La Banque du Canada mène chaque année l’enquête sur le système financier auprès de spécialistes en gestion des risques1. Ces spécialistes donnent leur avis sur les risques pesant sur le système financier canadien, la résilience du système, ainsi que les tendances naissantes observées. Les résultats de l’enquête permettent de comparer les avis et les travaux d’analyse de la Banque avec des opinions externes, en plus d’aider son personnel à trouver de nouveaux sujets de recherche et d’analyse.
L’enquête de 2025 a été menée entre le 10 et le 28 février auprès de 62 répondants (graphique 1). Le 2 avril, l’administration américaine a annoncé que des droits de douane généralisés seraient imposés sur les importations en provenance de plusieurs pays. À la suite de cette annonce, les marchés financiers ont connu une volatilité accrue qui n’a pas été prise en compte dans la présente enquête.
En plus des questions récurrentes, l’enquête comprenait un ensemble de questions sur des scénarios qui, s’ils se concrétisaient, pourraient entraîner une réévaluation marquée des prix du marché à court terme. La Banque se servira des renseignements obtenus des répondants à l’enquête sur ce sujet particulier pour évaluer la stabilité du système financier canadien, comme elle le fait en permanence. Le questionnaire visait à recueillir des informations sur :
- les types de circonstances susceptibles d’entraîner une réévaluation marquée des prix sur les marchés financiers au cours des six prochains mois
- le fait de savoir si les risques associés aux différentes catégories d’actifs qui sont assumés par les investisseurs sont compensés adéquatement, compte tenu des scénarios susceptibles d’entraîner une réévaluation marquée sur les marchés
- la façon dont les organisations se préparent, le cas échéant, à de tels scénarios de risque, notamment en rajustant la répartition ou la diversification géographique de leurs actifs, ou en apportant d’autres changements à leurs approches et stratégies de gestion des risques
Graphique 1 : Répondants ayant participé à l’enquête sur le système financier de 2025
Points saillants
- Les répondants étaient d’avis que la probabilité qu’un choc perturbe le système financier canadien s’était accrue depuis l’enquête de 2024. Ceux qui estimaient que la probabilité d’un choc était élevée ont mentionné des préoccupations concernant l’incidence d’éventuels changements concernant les politiques commerciales et tarifaires. Bien que les répondants considéraient que la probabilité d’un choc avait augmenté, leur confiance dans la résilience du système financier canadien demeurait forte. Voici quelques-unes des raisons données en ce sens :
- la bonne réglementation du système financier , notamment la bonne dotation en capital du secteur bancaire
- la résilience du système financier canadien face aux épisodes de turbulence passés
- Les répondants ont placé les changements apportés aux politiques commerciales et tarifaires au premier rang des risques pour les organisations. Le risque de cyberincidents a rétrogradé au second rang en importance relative, alors qu’il était au premier rang en 2024.
- En ce qui concerne les scénarios qui pourraient déclencher une réévaluation marquée des prix du marché au cours des six prochains mois, la plupart des répondants ont manifesté des préoccupations quant aux changements apportés aux politiques commerciales et tarifaires. Les répondants estimaient que la réévaluation des prix à laquelle on pourrait s’attendre dans ce scénario pourrait entraîner :
- des risques de liquidité accrus, dont des appels de marge sur les produits dérivés ou une augmentation des demandes de rachat de la part des clients
- d’éventuels problèmes de financement
- Dans l’ensemble, les répondants ont mentionné que les cours des marchés financiers ne compensaient pas suffisamment les investisseurs de leur exposition au risque dans le contexte des scénarios de risque à court terme et ont indiqué que les niveaux les plus faibles de compensation du risque étaient associés aux titres d’emprunt à haut rendement, aux actions cotées en bourse et à l’immobilier commercial.
- Au total, les répondants n’ont que légèrement modifié la répartition de leurs actifs au cours de la dernière année. Environ un tiers des répondants ont réduit leur exposition au risque en augmentant la part de leurs actifs liquides, comme les espèces et les obligations d’État, et en diminuant celle de leurs actifs plus risqués, comme les titres d’emprunt de sociétés bien notées et les titres d’emprunt à haut rendement de sociétés, ainsi que l’immobilier commercial. Les résultats de l’enquête ont révélé notamment des variations importantes entre les répondants, certains d’entre eux ayant augmenté leur exposition au risque.
- Malgré les inquiétudes accrues concernant les tensions géopolitiques, les répondants ont de manière générale peu modifié leur exposition aux risques dans l’ensemble des régions géographiques. Néanmoins, certains ont signalé une augmentation de leur exposition aux États-Unis, tandis que d’autres ont rapporté une réduction de leur exposition à la Chine.
