Un système financier stable et efficient est essentiel pour soutenir la croissance économique et améliorer le niveau de vie. Dans la Revue du système financier, nous analysons les principales vulnérabilités et les principaux risques au sein du système financier canadien et expliquons leur évolution au cours de la dernière année.

La Revue du système financier est produite sous la supervision du Conseil de direction de la Banque du Canada, qui réunit Tiff Macklem, Timothy Lane, Lawrence Schembri, Paul Beaudry et Toni Gravelle.

Les données utilisées dans le présent rapport sont celles qui étaient disponibles au 17 mai 2021.

Consultez les livraisons précédentes de la Revue du système financier.

Sommaire

Le système financier canadien continue de bien fonctionner malgré la pandémie de COVID‑19, et les institutions financières canadiennes ont fait preuve de résilience durant la crise. Les mesures de soutien budgétaires et monétaires sans précédent ont joué un rôle essentiel dans le maintien de ce bon fonctionnement. La pandémie a tout de même soulevé des inquiétudes concernant la liquidité des marchés.

Deux grandes vulnérabilités touchant les ménages – l’endettement élevé des ménages et les déséquilibres sur le marché du logement – se sont intensifiées dans la dernière année. La forte expansion du marché du logement et la hausse correspondante de la dette hypothécaire soutiennent la croissance économique à court terme, mais exposent l’économie et le système financier du pays à un risque accru à moyen terme.

Les trois autres vulnérabilités du système financier qui figuraient dans les livraisons précédentes de la Revue du système financier sont toujours présentes, mais n’ont pas changé de façon notable dans la dernière année. Il s’agit de l’évaluation erronée du prix des actifs exposés aux risques climatiques ainsi que des cybermenaces et de la précarité du financement par emprunt des sociétés sur certains marchés.

Messages clés

  • Le système financier canadien s’est montré résilient face à la pandémie grâce à un secteur bancaire bien capitalisé et au soutien énergique des administrations publiques et de la Banque du Canada dont ont profité les ménages et les entreprises. Les marchés financiers se sont remis rapidement des tensions sur la liquidité du début de la crise, et les mécanismes d’octroi de liquidités exceptionnelles de la Banque ne sont plus nécessaires. Les participants au marché ont encore confiance dans la capacité du système à résister à un choc négatif grave.
  • À l’échelle mondiale, la forte propension au risque des investisseurs a poussé les prix d’une variété d’actifs à la hausse. Si la confiance du marché devait changer – possiblement en raison d’un revers majeur dans la lutte contre la pandémie ou dans la reprise économique connexe –, les conditions financières mondiales pourraient nettement se détériorer. Une telle réévaluation du risque pourrait avoir des répercussions au Canada et interagir avec les vulnérabilités intérieures analysées dans le présent rapport.
  • Au Canada, les ménages ont subi les effets de la pandémie de façon inégale. Ayant peu d’occasions de dépenser et une attitude plus prudente, bon nombre d’entre eux ont accumulé de l’épargne et réduit leur dette à la consommation. Mais, en même temps, la dette hypothécaire de certains ménages a considérablement augmenté, ce qui se reflète dans la hausse du nombre de prêts hypothécaires octroyés à des ménages dont le ratio de prêt au revenu est élevé.
  • L’activité sur les marchés du logement est très vigoureuse, portée surtout par les facteurs fondamentaux. Certains marchés montrent cependant des signes d’anticipations de hausses de prix extrapolatives. C’est ce qui se produit lorsque des logements sont achetés dans l’attente que les prix continuent d’augmenter, ce qui contribue aux déséquilibres sur les marchés et rend les propriétaires vulnérables à de futures baisses de prix. Une chute marquée du prix des logements pourrait peser sur la consommation, particulièrement chez les ménages fortement endettés, surtout si elle s’accompagne de diminutions de l’emploi et du revenu.
  • Les fortes tensions financières subies par les entreprises ont été limitées, en partie grâce aux mesures budgétaires exceptionnelles durant la pandémie. Cependant, le fait que certaines sociétés se financent au moyen des titres d’emprunt à rendement élevé, lesquels peuvent être sujets aux revirements de la confiance des investisseurs, est encore une vulnérabilité du système financier.
  • Le système financier demeure aussi vulnérable à une hausse prononcée de la demande de liquidités. Au cours des vingt dernières années, la demande potentielle du secteur de la gestion d’actifs a dépassé la capacité des banques à fournir des liquidités au système financier via les marchés des titres à revenu fixe en périodes de tensions. Cette vulnérabilité n’est pas nouvelle, mais le risque qu’elle fait peser sur la stabilité du système financier a été mis en évidence par les problèmes de liquidité observés sur les marchés au printemps 2020.
  • Le prix des actifs exposés aux risques climatiques fait généralement l’objet d’une évaluation erronée, ce qui peut exposer les investisseurs et les institutions financières à des baisses soudaines de la valeur de leurs actifs à forte intensité carbonique durant la transition vers une économie sobre en carbone.
  • La nature interconnectée du système financier et l’accélération de la transformation numérique de l’économie sont à l’origine de la vulnérabilité du système aux cyberattaques.

Conditions macrofinancières mondiales

  • À l’échelle mondiale, les évaluations dans diverses catégories d’actifs sont élevées. La reprise économique mondiale post-pandémie étant amorcée, les perspectives de croissance sont robustes dans la plupart des économies avancées. La forte propension au risque des investisseurs dans le contexte mondial de quête de rendement a fait monter les cours des actions jusqu’à de nouveaux sommets et rétrécir les écarts de crédit presque à leurs niveaux d’avant pandémie.
  • Les conditions financières avantageuses soutiennent la croissance à court terme, mais peuvent encourager la prise de risques excessifs et l’accroissement des vulnérabilités, notamment le recours démesuré au levier d’endettement et l’évaluation erronée du prix des actifs.

La forte propension des investisseurs à prendre des risques découle de l’amélioration des perspectives de l’économie mondiale et de la quête de rendement dans un contexte de faibles taux d’intérêt. Cette grande propension au risque n’est pas un phénomène nouveau, mais elle s’est accentuée depuis le milieu de 2020. À ce stade-ci du cycle économique, les perspectives mondiales sont très favorables, particulièrement dans les économies avancées. Cette situation tient à deux grands facteurs. D’abord, l’accélération des campagnes de vaccination contre la COVID‑19 a renforcé la confiance des investisseurs dans la reprise économique. Ensuite, l’important programme de relance américain améliore les prévisions de croissance aux États-Unis et à l’étranger.

L’optimisme des investisseurs se reflète dans les évaluations élevées dans diverses catégories d’actifs. Par exemple, les cours des actions avoisinent des sommets historiques partout dans le monde, et la volatilité implicite a diminué de façon considérable depuis le début de la pandémie (graphique 1)1. De plus, les indicateurs de risque des marchés financiers sont à des creux historiques. Comme les perspectives économiques se sont améliorées, l’élargissement des écarts de crédit sur les obligations de sociétés observé lors du choc de la COVID‑19 a presque totalement disparu (graphique 2). Même si les émissions d’obligations de sociétés canadiennes ont ralenti par rapport au sommet atteint au deuxième trimestre de 2020, lorsque les emprunts de précaution étaient élevés, elles se poursuivent tout de même à un rythme plus soutenu qu’en temps normal étant donné la forte propension au risque des investisseurs. De plus, les mesures exceptionnelles de relance monétaire mises en place par les banques centrales exercent des pressions à la baisse sur les rendements des obligations d’État. Toutefois, les rendements des obligations d’État de référence ont augmenté dans les premiers mois de 2021, alors qu’on notait des attentes d’inflation à la hausse et une amélioration des perspectives de l’économie mondiale.

Graphique 1 : Les cours des actions avoisinent des sommets historiques, tandis que la volatilité a beaucoup diminué depuis le début de la pandémie

Nota : Le VIX est une mesure de la volatilité fondée sur les options de l’indice S&P 500.
Sources : Chicago Board Options Exchange, S&P Global, Bloomberg Finance L.P. et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 12 mai 2021


Graphique 2 : L’élargissement des écarts de crédit sur les obligations de sociétés observé lors du choc de la COVID-19 s’est presque totalement dissipé

Écart entre le rendement des obligations de sociétés et celui des obligations d’État, selon la note de crédit

Nota : Les données sur les obligations de qualité proviennent de l’ICE BofA Canada Corporate Non-Financial Index, et celles concernant les obligations à rendement élevé, de l’ICE BofA US High Yield Canadian Issuers Index. Les médianes ont été calculées sur la période 2015-2019.
Sources : Bloomberg Finance L.P., Intercontinental Exchange Bank of America (ICE BofA) et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 12 mai 2021

Le Canada et la plupart des économies avancées font face à des réalités économiques et financières semblables. Dans son plus récent Rapport sur la stabilité financière dans le monde, le Fonds monétaire international (FMI) a relevé plusieurs vulnérabilités importantes au sein du système financier mondial2. En particulier, il a constaté des signes d’une prise de risque excessive et de surévaluation. Compte tenu de ces vulnérabilités financières élevées, une réduction soudaine de la propension au risque des investisseurs – possiblement en raison d’un ralentissement important de la reprise économique mondiale post-pandémie – pourrait causer une nette détérioration des conditions financières mondiales (voir la section sur les risques).

De plus, le FMI a signalé qu’une réévaluation des risques d’inflation pourrait être la source d’une réévaluation du prix des actifs risqués3. À l’heure actuelle, l’effet qu’aura la pandémie sur le produit intérieur brut (PIB) mondial potentiel est particulièrement difficile à estimer et à prévoir, tout comme la vitesse à laquelle la demande se redressera après la pandémie. Compte tenu des importantes mesures de soutien monétaires et budgétaires encore en vigueur, la hausse temporaire de l’inflation anticipée dans certains pays au premier semestre de 2021 pourrait se prolonger. Une forte hausse des attentes d’inflation pourrait entraîner une réévaluation du risque et une révision des prix des actifs (voir la section sur les risques).

Bon nombre des enjeux relevés par le FMI sont les mêmes que dans le présent rapport, notamment l’accroissement du levier d’endettement des entreprises et des ménages dû aux conditions financières avantageuses. Le FMI a aussi soulevé des inquiétudes concernant le secteur de l’immobilier commercial en raison des changements structurels que la pandémie a provoqués, comme l’importance grandissante du télétravail et du magasinage en ligne.

Partout dans le monde, les gouvernements se sont considérablement endettés pour soutenir leur économie durant la crise de la COVID‑19 et la reprise post-pandémie4. Dans les pays fortement endettés, cela pourrait limiter la capacité des gouvernements à instaurer des mesures de relance lors de futurs ralentissements économiques, surtout si les taux d’intérêt sont plus élevés. Certains grands pays émergents font face à une situation difficile : en plus d’être aux prises avec une hausse des cas de COVID‑19 due à la propagation rapide des nouveaux variants, ils doivent composer avec une marge de manœuvre budgétaire de plus en plus restreinte. Une hausse des taux d’intérêt mondiaux ferait augmenter le coût du service de leur dette, limitant davantage leurs moyens d’action face à la pandémie. Comme une portion de leur dette intérieure est libellée en dollars américains, ces pays sont vulnérables à l’appréciation de cette devise qui pourrait accompagner la hausse des taux d’intérêt. Une crise budgétaire ou une crise de balance des paiements dans un ou plusieurs de ces pays pourrait causer un resserrement des conditions financières mondiales et une baisse des prix des produits de base, ce qui serait mauvais pour le Canada.

La Banque participe à des discussions internationales sur des enjeux relatifs à la stabilité financière. Découvrez les mesures qu’elle prend pour améliorer la stabilité et la résilience du système financier grâce à des partenariats au Canada et à l’étranger.

Ces risques mondiaux pourraient menacer la stabilité financière au Canada, et leurs implications sont analysées plus loin. La section suivante met l’accent sur les vulnérabilités de l’économie canadienne et du système financier.

Vulnérabilités du système financier canadien

La Banque s’engage à favoriser la prospérité économique et financière du pays. Pour remplir cet engagement, elle repère et surveille les sources de vulnérabilités au sein de l’économie et du système financier. Les vulnérabilités sont des conditions préexistantes qui peuvent conduire à des épisodes de tensions financières et même à une crise financière. Elles sont susceptibles d’amplifier les chocs et de les propager dans l’ensemble du système financier. L’interaction entre les vulnérabilités et les chocs peut entraîner la matérialisation de risques capables de perturber le système financier et de nuire à l’économie. Le fait de réduire et de gérer les vulnérabilités permet d’accroître la résilience du système financier et de soutenir la stabilité financière.

À l’heure actuelle, la Banque constate six grandes vulnérabilités au sein du système financier :

La Banque suit également l’évolution rapide des marchés de cryptoactifs, une autre vulnérabilité émergente du système financier.

Dans la présente section, les vulnérabilités ci-dessus sont réparties selon le thème auquel elles sont principalement associées : les ménages et le marché du logement, les entreprises non financières, et le système financier.

Les ménages et le marché du logement

  • Malgré la pandémie en cours, les tensions financières ressenties par la plupart des ménages semblent limitées. Cela s’explique surtout par le soutien public au revenu sans précédent, les bas taux d’intérêt et la résilience générale de l’activité économique.
  • La vigueur du marché du logement aide l’économie canadienne à se remettre de la pandémie. Cependant, ce dynamisme a aussi intensifié des vulnérabilités déjà connues, soit l’endettement élevé des ménages et les déséquilibres sur le marché du logement. Le boom de ce marché semble surtout lié aux facteurs fondamentaux. Toutefois, la Banque constate des signes d’anticipations extrapolatives dans certaines régions, c’est-à-dire que des gens achèteraient des logements parce qu’ils s’attendent à ce que les prix continuent à monter. Quand cela se produit, une dynamique de prix insoutenable peut s’enclencher. De plus, beaucoup de ménages contractent un gros prêt hypothécaire par rapport à leur revenu. Ils se retrouvent ainsi fortement endettés et ont une moins grande marge de manœuvre pour faire face à des changements financiers soudains, comme une perte d’emploi ou une chute du prix de leur logement.

Les ménages

La pandémie aurait pu placer de nombreux ménages canadiens dans une situation financière très précaire5. En effet, à un moment donné, environ un tiers de la population active était soit au chômage, soit en emploi mais nettement sous-utilisée, et un emprunteur sur cinq n’avait pas assez d’actifs liquides pour couvrir ses versements hypothécaires pendant deux mois6.

Les pouvoirs publics ont fourni aux ménages une aide financière considérable. La population en sous-emploi a reçu et continue de recevoir un soutien au revenu. Des institutions financières dont les banques ont accordé aux emprunteurs des reports temporaires de remboursement de leurs prêts durant une partie de 2020. La Banque du Canada a déployé des mesures d’assouplissement monétaire exceptionnelles afin d’exercer des pressions à la baisse sur les taux d’intérêt à court et à long terme, ce qui a rendu le crédit plus abordable pour les ménages.

Ainsi, en moyenne, les finances des ménages ne se sont pas détériorées. En fait, le revenu disponible total s’est beaucoup accru. Les personnes qui ont essuyé des pertes de revenu d’emploi à cause de la pandémie ont reçu une aide financière directe, alors que le revenu des travailleurs les mieux rémunérés a été très peu touché. De nombreux ménages – surtout ceux dont le revenu se situe au-dessus de la moyenne – ont vu leur épargne augmenter pour deux raisons : ils ont eu moins d’occasions de dépenser et l’incertitude a incité certains d’entre eux à surveiller leurs dépenses7. Cela a permis à un grand nombre de ménages de rembourser une partie de leurs dettes (cartes et marges de crédit, etc.), ce qui s’est traduit par un recul de l’encours de la dette de consommation.

Les indicateurs des tensions financières, comme la proportion de ménages qui ont pris du retard dans le remboursement de leurs prêts, restent contenus. En particulier, la vaste majorité des ménages qui ont bénéficié de reports de paiement l’an passé ont repris leurs versements normalement8. De plus, le nombre de faillites personnelles a diminué de 40 % en 2020 par rapport à 2019.

Il reste que la hausse de la dette hypothécaire a plus que contrebalancé la baisse de la dette de consommation (graphique 3)9. Cette hausse s’explique par la forte demande de logements et les prix élevés de ceux-ci. Par conséquent, la dette totale des ménages a progressé d’environ 4 % depuis le début de la pandémie, l’augmentation ayant été plus prononcée depuis le milieu de 2020.

