Résultats de l’enquête du 2e trimestre de 2025 | Vol. 22.2 | 21 juillet 2025

Les entrevues de l’enquête sur les perspectives des entreprises ont été menées en personne, par vidéoconférence et par téléphone entre les 8 et 28 mai 2025. Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête mensuelle en ligne. Les résultats les plus récents sont ceux d’avril, mai et juin 2025. La présente publication tient également compte des résultats des activités de rayonnement du Conseil de direction ainsi que de consultations spéciales auprès d’entreprises et d’organisations de secteurs sensibles aux échanges commerciaux.

Vue d’ensemble

  • Les droits de douane et l’incertitude qui en découle, ainsi que les répercussions sur les économies canadienne et mondiale, continuent d’avoir des effets importants sur les perspectives des entreprises. Toutefois, les entreprises considèrent maintenant que les pires scénarios qu’elles envisageaient au trimestre précédent sont moins susceptibles de se produire.
  • Les perspectives de vente restent pessimistes dans l’ensemble en raison des préoccupations généralisées concernant les effets plus étendus d’un ralentissement de l’économie. Mais les résultats récents des enquêtes mensuelles laissent entrevoir une certaine amélioration des perspectives des entreprises – en particulier celles qui exportent – parce que peu d’entre elles ont été directement touchées par les droits de douane actuels.
  • L’incertitude continue d’inciter à la prudence dans les perspectives d’embauche et d’investissement. La plupart des entreprises s’attendent à maintenir leurs effectifs actuels et à limiter leurs investissements à l’entretien régulier au cours des 12 prochains mois.
  • Les hausses de coûts attribuables aux droits de douane et à l’incertitude commerciale se sont matérialisées pour certaines entreprises. Celles-ci considèrent que la faiblesse de la demande et la concurrence limitent leur capacité à répercuter les hausses de coûts sur leur clientèle, même si la plupart prévoient encore en répercuter une partie.
  • Les attentes d’inflation à court terme des entreprises sont revenues aux niveaux déclarés à la fin de 2024.

Les effets des droits de douane se sont matérialisés, mais les attentes quant à leurs répercussions futures se sont modérées

Les droits de douane et les tensions commerciales continuent de peser sur les perspectives de nombreuses entreprises. Dans certains cas, les effets négatifs sur les coûts et les ventes prévus par la plupart des entreprises au trimestre précédent se sont matérialisés, et celles touchées s’attendent à ce que ces effets persistent.

En même temps, les entreprises ont modéré leurs attentes en ce qui a trait aux répercussions négatives, car les scénarios relatifs au commerce les plus pessimistes qu’elles avaient anticipés au dernier trimestre semblent maintenant moins probables (graphique 1). Par exemple, environ les deux tiers des entreprises s’attendaient à une hausse des coûts liés aux droits de douane au trimestre précédent, comparativement à seulement un tiers ce trimestre.

Graphique 1 : Les entreprises sont moins nombreuses qu’au dernier trimestre à s’attendre à des effets négatifs des droits de douane

Au premier trimestre, les entreprises ont décrit la conjoncture économique comme étant hautement imprévisible, ce qui les a empêchées de formuler des perspectives claires pour l’année à venir. Ce trimestre, un plus grand nombre d’entreprises peuvent établir des perspectives reposant sur des bases plus solides, même si elles indiquent encore qu’il est difficile ou plutôt difficile de le faire. Moins d’entreprises envisagent des scénarios extrêmement négatifs dans leur planification.

Néanmoins, l’incertitude entourant les conditions financières, économiques et politiques demeure la principale préoccupation des entreprises. Les inquiétudes concernant l’incidence directe des droits de douane sur les entreprises canadiennes se sont légèrement atténuées, mais de nouvelles préoccupations ont émergé quant aux répercussions plus générales des droits de douane sur l’économie mondiale et sur la demande au Canada. L’incertitude continue d’inciter les entreprises à reporter leurs nouveaux projets d’investissement et à gérer leurs finances avec prudence, notamment (encadré 1).

La confiance des entreprises, bien qu’encore modérée, s’est améliorée par rapport aux fortes baisses enregistrées en mars et en avril 2025 (graphique 2). Les baisses passées et le récent rebond ont été observés à la fois chez les entreprises non exportatrices et les entreprises exportatrices, bien que la confiance de ces dernières en particulier se soit beaucoup érodée au début du conflit commercial. De même, la proportion d’entreprises qui se préparent à une récession au Canada a légèrement diminué, passant de 32 à 28 %, mais reste supérieure aux niveaux de 2024, en raison des préoccupations persistantes concernant les tensions commerciales.

