Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2025 – Économie canadienne
On s’attend à ce que les droits de douane et l’incertitude commerciale pèsent sur l’activité économique canadienne pendant un certain temps. L’inflation reste près de la cible de 2 % sur l’horizon du scénario.
Comme le contexte commercial demeure volatil, cette section présente un scénario de maintien des droits de douane plutôt qu’un scénario de référence proprement dit (Hypothèses des scénarios). Elle expose également deux autres scénarios qui, pris ensemble, couvrent un éventail d’issues possibles (Point de mire : L’orientation des droits de douane américains demeure incertaine). Quelle que soit l’évolution de la politique commerciale américaine, des risques subsistent quant à la façon dont les entreprises, les ménages et les gouvernements vont réagir et s’adapter au contexte (Risques).
Dans le scénario de maintien, les droits de douane et l’incertitude commerciale continuent de peser sur l’activité économique. Après avoir reculé au deuxième trimestre de 2025, le produit intérieur brut (PIB) progresse d’environ 1 % dans la deuxième moitié de l’année. Les exportations se stabilisent, quoiqu’à un niveau d’activité plus bas, et la croissance des dépenses des ménages se raffermit.
La croissance du PIB se redresse ensuite, atteignant 1,8 % en 2027, soutenue par l’atténuation des effets de l’incertitude commerciale et des droits de douane sur la progression des exportations (graphique 14). Compte tenu de l’incidence des droits de douane, le niveau d’activité suit en permanence une trajectoire plus faible.
L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) reste près de la cible de 2 % durant la période visée par le scénario. En 2025 et 2026, cette conjoncture tient aux forces suivantes qui se neutralisent :
- les pressions inflationnistes attribuables aux droits de douane et à la fin des effets temporaires à la baisse venant du retrait de la taxe sur le carbone pour les consommateurs
- les pressions à la baisse exercées sur l’inflation par l’excès d’offre, l’appréciation du dollar canadien et la modération de la hausse des frais de logement
En 2027, l’inflation demeure près de la cible de 2 %, alors que les pressions inverses induites par les droits de douane et l’excès d’offre se dissipent.
Activité économique
Le PIB se redresse dans la deuxième moitié de 2025, à mesure que les exportations se stabilisent. Puis, la croissance du PIB se renforce pour atteindre 1,8 % en 2027 (graphique 15), mais les droits de douane abaissent en permanence la trajectoire de l’activité économique.
Graphique 15 : La croissance du PIB se renforce, mais le niveau d’activité est durablement plus bas que celui prévu dans le Rapport de janvier
Données trimestrielles
Dernières valeurs du graphique : 2027T4
Le ralentissement de l’expansion démographique et la faiblesse des investissements des entreprises pèsent sur la progression de la production potentielle dans la deuxième moitié de 2025. Cette dernière remonte ensuite en 2026 et 2027, surtout en raison de la croissance plus robuste de la productivité tendancielle du travail. La croissance du facteur travail tendanciel, elle, reste modeste.
L’écart de production persiste en 2026, puis se rétrécit en 2027 avec l’augmentation de la croissance du PIB.
Les exportations augmentent lentement par rapport aux bas niveaux actuels
Après avoir chuté brusquement au deuxième trimestre en raison des droits de douane, les exportations se stabilisent dans la deuxième moitié de 2025. Elles connaissent ensuite une légère remontée sur le reste de l’horizon du scénario, alors que les exportateurs canadiens s’adaptent au nouveau contexte commercial. Les exportations hors produits de base restent bien en deçà des niveaux qu’elles affichaient avant les mesures tarifaires, à cause des dommages permanents occasionnés par les droits de douane américains (graphique 16).
La progression des exportations de produits de base est soutenue par la mise en service des nouvelles installations d’exportation de gaz naturel liquéfié et de l’utilisation accrue du pipeline Trans Mountain.
Les importations diminuent dans la deuxième moitié de 2025, en partie en raison de l’incidence des contre-mesures canadiennes. Puis, la croissance des importations se redresse en 2026 et 2027, à mesure que l’activité économique globale s’améliore.
Les investissements des entreprises sont modérés à court terme
Les investissements des entreprises se contractent dans la deuxième moitié de 2025, toujours freinés par une grande incertitude.
