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Enquête sur les perspectives des entreprises — Hiver 2020-2021

Résultats de l’enquête de l’hiver 2020-2021 | Vol. 17.4 | 11 janvier 2021

Les répondants à l’enquête de l’hiver sur les perspectives des entreprises ont signalé que la reprise se poursuit, soutenue par le renforcement de la demande intérieure et étrangère, surtout dans les secteurs producteurs de biens. Les entreprises s’attendent toutefois à une reprise inégale. En particulier, celles qui ont été durement touchées par la pandémie prévoient de traverser une période difficile.

Vue d’ensemble

  • Les entrevues de l’enquête ont été réalisées de la mi-novembre au début décembre, soit avant que certains gouvernements provinciaux ne resserrent encore les restrictions visant à contenir la pandémie et après que des annonces ont été faites au sujet de vaccins efficaces.
  • L’indicateur de l’enquête a continué de se redresser par rapport aux creux presque historiques enregistrés à l’été et à l’automne, et est redevenu légèrement positif, signe d’un regain de confiance des entreprises.
  • Bien qu’environ la moitié des répondants aient déclaré que leurs ventes sont actuellement en deçà de leurs niveaux d’avant la pandémie, la plupart s’attendent à ce qu’elles augmentent au cours des 12 prochains mois, à mesure que l’économie se redressera. Néanmoins, un tiers des entreprises sondées, principalement celles qui procurent des services à forte proximité physique, ne pensent pas que leurs ventes reviendront à leurs niveaux d’avant la pandémie en 2021.
  • Compte tenu du renforcement de la demande, la plupart des entreprises ont déclaré avoir des intentions d’investissement et d’embauche plus solides.
  • Les résultats de l’enquête révèlent un accroissement des pressions haussières sur les coûts des intrants, qui tient en grande partie à l’augmentation des coûts liés au fret. Puisque la demande s’est raffermie, un plus grand nombre d’entreprises prévoient de répercuter ces coûts plus élevés sur le prix de leurs produits.
  • Dans l’ensemble, les firmes s’attendent à ce que la hausse des prix à la consommation se maintienne un peu au-dessous de 2 % au cours des deux prochaines années.

Indicateur de l’enquête

L’indicateur de l’enquête a continué de se redresser et est redevenu légèrement positif, ce qui témoigne d’un regain de confiance des entreprises (graphique 1). De fait, de nombreux indicateurs ont progressé, les conditions économiques s’étant en partie rétablies par rapport aux niveaux extrêmement bas atteints auparavant en 2020. Les intentions d’investissement et d’embauche ont connu les plus fortes hausses depuis cet automne. La robustesse de la demande étrangère, le regain de confiance lié à l’arrivée des vaccins, et le maintien des programmes d’aide gouvernementaux contribuent tous à l’amélioration des perspectives. Bien que la confiance des entreprises se soit généralement améliorée, elle demeure fortement déprimée pour beaucoup de firmes, notamment celles qui procurent des services à forte proximité physique. Ces dernières s’attendent à ce que la demande reste faible pendant un certain temps en raison des inquiétudes liées à la COVID‑19.

Graphique 1 : Indicateur de l’enquête

Dernière observation :

Activité économique

La plupart des répondants ont fait état d’une expansion plus lente de leurs ventes au cours des 12 derniers mois comparativement aux 12 mois précédents (graphique 2). Environ la moitié des entreprises ont constaté une nette diminution de leurs ventes, principalement causée par les effets de la pandémie. Cette proportion se rapproche des résultats obtenus lors des enquêtes de l’été et de l’automne derniers.

