Vue d’ensemble

Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2025

Les droits de douane américains sont nettement plus élevés qu’ils ne l’étaient au début de 2025, et la politique commerciale des États-Unis reste imprévisible. L’inflation avoisine 2 %, même si les pressions sous-jacentes sur les prix se sont accentuées. Comme l’incertitude entourant la politique commerciale américaine est encore élevée, les perspectives pour l’économie canadienne demeurent brouillées.

Le conflit commercial mondial continue d’évoluer. Depuis la publication du Rapport d’avril, les tensions commerciales extrêmes entre les États-Unis et la Chine se sont atténuées. L’administration américaine a conclu avec certains pays des accords qui fixent les droits de douane américains à un niveau nettement plus élevé qu’en janvier. Les États-Unis ont également doublé leurs droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium et ont menacé d’imposer des droits de douane élevés et généralisés à bon nombre de leurs autres partenaires commerciaux si des accords ne sont pas signés bientôt.

Scénarios économiques pour les perspectives

Au début de 2025, les revirements de la politique commerciale américaine ont accentué l’incertitude entourant les perspectives économiques.

Cette incertitude liée au commerce comporte deux couches. La première concerne la politique commerciale américaine, car il est difficile de connaître les droits de douane et les contre-mesures qui seront imposés, la durée des droits de douane et l’issue des négociations commerciales. La deuxième couche se rapporte à la manière dont les ménages, les entreprises et les gouvernements vont réagir et s’adapter aux droits de douane.

Dans le Rapport d’avril, la Banque du Canada a présenté deux scénarios indicatifs qui exploraient diverses trajectoires de la politique commerciale américaine afin de pallier la première couche d’incertitude. Pour ce qui est de la deuxième couche, la section des risques était axée sur la réaction de l’économie à un niveau de droits de douane donné.

Depuis avril, le risque d’un conflit commercial mondial grave et s’intensifiant a diminué, et les droits de douane se précisent. L’orientation de la politique commerciale américaine demeure tout de même très incertaine. Même si de récentes données ont contribué à atténuer en partie l’incertitude entourant l’incidence des droits de douane, il est encore trop tôt pour faire des projections en toute confiance des effets des droits de douane sur la croissance économique et l’inflation. Dans ce contexte de forte incertitude, l’utilisation de différents scénarios continue d’être utile pour évaluer les issues possibles.

En l’occurrence, cette livraison de juillet présente un scénario économique basé sur les politiques commerciales en vigueur ou convenues en date du 27 juillet 2025, soit le scénario de maintien des droits de douane, au lieu des prévisions habituelles. Le rapport comprend également deux autres scénarios : le scénario de désescalade des droits de douane, où les droits de douane diminuent, et le scénario d’escalade des droits de douane, où les droits de douane augmentent de façon importante. Pris ensemble, ces scénarios englobent un éventail de trajectoires potentielles des politiques commerciales et de l’économie canadienne.

Vu le contexte de grande incertitude, les renseignements qui se trouvent dans le présent rapport sont un peu moins détaillés que dans un scénario de référence normal. Les tableaux 2, 3 et 4 établissent des comparaisons entre le scénario de maintien et les projections du Rapport de janvier, qui était la dernière livraison comportant un scénario de référence.

Comme dans le Rapport d’avril, les risques concernant la manière dont les entreprises, les ménages et les gouvernements vont réagir et s’adapter aux droits de douane sont analysés dans la section Risques. On y aborde aussi d’autres risques qui ne sont pas liés aux droits de douane.

Sommaire de la conjoncture économique

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) se chiffrait à 1,9 % en juin. Les modifications des impôts indirects, comme le congé de TPS/TVH et le retrait de la taxe sur le carbone pour les consommateurs, ont eu une incidence sur l’inflation mesurée par l’IPC depuis la fin de 2024. Si l’on fait abstraction des impôts indirects, l’inflation est passée d’environ 2 % dans la deuxième moitié de 2024 à 2,5 % en juin 2025. Cette augmentation s’explique surtout par la hausse de la croissance des prix des biens non énergétiques, qui fait plus que compenser la baisse de celle des prix des services liés au logement. De même, la plupart des mesures de l’inflation fondamentale ont augmenté depuis la fin de 2024. Dans l’ensemble, l’inflation sous-jacente devrait maintenant se situer autour de 2½ %.

La croissance de l’économie canadienne au premier trimestre de 2025 a été plus forte que prévu, se chiffrant à 2,2 %, principalement en raison de la poussée momentanée des exportations effectuées en prévision de l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane américains. Selon les estimations, elle se serait contractée au deuxième trimestre. Bien que les exportations et les investissements des entreprises aient chuté, la croissance des dépenses des consommateurs a été résiliente, et les dépenses publiques se sont redressées.

Dans le scénario de maintien, l’économie canadienne connaît une croissance modeste d’environ 1 % dans la deuxième moitié de 2025. La croissance augmente par la suite pour s’établir à 1,8 % en 2027, à mesure que les effets de l’incertitude entourant les politiques commerciales s’estompent et que la demande mondiale et les exportations progressent légèrement. L’inflation reste près de 2 % tout au long de l’horizon du scénario. Les pressions à la hausse et à la baisse sur l’inflation s’équilibrent à peu près et se dissipent au fil du temps.

Dans le scénario de désescalade, la croissance est plus forte, l’offre excédentaire diminue et les pressions à la hausse exercées directement sur l’inflation par les droits de douane sont plus faibles. Dans le scénario d’escalade, l’économie canadienne se contracte pendant le reste de 2025 et l’inflation monte temporairement au-dessus de la cible de 2 % en raison des pressions directes sur les coûts provenant des droits de douane.

Sur cette page
Table des matières