Sources : TransUnion et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : mars 2021

La vulnérabilité associée au niveau élevé d’endettement des ménages (vulnérabilité 1) est importante et s’est intensifiée durant la dernière année. Cette vulnérabilité a augmenté au cours des deux dernières décennies, une proportion accrue de ménages canadiens ayant accumulé une dette élevée par rapport à leur revenu disponible10. Les tests de résistance applicables aux prêts hypothécaires adoptés précédemment et les taux d’intérêt plus élevés avaient ralenti l’accumulation de la dette des ménages et amélioré la qualité de ces prêts peu avant le début de 201911. Cependant, depuis la mi-2020, cette tendance s’est inversée. Certains ménages ont contracté une dette hypothécaire considérable, comme le montre l’augmentation de la part des nouveaux prêts hypothécaires assortis d’un ratio de prêt au revenu élevé.

Pour évaluer adéquatement à quel point l’endettement élevé des ménages peut représenter une vulnérabilité pour l’économie du Canada et le système financier, il importe d’aller au-delà des statistiques comme le ratio global de la dette au revenu12. Les dettes et les revenus ne sont pas distribués uniformément entre les ménages. Les mesures de l’endettement moyen peuvent donc masquer des informations importantes sur les ménages les plus endettés et sur leur capacité de remboursement en cas de perte de revenu et de hausse de taux d’intérêt.

La qualité des nouveaux prêts hypothécaires s’est détériorée durant la pandémie. La part des nouveaux prêts dont le ratio de prêt au revenu est supérieur à 450 % a augmenté sensiblement au deuxième semestre de 2020 (graphique 4). Cette part, qui représente 22 % de tous les prêts hypothécaires, est maintenant au-dessus de la fourchette observée en 2016-2017, avant que le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) instaure la ligne directrice B-20 modifiée. Le fait qu’il y ait un plus grand nombre de ménages fortement endettés rend la reprise économique et le système financier plus vulnérables aux chocs (voir la section sur les risques). En outre, une partie de l’augmentation, en 2020, de la proportion de prêts hypothécaires ayant un ratio de prêt au revenu élevé est à mettre au compte des ménages ayant un rapport prêt-valeur élevé (graphique 5). Une analyse des données historiques sur les émissions de prêts hypothécaires révèle que les emprunteurs ayant à la fois un ratio de prêt au revenu et un rapport prêt-valeur élevés ont un plus grand risque d’accuser du retard dans le remboursement de leurs dettes (encadré 1).

Le BSIF a récemment annoncé qu’il allait peut-être modifier le taux d’intérêt utilisé dans les tests de résistance appliqués aux prêts hypothécaires non assurés. Renseignez-vous sur cette annonce et sur la façon dont la Banque collabore avec des partenaires comme le BSIF pour comprendre la vulnérabilité associée au fort endettement des ménages et la réduire.

Nota : Les données incluent les prêts consentis par des institutions financières sous réglementation fédérale pour l’acquisition d’un logement ou un refinancement hypothécaire. Les prêts hypothécaires assurés ont un rapport prêt-valeur (RPV) supérieur à 80 %, tandis que les prêts hypothécaires non assurés ont un RPV de 80 % ou moins. Une petite part des prêts hypothécaires octroyés dont le RPV est inférieur ou égal à 80 % sont assurés, mais ils n’ont pas d’incidence notable sur les séries de données illustrées.
Sources : ministère des Finances du Canada, relevés réglementaires soumis par les banques canadiennes et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 2020T4


Nota : Les nouveaux prêts hypothécaires sont accordés pour l’acquisition d’un logement seulement, et non pour un refinancement hypothécaire. Les parts sont pondérées en fonction de la taille des prêts hypothécaires. Le graphique porte uniquement sur les nouveaux prêts hypothécaires consentis par des institutions financières sous réglementation fédérale.
Source : relevés réglementaires soumis par les banques canadiennes Dernière observation : 2020

Encadré 1 : Les indicateurs prédictifs de tensions financières chez les ménages

Encadré 1 : Les indicateurs prédictifs de tensions financières chez les ménages

La Banque du Canada suit de près les caractéristiques des nouveaux prêts hypothécaires pour mesurer l’évolution des vulnérabilités associées à l’endettement des ménages. À titre d’exemple, la part des nouveaux prêts hypothécaires dont le ratio de prêt au revenu est supérieur à 450 % a souvent été utilisée comme indicateur clé de la vulnérabilité. Toutefois, il existe peu d’études empiriques consacrées aux relations entre les caractéristiques initiales du prêt hypothécaire (p. ex., montant de la mise de fonds ou montant du prêt comparativement au revenu de l’emprunteur) et les risques liés à la dette des ménages dans le contexte canadien13.

Pour contribuer à combler ces lacunes en matière de recherche, le personnel de la Banque a combiné des données sur les émissions de prêts hypothécaires à des données sur le remboursement des prêts à la consommation. Le personnel a aussi élaboré un modèle statistique permettant d’évaluer la pertinence de diverses caractéristiques des prêts hypothécaires et des emprunteurs – notamment le ratio de prêt au revenu, le rapport prêt-valeur (RPV), le taux hypothécaire et la cote de crédit – pour prédire les tensions financières auxquelles les ménages seront soumis dans l’avenir1415. Le modèle est estimé à l’aide de données sur les prêts hypothécaires accordés de 2014 à 2017 dans des régions du Canada où le secteur de l’énergie est très présent. C’est durant cette période que les contrecoups économiques de l’effondrement des prix du pétrole se sont fait ressentir. On entend par tensions financières le fait d’accuser du retard pendant au moins 60 jours dans le remboursement d’au moins une de ses dettes, notamment les prêts sur cartes de crédit, moins de trois ans après la souscription d’un prêt hypothécaire.

Les résultats obtenus donnent à penser que, parmi les caractéristiques considérées, la mise de fonds initiale (en pourcentage de l’emprunt) est l’indicateur le plus important sur le plan économique de tensions financières futures. En général, plus le RPV est élevé (donc plus la part investie initialement est petite), plus la probabilité d’accuser un retard dans le remboursement du prêt augmente (graphique 1-A). En effet, si un emprunteur a un RPV élevé, la valeur nette de son logement est moindre et il a ainsi accès à moins de fonds pour faire face à des pertes de revenu (voir la section sur les risques). C’est le cas notamment quand le RPV dépasse le seuil réglementaire de 80 % au-delà duquel les emprunteurs ne sont pas admissibles à un refinancement hypothécaire.

Sources : relevés réglementaires soumis par les banques canadiennes, TransUnion et calculs de la Banque du Canada

Le ratio de prêt au revenu joue aussi un rôle pour prévoir les tensions financières liées aux prêts hypothécaires non assurés1617. Normalement, un ratio élevé implique de plus gros versements hypothécaires, ce qui peut être difficile à gérer en cas de chute des revenus ou de hausse des taux hypothécaires.

Dans l’ensemble, ces résultats indiquent que les emprunteurs hypothécaires ayant à la fois un RPV et un ratio de prêt au revenu élevés sont ceux qui risquent le plus de subir des tensions financières à l’avenir. Outre le fait qu’ils sont plus susceptibles d’accuser du retard dans le remboursement de leurs dettes, les ménages dont l’avoir propre foncier est moindre et dont le montant du prêt est élevé par rapport à leur revenu devront généralement réduire davantage leurs dépenses discrétionnaires que les autres ménages pendant une période de tensions financières. Quand cette situation touche de nombreux ménages en même temps, cela peut provoquer une baisse généralisée de l’activité économique (voir la section sur les risques).

Le marché du logement

La vulnérabilité liée aux déséquilibres sur le marché du logement (vulnérabilité 2) s’est accrue. Les principales facettes de l’évolution du marché du logement – demande exceptionnellement vigoureuse relativement à l’offre, prix en hausse rapide et anticipations devenant extrapolatives – laissent toutes entrevoir des déséquilibres croissants comparativement à l’année dernière, à la même époque. Or, la croissance des prix des logements par rapport au revenu des acheteurs contribue à l’endettement de ces derniers. Par ailleurs, des prix des habitations déconnectés des facteurs fondamentaux peuvent conduire à une correction de ces prix dans l’avenir. Et une correction peut soumettre les ménages à des tensions financières puisque le logement représente généralement leur actif le plus important (voir la section sur les risques).

L’activité sur le marché du logement a été exceptionnellement soutenue durant la pandémie18. Les reventes de propriétés résidentielles ont chuté au début du confinement du printemps 2020, mais elles ont fortement rebondi à l’été, quand les mesures d’endiguement de la pandémie ont été assouplies. Une part importante de ce rebond reflétait la libération de la demande refoulée. L’activité n’a cessé de se raffermir depuis, les reventes avoisinant des sommets à l’échelle nationale en avril 2021 (graphique 6). Parallèlement, les stocks de logements sur le marché ont atteint des niveaux proches des creux historiques.

Nota : Les données sur les reventes de logements et les nouvelles inscriptions sont exprimées en chiffres désaisonnalisés et annualisés.
Source : Association canadienne de l’immeubleDernière observation : avril 2021

Les tensions présentes sur le marché du logement ont conduit à des hausses de prix généralisées. Conjuguée à une offre relativement restreinte, la demande robuste de logements a fait grimper les prix des habitations dans la plupart des villes. En avril 2021, les prix s’inscrivaient en hausse de 23 % à l’échelle nationale par rapport à il y a un an. Un plus grand nombre de villes sont touchées par la flambée récente des prix qu’en 2016-2017 (graphique 7), alors que l’envolée était essentiellement circonscrite aux régions de Toronto et de Vancouver.

* Les autres villes sont Calgary, Edmonton, Saskatoon, Regina, Winnipeg, Ottawa, Montréal, Québec, Moncton et St. John’s.
Sources : Association canadienne de l’immeuble et Statistique Canada Dernière observation : avril 2021

La forte augmentation des prix des logements reflète dans une large mesure les facteurs fondamentaux. Le passage au travail et à l’apprentissage à domicile durant la pandémie s’est traduit par une préférence pour des logements plus spacieux. Ainsi, la demande et les prix des maisons individuelles ont augmenté de manière importante par comparaison avec les appartements en copropriété. Les habitations situées à l’extérieur des centres-villes ont aussi gagné en popularité, ce qui explique que les prix dans les périphéries aient progressé plus rapidement que dans les centres urbains. La faiblesse inégalée des taux hypothécaires a alimenté une demande de logements déjà forte.

L’impact inégal de la pandémie a également pu contribuer à faire croître les achats de logements. La pandémie a peu fragilisé les revenus des ménages qui se situent dans la partie supérieure de la distribution des revenus, à laquelle appartiennent la majorité des propriétaires de logement19. Bon nombre de ménages ont sans doute puisé dans l’épargne accumulée pour augmenter leur mise de fonds. Là encore, les ménages à revenus élevés seraient responsables de l’essentiel de l’accroissement de l’épargne globale depuis le début de la pandémie20. C’est ce qui explique en partie que la demande soit demeurée forte, malgré le ralentissement économique généralisé et le recul de l’immigration.

Des facteurs d’offre sont aussi en cause dans la progression des prix. Or, à court terme, l’offre de logements neufs ne peut s’ajuster entièrement à une augmentation soudaine de la demande, en particulier si elle est aussi importante que celle observée durant la pandémie. Cela tient en partie à des entraves structurelles comme les plans d’aménagement du territoire et la réglementation dans le bâtiment. Par ailleurs, les matériaux de construction se font rares, notamment le bois d’œuvre résineux, et les mesures de confinement ont occasionné des retards supplémentaires sur les chantiers. La construction neuve s’est accrue ces derniers mois, surtout dans le segment des maisons individuelles et en régions rurales, mais l’offre s’est révélée incapable de suivre la forte demande21.

L’augmentation rapide des prix a été enclenchée par les facteurs fondamentaux, mais elle pourrait aussi tenir en partie aux attentes de hausses futures, ce qui est préoccupant pour la stabilité financière. En période de croissance élevée des prix des habitations, certains ménages peuvent être tentés d’acheter tout de suite, de crainte de voir les prix augmenter davantage dans l’avenir. Dans ce cas, l’acquisition de logements se trouve devancée, faisant grossir la demande et les prix, surtout quand l’offre n’arrive pas à suivre la demande. Cette dynamique de hausses des prix attire de nouveaux acquéreurs sur le marché. Elle peut y attirer aussi des investisseurs à la recherche d’un gain rapide, qui achèteront des propriétés pour les revendre aussitôt, ajoutant ainsi aux pressions exercées par la demande. C’est de cette façon que les anticipations de hausses futures peuvent devenir autoréalisatrices pendant un certain temps, car elles renforcent la croyance que les prix continueront d’augmenter.

Après une période de hausse soutenue des prix, les anticipations peuvent devenir extrapolatives, à savoir que les gens en viennent à s’attendre à ce que les prix augmentent dans l’avenir simplement parce qu’ils ont augmenté dans le passé, indépendamment de ce que laissent supposer les facteurs fondamentaux. La demande de logements et les prix des habitations finissent alors par ne plus avoir de lien avec ces fondamentaux sous-jacents. Or, si les comportements moutonniers peuvent faire monter les prix, ils peuvent tout autant conduire à une correction future des prix des logements. Une telle correction peut être lourde de conséquences pour la stabilité du système financier et l’économie dans son ensemble (voir la section sur les risques).

Certains marchés montrent des signes d’anticipations extrapolatives (encadré 2). Dans certaines villes, la multiplication des offres d’achat de logements est devenue monnaie courante, avec des guerres de surenchères à la clé. Les prix de vente dépassent souvent largement les prix d’inscription. Le mouvement d’anticipation de croissance des prix s’accélère et se manifeste maintenant dans un plus grand nombre de régions du pays qu’en 2016-2017 (graphique 8)22. Selon une nouvelle méthode de détermination empirique d’épisodes d’anticipations extrapolatives au niveau local, certains marchés seraient en pleine exubérance. D’après ce nouvel indicateur (décrit dans l’encadré 2), les attentes relatives à la croissance des prix des logements dans le Grand Toronto, à Hamilton et à Montréal seraient extrapolatives et, à Ottawa, elles approcheraient du seuil où elles seraient considérées comme telles.

Nota : Les attentes sont mesurées par la médiane interpolée des attentes des résidents de l’Ontario et de la Colombie-Britannique relatives à la croissance des prix des logements sur le marché local au cours des 12 prochains mois. Voir M. Khan et T. Webley (2019), Démêler les facteurs qui influencent les reventes de logements, note analytique du personnel nº 2019-12, Banque du Canada.
Source : enquête de la Banque du Canada sur les attentes des consommateurs au CanadaDernière observation : 2021T1

Encadré 2 : Un indicateur de l’exubérance des prix des logements fondé sur un modèle

Encadré 2 : Un indicateur de l’exubérance des prix des logements fondé sur un modèle

Les périodes prolongées de croissance rapide des prix des logements peuvent créer l’attente que les prix vont continuer d’augmenter à l’avenir, même si ces futures hausses ne pourraient pas être soutenues par les facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande. De telles anticipations extrapolatives peuvent devenir autoréalisatrices si la perspective d’une future hausse de prix gonfle la demande actuelle. Cela accentue la montée initiale des prix, rendant plus probable un ajustement coûteux dans l’avenir. Pour contribuer au repérage des périodes d’anticipations extrapolatives dans des villes canadiennes, le personnel de la Banque du Canada a mis au point l’indicateur de l’exubérance des prix des logements (IEPL)23.

L’IEPL est dérivé d’un modèle comportemental où les individus ont une conception différente de l’évolution future des prix des logements. Certains s’attendent à ce que les prix des logements convergent vers des niveaux qui concordent avec les facteurs économiques fondamentaux, comme le revenu. D’autres croient plutôt qu’une hausse de prix aujourd’hui veut dire une hausse des prix demain. La part relative de ces différentes façons de penser varie au fil du temps et détermine si le marché du logement est exubérant. Plus précisément, on considère qu’un marché est exubérant lorsque l’IEPL dépasse 1, ce qui signifie que les individus s’attendent à ce que les prix continuent de croître à un rythme supérieur aux facteurs fondamentaux. L’IEPL est généré pour un choix de villes canadiennes à l’aide de données trimestrielles remontant à 1988.

La carte des points chauds ci-dessous (graphique 2-A) montre l’IEPL pour un ensemble de villes canadiennes. Le code de couleurs représente l’écart de l’IEPL par rapport à 1, point au-delà duquel la couleur passe au rouge. Selon l’IEPL du premier trimestre de 2021, le Grand Toronto, Hamilton et Montréal montrent des signes d’exubérance des prix des logements. On voit aussi qu’Ottawa est presque au point de montrer des anticipations extrapolatives. L’IEPL ne décèle pas encore de signes d’exubérance des prix du logement dans les autres villes. Ces résultats renforcent l’importance de procéder par région pour évaluer les déséquilibres sur le marché du logement. À l’avenir, l’IEPL complétera les autres données et méthodes utilisées par la Banque pour analyser les déséquilibres sur le marché du logement au Canada.