Au moment où l’enquête de l’hiver a été réalisée, un plus grand nombre d’entreprises ont signalé une amélioration des indicateurs des ventes futures (comme les carnets de commandes et les demandes de renseignements) par rapport aux deux enquêtes précédentes (graphique 3). La plupart des entreprises prévoient une hausse de leurs ventes, mais pour plusieurs d’entre elles, les perspectives de ventes restent incertaines, puisque personne ne sait comment la pandémie va évoluer. Dans les secteurs producteurs de biens, les entreprises bénéficient de perspectives de ventes favorables et prévoient dans l’ensemble que la croissance de leurs ventes s’accélérera au cours des 12 prochains mois. D’un autre côté, un tiers des entreprises ne s’attendent pas à ce que leurs ventes retournent à leurs niveaux d’avant la pandémie dans les 12 prochains mois, ce qui laisse supposer que la reprise sera inégale. Ces entreprises, qui tardent à se redresser et sont pour la plupart liées aux services à forte proximité physique (tourisme, restauration, etc.), prévoient quand même que leurs ventes augmenteront légèrement par rapport à leurs bas niveaux actuels. Les progrès réalisés sur le plan des vaccins ont également nourri l’optimisme des entreprises, quoique la plupart d’entre elles pensent que les effets positifs des vaccins ne se concrétiseront que plus tard en 2021.

Graphique 2 : Croissance passée des ventes

* Pourcentage des entreprises qui font état d’un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement Dernière observation :

Graphique 3 : Croissance future des ventes

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement
† Pourcentage des entreprises ayant signalé une amélioration des indicateurs diminué du pourcentage de celles ayant constaté une détérioration Dernière observation :

Comparativement à l’enquête de l’automne dernier, un plus grand nombre d’exportateurs se sont montrés optimistes quant à leurs perspectives de ventes, mais la plupart se remettent d’un faible niveau d’activité. Ils s’attendent à ce que la demande étrangère – surtout celle des États-Unis – soit vigoureuse. La majorité de ces entreprises sont des fabricants (d’automobiles, de produits de construction résidentielle et commerciale, etc.), certaines exportent des produits de base (comme des produits énergétiques), et quelques-unes opèrent dans le secteur des services (transport et logistique, technologie, logiciels, etc.).

Intentions d’investissement et d’embauche

Le solde des opinions relatif aux investissements en machines et matériel a augmenté et se situe maintenant bien au-dessus de zéro, les entreprises de toutes les régions ayant signalé leur intention d’accroître leurs dépenses dans ce domaine (graphique 4). Cette amélioration reflète tant l’optimisme des entreprises qui n’ont pas subi les répercussions négatives de la pandémie que les attentes d’un retour à des conditions normales chez celles qui se remettent du choc. Évoquant un regain de vigueur de leurs ventes, beaucoup de répondants ont dit vouloir étendre leurs activités et accroître leur productivité en investissant dans l’automatisation et la numérisation. Ils comptent aussi améliorer le volet soutien à la clientèle de leurs activités en ligne. Bien que les perspectives d’investissement se soient globalement améliorées, les effets de la pandémie sur les projets de dépenses restent inégaux (encadré 1). Plusieurs entreprises du secteur des services à forte proximité physique, notamment dans les domaines du tourisme et des spectacles, prévoient de freiner leurs investissements et de dépenser moins qu’elles ne l’ont fait au cours des 12 derniers mois.

Graphique 4 : Intentions d’investissement

* Pourcentage des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs investissements diminué du pourcentage de celles qui envisagent de les réduire Dernière observation :

Graphique 5 : Conditions du crédit

* Pourcentage des entreprises qui ont fait part de leurs attentes quant au taux préférentiel

Les perspectives d’emploi des répondants se sont améliorées par rapport aux deux enquêtes précédentes (graphique 6). Les entreprises rattachent souvent leurs intentions d’embauche à la reprise prévue de leurs ventes au cours des 12 prochains mois. Parmi celles ayant des intentions d’embauche positives, environ la moitié prévoient d’augmenter leurs effectifs plus tard en 2021, lorsqu’elles jugeront que la pandémie est en grande partie maîtrisée. Comme dans l’enquête de l’automne, la moitié des répondants ont déclaré que le soutien fourni par les programmes gouvernementaux leur a permis de mettre moins d’employés à pied ou d’en réembaucher. Cela dit, les résultats de l’enquête laissent entrevoir une reprise des marchés du travail longue et inégale, un quart des entreprises étant d’avis que leurs effectifs demeureront moins importants qu’avant la pandémie pendant au moins une autre année.