Graphique 2 : La confiance des entreprises s’est améliorée par rapport aux creux récents

La faiblesse de la demande est généralisée

Les perspectives de vente à court terme des entreprises ont diminué au deuxième trimestre de 2025. Le solde des opinions relatif aux indicateurs des ventes futures est devenu négatif à mesure que les effets liés aux droits de douane se sont matérialisés. Les entreprises qui ont noté une détérioration de leurs indicateurs (carnets de commandes, réservations, demandes de renseignements, etc.) par rapport à il y a 12 mois (graphique 3) sont plus nombreuses que celle qui ont fait état d’une amélioration de ceux-ci. Cette faiblesse s’explique en grande partie par les vastes répercussions du conflit commercial, notamment :

  • la faiblesse des dépenses des clients commerciaux en services et en biens d’équipement
  • les faibles dépenses de consommation ou la crainte que les consommateurs commencent à dépenser moins
  • les perspectives défavorables dans le secteur du logement
  • la faiblesse des perspectives de vente des entreprises pétrolières et gazières due aux pressions à la baisse sur les prix mondiaux du pétrole

Pour les exportateurs, la faiblesse des indicateurs des ventes à court terme tient en partie au devancement des exportations plus tôt dans l’année, avant l’imposition des droits de douane, qui a été suivi d’un ralentissement parce que les clients avaient déjà fait leurs réserves de biens.

Graphique 3 : Les indicateurs des ventes futures des entreprises sont faibles

Malgré cela, les effets directs des droits de douane sur les perspectives des entreprises sont moins prononcés qu’au premier trimestre. Les perspectives se sont améliorées chez les entreprises fortement touchées par les tensions commerciales, car les droits de douane qui sont entrés en vigueur jusqu’à présent sont moins généralisés que ce qu’elles craignaient plus tôt dans l’année. La plupart des exportateurs participant aux enquêtes de la Banque du Canada ont déclaré ne pas être actuellement soumis à des droits de douane. Cela se reflète dans l’amélioration des attentes quant à la croissance des ventes (graphique 4). Toutefois, lors de consultations spéciales avec le personnel de la Banque, les exportateurs actuellement visés par des droits de douane sectoriels américains – y compris les fabricants de produits d’acier et d’aluminium et les entreprises du secteur automobile – ont continué de faire état de perspectives défavorables.

Graphique 4 : Les perspectives de ventes à l’exportation se sont améliorées

Les plans d’augmentation des capacités demeurent en suspens

La plupart des entreprises ont indiqué que leur capacité physique et la taille de leur effectif sont suffisantes. La proportion des entreprises ayant déclaré qu’elles auraient de la difficulté à répondre à une augmentation inattendue de la demande reste inférieure à la moyenne historique (graphique 5, ligne jaune). Peu de résultats donnent à penser que les entreprises sont confrontées à des difficultés d’approvisionnement limitant leur capacité à répondre à la demande ou à se procurer des intrants essentiels. Les entreprises ont dit avoir plus de facilité à trouver du personnel maintenant qu’à la même période l’an dernier, et la proportion de celles disant être aux prises avec des pénuries de main-d’œuvre demeure inférieure à la moyenne (graphique 5, ligne verte).

Graphique 5 : La plupart des entreprises disposent de capacités suffisantes

Les intentions d’investissement des entreprises restent modérées ce trimestre, le solde des opinions étant bien en deçà de sa moyenne à long terme. De nombreuses entreprises réduisent leurs plans d’investissement ou mettent en suspens de nouveaux investissements à cause de :

  • la faiblesse de la demande
  • l’incertitude persistante
  • la suffisance de leurs capacités existantes

Plus d’entreprises que d’habitude concentrent leurs investissements sur l’entretien régulier plutôt que sur l’accroissement de leurs capacités ou l’amélioration de leur productivité (graphique 6). Pourtant, elles sont moins nombreuses qu’au trimestre précédent à s’attendre à ce que les droits de douane et les tensions commerciales nuisent à leurs projets d’investissement. C’est particulièrement vrai pour les entreprises du secteur manufacturier, qui est exposé aux échanges commerciaux et à forte intensité de capital.

