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Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Premier trimestre de 2022

Résultats de l’enquête du 1er trimestre | Vol. 3.1 | 4 avril 2022

La présente enquête a été menée à la mi-février 2022, avant que la Russie envahisse l’Ukraine, le 24 février 20221. Des entrevues de suivi ont été réalisées en mars et aident à mieux comprendre la perception qu’ont les consommateurs des répercussions du conflit.

Vue d’ensemble

  • Les attentes d’inflation à court terme ont atteint un niveau record. Beaucoup de participants à l’enquête pensent que l’inflation sera plus élevée au cours des deux prochaines années – notamment en ce qui concerne les dépenses essentielles, comme les aliments, l’essence et les loyers – en raison des problèmes d’approvisionnement causés par la pandémie.
  • La plupart des répondants croient que les problèmes d’approvisionnement influeront sur l’inflation pendant au moins deux ans et affecteront la capacité des autorités à la maîtriser. Les consommateurs pensent que l’invasion de l’Ukraine par la Russie aggravera la forte inflation.
  • Malgré les inquiétudes accrues concernant l’inflation courante, les attentes à long terme sont restées stables et sont inférieures aux niveaux prépandémie. Cela tend à indiquer que les attentes d’inflation à long terme demeurent bien ancrées et que les répondants estiment que la hausse actuelle de l’inflation ne durera pas.
  • Bien que les travailleurs anticipent d’importantes hausses de prix à court terme, ils sont d’avis que leurs salaires n’augmenteront que modérément. Il s’agit pour eux d’une source d’insatisfaction.
  • Les attentes des travailleurs quant à la probabilité de quitter volontairement leur emploi ont augmenté pour atteindre un sommet, ce qui laisse entrevoir un bon roulement de la main-d’œuvre.
  • Même s’ils prévoient des taux d’intérêt plus élevés, les consommateurs continuent d’anticiper une forte croissance des dépenses pour un large éventail de biens et de services.

Les consommateurs pensent que l’inflation sera élevée au cours des deux prochaines années

Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an et de deux ans ont continué d’augmenter au premier trimestre de 2022 et atteignent un sommet historique (graphique 1). Elles concernent notamment les aliments, l’essence, les loyers et d’autres dépenses essentielles. Par ailleurs, les attentes d’inflation élevées pour ce type de dépenses ont généralement une influence démesurée sur les attentes des consommateurs quant à l’inflation globale. Les répondants sont moins sûrs de leurs propres prévisions d’inflation que lors de l’enquête précédente, quoique l’incertitude n’est pas aussi élevée qu’elle l’était au début de la pandémie. Selon les résultats du premier trimestre, les divergences d’opinions entre les participants sont plus grandes qu’à l’habitude pour ce qui est de l’évolution future de l’inflation.

Graphique 1 : Les attentes à court terme atteignent un sommet, tandis que celles à long terme restent stables

Nota : Ce graphique présente des valeurs médianes. Pour des précisions sur leur mode de calcul, voir le document intitulé Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble, qui reprend également les questions de l’enquête. Les données de ce graphique sont aussi ventilées selon des caractéristiques démographiques.Dernière observation :

Les consommateurs sont davantage préoccupés par l’inflation qu’ils ne l’étaient avant la pandémie. Ils croient que les pressions sur les prix se généralisent, et qu’il est maintenant plus difficile pour les autorités de maîtriser l’inflation en raison des facteurs suivants :

  • les problèmes de chaîne d’approvisionnement;
  • la persistance de la pandémie;
  • les dépenses publiques élevées (graphique 2).

La plupart des participants s’attendent à ce que les problèmes touchant les chaînes d’approvisionnement persistent pendant au moins un à deux ans (graphique 3). Certains répondants aux entrevues de suivi ont indiqué que l’invasion de l’Ukraine pourrait entraîner une réorganisation et un rapatriement des chaînes d’approvisionnement, ce qui causerait des hausses de prix supplémentaires pour les produits essentiels. Par exemple, un répondant conducteur d’une Honda Civic a déclaré que le prix de son plein d’essence est passé de 40 $ à 70 $ récemment. Par ailleurs, les participants croient que les prix ne baisseront probablement pas, même quand les problèmes d’approvisionnement seront résolus, disant que les entreprises devront rétablir leurs marges de profit.

