Résultats de l’enquête du 3e trimestre de 2025 | Vol. 22.3 | 20 octobre 2025
Les entrevues de l’enquête sur les perspectives des entreprises ont été menées en personne, par vidéoconférence et par téléphone entre le 7 août et le 3 septembre 2025. La grande majorité des entrevues ont été réalisées avant l’annonce du retrait de certaines contre-mesures tarifaires canadiennes. Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête mensuelle en ligne. Les résultats les plus récents sont ceux de juillet, août et septembre 2025. La présente publication tient également compte des résultats des activités de rayonnement du Conseil de direction ainsi que de consultations spéciales auprès d’entreprises et d’organisations de secteurs sensibles aux échanges commerciaux.
Vue d’ensemble
- Les perspectives et les intentions des entreprises demeurent modérées malgré un raffermissement graduel de leur confiance et une légère baisse de l’incertitude perçue.
- Les attentes concernant la croissance des exportations et des ventes intérieures restent faibles en raison des préoccupations concernant les conséquences économiques générales des tensions commerciales.
- Les entreprises sont peu nombreuses à faire état de contraintes de capacité ou de pénuries de main-d’œuvre, et la plupart d’entre elles ne prévoient pas augmenter leurs effectifs.
- La faible demande et l’incertitude quant aux tensions commerciales continuent de réfréner les intentions d’investissement, près de la moitié des entreprises privilégiant l’entretien régulier plutôt qu’une expansion.
- Les répondants s’attendent toujours à des hausses de coûts attribuables aux droits de douane et à l’incertitude commerciale. Toutefois, ils sont nombreux à mentionner que la faiblesse de la demande limite leur capacité à répercuter ces hausses de coûts sur les prix de vente.
- Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an des entreprises sont en deçà du sommet atteint plus tôt durant le conflit commercial et, en ce moment, dépassent à peine les niveaux observés à la fin de 2024.
Malgré un léger regain de confiance des entreprises, les perspectives et les intentions de celles-ci restent modérées
Les droits de douane et les tensions commerciales continuent de peser sur les perspectives de nombreuses entreprises. La confiance des entreprises a continué de se raffermir graduellement par rapport aux creux observés au début de 2025, mais demeure modérée (graphique 1).
Parallèlement, la proportion d’entreprises qui se préparent à une récession au Canada (par exemple, en resserrant leurs budgets ou en suspendant leurs investissements) a augmenté quelque peu, passant de 28 à 33 %. Cette proportion reste supérieure aux faibles niveaux enregistrés en 2024, vraisemblablement en raison des préoccupations persistantes concernant les tensions commerciales.
Graphique 1 : La confiance des entreprises se redresse graduellement après les creux récents
Ces craintes persistantes de récession viennent contrebalancer le raffermissement graduel et continu de la confiance des entreprises. Par conséquent, les perspectives et les plans des répondants n’ont pratiquement pas changé dans l’ensemble. L’indicateur de l’enquête, une mesure synthétique des résultats des principales questions, se maintient sous la moyenne (graphique 2). Les indicateurs de l’activité commerciale (comprenant les ventes, les investissements et l’emploi) et ceux de capacité continuent d’avoir un effet négatif sur l’indicateur de l’enquête, ce qui reflète la faiblesse persistante de la demande et la planification prudente.
Graphique 2 : L’atonie générale persistante maintient l’indicateur de l’enquête en territoire négatif ce trimestre
L’incertitude entourant les conditions financières, économiques et politiques demeure la préoccupation la plus pressante pour les entreprises, mais une proportion moins élevée d’entre elles l’a mentionné ce trimestre-ci comparativement aux derniers trimestres (graphique 3). Les pressions sur les coûts, le ralentissement de la demande, et les impôts et la réglementation (dont les droits de douane liés au commerce international) continuent aussi de peser sur les entreprises. Ces dernières rattachent souvent leur incertitude à la croissance économique intérieure, aux coûts et au commerce international, ce qui met en évidence que le conflit commercial et ses répercussions retiennent encore principalement leur attention.
Graphique 3 : L’incertitude demeure la préoccupation la plus pressante des entreprises
Les entreprises présument encore que la demande sera faible
Les perspectives de vente des entreprises demeurent faibles. Ces dernières ne s’attendent plus à ce que la croissance des ventes se raffermisse au cours de la prochaine année puisque les effets liés aux droits de douane continuent de freiner la demande (graphique 4, barres bleues). Selon elles, cette faiblesse attendue s’explique en grande partie par les vastes répercussions du conflit commercial, notamment :
- la faiblesse des dépenses des clients commerciaux en services (tels que les travaux de rénovation et les voyages et événements d’affaires) et en biens d’équipement
- les faibles dépenses de consommation ou la crainte que les consommateurs commencent à dépenser moins
- les perspectives défavorables des entreprises dans le secteur du logement
Cependant, le solde des opinions relatif aux indicateurs des ventes futures (carnets de commandes, réservations, demandes de renseignements, etc.) s’est quelque peu amélioré et se situe maintenant près de zéro (graphique 4, ligne rouge). Autrement dit, le nombre de répondants ayant noté une détérioration de leurs indicateurs est presque le même que ceux faisant état d’une amélioration de ceux-ci.