Graphique 6 : Les plans d’investissement sont axés sur le maintien de l’équipement existant

De même, les intentions d’embauche restent modérées. Les entreprises sont moins nombreuses que d’habitude à envisager d’accroître leurs effectifs au cours de la prochaine année (graphique 7). La proportion d’entre elles qui embauchent du personnel pour répondre à l’expansion attendue de leurs ventes, qui pourvoient des postes vacants ou qui conservent une main-d’œuvre excédentaire est inférieure à la moyenne. Toutefois, elles sont moins nombreuses qu’au dernier trimestre à s’attendre à ce que les droits de douane pèsent sur leurs intentions d’embauche. En outre, pour les répondants à l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada menée par la Banque qui travaillent dans des secteurs sensibles aux échanges commerciaux, les préoccupations liées à l’emploi demeurent élevées, mais ont diminué par rapport au trimestre précédent.

Lorsqu’interrogées sur la possibilité de mises à pied, beaucoup d’entreprises ont dit qu’elles y recourraient uniquement si leurs ventes reculaient de façon marquée ou prolongée, et, même dans ce cas, elles les envisagent souvent comme une mesure de dernier recours. En effet, la proportion des entreprises qui prévoient réduire leurs effectifs au cours de la prochaine année reste essentiellement inchangée et près de sa moyenne historique.

Graphique 7 : La majorité des entreprises prévoient maintenir leurs effectifs à un niveau stable

Les attentes des entreprises concernant la progression des salaires au cours de l’année à venir continuent d’afficher une tendance à la baisse (graphique 8), sous l’effet de la désinflation passée et de la faible demande. L’augmentation salariale moyenne à laquelle les entreprises s’attendent se situe maintenant près de la moyenne prépandémique. La proportion d’entreprises qui prévoient des augmentations de salaire plus importantes que d’habitude a continué de suivre une tendance à la baisse, la plupart d’entre elles étant maintenant revenues à ce qu’elles considèrent comme des hausses salariales normales.

Graphique 8 : Les attentes de croissance des salaires continuent d’afficher une tendance à la baisse

Les tensions commerciales continuent d’exercer des pressions sur les coûts

Les pressions sur les coûts demeurent répandues. Environ la moitié des entreprises ont déclaré déjà faire face à des coûts supplémentaires liés aux droits de douane. Au-delà de l’incidence directe des droits de douane sur les prix des intrants, les entreprises ont également indiqué devoir assumer des coûts supplémentaires pour trouver d’autres fournisseurs et se tailler une place sur de nouveaux marchés.

Dans ce contexte, les droits de douane et les tensions commerciales demeurent la principale source de pressions à la hausse sur la croissance attendue des prix des intrants. Les entreprises s’attendent maintenant à ce que la croissance des prix de leurs intrants s’accélère au cours des 12 prochains mois, ce qui contraste de manière générale avec les trois dernières années (graphique 9). Ces pressions restent toutefois modérées : beaucoup d’entreprises s’attendent davantage à une hausse légère qu’à une hausse substantielle des prix de leurs intrants.

Graphique 9 : En raison des droits de douane, les entreprises s’attendent maintenant à une accélération de la croissance des prix des intrants

Les augmentations de coûts liées aux droits de douane exercent aussi des pressions à la hausse sur les prix de vente attendus des entreprises. Cependant, les pressions concurrentielles et la faiblesse actuelle de la demande limitent la capacité des entreprises à répercuter ces coûts sur leur clientèle. Par conséquent, de nombreuses entreprises s’attendent à ce que leurs prix de vente augmentent au cours de la prochaine année à un rythme semblable à celui de la dernière année (graphique 10). Comme les consommateurs sont sensibles aux hausses de prix, de nombreuses entreprises absorbent une partie de ces coûts accrus, comprimant ainsi leurs marges bénéficiaires dans le but de préserver leurs parts de marché (graphique 11).

Graphique 10 : Les entreprises prévoient une croissance stable de leurs prix de vente

Graphique 11 : De nombreuses entreprises absorbent les coûts des droits de douane en réduisant leurs marges

Les attentes d’inflation à court terme sont redescendues à leurs niveaux de la fin de 2024, après avoir fortement augmenté au trimestre précédent (graphique 12). Comme à ce moment-là, les droits de douane sont le facteur qui influe le plus sur les attentes d’inflation. Les entreprises signalent toutefois que les pressions à la hausse exercées directement sur les prix par les droits de douane sont partiellement compensées par les effets indirects de ces derniers – à savoir le ralentissement de la demande qui crée des pressions désinflationnistes. Les attentes d’inflation à plus long terme ont, pour leur part, légèrement augmenté, mais se maintiennent à l’intérieur de la fourchette cible de la Banque.

