Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2025 – Point de mire
Puisque le contexte commercial reste très incertain, la trajectoire de la croissance et de l’inflation au Canada est moins prévisible qu’en temps normal. Une éventuelle escalade ou désescalade du conflit commercial viendrait modifier la tenue de l’économie.
Depuis janvier, les États-Unis menacent d’imposer à bon nombre de leurs partenaires commerciaux des droits de douane, qui sont tantôt appliqués, tantôt suspendus, tantôt remis en place. Ils ont négocié des accords avec certains pays, mais beaucoup d’autres vivent encore sous la menace d’importants nouveaux droits de douane. Ces changements d’orientation de politiques sont survenus rapidement et parfois sans préavis.
En conséquence, le présent rapport expose un scénario de maintien des droits de douane au lieu d’un scénario de référence, ainsi que deux autres scénarios – un scénario de désescalade et un scénario d’escalade. Pris ensemble, ces scénarios englobent un éventail d’issues possibles.
Le scénario de maintien est présenté dans les sections Perspectives et Économie mondiale. La présente section décrit les scénarios de désescalade et d’escalade.
Dans le scénario de désescalade, les droits de douane baissent par rapport au scénario de maintien et le degré d’incertitude commerciale diminue. Comparativement au scénario de maintien :
- la croissance économique au Canada se redresse plus rapidement après la baisse des droits de douane, et l’incertitude diminue
- l’inflation au pays est plus basse pendant la plus grande partie de la période visée par le scénario, principalement en raison de la levée des droits de douane
Dans le scénario d’escalade, les négociations commerciales se détériorent, ce qui entraîne une forte hausse des droits de douane. Comparativement au scénario de maintien :
- la croissance économique au Canada ralentit de façon marquée et le produit intérieur brut (PIB) est d’environ 1,25 % plus bas à la fin de la période visée par le scénario
- l’inflation augmente plus rapidement en raison de la hausse des droits de douane et s’établit à environ 2,5 % en 2026, avant de se stabiliser autour de 2 % en 2027
Scénario de désescalade des droits de douane
Dans ce scénario, les États-Unis abaissent les droits de douane imposés au Canada et à d’autres pays. En réponse, la Chine réduit de façon importante ses contre-mesures tarifaires, tandis que le Canada retire les siennes. Même si l’incertitude diminue légèrement, elle subsiste en raison des inquiétudes persistantes concernant la stabilité de la politique commerciale américaine (Hypothèses des scénarios).
La croissance économique au Canada rebondit au cours de la deuxième moitié de 2025. Elle ralentit ensuite pour progresser à un rythme plus modéré jusqu’à la fin de l’horizon du scénario. La croissance du PIB est plus forte que dans le scénario de maintien étant donné que le retrait des droits de douane et la diminution de l’incertitude entraînent une croissance plus vigoureuse des exportations et de la demande intérieure. Le niveau du PIB est plus élevé d’environ 0,5 % à la fin de l’horizon du scénario.
L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) reste sous la cible de 2 % jusqu’à la fin de 2026. Par la suite, elle avoisine 2 % en moyenne en 2027. L’inflation en 2026 est plus faible que dans le scénario de maintien grâce à la levée des droits de douane.
La baisse des droits de douane entraîne une hausse de l’activité économique
Le PIB au Canada croît d’environ 2 % au cours de la deuxième moitié de 2025 puisque les droits de douane sont réduits (graphique 27). Ensuite, il progresse d’environ 1,7 % en moyenne jusqu’à la fin de 2027.
Graphique 27 : L’activité économique augmente dans le scénario de désescalade
Données trimestrielles
Dernière valeur du graphique : 2027T4
La croissance des exportations rebondit alors que la demande américaine se rétablit
La croissance des exportations canadiennes se raffermit considérablement jusqu’à la fin de 2026. Cet élan découle de la diminution des droits de douane, qui se traduit par une augmentation de la demande de produits canadiens aux États-Unis. Cette croissance des exportations ralentit par la suite à mesure que l’effet positif du nouvel accord commercial s’estompe.
De même, la croissance des importations au Canada grimpe à peu près au même moment, stimulée par la robustesse des dépenses de consommation et des investissements des entreprises. Toutefois, cette cadence ralentit en 2027.
La demande intérieure finale augmente
La croissance de la demande intérieure finale augmente et reste robuste de la deuxième moitié de 2025 jusqu’au premier trimestre de 2026. Soutenue par la hausse du revenu disponible, la croissance de la consommation et de l’investissement résidentiel est forte. Le revenu disponible augmente principalement grâce à la relance de la demande d’exportations, ce qui améliore les conditions du marché du travail. Après cette montée initiale, les dépenses des ménages reviennent à un rythme de croissance plus modéré.