Graphique 2-A : Le Grand Toronto, Hamilton et Montréal présentent des signes d’exubérance des prix des logements

Carte thermique de l’exubérance des prix des logements

Le Grand Toronto, Hamilton et Montréal présentent des signes d’exubérance des prix des logements

Nota : L’IEPL est l’indicateur de l’exubérance des prix des logements.
Source : calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 2021T1

Description : Le Grand Toronto, Hamilton et Montréal présentent des signes d’exubérance des prix des logements

Le graphique 2-A est une carte thermique illustrant l’indicateur de l’exubérance des prix des logements pour neuf grandes villes canadiennes. Ces villes sont le Grand Vancouver, Victoria, Calgary, Winnipeg, le Grand Toronto, Hamilton, Ottawa, Montréal et Québec. L’échantillon couvre une période allant du premier trimestre de 2012 au premier trimestre de 2021.

La carte thermique comporte trois groupes de couleurs distincts. Quand l’indicateur de l’exubérance des prix des logements d’une ville donnée est inférieur à 0,95, la carte montre des tons de vert. Quand l’indicateur se situe entre 0,95 et 1,00, la carte indique des tons orangés. Enfin, quand l’indicateur est supérieur à 1,00, la carte présente des tons de rouge, ce qui signifie que le marché du logement est considéré comme étant exubérant.

Au premier trimestre de 2021, l’indicateur de l’exubérance des prix des logements fait ressortir trois villes qui présentent des signes d’exubérance des prix des logements (tons de rouge) : le Grand Toronto, Hamilton et Montréal. On voit aussi qu’Ottawa est presque au point de montrer des anticipations extrapolatives (tons orangés). L’indicateur ne décèle pas de signes d’exubérance des prix des logements dans les autres villes (tons de vert).

L’exubérance du marché dans certaines villes semble davantage soutenue par la demande de futurs propriétaires-occupants que par la demande des investisseurs ou les opérations d’achat-revente (graphique 9). Néanmoins, la part des logements acquis par des investisseurs – les emprunteurs qui obtiennent un prêt hypothécaire pour financer l’achat d’une propriété sans se départir d’une autre propriété achetée moyennant un prêt hypothécaire – n’a cessé d’augmenter ces derniers mois. Quant à la part d’opérations d’achat-revente – effectuées par des investisseurs qui achètent des propriétés pour les revendre rapidement –, elle est demeurée relativement stable dans la plupart des villes à l’exception d’Ottawa et de Montréal, où elle s’est accrue. Contrairement à l’achat de logements à des fins d’investissement à long terme, les opérations d’achat-revente ne représentent qu’une petite partie des transactions sur le marché immobilier résidentiel24.

Le gouvernement fédéral propose de taxer les logements vacants appartenant à des non-résidents étrangers. Cette mesure limiterait vraisemblablement la demande de nature spéculative sur le marché du logement. Renseignez-vous sur cette proposition et sur la façon dont la Banque collabore avec des partenaires pour comprendre la vulnérabilité associée aux déséquilibres sur le marché du logement et la réduire.

Nota : Les investisseurs correspondent aux emprunteurs qui obtiennent un prêt hypothécaire en vue d’acquérir une propriété tout en conservant un prêt hypothécaire associé à une autre propriété. Les immeubles de placement comprennent ceux qui sont loués ou laissés vacants, à l’exclusion des logements de vacances. La part des achats associés aux investisseurs est calculée au moyen de la somme mobile sur 12 mois des émissions de prêts hypothécaires.
Sources : TransUnion, relevés réglementaires soumis par les banques canadiennes et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : février 2021

Les entreprises non financières

  • La dernière année a été remplie de défis pour le secteur des entreprises en raison des baisses de revenus généralisées. Un tel coup dur aurait pu avoir de graves conséquences pour beaucoup d’établissements. Toutefois, il semble que la plupart ont été en mesure de gérer les pressions sur les flux de trésorerie. Comme pour les ménages, les entreprises ont aussi été aidées par les prestations gouvernementales sans précédent, les bas taux d’intérêt et les mesures visant à rétablir le fonctionnement des marchés pendant la crise. Par conséquent, la plupart d’entre elles n’ont pas subi de fortes tensions financières. Toutefois, la viabilité future de certaines reste empreinte d’incertitude, car beaucoup de zones d’ombre planent encore sur l’économie post-pandémie.
  • Certaines entreprises ont recours à des sources de financement fragiles comme des obligations à rendement élevé ou des prêts à effet de levier, qui sont vulnérables aux fluctuations de la confiance des marchés. Cela demeure une vulnérabilité du système financier.

Au printemps 2020, une possible vague de cas d’insolvabilité menaçait le secteur des entreprises. Les confinements et les restrictions sanitaires avaient nettement réduit les revenus, ce qui s’est traduit par des pressions sur les flux de trésorerie dans bien des entreprises25. Certaines, fortement endettées, ont été particulièrement exposées au risque d’insolvabilité en raison de paiements réguliers élevés pour rembourser leur dette26.

Le bilan de la plupart des entreprises a relativement bien résisté dans un contexte d’aides gouvernementales exceptionnelles27. Avant la pandémie, le haut niveau d’endettement des entreprises se concentrait dans les secteurs liés aux produits de base. La pandémie a créé des conditions propices pour faire de l’endettement un phénomène plus généralisé. Toutefois, les mesures gouvernementales telles que la subvention salariale et la subvention pour le loyer ont aidé les entreprises de nombreuses branches d’activité à gérer leurs besoins de trésorerie. Par conséquent, la plupart des entreprises n’ont pas eu à beaucoup emprunter pour traverser la crise. Dans l’ensemble, le levier d’endettement des grandes entreprises semble proche des niveaux d’avant la pandémie28. Il a quelque peu diminué dans les entreprises fortement endettées et a augmenté surtout dans celles peu endettées (graphique 10).

Les petites entreprises ont été touchées particulièrement durement par la pandémie. Bien que bon nombre aient obtenu des prêts au titre du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), cette dette présente des caractéristiques particulières qui atténuent les vulnérabilités autrement liées aux prêts traditionnels. En particulier, les prêts au titre du CUEC sont sans intérêt et peuvent être partiellement radiés si les entreprises en remboursent le solde (déduction faite du montant radié) avant la fin de 2022.

La distribution des coûts du service de la dette s’est aussi améliorée au cours des derniers trimestres. Par exemple, la part des entreprises dont les frais d’intérêts dépassent les revenus est presque de retour à ses niveaux d’avant la pandémie29.

Sources : Statistique Canada et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 2020T4

La viabilité future de certaines entreprises demeure empreinte d’incertitude. Malgré la crise économique, le nombre d’entreprises ayant déposé un dossier d’insolvabilité durant la pandémie a été remarquablement faible (graphique 11)30. Ce résultat tient avant tout au soutien financier exceptionnel fourni par les gouvernements pour aider les entreprises pendant le ralentissement. Alors que l’économie retourne à la normale – quoiqu’à un rythme différent selon les branches d’activité – et que les gouvernements réduisent progressivement leurs aides exceptionnelles, la viabilité financière de certaines entreprises pourrait être menacée. Par conséquent, on pourrait assister à une hausse des dépôts de dossiers découlant d’insolvabilités latentes. La Banque continuera de surveiller la santé financière des entreprises pour détecter les signes de tensions.

Sources : Bureau du surintendant des faillites et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : mars 2021

De nombreux sous-secteurs de l’immobilier commercial ont vu leur valeur reculer pendant la pandémie. Ce recul reflète les défis qu’ils ont connus. Les ventes des détaillants traditionnels ont été freinées par les multiples confinements et l’accélération de la transition vers le magasinage en ligne. Les hôtels ont enregistré des taux d’occupation historiquement bas en raison de la fermeture des secteurs du tourisme et des voyages d’affaires. Les perspectives de la demande dans le segment des bureaux sont incertaines compte tenu du passage rapide au télétravail. En revanche, l’immobilier industriel a bénéficié d’une hausse de la demande d’espace d’entreposage due à l’essor du commerce électronique. Étant donné que les participants au système financier sont exposés au secteur de l'immobilier commercial, ils pourraient être touchés par les baisses de valeur, quoique différemment selon leur exposition. Les répondants à l’enquête sur le système financier du printemps 2021 menée par la Banque se sont dits préoccupés, à divers degrés, par la situation des sous-secteurs de l’immobilier commercial (graphique 12)31.

Nota : Les résultats sont basés sur les réponses aux questions suivantes de l’enquête sur le système financier : « Selon vous, dans quelle mesure la valeur des actifs liés à ces sous-secteurs de l’immobilier commercial fera l’objet d’un changement marqué à court terme? » et « Dans quelle mesure êtes-vous préoccupé par l’évolution des sous-secteurs suivants à long terme? » Pondérations respectives dans l’indice de risque : totalement improbable / pas du tout préoccupé : 0 point; peu probable / légèrement préoccupé : 1 point; plutôt probable / quelque peu préoccupé : 2 points; assez probable / assez préoccupé : 3 points; très probable / très préoccupé : 4 points.
Source : enquête de la Banque du Canada sur le système financierDernière observation : printemps 2021

Le recours de certaines entreprises au financement par emprunt sur certains marchés fragiles demeure une vulnérabilité du système financier (vulnérabilité 3). Comme indiqué dans la Revue du système financier de 2019 de la Banque, les options de financement sont limitées pour les sociétés moins bien notées. En général, celles-ci se tournent vers les marchés de titres d’emprunt à rendement élevé, par exemple en émettant des obligations de sociétés à rendement élevé ou en obtenant un prêt à effet de levier32. Elles deviennent alors vulnérables au revirement de la confiance des investisseurs, une situation qui pourrait donner lieu à des coûts de financement accrus ou à une réduction de l’accès à ce type de financement.

La quête de rendement qui s’est emparée de la planète s’est traduite par une augmentation de la demande d’actifs à haut rendement parmi les investisseurs. Comme les investisseurs ont une forte propension au risque, ces marchés ont été une source de financement attrayante pour les sociétés canadiennes faiblement notées. Les obligations à rendement élevé ont vu leurs écarts de taux se resserrer récemment pour revenir aux niveaux d’avant la pandémie, et ont enregistré un volume d’émission élevé en 2020 et aussi jusqu’à présent en 2021 (graphique 13). Toutefois, quand les taux d’intérêt sans risque à l’échelle mondiale commenceront à se normaliser, les investisseurs pourraient réduire leur demande de titres d’emprunt à rendement élevé. Un revirement de la confiance des investisseurs pourrait entraîner une réévaluation marquée du prix des actifs existants (voir la section sur les risques). Si c’était le cas, il deviendrait plus coûteux et difficile de reporter des positions existantes et d’émettre de nouvelles obligations à rendement élevé.

Sources : Bloomberg Finance L.P. et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 13 mai 2021

Actuellement, les obligations à rendement élevé représentent près de 20 % de la valeur de l’ensemble des obligations de sociétés canadiennes notées, auxquelles s’ajoutent environ 10 % d’obligations notées BBB- (graphique 14). La plupart de ces obligations à rendement élevé et notées BBB- sont émises par des sociétés canadiennes du secteur des produits de base. Ce secteur est donc particulièrement vulnérable à un revirement de la confiance des investisseurs. La part des obligations à rendement élevé a augmenté de façon notable à la suite des déclassements liés au choc des prix du pétrole de 2014-2015.

L’ampleur des abaissements de cote de crédit a été limitée pendant la pandémie, surtout grâce aux programmes d’aide publique exceptionnels. Néanmoins, la Banque continuera de surveiller l’évolution de ces marchés fragiles de financement par emprunt au fil de la reprise économique et du retrait progressif des aides gouvernementales.

Nota : Les obligations de sociétés à rendement élevé correspondent à l’ensemble des obligations dont la note est inférieure à BBB-.
Sources : Bloomberg Finance L.P., Intercontinental Exchange Bank of America et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 2021T1

Système financier

  • Le système financier canadien s’est avéré résilient durant la crise de la COVID‑19, grâce à un secteur bancaire bien doté en capital et à des mesures de soutien économique énergiques. Les marchés financiers se sont remis rapidement des problèmes de financement et de liquidité auxquels ils ont fait face au début de la pandémie, et les liquidités exceptionnelles fournies par la Banque ne sont plus nécessaires.
  • La crise de la COVID‑19 a mis en évidence les conséquences systémiques des tendances à long terme. La demande potentielle de liquidités sur les marchés des titres à revenu fixe croît à un rythme plus rapide que la capacité de la structure actuelle de ces marchés à fournir des liquidités en période de tensions. La numérisation de l’économie crée de nouvelles interconnexions qui augmentent les risques de perturbations systémiques en cas de cyberincidents dans les institutions financières ou les infrastructures de marchés financiers.

Quand la COVID‑19 a frappé en mars 2020, les marchés ont été envahis par l’incertitude, ce qui a poussé les participants aux marchés financiers à vouloir faire des provisions de liquidités. Les marchés des titres à revenu fixe ont été soumis à des tensions extrêmes quand de nombreux investisseurs ont cherché à vendre leurs actifs financiers et que presque aucun participant ne voulait les acheter. Cela a même été le cas pour les titres les plus sûrs, comme les bons du Trésor et les obligations du gouvernement du Canada. Les ménages et les entreprises sont aussi devenus plus prudents et ont utilisé leurs marges de crédit, reporté le remboursement de leurs prêts et constitué des réserves d’actifs liquides.

La Banque est intervenue pour atténuer les tensions sur la liquidité et améliorer le fonctionnement d’un vaste éventail de marchés de financement. Elle a augmenté l’ampleur et la portée de ses dispositifs d’octroi de liquidités aux institutions financières, ce qui a aidé ces dernières à répondre à la demande accrue de crédit venant d’autres participants au système financier, dont les ménages et les entreprises. Elle a également lancé une série de mécanismes d’achat d’actifs pour rétablir le bon fonctionnement des marchés d’emprunt.

Les marchés financiers fonctionnent maintenant bien, et la Banque a mis fin aux programmes et mécanismes de soutien exceptionnel axés sur la liquidité de marché. Ces programmes et mécanismes ont eu l’effet escompté. Les indicateurs de la liquidité de marché se sont améliorés et le recours aux mécanismes et programmes de l’institution avait diminué depuis un certain temps. La Banque continue de surveiller les conditions de marché et se tient prête à réactiver les mécanismes au besoin33.

Liquidité des marchés des titres à revenu fixe

La capacité de la structure des marchés de titres à revenu fixe à appuyer l’apport de liquidités en période de tensions n’a pas suivi le rythme de la demande potentielle de liquidités du secteur de la gestion d’actifs (vulnérabilité 4). Au-delà de l’énormité du choc causé par la COVID-19, cette tendance structurelle explique en partie la rapidité, la portée et l’ampleur sans précédent des mesures qu’il a fallu mettre en place pour préserver la liquidité des marchés au printemps 2020. Étant donné que la demande de liquidités sur les marchés peut grimper rapidement, surtout en période de tensions, les effets de ce changement structurel à long terme persisteront bien après la pandémie34.

La forte croissance du secteur de la gestion d’actifs au cours des deux dernières décennies signifie que l’intermédiation et la détention du risque de crédit s’opèrent davantage en dehors du secteur bancaire. Les gestionnaires d’actifs peuvent être des institutions, comme des caisses de retraite et des sociétés d’assurance, ou des gestionnaires de fonds communs de placement et de fonds négociés en bourse qui s’occupent des placements collectifs d’investisseurs privés. En cherchant à atteindre les objectifs d’investissement de leurs investisseurs, les gestionnaires d’actifs aident à faire circuler les fonds vers les emprunteurs et constituent une solution de rechange utile au système bancaire traditionnel. Le secteur de la gestion d’actifs, qui atteignait 2 400 milliards de dollars d’actifs sous gestion en 2008, est passé à 5 700 milliards de dollars en 2020. Cette croissance a été en partie alimentée par :

  • la baisse des taux d’intérêt,
  • les innovations financières,
  • l’évolution démographique, et
  • le resserrement de la réglementation bancaire dans la foulée de la crise financière mondiale.

Apprenez-en plus sur les tendances récentes touchant la gestion d’actifs et d’autres types d’intermédiation financière non bancaire (IFNB).