La croissance des investissements des entreprises se renforce en 2026 et 2027. Elle est soutenue par la réduction de l’incertitude et l’appréciation du dollar canadien, laquelle fait baisser le coût des machines et du matériel importés.
La croissance de la consommation se redresse en 2027
La croissance de la consommation reste modeste dans la deuxième moitié de 2025 et en 2026. Elle est freinée par l’incertitude persistante entourant les politiques commerciales, qui retient la progression du revenu du travail. La consommation est également freinée par la hausse des versements hypothécaires de certains ménages qui ont à renouveler leur prêt. Ces facteurs sont partiellement contrebalancés par les réductions d’impôt et les transferts de l’État1.
La croissance des dépenses de consommation se redresse en 2027, étant donné l’atténuation des effets découlant de l’incertitude commerciale et la progression plus vigoureuse du revenu du travail.
L’investissement résidentiel augmente
La croissance de l’investissement résidentiel se raffermit dans la deuxième moitié de 2025, notamment en raison d’une augmentation des reventes après leur chute du premier semestre. La croissance de l’investissement résidentiel est modérée en 2026 et 2027, soutenue par une dissipation de l’incertitude commerciale et une hausse des revenus des ménages.
Les dépenses publiques soutiennent la croissance
La croissance des dépenses publiques reste supérieure à celle de la production potentielle au cours de la prochaine année; elle est soutenue par une hausse des dépenses fédérales en matière de défense et une hausse des investissements des gouvernements provinciaux.
Inflation
L’inflation reste près de 2 % durant la période visée par le scénario (graphique 17). En 2025 et 2026, cette situation résulte de différentes pressions qui se font contrepoids.
Voici des facteurs qui contribuent à une hausse de l’inflation :
- la fin des effets à la baisse résultant du retrait de la taxe sur le carbone pour les consommateurs au deuxième trimestre de 2026
- les contre-mesures tarifaires du Canada, qui font augmenter l’inflation jusqu’à concurrence de 0,6 point de pourcentage et qui touchent surtout les prix des biens tels que les aliments et les véhicules automobiles
Par ailleurs, les entreprises signalent qu’elles doivent composer avec de nouveaux coûts découlant de la réorganisation du commerce, notamment les coûts liés à la recherche de nouveaux marchés et à la restructuration de leurs chaînes d’approvisionnement. Ces pressions sur les coûts sont particulièrement difficiles à évaluer et il est possible qu’elles s’avèrent plus importantes que prévu.
Voici des facteurs qui contribuent à une baisse de l’inflation :
- l’excès d’offre et la croissance ralentie des coûts unitaires de main-d’œuvre
- l’atténuation de la hausse des frais de logement, compte tenu de la croissance ralentie des loyers et du coût de l’intérêt hypothécaire
- l’appréciation récente du dollar canadien
En 2027, l’inflation reste près de 2 % pendant que les effets des droits de douane se dissipent et que l’excès d’offre se met à rétrécir. La composition de l’inflation évolue à mesure que la hausse des prix des biens se modère et que celle des prix des services se stabilise près des normes historiques.
Comparaison des perspectives récentes de la Banque
Le graphique 18 compare le scénario de maintien aux perspectives décrites dans le Rapport de janvier et les précédents. En janvier, les perspectives d’inflation à court terme étaient plus élevées que dans le scénario de maintien, puisque la taxe sur le carbone pour les consommateurs était toujours en vigueur. Le Rapport d’avril est exclu, puisqu’il présentait plutôt un éventail de scénarios.
Selon le scénario de maintien, les perspectives de croissance du PIB sont considérablement plus faibles qu’au moment de la publication du Rapport de janvier, soit avant l’intensification du conflit commercial (tableau 2 et tableau 3).
- La croissance du PIB s’établit à environ 0,5 point de pourcentage de moins, tant en 2025 qu’en 2026, en raison de l’effet négatif des droits de douane et de l’incertitude connexe.
- La production potentielle diminue d’ici la fin de 2026, car les droits de douane et l’incertitude font baisser la productivité tendancielle du travail.
