Le sous-gouverneur Toni Gravelle parle du soutien que la Banque du Canada a apporté aux marchés durant la pandémie de COVID-19 et des choses qu’on ferait peut-être différemment dans l’avenir. Il parle également de l’agitation récente dans le système bancaire américain et d’outre-mer.

Le sous-gouverneur Toni Gravelle prononce un discours dans le cadre de la Conférence sur les services financiers de la Banque Nationale. Lisez le discours complet.

Une crise inhabituelle exigeant des mesures tout aussi inhabituelles

Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, il y a trois ans, l’incertitude s’est emparée des marchés financiers.

Les marchés ont été paralysés parce que la plupart des gens voulaient vendre leurs actifs, alors qu’il y avait peu d’acheteurs. Les participants au marché évitaient même les obligations du gouvernement du Canada, qui sont généralement considérées comme les placements les plus sûrs.

La Banque du Canada a pour mandat de promouvoir la stabilité du système financier du pays. Ainsi, pour résoudre les tensions sur les principaux marchés, on s’est empressés de mettre en place plusieurs programmes afin de rétablir leur bon fonctionnement. Notre intervention a permis aux ménages, aux entreprises et aux gouvernements de conserver leur accès au crédit.

On examine actuellement ces programmes dans le but de réagir plus efficacement aux crises futures.

Après la crise financière mondiale, on a appris beaucoup en examinant attentivement l’efficacité de notre réponse. Ces leçons ont guidé notre réponse à la pandémie, tout comme celles qu’on est en train de tirer vont nous aider à mieux répondre aux crises futures. »

Un soutien adapté aux besoins des marchés financiers

Le soutien exceptionnel qu’on a apporté aux marchés financiers au début de la pandémie était essentiel pour maintenir le bon fonctionnement du système financier et renforcer l’économie.

Mais lorsqu’on fournit ce type de soutien, il faut se prémunir contre l’aléa moral : la croyance voulant que si on intervient une fois pour régler une crise, on va le faire de nouveau si les marchés sont confrontés à d’autres difficultés. Dans une situation d’aléa moral, les investisseurs sont plus à l’aise de prendre de grands risques.

Voici quelques façons d’éviter l’aléa moral : 

  • venir en aide aux marchés seulement quand l’ensemble du système financier est aux prises avec des difficultés de financement
  • apporter un soutien à un coût qui ne serait pas attrayant en temps normal
  • veiller à ce que les programmes de soutien soient de courte durée et assortis d’une date de fin préétablie
  • concevoir les programmes pour qu’ils prennent fin automatiquement une fois les difficultés résolues

La pandémie de COVID-19 a certainement été un événement sans précédent qui a justifié une réponse forte de la part de la Banque. J’insiste encore sur le fait qu’il ne faut pas s’attendre à une intervention de cette nature et de cette ampleur à chaque épisode de turbulence sur les marchés. »

Retour à un bilan normal

Une fois que les marchés ont recommencé à fonctionner normalement, on a changé d’objectif.

On a continué d’acheter des obligations du gouvernement du Canada, mais pour des raisons de politique monétaire plutôt que pour soutenir le fonctionnement des marchés. Ce processus est ce que les économistes appellent l’assouplissement quantitatif. Il sert à réduire les taux d’intérêt à long terme quand le taux directeur est déjà à son minimum absolu, ce qui aide la Banque à atteindre sa cible d’inflation de 2 % quand l’inflation est en-dessous de la cible.

Avec le recul, on pense qu’on aurait pu communiquer plus clairement cette réorientation vers l’assouplissement quantitatif. Si une crise similaire se reproduit, on va faire clairement la distinction entre les achats d’actifs effectués pour soutenir le fonctionnement des marchés et ceux effectués pour des raisons de politique monétaire.

Pour ramener notre bilan à la normale, on a fait suivre l’assouplissement quantitatif d’un resserrement quantitatif. Ce processus consiste à laisser les obligations du gouvernement du Canada sortir de notre bilan à mesure qu’elles arrivent à échéance.

Un œil sur les tensions dans le système bancaire mondial

Le système bancaire mondial a été soumis à beaucoup de tensions ces derniers temps, en particulier certaines institutions aux États-Unis et en Europe.

Les mesures de protection mises en place depuis la crise financière mondiale de 2008-2009 permettent d’aider plus facilement les institutions en difficulté tout en réduisant les risques pour l’économie mondiale.

Au Canada, notre système financier est bien réglementé et supervisé, et il pratique une saine gestion des risques.

On pourrait tout de même subir les contrecoups d’événements à l’étranger, vu la grande interdépendance au sein de l’économie mondiale. On est donc prêts à intervenir et à soutenir le système financier canadien si les marchés sont soumis à des tensions graves et généralisées.

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