Les gestionnaires d’actifs comptent sur la liquidité de marché pour gérer leurs risques. Les banques ont un accès direct à la monnaie de banque centrale. Pour faire face aux créances de leurs investisseurs ou contreparties, les gestionnaires d’actifs doivent quant à eux disposer de fonds ou s’en procurer en réalisant des emprunts garantis par les titres de leurs portefeuilles ou en vendant ces titres. Par conséquent, les gestionnaires d’actifs comptent sur la liquidité de marché pour convertir rapidement leurs titres en espèces sans réduire radicalement leur prix. À mesure qu’il croît, le secteur de la gestion d’actifs représente une demande potentielle accrue de liquidités sur les marchés.

La dépendance des gestionnaires d’actifs à l’égard de la liquidité de marché, déjà amplifiée par la croissance du secteur, a également été renforcée par l’évolution de leurs portefeuilles. Dans un contexte de bas taux d’intérêt, les gestionnaires d’actifs ont graduellement modifié la composition de leurs portefeuilles au profit d’actifs moins liquides. Par exemple, les caisses de retraite investissent de plus en plus dans l’immobilier, les infrastructures et les placements privés35. Et les fonds communs de placement ont augmenté la part qu’occupent les obligations de sociétés, y compris celles de qualité moindre36, comparativement aux obligations plus liquides du gouvernement. Comme les gestionnaires d’actifs diversifient leurs portefeuilles pour y inclure des actifs plus risqués, la nécessité de rééquilibrer ces portefeuilles en réponse aux variations de prix pourrait générer des besoins de liquidités supplémentaires. De plus, pour obtenir de meilleurs rendements, certains gestionnaires d’actifs ont eu tendance à recourir au levier financier dans leurs portefeuilles de placements en se tournant vers les marchés des pensions et des dérivés. Les prix des titres mis en garantie ou des titres sous-jacents des dérivés détenus peuvent exposer ces gestionnaires à un risque de liquidité. Si ces prix baissent, comme c’est souvent le cas en période de crise, les gestionnaires d’actifs seraient tenus de fournir des liquidités ou des garanties supplémentaires à leur contrepartie à titre de marge, ce qui pourrait accroître davantage leur demande de liquidités.

Les marchés des titres à revenu fixe comptent sur les banques pour obtenir des liquidités, mais celles-ci font face à des contraintes de gestion des risques. Les opérations sur titres à revenu fixe ne se font généralement pas directement entre investisseurs. Des courtiers affiliés à des banques agissent habituellement comme intermédiaires. La capacité qu’ont les courtiers d’acheter des titres, et donc de favoriser la liquidité des marchés, dépend de l’ampleur du risque que les banques peuvent assumer à leur bilan. D’autres secteurs d’activité, comme l’octroi de prêts, cherchent aussi à se servir du bilan pour soutenir leurs opérations, et il est possible que le dispositif de Bâle III ait rendu ces activités plus attrayantes que la tenue de marché.

Il peut y avoir des déséquilibres entre la demande et l’offre de liquidités nécessaires pour soutenir l’intermédiation, surtout en période de tensions. À mesure que le secteur de la gestion d’actifs croît et que les gestionnaires acquièrent des actifs moins liquides, il devient plus probable que des hausses soudaines de la demande de liquidités se heurtent à des contraintes de capacité des banques à agir comme intermédiaires pour les opérations sur titres à revenu fixe. La perturbation des marchés des titres à revenu fixe au printemps 2020 illustre ce qui peut se produire quand la demande de liquidités augmente à un rythme plus rapide que la capacité d’intermédiation (encadré 3)37.

Découvrez les mesures que prend la Banque pour résoudre les déséquilibres entre la demande et l’offre de liquidités sur les marchés des titres à revenu fixe.

Encadré 3 : Retour sur la crise de liquidité de marché du printemps 2020

Encadré 3 : Retour sur la crise de liquidité de marché du printemps 2020

Lorsque de larges segments de l’économie se sont retrouvés à l’arrêt au début de la pandémie de COVID‑19 en mars 2020 :

  • bien des entreprises et des ménages ont perdu leur revenu et se sont retrouvés en proie à une grande incertitude quant à l’avenir;
  • la volatilité sur les marchés financiers s’est fortement accrue.

Ayant besoin de liquidités pour traverser cette période de turbulences, les clients des banques ont sollicité des emprunts et utilisé leurs marges de crédit, les investisseurs ont demandé le remboursement de leurs parts dans les fonds d’investissement et les participants aux marchés ont dû faire face à une hausse des appels de marge (figure 3-A). Par exemple, ce sont les appels de marge sur les positions sur dérivés qui ont le plus puisé dans les réserves de liquidités des grandes caisses de retraite canadiennes38.

Figure 3-A : La pandémie a provoqué une hausse de la demande de liquidités

La pandémie a provoqué une hausse de la demande de liquidités
Description : La pandémie a provoqué une hausse de la demande de liquidités

La figure 3-A illustre les répercussions de la COVID-19 sur divers participants au marché financier et, en fin de compte, sur les marchés des titres à revenu fixe.

Les banques ont connu une demande accrue de liquidités qui émanait de l’économie réelle et des participants au marché financier. Elles ont octroyé des prêts à des entreprises subissant des pressions sur les flux de trésorerie et à des ménages subissant des pertes de revenu.

En tant que négociants de titres à revenu fixe, les banques ont acheté des titres auprès des fonds communs de placement qui devaient répondre aux demandes de remboursement des investisseurs, et auprès des caisses de retraite et des assureurs qui étaient confrontés à des appels de marge.

Parce qu’elles ont dû répondre à ces demandes accrues et gérer un important flux de transactions à sens unique, les banques ont vu diminuer leur capacité d’intermédiation sur les marchés des titres à revenu fixe. Cette situation a abouti à une augmentation des coûts de transaction et, dans certains cas, au gel complet de certains marchés des titres à revenu fixe.

Pour répondre à ces demandes, les gestionnaires d’actifs ont cherché à obtenir des fonds par plusieurs moyens, dont la vente de titres à revenu fixe. En temps normal, les courtiers sont capables de gérer les flux de transactions, car les acheteurs sont assez nombreux pour contrebalancer les opérations. Mais pendant cette période de turbulences, les acheteurs se sont faits rares. Les courtiers affiliés aux banques ont acheté davantage de titres à revenu fixe de leurs clients, mais ces opérations sont entrées en concurrence avec celles d’autres secteurs d’activité des banques cherchant également à accéder au bilan, notamment l’octroi de prêts aux ménages et aux entreprises. De janvier à mars 2020, l’augmentation des titres à revenu fixe achetés ne représentait que 12 % de la croissance de l’actif total des banques canadiennes, tandis que les prêts aux entreprises représentaient 24 % de cette croissance.

La capacité d’intermédiation des courtiers ayant diminué, les coûts imposés aux gestionnaires d’actifs pour la vente de leurs titres ont fortement grimpé. Les courtiers se sont montrés moins enclins à accepter des titres plus risqués et moins liquides, comme les obligations de sociétés (graphique 3-A). Même les actifs les plus liquides de la plus haute qualité ont été touchés : les coûts de transaction sur les marchés des titres à revenu fixe donnent à penser que les courtiers n’avaient pas la capacité d’absorber les grandes quantités de titres d’emprunt du gouvernement du Canada vendus par un large éventail de gestionnaires d’actifs39.

Sources : Caisse canadienne de dépôt de valeurs et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 3 juillet 2020

Les déséquilibres importants et persistants entre la demande et l’offre de liquidités ont complètement paralysé certains marchés de titres à revenu fixe. Le problème ne s’est résorbé que lorsque la Banque du Canada et d’autres banques centrales ont pris des mesures exceptionnelles pour soutenir la liquidité des marchés de financement essentiels.

Cybersécurité

Les cybermenaces (vulnérabilité 5) restent une vulnérabilité importante, puisque le système financier est fortement interconnecté. Une cyberattaque réussie contre une grande institution financière ou une infrastructure de marché financier peut causer des perturbations dans l’ensemble du système. Elle pourrait également avoir de graves conséquences sur le bon déroulement et la prestation continue des services financiers, et entraîner d’importants coûts financiers et de réputation. Au bout du compte, la confiance du public dans le système financier repose sur la capacité des participants à protéger son fonctionnement quotidien. Cela signifie qu’ils doivent veiller à ce que les opérations soient robustes et résilientes, notamment en préservant l’intégrité des données personnelles et financières.

La pandémie a accéléré la transformation numérique de l’économie. Les dirigeants d’entreprises sondés par McKinsey & Company l’été dernier ont déclaré que la pandémie a accéléré de trois ans l’adoption de technologies numériques par les consommateurs. Pour les entreprises, il s’agirait d’un bond de six ans40. Mais cette transformation s’accompagne de risques. La numérisation accrue a en effet amplifié l’exposition aux attaques en multipliant les points d’entrée dans les systèmes informatiques et logiciels.

Les cyberincidents potentiels continuent de préoccuper les participants au système financier. Les participants à l’enquête de la Banque sur le système financier du printemps 2021 identifient toujours les cyberincidents comme l’un des trois principaux risques menaçant le système financier. Ils considèrent également que les cybermenaces constituent le risque principal pour leur institution. Les banques et les sociétés d’assurance sont particulièrement préoccupées par l’impact qu’un cyberincident pourrait avoir sur elles et sur l’ensemble du système financier.

Depuis décembre 2020, plusieurs cyberincidents impliquant des fournisseurs externes ont eu lieu à l’échelle mondiale. Les auteurs de ces attaques ont utilisé plusieurs méthodes pour cibler les réseaux d’organisations et y accéder pendant une longue période. Des entités publiques et privées du monde entier ont ainsi été compromises.

Les institutions financières et les autorités continuent d’investir pour renforcer la cyberrésilience. Le secteur financier est un chef de file dans la gestion des cyberrisques (graphique 15). Pour le secteur financier, les risques associés aux fournisseurs externes et à la chaîne d’approvisionnement sont une cause majeure d’inquiétude. Les cyberattaques les plus récentes l’ont d’ailleurs confirmé. Les institutions financières continuent par conséquent d’améliorer leurs contrôles de sécurité, y compris les pratiques de gestion des risques associés aux tiers. Il est primordial que chaque entreprise investisse dans ces efforts et d’autres initiatives, mais des mesures doivent également être prises à l’échelle du secteur pour contrecarrer les effets systémiques d’une cyberattaque réussie. C’est pourquoi la Banque a dirigé des efforts visant à améliorer la collaboration et la mise en commun de l’information au sein du secteur financier.

Découvrez les mesures que prend la Banque pour accroître la cyberrésilience du système financier.

Graphique 15 : Parmi les entreprises du secteur de la finance et des assurances, 95 % utilisent au moins une mesure de gestion des cyberrisques – un résultat supérieur à tous les autres secteurs

Part des entreprises de chaque secteur qui utilisent au moins une mesure de gestion des cyberrisques

Nota : Les mesures de gestion des cyberrisques comprennent la rédaction de politiques en matière de cybersécurité, la conception de plans de continuité des opérations, l’affectation d’employés ou de gestionnaires à la cybersécurité, l’exécution régulière de mises à jour de sécurité des systèmes d’exploitation ou des logiciels, et la souscription de polices d’assurance couvrant les risques de cybersécurité.
Sources : Statistique Canada et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 2019

Questions liées aux changements climatiques

Le prix des actifs exposés aux risques climatiques fait généralement l’objet d’une évaluation erronée (vulnérabilité 6)41. Les changements climatiques font peser des risques importants sur les participants individuels au système financier ainsi que sur la stabilité du système financier42. En général, une information inadéquate sur les conséquences des changements climatiques peut faire en sorte qu’elles ne soient pas pleinement prises en compte dans les prix des instruments financiers. Cette évaluation erronée des prix pourrait exposer les investisseurs à des baisses soudaines de la valeur des actifs à forte intensité de carbone durant la transition de l’économie à des émissions moindres de carbone. Elle retarde aussi les investissements dans les infrastructures sobres en carbone qui sont nécessaires pour atteindre les cibles climatiques.

Les changements climatiques posent deux types de risque pour la stabilité financière, soit les risques physiques et les risques de transition. La valeur des actifs ou des passifs financiers pourrait être affectée en raison :

  • des effets économiques – réels ou attendus – de la poursuite des changements climatiques (risques physiques);
  • de la transition vers une économie sobre en carbone (risques de transition).

Les risques physiques représentent les dommages financiers directs associés à l’augmentation des températures mondiales moyennes et au changement des tendances climatiques. Les changements climatiques exposent la population et les actifs à des phénomènes météorologiques plus fréquents et plus violents. Par exemple, les catastrophes naturelles comme les feux de forêt peuvent endommager directement les infrastructures, et la catégorisation d’une région comme plaine inondable peut affecter la valeur des biens immobiliers qui s’y trouvent. Lorsque des catastrophes naturelles frappent des ménages en situation de forte vulnérabilité financière, les conséquences pour le système financier peuvent alors être amplifiées (encadré 4).

Les risques de transition surgissent dans le système financier quand celui-ci s’adapte à une économie sobre en carbone ainsi qu’aux changements des politiques et de la réglementation liées au climat, de la technologie et du comportement des consommateurs et des investisseurs. S’ils sont imprévus, ces changements peuvent entraîner une réévaluation soudaine des actifs et une révision des prévisions de revenus aussi bien dans les secteurs à forte intensité de carbone que dans ceux qui y sont liés par l’entremise de chaînes d’approvisionnement. Une telle réévaluation soudaine du prix de ces actifs pourrait avoir des conséquences majeures pour de nombreuses institutions financières largement exposées à ces secteurs.

Encadré 4 : Évaluer l’interrelation entre les vulnérabilités financières des ménages et les risques physiques découlant des changements climatiques

Encadré 4 : Évaluer l’interrelation entre les vulnérabilités financières des ménages et les risques physiques découlant des changements climatiques

Les catastrophes naturelles causées par les changements climatiques sont plus fréquentes que dans le passé (graphique 4-A) et peuvent déclencher une détresse financière pour les ménages les plus durement touchés. Par exemple, après les feux de forêt qui ont ravagé Fort McMurray, en Alberta, en 2016, la proportion d’emprunteurs accusant du retard dans leurs paiements hypothécaires a fortement augmenté43. Il est donc capital d’étudier l’interrelation entre les vulnérabilités financières des ménages et les phénomènes météorologiques violents afin d’évaluer la résilience du système financier à l’égard des risques physiques découlant des changements climatiques44.

Nota : L’augmentation du nombre de catastrophes naturelles répertoriées au fil du temps tient probablement en partie à un signalement plus systématique des événements et à un meilleur dénombrement de la part des autorités.
Sources : Base de données canadienne sur les catastrophes et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 2016

Nous recourons aux données historiques de la Base de données canadienne sur les catastrophes de Santé publique Canada pour identifier les régions les plus exposées aux catastrophes naturelles. Les données nous permettent de cartographier 15 types de catastrophes survenues entre 1900 et 2016 par région de tri d’acheminement (RTA)45. Ensuite, nous établissons un indice d’exposition multirisques afin de classer les RTA selon leur exposition aux 15 types de catastrophes (figure 4-A).

Figure 4-A : L’exposition à différents types de catastrophes naturelles varie d’une région à l’autre du pays

Indice d’exposition multirisques, par région de tri d’acheminement

L’exposition à différents types de catastrophes naturelles varie d’une région à l’autre du pays

Source : Base de données canadienne sur les catastrophes et calculs de la Banque du Canada

Description : L’exposition à différents types de catastrophes naturelles varie d’une région à l’autre du pays

La figure 4-A est une carte du Canada montrant l’exposition relative des régions de tri d’acheminement aux catastrophes naturelles.

Cette carte repose sur un indice d’exposition multirisques, qui comprend une gamme de couleurs allant du jaune au rouge foncé, en passant par des tons orangés. Les valeurs sont définies de la manière suivante :

  • Jaune : faible exposition à toutes les catastrophes
  • Orange pâle : exposition moyenne à au moins une catastrophe
  • Orange : exposition élevée à une catastrophe
  • Rouge pâle : exposition élevée à deux catastrophes
  • Rouge foncé : exposition élevée à trois catastrophes et plus

Les régions les plus exposées (soit les couleurs rouge pâle et rouge foncé) sont concentrées en Colombie-Britannique, dans les provinces des Prairies, dans le Nord du Québec, dans les Territoires du Nord-Ouest et dans certaines parties des provinces de l’Atlantique.