- Bien que les répondants aient signalé avoir apporté des changements minimes à leur exposition dans toutes les catégories d’actifs et toutes les régions, ils ont mentionné d’autres changements dans leurs pratiques de gestion des risques, notamment :
- le renforcement de leurs tests de résistance au risque de liquidité
- l’amélioration de leur accès aux liquidités, notamment par la diversification des sources
- le rehaussement de leur couverture des risques baissiers
- la réduction de leur exposition au risque dans une classe d’actifs ou une région géographique donnée en se concentrant sur des actifs de meilleure qualité
- Les répondants ont jugé que le coût de l’atténuation des risques était le principal défi qu’ils devaient relever pour ce qui est de la gestion des risques; ils ont mentionné à ce sujet les coûts plus élevés associés à l’augmentation ou même au maintien de leur couverture et les rendements potentiels perdus en contrepartie de la réduction de leur exposition au risque.
Risques pesant sur le système financier
Risque global perçu et confiance
Les répondants étaient d’avis que la probabilité que survienne un choc susceptible de perturber le système financier avait augmenté à court terme (dans moins de 1 an) et à moyen terme (d’ici 1 à 3 ans) depuis l’enquête de 2024 (graphique 2). Cette hausse était plus importante pour les perspectives à court terme, la proportion de répondants estimant qu’un choc était modérément ou extrêmement probable pour cet horizon passant de 2 % à 21 %. Les répondants croyant qu’un choc était plus probable ont formulé des préoccupations similaires pour l’horizon à court terme et l’horizon à moyen terme, en ce qui concerne :
- les modifications des politiques commerciales et tarifaires
- les tensions géopolitiques
- la possibilité d’une augmentation des déficits budgétaires au Canada et aux États-Unis
- les préoccupations macroéconomiques, dont une croissance lente et une inflation accrue
- les prix élevés de l’immobilier et l’endettement élevé des ménages
- le risque d’une cyberattaque, en particulier dans le contexte d’une utilisation élargie de l’intelligence artificielle (IA)
Graphique 2 : Probabilité qu’un choc susceptible de perturber le système financier canadien se produise à court et à moyen terme
En plus de percevoir une augmentation de la probabilité d’un choc, les répondants se sont montrés encore confiants dans la résilience du système financier canadien. La confiance a très légèrement diminué, mais elle reste élevée et conforme aux résultats des enquêtes précédentes (graphique 3). Les principales raisons citées pour le maintien de cette confiance étaient semblables à celles mentionnées dans les enquêtes précédentes :
- la bonne réglementation du système financier, y compris la bonne dotation en capital du secteur bancaire
- la résilience du système financier canadien face aux épisodes de turbulence passés
Certains répondants continuaient de s’attendre à ce que les organismes de réglementation, les banques centrales et les gouvernements interviennent en cas de choc important. Ceux ayant des niveaux de confiance plus faibles ont soulevé des préoccupations quant à la capacité du gouvernement à réagir aux chocs vu les niveaux élevés de déficits budgétaires et de dette.
Graphique 3 : Confiance dans la capacité du système financier à résister à un choc majeur
Les risques les plus importants
Les répondants ont classé par ordre d’importance les trois risques qui, s’ils devaient se matérialiser au cours des trois prochaines années, auraient les conséquences les plus graves pour leur organisation. Ils ont également placé chacun de ces risques dans une catégorie générale. Le graphique 4 présente les principales catégories de risques classées selon leur score dans leur indice de risque, lequel est calculé en combinant chaque classement pondéré en fonction de la fréquence des réponses.