Graphique 6 : Intentions d’embauche

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un niveau d’emploi plus élevé diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Pressions sur la capacité de production

La proportion d’entreprises ayant déclaré qu’elles auraient des difficultés à répondre à une hausse inattendue de la demande s’est accrue, dépassant la moyenne enregistrée depuis le lancement de l’enquête (graphique 7). Les pressions sur les capacités se sont principalement fait sentir dans les secteurs producteurs de biens, où les contraintes d’approvisionnement se sont intensifiées à mesure que la demande se renforçait. Beaucoup d’entreprises productrices de biens ont affirmé avoir connu de longs délais d’approvisionnement en matériaux, en provenance notamment des États-Unis et d’Asie. Le plus souvent, ces difficultés tenaient à la pandémie. Des capacités excédentaires subsistent dans le secteur des services, en particulier dans les entreprises liées aux services à forte proximité physique, comme les hôtels et les salles de spectacle.

Graphique 7 : Pressions sur la capacité de production

 Dernière observation :

Les pressions exercées sur la capacité de production découlent aussi des difficultés que les entreprises ont à trouver des travailleurs, comme en témoigne le fait qu’un plus grand nombre de répondants ont signalé des pénuries de main-d’œuvre (graphique 8, barres bleues). Plusieurs d’entre eux ont déclaré que les difficultés qu’ils éprouvaient à cet égard étaient en partie attribuables aux programmes gouvernementaux de soutien au revenu mis en place en réponse à la pandémie. Qui plus est, à mesure du raffermissement de la demande, les besoins en main-d’œuvre des entreprises ont également augmenté, révélant des tensions dans certains segments du marché du travail qui existaient avant la pandémie, notamment dans le secteur des métiers, pour les spécialistes des technologies, ainsi que dans les régions éloignées. En conséquence, l’indicateur relatif à l’intensité des pénuries de main-d’œuvre a progressé pour s’établir juste en dessous de zéro (graphique 8, ligne rouge).

Graphique 8 : Pénuries de main-d’œuvre

* Pourcentage des entreprises qui font état de pénuries de main‐d’œuvre plus intenses diminué du pourcentage de celles qui signalent des pénuries moins intenses Dernière observation :

Salaires, prix et inflation

Le solde des opinions sur les attentes à l’égard de la croissance des salaires a remonté pour s’établir à zéro, ce qui donne à penser que le rythme de croissance des salaires au cours des 12 prochains mois devrait être à peu près le même que celui des 12 derniers mois (graphique 9). L’amélioration de la croissance des salaires par rapport à l’automne a été plutôt généralisée dans l’ensemble des secteurs et des régions, témoignant ainsi de la levée des gels de salaires et du retour graduel des pressions que subissent les entreprises pour attirer et retenir les meilleurs employés.

Les entreprises s’attendent à ce que les prix des intrants et des extrants augmentent à un rythme un peu plus rapide au cours des 12 prochains mois (graphique 10 et graphique 11). Celles des secteurs producteurs de biens ont souvent mentionné des pressions haussières de plus en plus importantes sur les coûts d’approvisionnement liés en grande partie aux frais d’expédition et de fret. En outre, plusieurs répondants ont signalé une augmentation plus rapide des coûts des produits de base et d’autres intrants, y compris des frais de sous-traitance. Dans un contexte de raffermissement de la demande, un plus grand nombre d’entreprises peuvent désormais répercuter la plupart des coûts plus élevés des intrants sur leurs clients, entre autres pour les produits de base et les autres intrants hors main-d’œuvre. C’est particulièrement le cas des entreprises productrices de biens, surtout celles du secteur manufacturier.