Par la suite, un algorithme d’apprentissage automatique non supervisé classe les RTA en groupes distincts en fonction de différentes combinaisons de vulnérabilités financières et d’exposition multirisques aux catastrophes naturelles. L’algorithme crée trois groupes :

  • Exposition élevée aux catastrophes naturelles et niveau élevé d’endettement des ménages. La destruction physique d’actifs dans ces RTA entraînerait probablement des pertes plus importantes au sein du système financier. Ces RTA englobent 39 % de la dette des ménages au Canada et sont surtout situées en Colombie-Britannique et en Ontario (graphique 4-B). Ceci reflète en grande partie les prix plus élevés des logements dans ces régions.
  • Exposition modérée aux catastrophes naturelles et accès restreint au crédit. Les ménages établis dans ces RTA peuvent avoir une capacité plutôt limitée à faire face à des perturbations soudaines de leur revenu, en raison des contraintes de crédit. Ces ménages détiennent 17 % de la dette globale et sont généralement situés dans les Prairies et les provinces de l’Atlantique.
  • Faible exposition aux catastrophes naturelles et faible niveau de vulnérabilité financière. Ce groupe représente environ 44 % de la dette des ménages. Ceux qui en font partie sont principalement situés au Québec et, dans une moindre mesure, en Ontario et dans les Prairies.

Ces différentes combinaisons d’exposition aux catastrophes et de vulnérabilités financières pourraient fournir des indications sur la façon dont les catastrophes naturelles touchent l’économie et le système financier, ainsi que sur les mesures de politique appropriées à mettre en place.

Sources : Base de données canadienne sur les catastrophes, TransUnion et calculs de la Banque du CanadaDernière observation : 2020T3

Les participants au système financier ont besoin d’une meilleure information pour correctement évaluer les risques physiques et y attacher un prix, et favoriser une transition harmonieuse vers une économie sobre en carbone. Le système financier joue un rôle crucial à l’appui des objectifs climatiques mondiaux. Un grand nombre des investissements et des innovations qui faciliteront la transition vers une économie sobre en carbone demandent beaucoup de capitaux. Le système financier doit donc diriger efficacement ces fonds vers les investissements durables les plus prometteurs.

Afin de bien évaluer le prix des actifs exposés aux risques climatiques et de faciliter la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, les participants au système financier ont besoin d’une meilleure information – et en demandent d’ailleurs de plus en plus. Ils ont besoin d’analyses de données climatiques combinées à des informations économiques et financières pour guider leur prise de décisions. Cette lacune en matière de données peut être corrigée uniquement en élaborant et en adoptant à grande échelle des normes de divulgation des risques financiers liés au climat qui sont harmonisées mondialement46. Ainsi, les entreprises s’assureront de pouvoir évaluer leurs expositions aux changements climatiques et en faire état de façon fiable, cohérente et comparable.

On constate un dynamisme renouvelé chez les gouvernements et les investisseurs pour lutter contre les changements climatiques. Presque toutes les nations de la planète ont ratifié l’Accord de Paris, dont l’objectif est de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Les nations signataires visent aussi à limiter le réchauffement climatique planétaire à 2 degrés Celsius au cours de ce siècle, tout en prenant les moyens pour le limiter davantage, soit à 1,5 degré Celsius47. Récemment, le Canada et les États-Unis ont renforcé leur engagement en se joignant à une coalition de plus de 100 pays qui s’engagent à rendre leur économie carboneutre d’ici 205048.

De plus en plus, les participants aux marchés financiers tiennent compte des questions liées aux changements climatiques lorsqu’ils prennent des décisions d’investissement. Certains investisseurs se départissent carrément de leurs actifs à forte intensité de carbone, tandis que d’autres adoptent une approche de sensibilisation et intègrent toujours davantage les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement. Par exemple, les grands gestionnaires d’actifs (notamment les huit plus importantes caisses de retraite du Canada) invitent les sociétés dans lesquelles ils investissent à communiquer leurs données relatives aux facteurs ESG49. Les investissements dans les fonds liés aux facteurs ESG effectués à l’échelle mondiale en 2020 étaient à peu près le double de ceux de 2019, qui étaient environ le triple de ceux de 2018. En outre, le montant des émissions canadiennes d’obligations liées aux facteurs ESG augmente rapidement : il est passé de moins de 2 milliards de dollars en 2017 à environ 13 milliards de dollars en 2020. Ce montant demeure toutefois bien en deçà du financement requis pour effectuer la transition vers la carboneutralité d’ici 2050.

S’engager rapidement dans la lutte contre les changements climatiques permettra d’atténuer les risques dans l’ensemble. Le dynamisme observé présentement partout dans le monde pour combattre les changements climatiques peut produire différents résultats, selon l’horizon temporel. À court terme, le fait de définir clairement l’objectif ultime et de prendre des engagements crédibles pour l’atteindre pourrait concrétiser certains risques de transition plus rapidement qu’escompté si le statu quo était maintenu. Plus précisément, les prix de certains actifs associés aux industries qui produisent beaucoup de carbone pourraient baisser plus tôt que prévu. En revanche, à long terme, le fait d’intervenir au plus vite pour lutter contre les changements climatiques engendrera une transition plus harmonieuse et certaine, réduisant ainsi les risques de transition de façon générale.

Des interventions immédiates présentent des avantages pour l’économie et le système financier à moyen et long terme50 :

  • Elles aident à atténuer tant les dommages que les risques physiques.
  • Elles permettent d’éviter de devoir prendre des mesures climatiques plus brusquement ultérieurement pour atteindre les échéances visées – ce qui entraînerait d’importants risques de transition à ce moment.
  • Elles laissent davantage de temps aux nouvelles technologies pour s’implanter dans le marché en réponse aux signaux transmis par les prix.

Bref, le fait d’intervenir plus tôt pourrait favoriser une transition plus fluide et moins coûteuse vers une économie sobre en carbone.

Découvrez les mesures que prend la Banque pour améliorer la compréhension, l’évaluation et la transparence des risques climatiques.

Cryptoactifs

La popularité des cryptoactifs a continué de s’accroître au cours de la dernière année. Leur valeur monétaire est passée d’à peu près 200 milliards de dollars américains au début de 2020 à plus de 2 000 milliards de dollars américains en mai 202151. Les cryptoactifs sont devenus plus accessibles aux investisseurs ces dernières années grâce à l’arrivée au Canada de fonds de titres à capital fixe et de sociétés cotées en Bourse qui font des opérations sur ces actifs ou en font le minage. Des fonds négociés en Bourse de cryptoactifs ont également vu le jour depuis un an. Ces titres permettent d’investir dans le bitcoin, l’ethereum et d’autres cryptoactifs sans devoir les détenir ou les négocier directement. Toutefois, bien que ces véhicules d’investissement aient reçu beaucoup d’attention de la part des médias, ils pèsent encore peu dans l’ensemble des marchés financiers. En outre, la volatilité des cours causée par la demande de nature spéculative demeure un obstacle de taille qui empêche les cryptoactifs d’être largement acceptés comme modes de paiement. Malgré l’intérêt croissant des institutions pour les cryptoactifs, ceux-ci sont toujours considérés comme très risqués, car leur valeur intrinsèque est difficile à déterminer.

Parmi les cryptoactifs, les cryptomonnaies stables pourraient être une solution à la volatilité des cours52. Habituellement, les cryptomonnaies stables sont garanties par un panier d’actifs tels que des monnaies nationales ou des actifs financiers traditionnels53. Du point de vue de la stabilité financière, la nature moins volatile des cryptomonnaies stables pourrait les rendre plus convenables comme modes de paiement et réserves de valeur. Cela dit, certains des risques qui leur sont associés sont les mêmes que ceux d’autres cryptoactifs. En particulier, à moins que les cryptomonnaies stables soient garanties exclusivement en dollars canadiens, leur adoption généralisée pourrait nuire à la capacité de la Banque de mettre en œuvre sa politique monétaire et d’agir à titre de prêteur de dernier ressort.

L’évolution rapide des marchés de cryptoactifs est une vulnérabilité financière émergente. En dépit de leur popularité croissante, les cryptoactifs n’ont pas une importance systémique au Canada, ni comme catégorie d’actifs ni comme instruments de paiement. Cette situation pourrait toutefois changer si une grande société technologique (appartenant à ce qu’on appelle la « Big Tech ») comptant un assez grand nombre d’utilisateurs décidait d’émettre une cryptomonnaie qui deviendrait généralement acceptée comme mode de paiement.

La réglementation se dessine, mais certains défis subsistent. En ce moment, deux des grands enjeux réglementaires concernant les cryptoactifs ont trait à la protection des investisseurs sur les plateformes de négociation de ces produits et à l’utilisation de ces produits lors d’opérations illégales. La catégorisation des cryptoactifs et l’élaboration de réglementations connexes constituent aussi un défi, étant donné les caractéristiques uniques de ces produits et la rapidité avec laquelle ils évoluent.

Dans le cadre de sa lutte contre le blanchiment d’argent et le financement des activités terroristes, le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada a instauré des règlements et des lignes directrices relatifs au traitement des cryptoactifs et des prestataires de services d’actifs virtuels54. Certains des changements sont entrés en vigueur en juin 2020, et des obligations supplémentaires seront imposées à compter de juin 2021. En outre, les commissions de valeurs mobilières des provinces canadiennes ont clarifié les règles à l’intention des plateformes réputées comme négociant des cryptoactifs qui sont des valeurs mobilières55.

Risques et résilience

  • Le système financier canadien s’est avéré résilient pendant la pandémie, grâce à un secteur bancaire bien capitalisé et à des mesures de soutien économique sans précédent.
  • Cela dit, les vulnérabilités identifiées dans le présent rapport, combinées à l’incertitude élevée liée à la pandémie, posent des risques à court et à long terme. Un choc d’envergure – qui, par exemple, entraînerait une baisse importante du revenu des ménages ainsi que des prix des logements, ou une réévaluation des risques à l’échelle mondiale – pourrait interagir avec ces vulnérabilités et affecter considérablement la reprise économique au sortir de la pandémie.
  • Malgré ces vulnérabilités, les participants au système financier continuent d’avoir confiance en la résilience du système financier canadien. Qui plus est, une analyse effectuée par le personnel de la Banque indique qu’il faudrait un choc économique considérable et persistant pour compromettre la capacité des banques d’importance systémique d’accorder du crédit. De ce fait, les vulnérabilités sont surtout de nature macrofinancière, ce qui signifie qu’un événement déclencheur nuirait à l’économie réelle par voie des liens financiers, même si le système bancaire demeurait solvable.

Le système financier a joué son rôle d’amortisseur de chocs pendant la pandémie. Deux facteurs expliquent en grande partie pourquoi la crise sanitaire causée par la COVID‑19 ne s’est pas transformée en crise financière.

  • Les banques canadiennes étaient solidement capitalisées à l’aube de la pandémie. Cette solide capitalisation est en partie attribuable aux réformes internationales entreprises après la crise financière mondiale en vue de rehausser les exigences de fonds propres réglementaires. Elle témoigne aussi de la saine réglementation du BSIF et de la prudence dont les institutions financières canadiennes ont fait preuve avant et durant la pandémie. Dans ce contexte, les banques d’importance systémique sont en mesure d’encaisser des pertes de crédit substantielles avant de contrevenir aux exigences de fonds propres réglementaires. Elles ont donc les capacités nécessaires pour continuer d’agir comme des amortisseurs de chocs pour l’économie.
  • Les mesures exceptionnelles de soutien budgétaires, monétaires et prudentielles ont réduit de beaucoup les cas d’insolvabilité des ménages et des entreprises. Il est donc difficile de voir la pandémie comme une véritable mise à l’épreuve de la résilience du système financier. Par conséquent, les vulnérabilités dont il est question dans le présent rapport demeurent des sources d’inquiétude. En effet, elles pourraient amplifier et propager les chocs économiques majeurs dans l’avenir.

Analyse de la résilience du système financier

Le personnel de la Banque a effectué un test de résistance inversé pour déterminer le niveau de perturbation économique nécessaire pour gravement affecter le fonctionnement du système bancaire canadien. Dans un test de résistance standard, on commence par élaborer un scénario de risque macroéconomique susceptible de générer des tensions dans le système bancaire56. On estime ensuite les incidences financières du scénario de risque sur les banques, notamment en ce qui concerne les marges nettes sur les intérêts et les pertes de crédit. Enfin, les incidences globales sur les banques sont agrégées pour évaluer les effets sur leurs ratios de fonds propres, qui constituent un indicateur important de la résilience générale des banques. Si les ratios de fonds propres tombent en deçà des minimums réglementaires, une banque en particulier ou le secteur bancaire dans son ensemble ne sont plus jugés résilients.

Un test de résistance inversé vise à répondre à la question opposée : quelle ampleur devraient avoir les perturbations macroéconomiques pour faire baisser le ratio de fonds propres des banques à un niveau préoccupant? Ce niveau préoccupant est choisi comme étant le ratio de fonds propres des banques en dessous duquel des pertes de crédit supplémentaires risqueraient de perturber les flux de crédit vers l’économie. Par exemple, des pertes de crédit importantes pourraient forcer les banques à prendre des mesures défensives pour protéger leurs ratios de fonds propres, ce qui réduirait les prêts aux entreprises et ménages les plus à risque.

Il faudrait que l’économie canadienne subisse un choc majeur, plus persistant que celui survenu au début de 2020, pour que les réserves de fonds propres des banques d’importance systémique intérieure (BISi) et leur offre de crédit soient compromises (graphique 16). Les pertes de crédit devraient être beaucoup plus élevées que celles enregistrées par le passé pour que le ratio de fonds propres de la BISi moyenne atteigne le niveau préoccupant57. En particulier, les pertes cumulatives sur une période de trois ans devraient être 2,6 et 1,7 fois supérieures à celles observées pendant la crise financière de 2008-2009 et la récession du début des années 1990, respectivement. Dans ce scénario, le taux de chômage atteint 14,3 % (soit un niveau plus élevé que les 13,1 % atteints au deuxième trimestre de 2020).

Dans ce scénario, la résilience des BISi dépend de plusieurs hypothèses :

  • Les gouvernements ne mettent pas en œuvre d’autres programmes de soutien.
  • Le ratio de fonds propres des BISi est réduit par une compression des marges nettes sur les intérêts et par des pertes sur les marchés.
  • Les BISi ne sont pas touchées par une contagion importante du reste du système financier, attribuable par exemple à des pertes de crédit parmi les banques de petite et moyenne taille.

Nota : À titre d’exemple, le graphique présente une seule possibilité de scénario de crise inverse qui fait descendre à 3,5 % le ratio de levier d’une banque d’importance systémique intérieure moyenne.
Source : calculs de la Banque du Canada

Les participants au marché continuent d’avoir confiance en la résilience du système financier canadien. Dans la plus récente enquête qu’a menée la Banque sur le système financier, 96 % des répondants sont au minimum « plutôt sûrs » que le système financier serait capable de résister à un événement grave (graphique 17).

Nota : Pondérations dans l’indice de confiance : pas du tout sûr : 0 point; pas très sûr : 1 point; plutôt sûr : 2 points; très sûr : 3 points; absolument sûr : 4 points. La Banque n’a pas effectué d’enquête sur le système financier au printemps 2020 en raison de la pandémie de COVID‑19.
Source : enquête de la Banque du Canada sur le système financierDernière observation : printemps 2021

La croissance exposée au risque

Le cadre de croissance exposée au risque a pour objet d’évaluer l’incidence des risques macrofinanciers agrégés sur la croissance économique future. Plus précisément, il vise à quantifier les risques à la baisse pesant sur l’économie en estimant le taux de croissance futur du PIB qui devrait être dépassé dans tous les cas, sauf dans les 5 % de situations qui représentent les pires issues58. Ce calcul ne dépend pas d’un scénario de risque particulier. Il tient compte plutôt de l’incidence, sur la croissance attendue du PIB, des vulnérabilités financières et des tensions qui s’exercent sur les marchés financiers en fonction des chocs économiques qui ont été souvent observés par le passé. Comme elle repose sur l’analyse statistique d’indicateurs agrégés utilisés dans plusieurs pays, la croissance exposée au risque ne rend pas totalement compte de l’évolution de toutes les vulnérabilités du système financier présentées plus haut.

Les vulnérabilités actuelles du système financier accentuent les risques à la baisse pour les perspectives de croissance du PIB. La forte progression du crédit aux ménages et des prix des logements observée depuis le début de la pandémie soutient la croissance à court terme. Mais elle contribue également à moyen terme à la dégradation de la croissance exposée au risque (graphique 18). Plus particulièrement, d’ici 2023, les vulnérabilités financières réduisent le taux de croissance attendu du PIB et accentuent les risques à la baisse (graphique 19).

Source : calculs de la Banque du Canada


Source : calculs de la Banque du Canada

Les risques et la stabilité financière

Une baisse importante du revenu des ménages et des prix des logements

Si un choc négatif frappait l’économie canadienne, les ménages auraient plus de difficulté à assurer le service de leur dette et pourraient voir leur avoir net et leur accès au crédit diminuer (figure 1). L’incidence d’un tel choc serait pire aujourd’hui que par le passé parce qu’un pourcentage plus élevé de ménages affectent maintenant une part importante de leur revenu disponible au remboursement de leur dette. Ils ont ainsi moins de marge de manœuvre face à un choc de revenu défavorable. Certains ménages pourraient devoir alors liquider leurs actifs ou réduire sensiblement leurs dépenses, ou les deux.