Graphique 2 : Selon les répondants, les problèmes de chaîne d’approvisionnement et la pandémie rendent l’inflation plus difficile à maîtriser

CategoryValue
Les problèmes de chaîne d’approvisionnement37,89 %
La persistance de la pandémie31,18 %
Les dépenses publiques élevées18,91 %
Les pénuries de main-d’œuvre7,47 %
Le manque de coordination mondiale en matière de vaccination2,76 %
Les changements climatiques1,78 %

Graphique 3 : La plupart des Canadiens croient que les problèmes de chaîne d’approvisionnement vont durer au moins un à deux ans

CategoryValue
Dans moins de 1 an7,02 %
Dans 1 à 2 ans46,71 %
Dans 3 à 5 ans26,18 %
Dans plus de 5 ans20,10 %

Cependant, la hausse des attentes d’inflation à court terme ne se répercute pas sur les attentes à long terme. Ces dernières restent relativement stables, et se maintiennent sous leur niveau d’avant la pandémie (graphique 1). On peut ainsi penser que les attentes d’inflation sont bien ancrées. En général, les participants à l’enquête pensent que la Banque du Canada pourra atteindre sa cible d’inflation lorsque la pandémie sera terminée et que les problèmes d’approvisionnement s’estomperont.

Les travailleurs anticipent de modestes hausses salariales

Malgré les pressions sur les prix, les travailleurs s’attendent à ce que leurs augmentations de salaire restent modérées (graphique 4). Cela porte à croire que le lien entre l’inflation et la croissance des salaires demeure faible.

Graphique 4 : Les travailleurs continuent de s’attendre à des augmentations de salaire modérées

* Par « salaire », on entend celui que les répondants tireraient de leur emploi, avant impôt et autres retenues, s’ils occupaient exactement le même poste et travaillaient le même nombre d’heures qu’au moment de l’enquête.
Nota : Ce graphique présente des valeurs médianes. Pour des précisions sur leur mode de calcul, voir le document intitulé Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble, qui reprend également les questions de l’enquête. Les données de ce graphique sont aussi ventilées selon des caractéristiques démographiques.Dernière observation :

Plusieurs facteurs expliquent les attentes d’augmentations salariales modérées :

  • Environ le quart des travailleurs ont déclaré avoir eu un ajustement salarial récemment. La majorité d’entre eux (60 %) ont précisé que cette hausse était inférieure au taux d’inflation au moment où ils l’ont reçue (graphique 5). D’ailleurs, beaucoup de participants à l’enquête ne sont pas satisfaits de leur rajustement de salaire (graphique 6).
  • Selon les répondants, certains employeurs continuent de subir les effets négatifs de la pandémie. La faiblesse des ventes réduit la profitabilité des entreprises et, par conséquent, leur capacité à effectuer des rajustements salariaux. Dans le secteur public, les gens croient que l’absence de tels rajustements est due à certaines lois ou à la dette publique élevée. Nombreux sont ceux qui ont indiqué ne pas avoir la capacité de négocier leur salaire. Pourtant, les résultats de l’enquête montrent que le pouvoir de négociation est essentiel pour améliorer son salaire. La capacité à négocier est associée à des gains salariaux antérieurs plus élevés et à l’anticipation d’augmentations plus fortes dans l’avenir (graphique 7).
  • Le fait de changer d’emploi aide les travailleurs à obtenir un meilleur salaire. Ceux qui cherchent un nouvel emploi (environ 20 % des répondants) s’attendent à des augmentations plus élevées comparativement à ceux qui ne cherchent pas. Les attentes des travailleurs quant à la probabilité de quitter volontairement leur emploi se sont inscrites en hausse et se situent à un sommet, ce qui s’explique probablement par un marché du travail plus vigoureux qui présente plus d’occasions (graphique 8). Toutefois, certains travailleurs croient que le risque de perdre leur emploi demeure élevé.
  • Dans les entrevues de suivi, certaines personnes ont dit espérer que la réouverture de l’économie et la fin des restrictions sanitaires puissent entraîner des hausses de salaire.