Durant les consultations menées par le personnel de la Banque, les détaillants ont également soulevé ce léger raffermissement de la demande. En effet, après la faiblesse observée au début de 2025, les dépenses des consommateurs se sont accrues, les ventes surpassant les attentes antérieures les plus pessimistes des détaillants. Selon eux, ce résultat est attribuable aux facteurs comme la baisse des taux d’intérêt et des prix de l’essence, la hausse du tourisme intérieur et l’adaptation des consommateurs à l’incertitude accrue. De même, dans les enquêtes de la Banque, les entreprises sont plus nombreuses qu’au trimestre précédent à signaler que les consommateurs qui favorisent l’achat de produits canadiens ont fait monter les volumes de ventes. Toutefois, cela ne représente encore qu’une petite proportion d’entreprises.
Graphique 4 : Les perspectives de vente sont encore modérées
Comme dans les enquêtes de la Banque du dernier trimestre, la plupart des exportateurs ont déclaré ce trimestre-ci que leurs exportations ne sont pas actuellement soumises à des droits de douane. Malgré cela, les attentes de croissance des exportations demeurent modestes. Le solde des opinions relatif aux indicateurs des ventes futures a baissé par rapport au dernier trimestre et se situe sous sa moyenne historique (graphique 5). Les entreprises attribuent cette atonie à la faible demande américaine et mondiale, aux bas prix de l’énergie et à la réticence des clients américains en raison des frictions commerciales persistantes.
Lors de consultations spéciales avec le personnel de la Banque, les exportateurs canadiens de produits d’acier et d’aluminium qui sont actuellement visés par des droits de douane sectoriels américains ont fait état de perspectives particulièrement défavorables. Bien que certaines exportations de l’aluminium primaire aient été réacheminées vers l’Europe, ces exportateurs considèrent cette stratégie comme une solution de rechange insoutenable à l’accès aux marchés américains en raison des inquiétudes concernant la rentabilité à long terme.
Graphique 5 : Les perspectives d’exportation restent modérées même si peu d’entreprises sont touchées par les droits de douane
Les plans d’augmentation des capacités demeurent en suspens
Dans un contexte de faible demande, la plupart des entreprises ont déclaré disposer de capacités suffisantes, dont la capacité physique et la main-d’œuvre. De plus, la proportion d’entreprises qui auraient de la difficulté à répondre à une hausse inattendue de la demande reste inférieure à la moyenne historique pour le quatrième trimestre consécutif (graphique 6, ligne jaune). Peu d’entreprises se trouvent devant des perturbations des chaînes d’approvisionnement ou des difficultés à se procurer des intrants essentiels. Les répondants ont indiqué qu’il est plus facile de trouver des travailleurs maintenant qu’il y a un an, et la proportion de ceux faisant état de pénuries de main-d’œuvre a chuté à son niveau le plus bas depuis 2020 (graphique 6, ligne verte).
Graphique 6 : Les entreprises continuent de faire état de peu de contraintes de capacité et de pénuries de main-d’œuvre
Les intentions d’investissement des entreprises restent modérées ce trimestre, le solde des opinions demeurant bien en deçà de sa moyenne à long terme. De nombreuses entreprises réduisent leurs plans d’investissement ou mettent en suspens de nouveaux investissements en raison de la faiblesse de la demande et de l’incertitude liée aux tensions commerciales. Plus d’entreprises que d’habitude continuent d’orienter leurs investissements sur l’entretien régulier plutôt que sur l’accroissement de leurs capacités. La plupart des répondants qui ont affirmé que leurs récents indicateurs des ventes futures s’étaient détériorés ont également fait état de faibles intentions d’investissement (graphique 7, barres rouges). Par ailleurs, parmi ceux qui ont dit que leurs indicateurs des ventes futures n’avaient pas changé ou s’étaient améliorés, la plupart prévoient que leurs dépenses d’investissement demeureront stables ou augmenteront au cours des douze prochains mois (graphique 7, barres jaunes et vertes).
L’incertitude liée aux droits de douane et aux tensions commerciales continue de peser sur les plans d’investissement, quoique dans une moindre mesure qu’au trimestre précédent. Les effets réels des tensions commerciales passées et actuelles – notamment la demande plus faible et les coûts plus élevés des machines et du matériel importés des États-Unis – poussent davantage d’entreprises à suspendre leurs plans. Lors des activités de rayonnement du Conseil de direction en Saskatchewan, des entreprises ont souligné que les droits de douane accrus imposés par la Chine sur le canola et d’autres produits agricoles freinent les plans d’investissement dans le secteur agricole.