Figure 1 : Canaux de transmission d’une baisse importante du revenu des ménages et des prix des logements

Canaux de transmission d’une baisse importante du revenu des ménages et des prix des logements
Description : Canaux de transmission d’une baisse importante du revenu des ménages et des prix des logements

La figure 1 est un diagramme illustrant les canaux de transmission d’une baisse importante du revenu des ménages et des prix des logements.

Tout commence par un événement déclencheur, par exemple un choc de demande mondial. Ce choc entraîne une baisse du revenu des ménages (en raison d’une diminution de l’emploi) et une baisse de l’activité sur le marché du logement.

Les effets qu’ont sur l’économie la baisse du revenu des ménages et la baisse de l’activité sur le marché du logement pourraient être amplifiés par deux des vulnérabilités financières identifiées dans le présent rapport, à savoir l’endettement élevé des ménages et les déséquilibres sur le marché du logement. Plus précisément, la vulnérabilité liée à l’endettement des ménages est associée à l’augmentation historique de la part des ménages dont le rapport prêt-valeur ou le ratio du service de la dette est élevé. Quant à la vulnérabilité liée aux déséquilibres sur le marché du logement, elle découle du fait que les prix des logements peuvent excéder les valeurs fondamentales ou que le patrimoine des ménages se concentre de plus en plus dans des biens immobiliers.

Étant donné ces vulnérabilités, les ménages touchés par une baisse de revenu auraient plus de difficulté à assurer le service de leur dette, et certains ménages dont le rapport prêt-valeur est élevé auraient un accès limité au crédit. De plus, la baisse de l’activité sur le marché du logement pourrait causer une baisse marquée des prix des logements, et donc avoir un effet négatif majeur sur le patrimoine des ménages. La baisse des prix des logements limiterait encore plus l’accès au crédit pour les ménages touchés par une baisse de revenu.

Ces trois canaux (soit la difficulté accrue à assurer le service de la dette, l’accès limité au crédit et l’effet négatif majeur sur le patrimoine) entraîneraient une baisse importante de la consommation des ménages. Il pourrait alors y avoir une plus grande détérioration du revenu des ménages ou de l’activité sur le marché du logement.

L’accroissement de la dette hypothécaire au Canada a contribué à l’augmentation des prix des logements et a été influencé par celle-ci. Cette augmentation des prix signifie qu’au fil du temps, la pondération moyenne de la part du logement dans l’actif total des ménages s’est accrue, passant de 36 % en 2000 à juste en deçà de 42 % en 2020. La hausse de la concentration des actifs résidentiels dans le bilan des ménages implique que l’avoir net de ces derniers diminuerait davantage si les prix des logements chutaient, ce qui exigerait une réduction importante des dépenses de consommation pour rétablir cet avoir. C’est particulièrement le cas pour les ménages très endettés dont la part de l’actif constituée par le logement est plus grande que la moyenne. En outre, les niveaux d’endettement élevés ont rendu les ratios du service de la dette beaucoup plus sensibles à la progression des taux hypothécaires, et les ménages plus vulnérables au moment du renouvellement de leur emprunt.

Une baisse des prix des logements réduirait l’accès des ménages au crédit. Leur logement servant de garantie, les ménages peuvent obtenir du crédit durant les périodes de tensions économiques au moyen d’instruments comme le refinancement hypothécaire et les marges de crédit hypothécaires. Une baisse substantielle des prix des logements empêcherait les ménages de recourir à ces instruments, ce qui demanderait une réduction des dépenses de consommation encore plus forte que ne l’exigeraient les circonstances autrement. La baisse des prix serait probablement plus importante sur les marchés où les anticipations sont extrapolatives. Elle accentuerait les effets négatifs sur les canaux de la richesse et des garanties.

Une correction du marché du logement pourrait se produire sans événement déclencheur externe. L’accroissement récent des déséquilibres sur le marché du logement, y compris les hausses rapides des prix, est en partie attribuable à des forces qui ne persisteront peut-être pas. Les préférences récemment affichées par les consommateurs pour des habitations plus grandes en banlieue pourraient partiellement changer après la pandémie. De plus, les bas taux hypothécaires ont stimulé la demande et possiblement accéléré l’activité. En effet, des transactions immobilières qui normalement auraient été effectuées plus tard, le sont maintenant, ce qui veut dire que la demande future pourrait être plus faible. Enfin, un ralentissement de l’activité sur le marché du logement pourrait provoquer une forte baisse des prix si les évaluations ne sont pas en rapport avec les facteurs fondamentaux.

Les vulnérabilités associées aux ménages et au marché du logement sont de nature macrofinancière. Par conséquent, les répercussions d’un événement déclencheur affecteraient à la fois l’économie réelle et le secteur financier. Comparativement aux livraisons précédentes de la Revue du système financier, l’accent mis dans cette livraison sur les effets macrofinanciers donne une vue plus large des vulnérabilités du système financier, qui incorpore les risques pour les emprunteurs et les prêteurs. Au Canada, les BISi doivent maintenir d’importantes réserves de fonds propres et de liquidités pour se protéger elles-mêmes et le système financier contre les ralentissements économiques. Comme le montre le test de résistance inversé, ces établissements bancaires sont capables d’absorber des pertes majeures dans leurs portefeuilles de prêts avant de contrevenir aux exigences réglementaires. Les vulnérabilités liées à l’endettement des ménages et au marché du logement font donc naître le risque que les banques subissent des pertes en capital et resserrent leurs conditions de crédit, mais elles ne représentent pas une menace systémique importante pour leur solvabilité.

Une réévaluation mondiale du risque

Une réévaluation mondiale des prix des actifs risqués impliquerait une dégradation des conditions financières à l’échelle internationale (figure 2). Ces dernières années, les investisseurs se sont engagés dans une quête de rendement à l’échelle internationale. Ils ont donc affecté une partie de leurs portefeuilles à l’acquisition d’actions, de titres d’emprunt de sociétés et d’autres types d’actifs – y compris en recourant aux segments moins liquides de ces catégories d’actifs plus risqués – qui produisent généralement de meilleurs rendements. Cette quête de rendement s’est intensifiée depuis le milieu de 2020 dans la mesure où les taux des titres d’État de référence avoisinent leurs creux historiques. Dans ce contexte, les conditions financières pourraient se durcir sensiblement si un événement déclencheur provoquait une réévaluation mondiale du risque. Par exemple, une aggravation ou un prolongement de la pandémie, le retrait plus rapide que prévu des mesures de soutien mises en place par les gouvernements ou des tensions géopolitiques sont autant d’événements déclencheurs possibles. Il se peut aussi qu’une réévaluation des risques autour de l’inflation mondiale entraîne une réévaluation des prix des actifs un peu partout dans le monde.

Un resserrement marqué des conditions financières influerait également sur le financement des banques, et donc à la fois sur leur capacité à prêter et les taux des prêts qu’elles accordent aux ménages et aux entreprises. Dans l’ensemble, une augmentation des coûts de financement viendrait restreindre les dépenses des consommateurs et les investissements des entreprises. Ce serait particulièrement le cas des ménages et des entreprises fortement endettés. Du fait de leur haut niveau d’endettement, des taux d’intérêt plus élevés auraient maintenant un effet plus important sur leur ratio du service de la dette qu’auparavant.

Figure 2 : Canaux de transmission d’une réévaluation mondiale du risque

Canaux de transmission d’une réévaluation mondiale du risque
Description : Canaux de transmission d’une réévaluation mondiale du risque

La figure 2 est un diagramme illustrant les canaux de transmission d’une réévaluation mondiale du risque

Tout commence par un événement déclencheur, par exemple une pandémie plus grave et persistante que prévu, un retrait précoce des mesures de soutien prises par les autorités mondiales, des tensions géopolitiques ou une réévaluation des risques d’inflation à l’échelle mondiale.

Si ce choc entraînait une variation considérable de la confiance sur les marchés et une réévaluation des risques à l’échelle mondiale, les prix des actifs mondiaux feraient l’objet d’une réévaluation importante. Cela se traduirait entre autres par une hausse des écarts de taux relatifs aux obligations de sociétés et une baisse des prix des actions.

Cette réévaluation importante des actifs pourrait avoir plusieurs conséquences.

  • Elle pourrait avoir un effet négatif majeur sur le patrimoine des ménages.
  • Elle pourrait entraîner un resserrement des conditions financières pour les ménages et les entreprises.
  • Elle pourrait mener à une hausse notable des coûts de financement des entreprises faiblement notées qui se financent de manière précaire sur certains marchés, par exemple en émettant des obligations à rendement élevé ou en contractant des prêts à effet de levier.
  • Elle pourrait provoquer un changement important de la composition des portefeuilles privilégiant des actifs sûrs. Étant donné la vulnérabilité associée à la demande potentielle de liquidités dans le marché par rapport à la capacité d’y répondre – qui tient au fait que la demande des gestionnaires d’actifs dépasse la capacité d’intermédiation des banques –, la hausse de la demande d’actifs sûrs et liquides pourrait entraîner une majoration des primes de risque. Cette situation contribuerait à un resserrement encore plus grand des conditions financières.

Enfin, l’effet négatif majeur sur le patrimoine et le resserrement des conditions financières pourraient causer une baisse importante de la consommation des ménages et des investissements des entreprises.

Les vulnérabilités financières actuelles amplifieraient l’impact économique d’une grande réévaluation des actifs financiers. Comme indiqué précédemment, une proportion non négligeable de la dette des entreprises découle de formes de financement plus risquées, qu’il s’agisse d’obligations de sociétés à rendement élevé ou de prêts à effet de levier. Ces actifs risqués seraient fragilisés si jamais une réévaluation importante avait lieu à l’échelle internationale et des contraintes limitaient l’accès au financement. Si cela se produisait, les entreprises qui dépendent principalement de ces sources de fonds seraient alors confrontées à une hausse prononcée de leurs coûts de financement et à des difficultés pour émettre de nouveaux emprunts ou remplacer les titres arrivés à échéance, puisqu’il y aurait peu de sources alternatives de fonds. Les entreprises des secteurs liés aux matières premières sont particulièrement vulnérables, vu leur dépendance à ces marchés. Un événement déclencheur qui réduirait sensiblement la demande mondiale de matières premières pourrait entraîner un abaissement de la cote de crédit de ces entreprises, ce qui accentuerait leurs difficultés de financement. Enfin, la réévaluation des prix des actifs exposés aux risques découlant des changements climatiques pourrait induire une augmentation des coûts de financement des sociétés évoluant dans des secteurs qui émettent beaucoup de carbone.

De la même manière, un changement de l’appétit pour le risque pourrait provoquer une recrudescence de la demande d’actifs sûrs, par exemple les bons du Trésor et les obligations du gouvernement du Canada. Mais étant donné le déséquilibre structurel qui existe sur le plan de la liquidité de marché entre l’offre des banques et la demande potentielle des gestionnaires d’actifs, une hausse soudaine de la demande d’actifs liquides pourrait perturber le fonctionnement des marchés et déboucher sur une nouvelle pénurie de liquidité. La hausse de la prime de liquidité viendrait aussi nuire directement aux entreprises qui reposent sur le financement de marché et se répercuterait sur elles par le biais des coûts de financement plus élevés imposés par les banques.

Opinion du marché sur le risque

La Banque sollicite l’opinion des participants au système financier dans le cadre de l’enquête sur le système financier. Les résultats lui permettent de confronter ses avis et ses travaux d’analyse à des opinions externes. L’enquête lui fournit aussi des renseignements sur des sujets sur lesquels elle possède peu de données ou une expertise limitée, et qui peuvent inspirer en outre de nouveaux sujets d’analyse.

Même si le risque perçu à moyen terme a augmenté, les participants au marché restent confiants que le système financier est résilient59. Globalement, le risque perçu à court terme (sur moins d’un an) a légèrement baissé par rapport au résultat de l’enquête de l’automne 2020. Les répondants attribuent essentiellement ce changement à la campagne de vaccination contre la COVID‑19 ainsi qu’aux mesures de soutien monétaire et budgétaire en vigueur (graphique 20). Le risque perçu à moyen terme (sur une période d’un à trois ans) s’est amplifié, mais il a diminué considérablement par rapport à l’enquête précédente. Il se situe à son niveau le plus bas depuis le lancement de l’enquête en 2018. Les participants ont invoqué l’incertitude qui entoure le retrait des mesures de soutien monétaire et budgétaire et la marge plus restreinte dont disposeraient les pouvoirs publics pour réagir à d’autres chocs dans l’avenir.

Nota : Les résultats sont basés sur les réponses à la question suivante de l’enquête sur le système financier : « Selon vous, la probabilité qu’un événement susceptible de perturber gravement le fonctionnement du système financier canadien se produise à court (de 0 à 12 mois) et à moyen (de 1 à 3 ans) termes a-t-elle augmenté, diminué, ou est-elle restée la même depuis six mois? » Les pondérations de l’indice de la variation du risque sont les suivantes : baisse importante : -2 points; légère baisse : -1 point; niveau inchangé : 0 point; légère hausse : 1 point; hausse importante : 2 points. La Banque n’a pas effectué d’enquête sur le système financier au printemps 2020 en raison de la pandémie de COVID‑19.
Source : enquête de la Banque du Canada sur le système financierDernière observation : printemps 2021

Protéger le système financier

  • La Banque du Canada collabore étroitement avec des partenaires des secteurs privé et public, au Canada et à l’étranger, afin d’améliorer la résilience du système financier.

À l’échelle nationale, la Banque travaille activement avec les autorités fédérales et provinciales sur des enjeux liés au système financier. Elle préside le groupe Responsables des organismes de réglementation et le Comité de surveillance du risque systémique, deux instances de concertation fédérale-provinciale qui traitent de questions touchant le secteur financier (encadré 5). Les travaux du Comité contribuent directement à l’évaluation du système financier présentée dans la livraison annuelle de la Revue du système financier. Pour atteindre ses objectifs liés au système financier, la Banque collabore également avec les autorités fédérales, provinciales et internationales, ainsi qu’avec des organismes sectoriels en siégeant à des comités relatifs au système financier, notamment au Comité consultatif supérieur (CCS) et au Comité de surveillance des institutions financières.

À l’échelle internationale, la Banque prend part à des discussions sur des enjeux entourant le système financier. Par l’entremise de nombreux comités et groupes de travail, la Banque collabore et échange de l’information régulièrement avec d’autres banques centrales, le FMI, la Banque mondiale, le Conseil de stabilité financière, les membres du G7 et du G20 et la Banque des Règlements Internationaux.

Encadré 5 : Les activités de la dernière année des Responsables des organismes de réglementation et du Comité de surveillance du risque systémique

Encadré 5 : Les activités de la dernière année des Responsables des organismes de réglementation et du Comité de surveillance du risque systémique

Le groupe Responsables des organismes de réglementation, présidé par la Banque du Canada, est une importante instance de concertation fédérale-provinciale qui traite de questions liées au secteur financier. En font partie le ministère des Finances du Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières, l’Autorité des marchés financiers du Québec et les commissions des valeurs mobilières de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Créé par les Responsables des organismes de réglementation, le Comité de surveillance du risque systémique facilite l’évaluation des vulnérabilités et des risques pesant sur le système financier canadien par la mise en commun de l’information et la collaboration. En plus des Responsables des organismes de réglementation, le comité regroupe la Société canadienne d’hypothèques et de logement, la Société d’assurance-dépôts du Canada, la BC Financial Services Authority et l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers.

Dans la dernière année, les Responsables des organismes de réglementation et le Comité de surveillance du risque systémique ont abordé des questions importantes liées au système financier, notamment les suivantes :

  • marché du logement et endettement des ménages : les vulnérabilités connexes
  • protection des consommateurs : les régimes et les enjeux qui influent sur la confiance des consommateurs
  • cryptoactifs et cryptomonnaies stables : la conjoncture et la réglementation
  • cyberrésilience : la cyberrésilience du secteur financier et les plans de prévoyance
  • secteur de l’immobilier commercial : les tendances et les expositions au risque
  • insolvabilité des entreprises : les tendances
  • changements climatiques et finance durable : les travaux liés aux politiques au Canada et à l’étranger
  • liquidité des marchés : les problèmes sur les marchés des titres à revenu fixe

La Banque continue d’accorder la priorité aux travaux ci-dessous réalisés avec ses partenaires afin d’accroître la résilience du système financier.