Graphique 5 : La majorité des travailleurs ont eu un rajustement salarial inférieur au taux d’inflation

CategoryValue
Inférieur au taux d’inflation59,28 %
Équivalent au taux d’inflation22,64 %
Supérieur au taux d’inflation18,08 %

Graphique 6 : Beaucoup de travailleurs ne sont pas satisfaits de leur rajustement de salaire

1 – Très satisfait(e)234567 – Très insatisfait(e)
6,54 %6,35 %8,47 %21,40 %23,02 %19,16 %15,08 %

Graphique 7 : Les attentes salariales sont plus élevées chez ceux qui ont une meilleure capacité à négocier

Hausses salariales de la dernière annéeHausses salariales prévues
Je n’ai pas la capacité de négocier mon salaire1,6 %5,3 %
Ma capacité à négocier mon salaire s’est améliorée2,1 %4,6 %

Graphique 8 : Les travailleurs sont plus susceptibles de changer d’emploi qu’ils l’étaient aux derniers trimestres

Nota : Ce graphique présente des valeurs médianes. Pour des précisions sur leur mode de calcul, voir le document intitulé Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble, qui reprend également les questions de l’enquête. Les données de ce graphique sont aussi ventilées selon des caractéristiques démographiques.Dernière observation :

Les consommateurs prévoient dépenser plus, même s’ils s’attendent à des hausses de taux d’intérêt

Les consommateurs prévoient que la croissance de leurs dépenses demeurera robuste. En effet, ils ont l’intention d’augmenter leurs dépenses relativement à un large éventail de biens et de services au fil de la levée des restrictions sanitaires et de la réouverture de l’économie. Dans les entrevues de suivi, certains répondants ont affirmé moins craindre les effets de la COVID‑19 sur leur santé, étant donné le renforcement de l’immunité collective. Selon les participants, la baisse du nombre de cas et la levée de restrictions supplémentaires (dans plusieurs provinces, par exemple, il n’est plus obligatoire de porter un masque) auront un effet psychologique positif et insuffleront un élan de confiance aux consommateurs. Les dépenses devraient augmenter, les gens ayant l’intention d’utiliser une part du surplus d’épargne qu’ils ont accumulé durant la pandémie. En effet, ils comptent en dépenser environ le tiers en 2022-2023. Du reste, la demande sur le marché de l’habitation demeure solide. Les répondants sont plus susceptibles qu’ils ne l’étaient avant la pandémie de changer de résidence principale au cours des 12 prochains mois. Ils prévoient aussi augmenter leurs dépenses liées au logement dans l’année à venir.

Les réponses des consommateurs indiquent que les dépenses en biens durables pourraient être entravées :

  • Les dépenses consacrées aux véhicules automobiles et aux appareils électroménagers pourraient être limitées par les hausses de taux d’intérêt. En effet, les répondants pour qui de telles hausses sont plus probables prévoient dépenser moins que ceux pour qui elles le sont moins (graphique 9). En outre, il est de plus en plus difficile pour les gens de rembourser leurs dettes (graphique 10). Un répondant a dit craindre que les personnes fortement endettées souffrent de la montée des taux d’intérêt en cours.
  • Selon les résultats des entrevues de suivi, l’augmentation des dépenses essentielles en raison des hausses de prix a entraîné un resserrement des budgets des ménages – surtout ceux à faible revenu. Cette augmentation particulière les empêche d’effectuer d’autres achats et restreint leurs projets de vacances.

Graphique 9 : Les hausses de taux d’intérêt devraient freiner les dépenses

Graphique 10 : Pour certains, il est de plus en plus difficile de payer leurs dettes


  1. 1. L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. L’enquête du premier trimestre de 2022 a été réalisée en ligne entre les 2 et 22 février 2022. Nielsen, entreprise spécialisée dans les études de marché, a mené des entrevues téléphoniques de suivi pour le compte de la Banque du Canada entre les 7 et 11 mars 2022. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.[]

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