Les perspectives entourant l’inflation mesurée par l’IPC pour 2025 s’établissent à environ 0,4 point de pourcentage de moins. Cette situation s’explique principalement par les prix du pétrole plus bas et par la baisse d’inflation temporaire qu’amène le retrait de la taxe sur le carbone pour les consommateurs – facteurs qui ont plus de poids que la hausse ponctuelle des prix venant des contre-mesures tarifaires du Canada.
| 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | |
|---|---|---|---|---|
| PIB (croissance annuelle moyenne) | 1,6 (1,3) |
1,3 (1,8) |
1,1 (1,8) |
1,8 |
| Demande intérieure finale (points de pourcentage) | 2,1 (1,6) |
2,1 (2,4) |
1,8 (1,7) |
2,0 |
| Exportations (points de pourcentage) | 0,2 (0,3) |
-1,1 (0,6) |
-0,1 (0,8) |
0,9 |
| Importations (points de pourcentage) | -0,2 (-0,2) |
0,4 (-0,7) |
-0,3 (-0,8) |
-1,1 |
| Inflation mesurée par l’IPC (taux de variation) | 2,4 (2,4) |
1,9 (2,3) |
2,0 (2,1) |
1,9 |
Nota : Les hypothèses et scénarios définitifs ont été établis le 27 juillet 2025. La demande intérieure finale, les exportations et les importations sont calculées sous forme de contribution à la croissance du PIB. La somme de ces composantes ne correspond pas à la croissance du PIB total, car les stocks ne sont pas pris en compte. Les chiffres entre parenthèses sont les projections du Rapport de janvier 2025. En janvier, les perspectives d’inflation à court terme étaient plus élevées que dans le scénario de maintien des droits de douane parce que la taxe sur le carbone pour les consommateurs était toujours en vigueur.
Sources : Statistique Canada et calculs et estimations de la Banque du Canada
| 2024 | 2025 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | ||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| T4 | T1 | T2 | T3 | T4 | T4 | T4 | T4 | ||
| Inflation mesurée par l’IPC (taux de variation sur un an) |
1,9 (1,9) |
2,3 (2,1) |
1,7 |
1,8 |
1,9 (1,9) |
1,9 (2,4) |
2,1 (2,1) |
1,9 |
|
| Inflation fondamentale* (taux de variation sur un an) |
2,6 (2,6) |
2,8 (2,5) |
3,1 |
3,1 |
2,6 (2,6) |
3,1 (2,1) |
2,4 (2,1) |
2,0 |
|
| PIB réel (taux de variation sur un an) |
2,3 (1,8) |
2,3 (1,7) |
1,3 |
0,9 |
2,3 (1,8) |
0,7 (1,9) |
1,4 (1,7) |
2,1 |
|
| PIB réel (taux de variation sur un trimestre, chiffres annualisés)† |
2,1 (1,8) |
2,2 (2,0) |
-1,5 |
1,0 |
|||||
Nota : Les hypothèses et scénarios définitifs ont été établis le 27 juillet 2025. Les chiffres entre parenthèses sont les projections du Rapport de janvier 2025. En janvier, les perspectives d’inflation à court terme étaient plus élevées que dans le scénario de maintien des droits de douane parce que la taxe sur le carbone pour les consommateurs était toujours en vigueur.
* L’inflation fondamentale est la moyenne de l’IPC-tronq et de l’IPC-méd.
† Les deuxième et troisième trimestres de 2025 sont les seuls de la période pour lesquels des données sur la croissance du PIB réel étaient disponibles au moment d’établir les scénarios. Les taux de variation sur un an au quatrième trimestre visent à fournir une perspective à plus long terme. Ils représentent les taux de croissance de l’IPC et du PIB réel au cours d’une année donnée dans la période visée par les scénarios de la Banque. Par conséquent, ils peuvent être différents des taux de croissance moyens annuels présentés au tableau 2.
Sources : Statistique Canada et calculs et estimations de la Banque du Canada
Notes
- 1. La moitié des recettes tirées des droits de douane est remise aux entreprises touchées par la situation tarifaire, conformément aux annonces du gouvernement du Canada. La moitié restante est redistribuée aux ménages.[←]