation et ne se préoccupe pas non plus des prix qui jouent aux montagnes russes. De la même manière, elle ne se soucie pas des changements du niveau des prix qui ne se produisent qu’une fois, comme ceux causés par un nouveau taux de la taxe de vente. La Banque porte plutôt son attention sur les variations de prix généralisées et durables, celles qui peuvent éloigner l’inflation de la cible de 2 % pendant un certain temps. Elle privilégie cette approche parce que les effets des modifications qu’elle apporte au taux directeur prennent du temps avant de se faire sentir sur les dépenses des consommateurs.

Le grand avantage du régime de ciblage de l’inflation, c’est qu’il est plus efficace lorsque le comportement des gens vient renforcer la cible. Ainsi, si la population s’attend à ce que les prix montent d’environ 2 % par année en moyenne, il y a plus de chances que les employeurs et les travailleurs s’entendent sur une hausse salariale de 2 % pour compenser l’augmentation du coût de la vie. Comme les salaires ont un lien direct avec les coûts à payer pour produire des biens et fournir des services, et que ces coûts ont une influence sur les prix, ce cycle aide la Banque à maintenir l’inflation à la cible.


Visitez le Musée de la Banque du Canada pour participer au programme ÉCHEC À L’INFLATION!, qui fait appel à des jeux pour inviter les élèves à lutter contre l’inflation. Qui aurait cru qu’il pouvait être aussi amusant de découvrir la politique monétaire?

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