Graphique 7 : Les entreprises dont les perspectives de ventes sont faibles prévoient réduire leurs investissements
Les intentions d’embauche restent modérées. La plupart des entreprises n’envisagent pas d’accroître leurs effectifs au cours des douze prochains mois (graphique 8). Étant donné la faible demande, l’incertitude persistante liée aux droits de douane et les minimes pressions sur la capacité, peu d’entreprises ont besoin d’augmenter leur personnel. La proportion de répondants qui prévoient des réductions de personnel proprement dites reste semblable à celle des derniers trimestres. Toutefois, des consultations spéciales menées ce trimestre auprès d’entreprises du secteur de l’aluminium et de l’acier ont révélé que les répercussions des hausses des droits de douane américains entraînent un grand nombre de mises à pied.
Graphique 8 : La plupart des entreprises n’ont pas l’intention d’embaucher du personnel
Parallèlement aux intentions d’embauche modérées, les attentes de croissance des salaires au cours des douze prochains mois poursuivent leur tendance à la baisse (graphique 9, lignes vertes et jaunes). Elles continuent de diminuer, mais de façon moins prononcée qu’aux trimestres précédents (graphique 9, barres bleues), et s’établissent près des niveaux observés avant la pandémie de COVID‑19. Les entreprises s’attendent à ce que leurs rajustements salariaux baissent à mesure que les ajustements au coût de la vie s’atténueront et que la demande s’affaiblira.
Graphique 9 : Les attentes de croissance des salaires continuent d’afficher une tendance à la baisse
La faible demande limite les attentes concernant les prix de vente
Les entreprises continuent de faire largement état de pressions sur les coûts. Elles s’attendent encore à ce que l’augmentation des prix de leurs intrants soit plus rapide au cours des douze prochains mois qu’elle ne l’a été dans les douze derniers mois (graphique 10, ligne jaune). Les droits de douane et les tensions commerciales demeurent la principale source de pressions à la hausse sur l’augmentation attendue des prix des intrants, bien que ces pressions restent modérées. La faiblesse de la demande continue de limiter la capacité des entreprises à répercuter ces coûts sur leur clientèle. Par conséquent, de nombreux répondants s’attendent à ce que leurs prix de vente augmentent au cours des douze prochains mois à un rythme similaire à celui des douze derniers mois (graphique 10, ligne bleue). Les répondants sont moins nombreux qu’au dernier trimestre à envisager de relever leurs prix de vente en réaction aux coûts supplémentaires persistants associés aux droits de douane et aux tensions commerciales (graphique 11), même si une proportion un peu plus grande de ces répondants prévoit des hausses de prix importantes. Les entreprises qui attribuent les hausses de coûts aux droits de douane et aux tensions commerciales ont fréquemment mentionné que les prix plus élevés de l’acier et de l’aluminium avaient une incidence sur les pièces et le matériel importés.
Graphique 10 : Les entreprises s’attendent encore à ce que la croissance des prix des intrants augmente et à ce que celle des prix de vente reste stable
Graphique 11 : Un peu moins d’entreprises qu’au dernier trimestre ont augmenté leurs prix de vente à cause des tensions commerciales
Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an avoisinent maintenant 3 %; elles ont dépassé ce niveau au premier trimestre de cette année pour ensuite redescendre au deuxième trimestre (graphique 12). Les attentes d’inflation à plus long terme, quant à elles, se maintiennent autour de 2½ %. Les droits de douane restent le facteur qui influe le plus sur les attentes d’inflation. Les entreprises continuent de s’attendre à ce que les pressions à la hausse exercées directement sur l’inflation par les droits de douane soient partiellement compensées par la faible demande.
Graphique 12 : Les attentes d’inflation à court terme des entreprises sont inférieures à leur sommet atteint au début de 2025
Les résultats de l’enquête représentent des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.
L’Enquête sur les perspectives des entreprises est une publication qui contient les résultats d’une enquête menée par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada au moyen d’entrevues réalisées auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada.
Le Pouls des leaders d’entreprise est une enquête en ligne menée chaque mois par la Banque du Canada auprès de 700 à 1 000 dirigeants d’entreprises canadiennes, qui sont appelés à répondre à l’un des trois courts questionnaires de l’enquête. Pour en savoir plus sur Le Pouls des leaders d’entreprise, voir T. Chernis, C. D’Souza, K. MacLean, T. Reader, J. Slive et F. Suvankulov, The Business Leaders’ Pulse—An Online Business Survey, document d’analyse du personnel 2022-14, Banque du Canada (juin 2022).