L’endettement des ménages et les déséquilibres sur le marché du logement

Le taux d’intérêt admissible minimal proposé par le BSIF rendra le système financier plus résilient. Le 8 avril 2021, le BSIF a annoncé la reprise de sa consultation sur le taux admissible minimal utilisé dans les tests de résistance que les institutions financières sous réglementation fédérale appliquent aux prêts hypothécaires non assurés60. Le nouveau taux admissible proposé, qui pourrait entrer en vigueur le 1er juin 2021, correspond au plus élevé des taux suivants : le taux hypothécaire contractuel majoré de 2 points de pourcentage ou 5,25 %61. Dans le contexte actuel de très bas taux d’intérêt, il est plus probable que les taux augmentent dans l’avenir. Les ménages sont donc exposés au risque que les coûts du service de la dette soient plus élevés au moment du renouvellement. Les critères d’admissibilité plus sévères permettraient de s’assurer que les ménages sont capables d’absorber ces coûts plus importants et protégeraient ainsi l’emprunteur et le prêteur.

Des mesures budgétaires annoncées récemment devraient contribuer à réduire les déséquilibres sur le marché du logement. En particulier, la proposition budgétaire fédérale de taxer les logements vacants appartenant à des non-résidents favoriserait une hausse de l’offre de logements locatifs et d’habitations à vendre. De même, l’offre devrait aussi bénéficier des investissements dans le logement abordable. Ces mesures, ainsi que la majoration du taux admissible appliqué dans le test de résistance auquel sont soumis les prêts hypothécaires, mettraient davantage en adéquation l’offre et la demande de logements, ce qui pourrait ralentir la hausse des prix des logements.

La Banque contribue à la stabilité financière par la sensibilisation aux risques persistants ou naissants liés à la situation financière des ménages et au marché du logement. Elle utilise la Revue du système financier, le portail sur le système financier et des discours pour présenter des études et analyses pertinentes, dégageant des informations dans le but d’aider les ménages, les prêteurs et les décideurs à identifier et à atténuer les risques. De plus, la Banque entretient un dialogue avec diverses autorités fédérales et provinciales et échange des renseignements avec elles par l’entremise de groupes comme le CCS et les Responsables des organismes de réglementation, que ce soit au sein des groupes de travail ou entre les cadres dirigeants.

Le fonctionnement des marchés financiers

La Banque contribue par ses analyses au plan de travail international et évalue les différentes politiques envisageables pour renforcer la résilience de la liquidité du marché canadien des titres à revenu fixe. La liquidité de marché va demeurer à l’ordre du jour des priorités nationales et internationales à court et moyen terme. Le Conseil de stabilité financière a préparé un plan de travail complet dans le but d’améliorer la résilience du secteur de l’intermédiation financière non bancaire et la liquidité des marchés de financement essentiels62. Les autorités canadiennes prennent part à ces efforts. Comme d’autres banques centrales, la Banque évalue le rôle qu’elle pourrait jouer lors de futures crises et examine quelles contreparties auraient un accès direct à ses facilités63. Elle communiquera avec les participants au marché dans le cadre de l’évaluation des différentes politiques envisagées.

La Banque travaille avec des parties prenantes importantes du système financier canadien à l’amélioration de la solidité et de la fiabilité des principaux taux d’intérêt de référence du marché canadien. Les taux d’intérêt de référence servent partout dans le monde au calcul des versements qui permettront de rémunérer des contrats financiers s’élevant à des centaines de billions de dollars, notamment des prêts à taux variables et des instruments dérivés. Les autorités à travers le monde travaillent avec les participants au marché à une réforme des indices de référence et préparent l’adoption, par les marchés, de taux qui ne sont plus fondés sur des sondages mais sur des méthodes de calcul éprouvées reposant sur des transactions. Vu la fin annoncée du LIBOR (taux interbancaire offert à Londres), on s’attend à ce que les produits financiers les plus échangés sur les marchés financiers internationaux, en particulier les instruments dérivés, soient rémunérés en fonction de taux de référence à un jour sans risque.

La Banque a participé de très près à la réforme des principaux taux de référence utilisés au Canada. Cette action a été pilotée par le Groupe de travail sur le taux de référence complémentaire pour le marché canadien (Groupe de travail sur le TARCOM) que le Forum canadien des titres à revenu fixe a créé en 2018. Le Groupe de travail sur le TARCOM s’emploie à revoir et à renforcer deux importants taux de référence pour les opérations libellées en dollars canadiens.

  • Le taux des opérations de pension à un jour (taux CORRA) sert de mesure du coût du financement à un jour sur le marché général des pensions pour les opérations garanties au moyen de titres du gouvernement du Canada. Ce taux sans risque calculé à partir des transactions est surtout utilisé comme taux de référence pour le marché canadien des swaps indexés sur le taux à un jour, un marché de plusieurs billions de dollars. Le Groupe de travail sur le TARCOM a amélioré la méthode de calcul du taux CORRA pour que celui-ci, en reflétant un éventail élargi de transactions, soit plus robuste et plus représentatif du marché dans son ensemble. La Banque s’occupe depuis juin 2020 du calcul et de la publication du taux CORRA et a commencé à publier en avril 2021 l’indice du taux CORRA composé6465.
  • Le Canadian Dollar Offered Rate (taux CDOR) est un taux de référence des produits financiers à terme libellés en dollars canadiens, sensible au crédit et établi à partir d’un sondage. Il constitue le taux auquel les banques consentent à financer leur clientèle avec des acceptations bancaires dans le cadre des conventions de prêt déjà en place. Comme le taux CDOR repose sur des sondages, il est susceptible d’être manipulé et risque d’être abandonné au même titre que le LIBOR. Dans ces circonstances, pour favoriser une transition en douceur, les participants au marché ont été invités à prévoir des solutions de rechange viables, en remplacement du taux CDOR. Le Groupe de travail sur le TARCOM a travaillé en amont avec l’International Swaps and Derivatives Association (ISDA) dans le but d’inclure le taux CDOR dans la liste récemment publiée des taux de référence qui font l’objet de clauses de repli pour les instruments dérivés. Le Groupe de travail sur le TARCOM a également rédigé et soumis à une consultation une clause de repli viable pour les obligations à taux variable fondées sur le CDOR. Enfin, il examine actuellement l’efficacité du CDOR comme taux de référence.

Les cybermenaces

La Banque s’est fondée sur sa stratégie de cybersécurité 2019-2021 pour orienter son travail sur les cybermenaces au cours des trois dernières années. La stratégie met l’accent sur le renforcement de la sécurité des activités de la Banque, la collaboration avec des partenaires externes dans le but d’améliorer la résilience et la promotion de normes de cybersécurité robustes au sein du secteur financier.

Beaucoup d’initiatives de cybersécurité menées par la Banque sont mises en œuvre par le Groupe sur la résilience du secteur financier canadien. Créé par la Banque en 2019, ce groupe est un partenariat public-privé. Il réunit les institutions financières canadiennes d’importance systémique, les infrastructures de marchés financiers, les organismes de réglementation et les ministères fédéraux. Son mandat est de coordonner les interventions en cas d’incident opérationnel systémique dans le secteur financier. Ainsi, le groupe a élaboré et mis en place un protocole d’intervention en cas d’incident afin de gérer de manière coordonnée les incidents opérationnels, notamment les cyberincidents. Voici quelques-unes de ses initiatives récentes :

  • Mesures en lien avec la COVID‑19 : Durant les premiers mois de la pandémie, les membres du groupe se sont rencontrés chaque semaine pour faire le point sur des questions opérationnelles et discuter des enjeux naissants, tels que la désignation des services essentiels et les cybermenaces. Le groupe a également facilité les interactions avec des organismes gouvernementaux, comme Sécurité publique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada, et d’autres secteurs des infrastructures essentielles.
  • Exercices de simulation : Le groupe a procédé, en mars 2021, à sa première simulation qui était axée sur la réaction de l’industrie à une cyberattaque contre l’un des participants essentiels du secteur financier. Cet exercice a permis aux membres du groupe de mettre en pratique la façon dont ils se transmettraient des informations, coordonneraient leurs décisions et communiqueraient entre eux si un cyberincident majeur de ce genre devait se produire.
  • Programme de résilience du système de paiement de gros : Il s’agit d’un partenariat entre la Banque, les grandes banques canadiennes et Paiements Canada qui a pour but d’améliorer la résilience de l’écosystème autour des systèmes canadiens de paiement de gros. Pour ce faire, les participants du secteur financier ont effectué deux autoévaluations de leurs mécanismes de contrôle des systèmes de paiement de gros et ont convenu de respecter les normes de référence de l’industrie.

La Banque aide le secteur financier à déterminer, comprendre et communiquer ses expositions aux risques climatiques en élaborant une approche fondée sur des scénarios. Dans le cadre d’un projet pilote national, la Banque et le BSFI ont mis au point des méthodes d’évaluation des risques financiers et préparé un ensemble de scénarios sur les changements climatiques propres au Canada que les six institutions financières participantes pourront utiliser pour évaluer les expositions de leurs portefeuilles66. Plus tôt ce mois-ci, la Banque et l’Institut du risque mondial ont organisé un webinaire avec diverses parties prenantes du secteur financier afin de mettre en commun les connaissances acquises jusqu’à présent dans le cadre du projet pilote. Cet été, la Banque et le BSIF mèneront une enquête auprès d’autres acteurs du secteur financier pour étudier la faisabilité et les défis d’une adoption à grande échelle des méthodes du projet pilote. Le rapport final du projet pilote, qui inclura également les résultats de l’enquête, sera publié vers la fin de 2021.

Les changements climatiques étant un enjeu mondial, la Banque continue de participer activement aux travaux sur les changements climatiques conduits par différents organismes internationaux. Elle a notamment été nommée au comité directeur du Réseau pour le verdissement du système financier. Au cours de la dernière année, le personnel de la Banque a contribué de manière significative aux travaux du Réseau visant à favoriser une approche fondée sur des scénarios pour la communication des risques liés au climat67.

La Banque prend aussi des mesures pour réduire son empreinte carbone. Consultez le Rapport annuel 2020 pour en savoir plus sur les autres initiatives de la Banque dans le domaine des changements climatiques.

Les innovations dans les systèmes de paiement du Canada

Des systèmes de paiement robustes et sécuritaires sont primordiaux pour la stabilité financière globale68. Ils permettent aux consommateurs, aux entreprises et aux organismes gouvernementaux d’acheter des biens et des services, de procéder à des placements ainsi que de virer des fonds de manière sûre et efficiente.

Paiements Canada poursuit deux initiatives visant à moderniser les systèmes de paiement de base au pays69. La Banque y participe activement puisqu’elle entend surveiller ces systèmes après leur mise en fonction.

  • Lynx : Le nouveau système de transfert de gros paiements est censé être déployé au troisième trimestre de 2021. À la fine pointe de la technologie et très résilient, il intégrera un modèle de risque amélioré.
  • Système de paiement en temps réel : La nouvelle infrastructure de traitement des paiements de détail soutiendra les paiements instantanés pour les particuliers et les entreprises. Son lancement est prévu pour septembre 2022.

La Banque continue à se préparer à remplir son nouveau rôle de supervision des fournisseurs de services de paiement de détail70. Le gouvernement fédéral a proposé un nouveau cadre de supervision des paiements de détail. En vertu de ce cadre, la Banque serait chargée de superviser les fournisseurs de services de paiement pour s’assurer qu’ils respectent les différentes exigences quant à la gestion des risques opérationnels et à la protection des fonds. En prévision de ces nouvelles responsabilités, la Banque a tenu des discussions avec des représentants du secteur tout au long de 2020 pour recueillir leur expertise sur l’écosystème des paiements de détail. La Banque poursuivra ses efforts de consultation auprès des acteurs de l’industrie lors de la conception et de la mise en œuvre de ce nouveau cadre de supervision.