Graphique 12 : Les attentes d’inflation à court terme des entreprises sont revenues aux niveaux de la fin de 2024

Encadré 1 : Les entreprises et les consommateurs affirment que l’incertitude nuit à leur planification

Environ la moitié des répondants à l’enquête sur les perspectives des entreprises menée par la Banque du Canada ont indiqué avoir de la difficulté à prévoir les conditions d’affaires de leur entreprise à court terme. Les entreprises ont expliqué à quel point il est compliqué de formuler des perspectives dans le contexte actuel en raison des multiples couches d’incertitude. Une des sources d’incertitude les plus claires est que les politiques commerciales qui ne cessent de changer font qu’il est impossible pour les entreprises de savoir quels droits de douane seront imposés, ni quand ils commenceront, ni combien de temps ils dureront. Cela touche particulièrement les entreprises qui participent directement au commerce international.

Le conflit commercial génère de l’incertitude chez les consommateurs, et cela se répercute sur les entreprises. Dans l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada menée par la Banque, une proportion plus élevée que d’habitude de répondants affirme que l’avenir est particulièrement difficile à prévoir en ce moment. Les ménages réagissent à l’incertitude en réduisant leurs dépenses, en reportant des achats importants et en augmentant leur épargne (graphique 1-A, figure a). Il est donc plus difficile pour les entreprises de comprendre comment évolueront les conditions de la demande.

Confrontées à une grande incertitude, les entreprises hésitent à prendre des décisions coûteuses et sur lesquelles il est difficile de revenir, et qui pourraient ne pas être adéquates si les politiques commerciales ou la conjoncture économique changent1. De nombreuses entreprises mettent en suspens ou repensent leurs plans et font preuve de plus de prudence :

  • Environ le quart des entreprises ont déclaré avoir réduit leurs projets pour ce qui est des investissements ou de l’emploi (graphique 1-A, figure b).
    • Cela comprend la suspension de l’embauche – la proportion des entreprises qui prévoient maintenir leurs effectifs à peu près stables au cours de la prochaine année atteint un sommet, dans le cadre de l’enquête.
    • De même, de nombreuses entreprises ont mentionné prévoir aller de l’avant avec des plans d’investissement déjà en cours, mais s’abstenir de toutes nouvelles dépenses visant à accroître leurs capacités ou leur productivité. Par exemple, de nombreux constructeurs d’habitations ont indiqué qu’ils reportaient de nouveaux projets en raison de l’incertitude entourant les perspectives de vente et les coûts de construction.
  • Certaines entreprises s’efforcent de réduire les risques liés à leur bilan pour mieux résister aux chocs financiers. Il peut s’agir de rembourser des dettes, de conserver plus de liquidités et, pour les intermédiaires financiers, d’augmenter les provisions pour pertes sur prêts.
  • Dans les enquêtes de la Banque et lors des activités de rayonnement du Conseil de direction tenues au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Ontario ce trimestre, les entreprises ont indiqué que leurs équipes de direction doivent déployer des efforts pour composer avec l’incertitude commerciale, notamment en élaborant des scénarios et en trouvant d’autres fournisseurs ou clients. Les entreprises ont fait remarquer que cela réduit le temps et l’attention qu’elles ont à consacrer pour développer leurs activités.

Graphique 1-A : L’incertitude pèse sur les décisions financières, les dépenses de consommation et les investissements des entreprises

Graphique 1-A : L’incertitude pèse sur les décisions financières, les dépenses de consommation et les investissements des entreprises


  1. 1. Pour en savoir plus sur l’incidence de l’incertitude sur les décisions des entreprises et l’économie en général, voir T. Macklem, « Les droits de douane et l’incertitude liée aux politiques commerciales nuisent à l’économie canadienne » (discours prononcé devant l’organisme Calgary Economic Development, à Calgary, en Alberta, le 20 mars 2025) et Banque du Canada, « Comment l’incertitude économique perturbe les investissements », L’Économie claire et simple (juillet 2025).[]

Les résultats de l’enquête représentent des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

L’Enquête sur les perspectives des entreprises est une publication qui contient les résultats d’une enquête menée par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada au moyen d’entrevues réalisées auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada.

Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête en ligne menée chaque mois par la Banque du Canada auprès de 700 à 1 000 dirigeants d’entreprises canadiennes, qui sont appelés à répondre à l’un des trois courts questionnaires de l’enquête. Pour en savoir plus sur Le Pouls des leaders d’entreprise, voir T. Chernis, C. D’Souza, K. MacLean, T. Reader, J. Slive et F. Suvankulov, The Business Leaders’ Pulse—An Online Business Survey, document d’analyse du personnel 2022-14, Banque du Canada (juin 2022).

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