Résultats de l’enquête du 2e trimestre de 2025 | Vol. 6.2 | 21 juillet 2025
La présente enquête a été menée auprès d’un panel en ligne du 24 avril au 15 mai 2025. Des entrevues de suivi ont été réalisées par téléphone du 20 au 26 mai 2025.
Vue d’ensemble
- Cette publication présente l’indicateur de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada (l’« indicateur de l’enquête »), soit une mesure qui synthétise l’opinion des consommateurs canadiens quant à leurs projets de dépenses, le marché du travail et leurs finances personnelles. L’indicateur de l’enquête a reculé ce trimestre, les intentions d’achat ayant encore fléchi en raison des menaces persistantes de droits de douane et de l’incertitude connexe.
- Les consommateurs sont encore d’avis que les conditions du marché du travail sont atones. Les craintes de perte d’emploi demeurent élevées, mais elles se sont légèrement atténuées depuis le dernier trimestre.
- Le conflit commercial pousse les consommateurs à être de plus en plus prudents quant à leurs projets de dépenses et à changer leurs habitudes de consommation. De nombreux répondants ont dit vouloir privilégier les vacances au Canada et l’achat de produits canadiens.
- Les attentes d’inflation à court terme n’ont presque pas changé, après avoir augmenté considérablement au premier trimestre de 2025. Les consommateurs s’attendent à de fortes hausses des prix des véhicules automobiles au cours des douze prochains mois, mais leurs attentes relatives à la croissance des prix des biens et services essentiels ont diminué ce trimestre. Plus de répondants ont dit que les droits de douane sont le facteur le plus important qui affecte la capacité de la Banque du Canada à contrôler l’inflation.
Le conflit commercial continue de peser sur les consommateurs
L’indicateur de l’enquête synthétise l’opinion des consommateurs canadiens quant à leurs projets de dépenses, au marché du travail et à leurs finances personnelles (encadré 1)1. Cet indicateur a reculé pour un deuxième trimestre consécutif, les effets des droits de douane et l’incertitude connexe ayant persisté (graphique 1)2. Depuis le début de 2025, ce recul est principalement attribuable à la baisse des intentions d’achat (graphique 1, barres vertes) et au pessimisme croissant des consommateurs quant à leur santé financière (graphique 1, barres jaunes), un état d’esprit particulièrement présent chez les répondants des régions fortement exposées au commerce avec les États-Unis.
Graphique 1 : L’indicateur de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada a encore baissé en raison de l’affaiblissement des intentions d’achat
L’indice du marché du travail est resté pratiquement inchangé après avoir fortement baissé au premier trimestre de 2025 (graphique 2). Les répondants, surtout les jeunes, ont continué d’indiquer que la probabilité qu’ils perdent leur emploi est plus élevée que la moyenne. Cette vive préoccupation est en grande partie attribuable au conflit commercial avec les États-Unis. Lors des entrevues de suivi, une personne employée dans une entreprise manufacturière a dit : « Les droits de douane ont un léger impact sur mon travail. Ils touchent énormément le secteur dans lequel je travaille, et beaucoup d’entreprises font des mises à pied. »
Graphique 2 : Les consommateurs trouvent encore que les conditions du marché du travail sont faibles
Bien qu’elles demeurent élevées, les inquiétudes concernant la sécurité d’emploi se sont légèrement atténuées depuis le dernier trimestre, surtout chez les personnes qui travaillent dans des secteurs dépendant fortement des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis (graphique 3).