Notes

  1. 1. Selon une récente analyse du personnel, la hausse des cours boursiers enregistrée entre septembre 2020 et mars 2021 au Canada peut être attribuée à l’amélioration des prévisions de bénéfices. Voir G. Ouellet Leblanc, J.-S. Fontaine et R. Shotlander (2021), What cured the TSX Equity index after COVID‑19?, note analytique du personnel nº 2021-3, Banque du Canada.[]
  2. 2. Voir Fonds monétaire international (2021), Rapport sur la stabilité financière dans le monde : Prévenir l’accumulation de facteurs de vulnérabilité, avril.[]
  3. 3. Voir Fonds monétaire international (2021), Perspectives de l’économie mondiale – Reprise : Des situations divergentes à gérer, avril.[]
  4. 4. Voir Fonds monétaire international (2021), Moniteur des finances publiques, avril.[]
  5. 5. Par exemple, dans la Revue du système financier de 2020, la Banque a montré les conséquences possibles pour les ménages d’un scénario économique pessimiste ne prévoyant aucune mesure de soutien. Dans un tel scénario, la proportion de ménages accusant du retard dans leurs versements hypothécaires pourrait augmenter considérablement.[]
  6. 6. Par « actifs liquides », on entend la somme des dépôts auprès d’institutions financières, et des soldes des comptes d’épargne libres d’impôt et des comptes de placement non enregistrés. Les proportions indiquées sont tirées de l’enquête sur la sécurité financière de 2016, publiée par Statistique Canada.[]
  7. 7. Pour un complément d’information sur la hausse de l’épargne des ménages durant la pandémie, voir L. Shembri (2021), COVID‑19, épargne et dépenses des ménages, discours prononcé par vidéoconférence devant Restaurants Canada, Toronto, 11 mars.[]
  8. 8. Voir G. Vallée (2021), Surveillance des reports de paiement pendant la pandémie de COVID‑19, mise à jour de mars 2021, Banque du Canada.[]
  9. 9. Afin de protéger la vie privée des Canadiens, TransUnion n’a fourni aucun renseignement personnel à la Banque. L’ensemble de données de TransUnion a été anonymisé, c’est-à-dire qu’il ne comprend aucun renseignement permettant d’identifier une personne en particulier (nom, numéro d’assurance sociale, adresse). De plus, il s’agit d’un ensemble de données de panel, qui utilise des numéros de compte et de client fictifs attribués par TransUnion.[]
  10. 10. En plus des niveaux d’endettement, des données empiriques basées sur une analyse portant sur plusieurs pays montrent que des périodes de croissance très rapide du crédit précèdent souvent des périodes de tensions financières. Voir M. Schularick et A. M. Taylor (2012), « Credit Booms Gone Bust: Monetary Policy, Leverage Cycles, and Financial Crises, 1870-2008 », American Economic Review, vol. 102, nº 2, p. 1029-1061.[]
  11. 11. En avril 2021, la Banque a reçu de nouveaux tableaux de données personnalisés établis à partir des résultats de l’enquête sur la sécurité financière de 2016, publiée par Statistique Canada, qui confirment que la qualité de la dette des ménages s’est améliorée de 2016 à 2019. La part des ménages dont le ratio de la dette totale au revenu est égal ou supérieur à 350 % a un peu diminué, passant de 15,7 % en 2016 à 15,2 % en 2019. Pour l’analyse de l’encours de la dette (données de stock), la Banque considère que les ménages fortement endettés sont ceux ayant un ratio de la dette au revenu de plus de 350 %. Lorsqu’il est question des nouveaux prêts octroyés (données de flux), elle considère comme vulnérables les emprunteurs ayant un ratio de prêt au revenu de plus de 450 %.[]
  12. 12. Le ratio de la dette des ménages au revenu disponible a diminué depuis le début de la pandémie. La croissance du revenu disponible a été robuste en raison des mesures publiques sans précédent de soutien au revenu. À l’heure actuelle, cet indicateur global fausse l’évaluation de l’endettement des ménages. En effet, la hausse du revenu disponible est probablement attribuable aux ménages qui se situent dans le bas de la distribution des revenus et qui sont souvent locataires, alors que l’augmentation de la dette hypothécaire est vraisemblablement le fait des ménages qui sont dans le haut de la distribution.[]
  13. 13. Dans le contexte américain, voir J. Y. Campbell et J. F. Cocco (2015), « A Model of Mortgage Default », The Journal of Finance, vol. 70, nº 4, p. 1495-1554.[]
  14. 14. Plus précisément, le personnel de la Banque a estimé un modèle probit dans lequel il fait la régression d’un indicateur catégoriel des tensions financières par rapport à diverses caractéristiques des prêts hypothécaires, à une série de variables de contrôle et aux effets fixes du lieu et du temps. Plus de détails sur cette analyse seront publiés ultérieurement dans une note analytique du personnel de la Banque du Canada.[]
  15. 15. Les autres caractéristiques des prêts hypothécaires et des emprunteurs pris en compte dans la régression sont les suivantes : le fait que la période d’amortissement du prêt hypothécaire soit ou non de 30 ans; l’âge de l’emprunteur; le rapport entre les paiements effectués en remboursement des prêts à la consommation et le revenu; le type de prêt et son échéance; la région de tri d’acheminement de l’emprunteur; le fait que l’emprunteur a refinancé ou non son prêt hypothécaire; le prêteur; le mois et l’année d’émission du prêt hypothécaire.[]
  16. 16. Les prêts hypothécaires non assurés représentent généralement l’essentiel des nouveaux prêts hypothécaires émis au Canada.[]
  17. 17. D’autres mesures de l’abordabilité, comme le ratio du service de la dette, mènent à des résultats semblables. Ce constat n’est pas étonnant, étant donné le fort chevauchement entre les ménages dont le ratio de prêt au revenu est élevé et ceux dont le ratio du service de la dette est important. Néanmoins, au fil du temps, il y a de grandes chances que le ratio de prêt au revenu aide à mieux mesurer les vulnérabilités sur l’ensemble du cycle, car il n’est pas directement influencé par les variations des taux d’intérêt. Par contre, un recul durable du taux hypothécaire d’équilibre pourrait permettre aux ménages de supporter un ratio accru de prêt au revenu sans toutefois augmenter la probabilité qu’ils soient confrontés à des tensions financières à l’avenir.[]
  18. 18. Pour une analyse détaillée de la dynamique récente du marché du logement dans le contexte de niveaux élevés d’endettement des ménages, voir M. Khan, O. Bilyk et M. Ackman (2021), Le point sur les déséquilibres sur le marché du logement et l’endettement des ménages, note analytique du personnel nº 2021-4, Banque du Canada.[]
  19. 19. D’après les résultats de l’enquête canadienne sur le revenu 2018 de Statistique Canada, le revenu médian après impôt du ménage des propriétaires de logement était de 81 200 $ en 2018. Par comparaison, ce revenu était de 43 800 $ dans le cas des locataires.[]
  20. 20. Voir Banque du Canada (2021), « Graphique 10 : Les Canadiens ont accumulé en moyenne un surplus d’épargne de 5 800 $ en 2020 », Rapport sur la politique monétaire, avril, p. 23.[]
  21. 21. Voir Banque du Canada (2021), « Encadré 4 : Les moteurs de la vigueur du marché canadien du logement », Rapport sur la politique monétaire, avril, p. 15-16.[]
  22. 22. Le taux médian de croissance attendue des prix des logements provenant de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada menée par la Banque du Canada diffère généralement beaucoup des taux de croissance calculés à partir des indices des prix des logements publiés. C’est pourquoi il est plus utile de s’attarder aux variations des attentes dans le temps plutôt qu’à leurs niveaux absolus.[]
  23. 23. Pour des précisions sur cet indicateur, voir U. Emenogu, C. Hommes et M. Khan (2021), Détecter l’exubérance des prix des logements dans des villes canadiennes, note analytique du personnel nº 2021-9, Banque du Canada.[]
  24. 24. Ces dernières années, environ 1 % des transactions à l’échelle nationale ont porté sur des habitations achetées et revendues dans les six mois suivants. Cette part se situe autour de 2 % pour les logements achetés et revendus dans les 12 mois.[]
  25. 25. Selon les résultats de l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises de Statistique Canada, plus de 60 % des entreprises ont rapporté une perte de revenu entre 2019 et 2020, et près du tiers ont enregistré une chute de revenu d’au moins 30 % sur la même période.[]
  26. 26. Dans la Revue du système financier de 2020, la Banque a analysé ce qui pourrait arriver aux prêts consentis aux entreprises figurant aux bilans des grandes banques dans le cadre d’un scénario de risque pessimiste. D’après les résultats, la part des prêts improductifs dans l’ensemble des prêts bancaires passait de 1 % à la fin 2019 à 6 % en supposant certaines mesures de soutien et à 16 % en l’absence de telles mesures.[]
  27. 27. Pour une description plus détaillée du secteur des entreprises pendant la pandémie, voir T. Grieder, M. Khan, J. Ortega et C. Symmers (2021), Évaluation préliminaire de l’impact de la COVID‑19 sur la santé financière des entreprises canadiennes, note analytique du personnel nº 2021-8, Banque du Canada.[]
  28. 28. Pour le moment, il est difficile de connaître exactement les conséquences de la pandémie sur le secteur des entreprises, car nous n’avons pas encore d’ensemble complet de microdonnées détaillant la santé financière des sociétés. Les lacunes actuelles dans les données sont particulièrement importantes pour les petites et moyennes entreprises (PME). En effet, celles-ci tendent à ne divulguer leurs renseignements financiers qu’une fois par année, dans leur déclaration d’impôts. Ainsi, les chercheurs n’ont accès à des données sur les PME qu’en format anonymisé et avec un retard substantiel. La plupart des données présentées dans la présente section concernent les entreprises de moyenne et grande taille.[]
  29. 29. Dans le ratio de couverture de l’intérêt, les revenus représentent les bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement.[]
  30. 30. Les dépôts de dossier d’insolvabilité présentés ici excluent les grandes entreprises qui ont été placées sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers de compagnies. Cette loi autorise les entreprises insolvables qui doivent plus de 5 millions de dollars à leurs créanciers à restructurer leurs affaires et leurs finances. En 2020, 60 entreprises se sont placées sous la protection de cette loi, représentant un passif de 8,8 milliards de dollars, contre 38 entreprises en 2019 (passif de 9,2 milliards de dollars).[]
  31. 31. Pour en savoir davantage, voir Points saillants de l’enquête sur le système financier – Printemps 2021.[]
  32. 32. Les prêts à effet de levier sont des prêts syndiqués à rendement élevé consentis à des entreprises non financières généralement considérées comme des emprunteurs à risque plus élevé. Pour en savoir plus, voir l’encadré 3 de la Revue du système financier de 2019.[]
  33. 33. Voir Banque du Canada (2021), La Banque du Canada annonce la cessation des programmes visant à soutenir le fonctionnement des marchés mis en place durant la pandémie de COVID‑19, avis aux marchés, 23 mars.[]
  34. 34. Ces problèmes structurels ont été observés à l’échelle mondiale. Voir, par exemple, Conseil de stabilité financière (2020), Holistic Review of the March Market Turmoil, 17 novembre. Les tensions se sont manifestées de manière quelque peu différente à travers le monde en raison de variations dans la structure des marchés. Par exemple, les fonds de premier ordre du marché monétaire (c.-à-d. les fonds du marché monétaire détenant des titres privés à court terme) qui jouent un rôle essentiel dans les marchés du financement à court terme aux États-Unis et en Europe ont connu d’importantes sorties de capitaux. Les investisseurs recourant à l’effet de levier, tels que les fonds de couverture, ont également été particulièrement touchés aux États-Unis. Même si les fonds du marché monétaire et les fonds de couverture jouent un rôle bien moins important sur le marché canadien, les fonds d’investissement canadiens – notamment les fonds de placement à capital variable – n’ont pas échappé aux sorties de capitaux. Certains fonds détenant des actifs moins liquides ont dû utiliser des outils de gestion de la liquidité (p. ex., frais de liquidité et mécanisme de plafonnement des rachats) et les autorités de réglementation ont donné plus de flexibilité aux gestionnaires de fonds en leur permettant de contracter des emprunts pour gérer les besoins de liquidité attribuables aux demandes de rachat des investisseurs. Voir G. Ouellet Leblanc et R. Shotlander (2020), Ce que la pandémie nous a appris sur la résilience des fonds obligataires, note analytique du personnel nº 2020-18, Banque du Canada.[]
  35. 35. Entre 2007 et 2020, la part que les huit principales caisses de retraite publiques canadiennes ont attribuée aux actifs non traditionnels – immobilier, placements privés et infrastructures – dans leur portefeuille s’est accrue, passant de 21 à 35 %. Voir G. Bédard-Pagé, A. Demers, E. Tuer et M. Tremblay (2016), « Les grandes caisses de retraite publiques canadiennes sous l’angle du système financier », Revue du système financier, Banque du Canada, juin, p. 35-42.[]
  36. 36. Entre 2007 et 2020, la part que les fonds communs de placement canadiens à revenu fixe ont attribuée aux obligations de sociétés a augmenté de 17 points de pourcentage, et la part attribuée aux titres d’emprunt de sociétés notés BBB, de 19 points de pourcentage. Voir R. Arora, G. Bédard-Pagé, G. Ouellet Leblanc et R. Shotlander (2019), Bond Funds and Fixed-Income Market Liquidity: A Stress-Testing Approach, rapport technique nº 115, Banque du Canada.[]
  37. 37. Pour un portrait global des tensions sur les marchés des titres à revenu fixe et une analyse des incidences possibles sur les politiques, voir J.‑S. Fontaine, C. Garriott, J. Johal, J. Lee et A. Uthemann (2021), COVID‑19 Crisis: Lessons Learned for Future Policy Research, document d’analyse du personnel nº 2021-2, Banque du Canada.[]
  38. 38. Voir G. Bédard-Pagé, L. Berger-Soucy, D. Bolduc, A. Demers, J.-P. Dion, M. Pandey et A. Walton (à paraître), COVID‑19 Crisis: Liquidity Management at Canada’s Largest Pension Funds, note analytique du personnel, Banque du Canada.[]
  39. 39. Après avoir répondu dans un premier temps à la demande accrue de liquidités de la part des investisseurs, mais à des prix plus élevés, les courtiers ont réduit leur offre de liquidités pour les titres du gouvernement du Canada la semaine du 9 mars. Voir J.-S. Fontaine, H. Ford et A. Walton (2020), COVID‑19 et liquidité du marché obligataire : alerte, isolement, reprise, note analytique du personnel nº 2020-14, Banque du Canada.[]
  40. 40. McKinsey & Company (2020), How COVID‑19 has pushed companies over the technology tipping point—and transformed business forever, 5 octobre.[]
  41. 41. Le Groupe d’experts sur la finance durable du Canada a notamment mis cette réalité en lumière dans le document Rapport final du Groupe d’experts sur la finance durable – Mobiliser la finance pour une croissance durable, Environnement et Changement climatique Canada, juin 2019.[]
  42. 42. Voir M. Carney (2015), Breaking the Tragedy of the Horizon—Climate Change and Financial Stability, discours prononcé devant la Lloyd’s of London, Londres (Royaume-Uni), 29 septembre.[]
  43. 43. Voir O. Bilyk, A. T. Y. Ho, M. Khan et G. Vallée (2020), Les risques de l’endettement des ménages dans la foulée de la COVID‑19, note analytique du personnel nº 2020-8, Banque du Canada.[]
  44. 44. Des précisions sur cette analyse seront publiées ultérieurement dans une note analytique du personnel de la Banque du Canada.[]
  45. 45. Une région de tri d’acheminement est une unité géographique désignée par les trois premiers caractères de son code postal. Le Recensement de 2016 dénombrait 1 620 de ces régions.[]
  46. 46. Voir Organisation internationale des commissions de valeurs (2021), IOSCO Sees an Urgent Need for Globally Consistent, Comparable, and Reliable Sustainability Disclosure Standards and Announces Its Priorities and Vision for a Sustainability Standards Board under the IFRS Foundation, communiqué, 24 février.[]
  47. 47. Voir la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, L’Accord de Paris.[]
  48. 48. Voir gouvernement du Canada, La carboneutralité d’ici 2050, et Maison-Blanche (2021), FACT SHEET: President Biden Sets 2030 Greenhouse Gas Pollution Reduction Target Aimed at Creating Good-Paying Union Jobs and Securing U.S. Leadership on Clean Energy Technologies.[]
  49. 49. Le 25 novembre 2020,  les chefs de la direction des huit plus importantes caisses de retraite du Canada – l’Alberta Investment Management Corporation, la British Columbia Investment Management Corporation, la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, le Healthcare of Ontario Pension Plan, le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario, le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, et l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public – ont émis une déclaration commune appelant les entreprises canadiennes à mieux communiquer leurs données relatives aux facteurs ESG.[]
  50. 50. Voir E. Ens et C. Johnston (2020), Analyse de scénarios et risques économiques et financiers associés aux changements climatiques, document d’analyse du personnel nº 2020-3, Banque du Canada.[]
  51. 51. Voir la page « Today's Cryptocurrency Prices by Market Cap » du site CoinMarketCap.[]
  52. 52. Voir A. García, B. Lands et D. Yanchus (2021), Stablecoin Assessment Framework, document d’analyse du personnel nº 2021-6, Banque du Canada.[]
  53. 53. Plus rarement, les émetteurs de cryptomonnaies stables utilisent des approches automatisées pour maintenir l’ancrage de la monnaie. Par exemple, des algorithmes mathématiques gèrent l’offre de celle-ci et contrôlent donc sa valeur par rapport à l’actif de référence.[]
  54. 54. Voir gouvernement du Canada (2020), Règlement modifiant le Règlement modifiant certains règlements pris en vertu de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes (2019) : DORS/2020-112, La Gazette du Canada, Partie II, volume 154, nº 12, juin.[]
  55. 55. Voir Autorités canadiennes en valeurs mobilières et Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (2021), Indications à l’intention des plateformes de négociation de cryptoactifs : Conformité aux obligations réglementaires, avis conjoint du personnel nº 21-329.[]
  56. 56. Le test de résistance incorporé dans la Revue du système financier de 2020 reposait sur la limite inférieure de la plage des scénarios présentée dans le Rapport sur la politique monétaire d’avril 2020.[]
  57. 57. Dans ce scénario, le niveau préoccupant est un ratio de levier de 3,5 %, soit 0,5 point de pourcentage au-dessus du minimum réglementaire. Il correspondrait grosso modo à un ratio de fonds propres de catégorie 1 sous forme d’actions ordinaires de 8,7 % pour une BISi moyenne.[]
  58. 58. Voir T. Adrian, N. Boyarchenko et D. Giannone (2019), « Vulnerable Growth », American Economic Review, vol. 109, nº 4, p. 1263‑1289; T. Duprey et A. Ueberfeldt (2020), Managing GDP Tail Risk, document de travail du personnel nº 2020‑3, Banque du Canada.[]
  59. 59. Pour plus de précisions, voir le résumé de l’enquête sur le système financier du printemps 2021.[]
  60. 60. Voir Bureau du surintendant des institutions financières (2021), Le BSIF propose un nouveau taux admissible minimal applicable aux prêts hypothécaires non assurés, communiqué, 8 avril.[]
  61. 61. Le taux admissible correspond actuellement au plus élevé des taux suivants : le taux hypothécaire contractuel majoré de 2 points de pourcentage ou le taux de référence publié toutes les semaines par la Banque du Canada, qui est le taux plancher. Le taux de référence (taux des prêts hypothécaires ordinaires à cinq ans) est actuellement de 4,79 %.[]
  62. 62. Voir Conseil de stabilité financière (2020), Holistic Review of the March Market Turmoil.[]
  63. 63. Voir, entre autres, A. Hauser (2021), From Lender of Last Resort to Market Maker of Last Resort via the Dash for Cash: Why Central Banks Need New Tools for Dealing with Market Dysfunction, discours prononcé devant Reuters, 7 janvier, et L. K. Logan (2020), Treasury Market Liquidity and Early Lessons from the Pandemic Shock, discours prononcé auprès du groupe de travail sur la stabilité financière de la Brookings-Chicago Booth, 23 octobre.[]
  64. 64. Voir Banque du Canada (2020), La Banque du Canada devient l’administrateur du taux des opérations de pension à un jour, communiqué, 15 juin.[]
  65. 65. Voir Banque du Canada (2021), La Banque du Canada commence à publier l’indice du taux CORRA composé, avis aux marchés, 6 avril.[]
  66. 66. Voir Banque du Canada (2020), La Banque du Canada et le BSIF lancent un projet pilote sur des scénarios de risques liés aux changements climatiques, communiqué, 16 novembre.[]
  67. 67. Voir, à ce sujet, E. Ens et C. Johnston (2020), Analyse de scénarios et risques économiques et financiers associés aux changements climatiques, document d’analyse du personnel nº 2020-3, Banque du Canada.[]
  68. 68. Voir P. Miller et A. Olivares (2020), « La voie rapide pour comprendre les systèmes de paiement », L’Économie claire et simple, Banque du Canada.[]
  69. 69. Voir Paiements Canada (2020), Le point sur la feuille de route, mis à jour en décembre.[]
  70. 70. Obtenez sur notre site Web de plus amples renseignements sur le rôle envisagé de la Banque du Canada dans un nouveau cadre de supervision des paiements de détail.[]

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