Graphique 9 : Attentes des salaires

* Pourcentage d'entreprises prévoyant des coûts de main-d'œuvre plus élevés moins le pourcentage prévoyant des coûts de main-d'œuvre moins élevés Dernière observation :

Graphique 10 : Prix des intrants

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme plus rapide d’augmentation des prix diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Graphique 11 : Prix des extrants

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme plus rapide d’augmentation des prix diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Après avoir quelque peu rebondi à l’automne, les attentes d’inflation ont légèrement diminué. La majorité des entreprises croient qu’au cours des deux prochaines années l’inflation se maintiendra dans la moitié inférieure de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de la Banque du Canada, qui va de 1 à 3 % (graphique 12). La plupart des répondants considèrent encore que la prolongation de la conjoncture économique défavorable est la principale cause des pressions inflationnistes limitées. En revanche, plusieurs des entreprises qui sont d’avis que l’inflation sera supérieure à 2 % attribuent leurs attentes à la reprise économique en cours, laquelle est alimentée par la distribution de vaccins et le soutien continu du gouvernement.

Graphique 12 : Attentes d’inflation

Dernière observation :

Encadré 1 : Les intentions d’investissement sont inégales d’un secteur à l’autre

À compter de la présente livraison, les données par région, secteur et taille des entreprises concernant l’enquête sur les perspectives des entreprises seront publiées en ligne sous forme de moyennes mobiles sur quatre trimestres1. Ces données illustreront plus finement l’évolution des points de vue des entreprises sur l’économie canadienne.

Les données sur les intentions d’investissement révèlent des inégalités d’un secteur à l’autre (graphique 1-A). Dans le secteur des services commerciaux et des services aux particuliers et aux entreprises, qui comprend les entreprises offrant des services à forte proximité physique (restaurants, hôtels, etc.), les intentions d’investissement demeurent défavorables. Souvent, ces entreprises sont touchées de plein fouet par les mesures de confinement, qui imposent chez elles une marge de capacités excédentaires et les incitent peu à investir. En outre, elles ne pensent pas retrouver les niveaux de demande qu’elles connaissaient avant la pandémie tant que les mesures de confinement n’auront pas été levées et que les consommateurs n’auront pas recommencé à utiliser des services à forte proximité physique. Dans le secteur primaire, la pandémie a créé des conditions qui ont entraîné de nouvelles réductions généralisées des dépenses d’investissement. Les intentions d’investissement dans ce secteur étaient déjà réduites en 2019 en raison de l’incertitude entourant les pipelines et des limitations de la production de pétrole. Dernièrement, le secteur a commencé à se redresser grâce au renchérissement de certains produits de base.

Dans d’autres secteurs, un plus grand nombre d’entreprises anticipent un certain essor de la demande et comptent accroître leurs dépenses d’investissement. C’est le cas, par exemple, dans les secteurs du commerce ainsi que de la finance, des assurances et des services immobiliers, où des entreprises procèdent à des investissements pour faciliter la vente en ligne et le service à la clientèle connexe. Tant le secteur manufacturier que celui de la construction, de l’information, des transports et des services publics comptent des entreprises qui procurent des services à forte proximité physique ou qui sont liées à ces services. Mais d’autres firmes de ces secteurs prévoient que la demande va progresser – y compris la demande étrangère –, et elles envisagent d’investir en conséquence.

* Pourcentage des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs investissements diminué du pourcentage de celles qui envisagent de les réduire

  1. 1. Pour en savoir plus, consulter la Note d’information sur les données par région, secteur et taille des entreprises concernant l’enquête sur les perspectives des entreprises. Comme les données sont des moyennes mobiles sur quatre trimestres, elles ne correspondent pas aux résultats de la présente enquête.[]

Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone et par vidéoconférence entre le 16 novembre et le 4 décembre 2020. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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