Graphique 3 : C’est chez les travailleurs des secteurs qui dépendent du commerce avec les États-Unis que les inquiétudes concernant la sécurité d’emploi ont le plus diminué
Dans ce contexte d’incertitude commerciale persistante, environ les deux tiers des consommateurs continuent de s’attendre à ce que l’économie canadienne entre en récession au cours des douze prochains mois. Dans les entrevues de suivi, beaucoup de répondants ont mentionné que le conflit commercial et l’incertitude connexe nuisent à l’économie. Une personne a déclaré ceci : « Il est difficile de prédire ce qui va se passer avec les droits de douane, mais je pense que la situation va s’améliorer seulement après que ça aille très mal. »
Les consommateurs sont de plus en plus prudents quant à leurs projets de dépenses
Ce trimestre, les répondants ont fait preuve d’une plus grande prudence quant à leurs décisions d’achat. L’indice des dépenses de consommation a baissé pour un deuxième trimestre consécutif. En effet, plus de consommateurs prévoient réduire leurs dépenses en raison de leurs attentes d’inflation (graphique 4). Ces dernières s’appuient sur la supposition que les droits de douane créeront des pressions haussières sur l’inflation. Les résultats de l’enquête montrent que les consommateurs comptent réduire leurs dépenses, surtout en raison :
- de l’incertitude économique
- des coûts élevés du logement
- des prix élevés de nombreux biens et services
Graphique 4 : Les intentions d’achat ont faibli surtout parce que les consommateurs croient que les droits de douane ont un effet inflationniste
Ce trimestre, les consommateurs s’attendent aussi à ce que leurs dépenses augmentent plus lentement que les prix. C’est particulièrement le cas des travailleurs qui s’attendent à ce que leur emploi soit touché négativement par le conflit commercial (graphique 5). Les consommateurs prévoient que leurs dépenses non essentielles – comme les biens durables (p. ex., meubles et appareils électroménagers), les repas au restaurant et les vacances – demeureront modérées. Dans les entrevues de suivi, une personne a commenté : « Je fais plus attention quand j’achète et je me concentre sur l’essentiel. Parce que maintenant, avec tout ce qui est encore incertain, il faut quand même prévoir certaines éventualités et ne pas faire de gros achats ou de grosses dépenses. »
Graphique 5 : Les intentions d’achat sont particulièrement faibles chez les consommateurs inquiets quant à leur sécurité d’emploi
Le conflit commercial continue d’influencer les habitudes d’achat des consommateurs. Par exemple, plus de la moitié des répondants ont indiqué qu’ils comptent dépenser moins dans des biens en provenance des États-Unis et des vacances dans ce pays (graphique 6). En revanche, environ 60 % des consommateurs prévoient acheter davantage de biens canadiens, et environ le tiers comptent dépenser davantage dans des vacances au Canada en raison du conflit commercial. Dans les entrevues de suivi, une personne a dit : « J’ai réservé des vacances au Canada pour cet été, et à l’étranger pour cet automne, mais je n’irai pas aux États-Unis de sitôt. Je ne me sens pas à l’aise de dépenser mon argent là-bas. C’est dommage parce que j’y ai des amis, et j’aime ce pays en général. »
Graphique 6 : Les consommateurs privilégient les produits fabriqués au Canada et choisissent de partir en vacances au pays plutôt qu’aux États-Unis
Bien que les consommateurs veuillent privilégier l’achat de produits fabriqués au Canada, les différences de prix entre les biens fabriqués au pays et ceux fabriqués à l’étranger restent un facteur décisif pour bon nombre d’entre eux. La plupart des répondants ont indiqué qu’ils seraient prêts à payer au grand maximum 10 % de plus pour des biens fabriqués au Canada, au lieu d’acheter des biens similaires fabriqués aux États-Unis. Une personne a déclaré ceci dans les entrevues de suivi : « Nous avons toutes sortes de pressions en ce moment dans nos collectivités pour acheter Canadien, mais en fin de compte, je vais faire ce qui est le mieux pour mon portefeuille. Donc, que la marque soit canadienne ou américaine, j’achète ce qui convient à mon budget. »
Les consommateurs s’attendent toujours à ce que le conflit commercial engendre des pressions inflationnistes
Les attentes d’inflation à court terme des consommateurs demeurent supérieures à leurs moyennes d’avant la pandémie, après avoir augmenté considérablement au trimestre passé (graphique 7, lignes jaune et verte). De même, les attentes d’inflation à l’horizon de cinq ans ont aussi augmenté depuis le début du conflit commercial; elles demeurent autour de leur moyenne prépandémique (graphique 7, ligne rouge).