Les entreprises ont davantage confiance en la vigueur de la demande après la levée des droits de douane, ce qui entraîne une forte hausse des investissements des entreprises au cours de la prochaine année environ.
L’inflation s’établit en deçà de la cible
L’inflation mesurée par l’IPC reste sous la cible et diminue au premier trimestre de 2026, sous l’effet continu du retrait de la taxe sur le carbone pour les consommateurs et de l’offre excédentaire modeste dans l’économie. L’inflation est plus faible que dans le scénario de maintien en raison de la levée des droits de douane, qui vient plus que compenser les répercussions de la croissance accrue et de la hausse des prix de l’énergie.
L’inflation commence à monter et à s’approcher de 2 % au milieu de 2026, car l’offre excédentaire se résorbe peu à peu et le retrait de la taxe sur le carbone pour les consommateurs n’a plus d’incidence sur l’inflation (graphique 28). En 2027, l’inflation avoisine 2 %.
Scénario d’escalade des droits de douane
Dans ce scénario, les États-Unis appliquent la plupart des hausses de droits de douane qu’ils menacent d’imposer à leurs partenaires commerciaux. Ces augmentations sont toutefois un peu moins marquées pour le Canada et le Mexique que pour les autres pays. Les pays touchés ripostent en rehaussant leurs droits de douane visant les États-Unis. L’incertitude commerciale demeure élevée sur l’horizon du scénario (Hypothèses des scénarios).
L’intensification du conflit commercial mène à une récession qui dure trois trimestres. La croissance reprend lentement en 2026, l’économie s’adaptant peu à peu au nouveau régime de commerce mondial. Le niveau du PIB est 1,25 % plus bas que dans le scénario de maintien à la fin de 2027.
L’inflation mesurée par l’IPC culmine à un peu plus de 2,5 % au troisième trimestre de 2026, puis redescend à 2 % en 2027. L’inflation est plus élevée en 2026 que dans le scénario de maintien en raison de la hausse des droits de douane, qui vient plus que contrebalancer le ralentissement de la croissance et la baisse des prix de l’énergie.
La hausse des droits de douane ralentit l’activité économique
Le PIB se contracte jusqu’à la fin de 2025, vu l’intensification du conflit commercial (graphique 29). La croissance reprend lentement dans la première moitié de 2026, à mesure que l’économie s’adapte à la hausse des droits de douane, puis se raffermit pour s’établir en moyenne autour de 2 %. La croissance du PIB étant plus faible que celle de la production potentielle, l’écart de production se creuse. Une offre excédentaire marquée persiste à la fin de l’horizon du scénario.
Graphique 29 : L’activité économique est faible dans le scénario d’escalade
Données trimestrielles
Dernière valeur du graphique : 2027T4
Les droits de douane font fortement chuter le commerce
La croissance des exportations se contracte jusqu’au milieu de 2026 en raison de la hausse des droits de douane imposés par les États-Unis sur les importations canadiennes et du ralentissement de l’économie mondiale. Elle reprend par la suite, à mesure que les exportateurs canadiens s’adaptent au nouveau contexte commercial.
Les importations régressent jusqu’au premier trimestre de 2026, les contre-mesures tarifaires et la faiblesse des investissements des entreprises ayant pour effet de réduire la demande d’intrants de l’étranger. La croissance des importations reprend par la suite, soutenue par la croissance de la demande intérieure.
La demande intérieure se modère à cause des pressions commerciales
L’intensification du conflit commercial mondial ralentit la croissance de la demande intérieure finale au Canada. Le pouvoir d’achat des ménages s’affaiblit en raison d’une détérioration des conditions du marché du travail. La baisse de la demande américaine contraint certains exportateurs à couper des heures et à licencier des travailleurs. De plus, une dégradation des termes de l’échange du Canada pèse sur le revenu des ménages, sans compter que la hausse des droits de douane fait grimper le prix des importations, notamment ceux des aliments et des biens de consommation.
Les investissements des entreprises chutent en raison de la hausse des coûts d’importation et de la baisse de la demande pour les biens d’équipement résultant du recul des exportations. Cependant, vu la stabilisation graduelle du contexte commercial, la croissance des investissements redevient positive.
L’inflation augmente
L’inflation monte à un peu plus de 2,5 % d’ici le troisième trimestre de 2026 (graphique 30), puis redescend autour de la cible de 2 % en 2027, étant donné l’offre excédentaire persistante et l’incidence de moins en moins grande des droits de douane sur les prix des biens importés. L’inflation est plus élevée en 2025 et en 2026 que dans le scénario de maintien en raison des effets de la hausse tarifaire, qui font plus que contrebalancer ceux de l’accroissement de l’offre excédentaire et de la baisse des prix de l’énergie.