Graphique 7 : Les attentes d’inflation à court terme des consommateurs ont peu changé depuis leur hausse marquée au trimestre passé
Pendant les entrevues de suivi, certains répondants ont mentionné que les droits de douane exerceraient d’importantes pressions à la hausse sur les prix au Canada. Une personne a déclaré : « Avec l’imposition de droits de douane, je me dis que les choses ne vont peut-être pas aller mieux à court terme. J’imagine donc qu’on est toujours sur cette trajectoire d’inflation plus élevée. » Et une autre, d’ajouter : « Les droits de douane vont faire augmenter les prix des biens au pays, et ce sont les véhicules qui en subiront le plus les conséquences. »
L’opinion des répondants sur les droits de douane les amène à s’attendre à des hausses marquées des prix des véhicules automobiles au cours des douze prochains mois. Leurs attentes d’inflation à ce sujet sont aussi élevées maintenant qu’elles l’étaient après que la pandémie de COVID‑19 a causé des problèmes de chaîne d’approvisionnement (graphique 8, ligne bleue). En revanche, les attentes relatives à la croissance des prix des biens et services essentiels – comme les aliments, l’essence et les loyers – ont diminué ce trimestre (graphique 8, lignes jaune, verte et rouge).
Graphique 8 : Les attentes relatives à la croissance des prix des véhicules automobiles ont nettement augmenté ce trimestre
Par rapport au trimestre passé, les répondants sont beaucoup plus nombreux à penser que les droits de douane sont le facteur le plus important qui entrave la capacité de la Banque à maîtriser l’inflation (graphique 9). De plus, la plupart des répondants continuent de s’attendre à ce que les droits de douane influent sur l’inflation pendant moins de cinq ans. Il s’agit d’une durée plus courte que celle d’autres principaux facteurs qu’ils ont considérés comme influant sur l’inflation, tels que les dépenses publiques au pays et le coût du logement.
Graphique 9 : Les consommateurs pensent que les droits de douane sont le principal facteur qui entrave la capacité de la Banque du Canada à maîtriser l’inflation
Encadré 1 : Présentation de l’indicateur de l’enquête sur les consommateurs au Canada
L’indicateur de l’enquête sur les consommateurs au Canada a été élaboré pour synthétiser les opinions des consommateurs canadiens quant à leurs projets de dépenses, au marché du travail et à leurs finances personnelles et pour suivre l’évolution de ces opinions au fil du temps3.
L’indicateur combine les réponses à 11 questions de l’enquête qui ont été retenues en raison de leur pertinence à l’égard de la vie quotidienne des consommateurs, de leur capacité à rendre compte des perceptions des répondants sur l’économie et de l’existence d’une longue série chronologique.
Les réponses aux questions sont agrégées en trois indices :
- L’indice du marché du travail mesure la perception des consommateurs quant à l’évolution de leur propre sécurité d’emploi et à leurs perspectives potentielles sur le marché du travail.
- L’indice de santé financière mesure la perception qu’ont les consommateurs de leur situation financière actuelle et leurs attentes quant à l’évolution de celle-ci.
- L’indice des dépenses de consommation mesure les intentions d’achat des consommateurs.
Dans chaque indice, les composantes sont standardisées et équipondérées (tableau 1‑A). Puis, on fait la moyenne des trois indices pour produire l’indicateur de l’enquête. Une valeur positive (négative) indique que les consommateurs témoignent de plus (moins) d’optimisme que la moyenne de l’enquête.
| Indice | Composantes |
|---|---|
| Indice du marché du travail |
|
| Indice de santé financière |
|
| Indice des dépenses de consommation |
|
L’indicateur de l’enquête et ses indices sous-jacents peuvent être des outils intéressants pour les décisionnaires et les prévisionnistes, car en plus de constituer des mesures synthétiques des opinions des consommateurs, ils permettent de comprendre pourquoi ces opinions varient, notamment d’un groupe démographique à l’autre.
Notes
- 1. L’indicateur de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada synthétise trois indices : du marché du travail, de santé financière et des dépenses de consommation. Les deux premiers ont été présentés dans la publication du premier trimestre de 2025. Bien qu’elles n’aient pas été regroupées dans un indice auparavant, les composantes de l’indice des dépenses de consommation ont aussi été utilisées dans des livraisons précédentes de l’Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada.[←]
- 2. Voir l’encadré 1 de l’Enquête sur les perspectives des entreprises – Deuxième trimestre de 2025 pour en savoir plus sur les effets de l’incertitude sur les entreprises et les consommateurs.[←]
- 3. Pour en savoir plus, voir J. Dolinar, P. Sabourin et M. West, « Synthétiser les signaux se dégageant de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada », document d’analyse du personnel 2025‑11 de la Banque du Canada (juillet 2025).[←]