Graphique 4 : Principaux risques pour les organisations
Les trois plus importantes catégories de risques sont les suivantes :
- Risques économiques et politiques internationaux. Ces risques se rapportent principalement au risque de modification des politiques commerciales et tarifaires, soit le principal risque pour l’ensemble des organisations. L’indice de risque aurait augmenté encore plus si on avait pris en compte les cas où les risques liés aux droits de douane ont également été signalés dans d’autres catégories de risques, notamment les risques macroéconomiques au Canada, les risques stratégiques et ceux liés au secteur immobilier. Les répondants ont fait part de leurs inquiétudes quant à la façon dont une guerre commerciale prolongée et importante pourrait entraîner une inflation persistante, une croissance lente et une réévaluation marquée des prix sur les marchés financiers. Certains répondants ont aussi exprimé des inquiétudes concernant le risque d’intensification des tensions géopolitiques. Les répondants ont indiqué gérer ces risques :
- en ajustant leurs stratégies de couverture pour s’adapter à l’évolution des conditions du marché
- en recourant à l’analyse de scénarios et à des tests de résistance
- en maintenant des expositions diversifiées entre les régions, les secteurs et les classes d’actifs
- en conservant des niveaux suffisants de liquidités
- Risques externes. Ces risques concernent principalement la possibilité qu’un cyberincident se répercute sur les opérations ou la sécurité des données. Ce risque est passé du premier rang dans l’enquête de 2024 au deuxième rang globalement dans la présente enquête. Les répondants ont indiqué gérer les risques de cyberincident :
- en surveillant régulièrement les risques de cybersécurité, y compris l’exposition aux risques des fournisseurs tiers
- en investissant dans des projets liés à la cybersécurité
- en sensibilisant les employés
- Risques macroéconomiques pour le Canada. La possibilité d’une inflation élevée persistante et d’une récession qui pourrait entraîner une réévaluation marquée des prix sur les marchés financiers a été fréquemment mentionnée dans cette catégorie. De nombreux répondants ont mentionné que de tels risques macroéconomiques pourraient survenir à la suite de modifications des politiques commerciales et tarifaires. Ils ont souligné les effets négatifs que ces risques pourraient avoir sur le chômage, l’abordabilité des logements et l’exposition de leurs actifs financiers. Les approches des répondants en ce qui concerne la gestion de ces risques étaient semblables à celles présentées pour la catégorie des risques économiques et politiques internationaux.
Changements naissants
Les répondants ont également fait état de changements nouveaux que leur organisation a commencé à surveiller au cours des 12 derniers mois et expliqué comment ces changements pourraient influer sur les risques auxquels est confrontée leur organisation. Les changements naissants les plus fréquemment signalés se rapportent aux modifications des politiques commerciales et tarifaires et aux tensions géopolitiques. Les autres changements naissants incluaient :
- l’intelligence artificielle et d’autres risques technologiques
- Certains répondants ont exprimé des inquiétudes quant au fait que les progrès de l’IA pourraient entraîner une augmentation des risques de fraude, de cyberattaques et d’autres menaces.
- D’autres ont indiqué rechercher des cas où l’IA pourrait servir à stimuler l’efficacité et la croissance.
- les politiques et évolutions dans le secteur bancaire
- Certains répondants craignent que l’adoption accrue des services bancaires en ligne n’expose leurs organisations à plus de risques de fraude et d’atteinte à leur réputation.
- Certains répondants ont soulevé des préoccupations selon lesquelles la déréglementation possible des institutions financières aux États-Unis pourrait réduire la compétitivité des institutions financières canadiennes.
- les exigences de marge pour les produits dérivés
- Quelques répondants ont mentionné des changements potentiels concernant les pratiques de calcul des marges pour les produits dérivés non compensés centralement et ont laissé entendre que des exigences de marge plus élevées augmenteraient le coût d’utilisation de l’effet de levier2.
Scénarios qui pourraient entraîner une réévaluation marquée des prix du marché à court terme
Nous avons utilisé une section spéciale de l’enquête sur le système financier de 2025 pour mieux comprendre les types de scénarios qui pourraient entraîner une réévaluation marquée des prix du marché s’ils se concrétisaient au cours des . Nous avons demandé aux participants au marché de quelle façon ils avaient modifié leurs stratégies durant l’année pour se préparer à ces scénarios.
Plus précisément, nous avons demandé aux participants au marché de nous dire :
- les types de circonstances susceptibles d’entraîner, au cours des six prochains mois, la réévaluation des prix la plus importante sur les marchés financiers auxquels les répondants sont exposés
- si les risques associés aux différentes catégories d’actifs qui sont assumés par les investisseurs sont compensés adéquatement, au vu des cours actuels des marchés et des risques susceptibles d’entraîner une réévaluation marquée sur les marchés
- la façon dont les organisations des répondants ont modifié ou prévu de modifier la répartition de leurs actifs ou leur diversification géographique, ou encore d’autres stratégies de gestion des risques
Scénarios de risque
Parmi les scénarios de risque qui pourraient entraîner une réévaluation marquée des prix du marché au cours des six prochains mois, celui qui préoccupait le plus les répondants concernait les modifications des politiques commerciales et tarifaires. Le second scénario de risque le plus rapporté était la montée des tensions géopolitiques (graphique 5).
- Modifications des politiques commerciales et tarifaires : Pour tous les groupes de répondants, ce risque arrivait au premier rang. La principale préoccupation mentionnée était la possibilité que le monde plonge dans une guerre commerciale de longue durée sous l’effet de l’imposition par les États-Unis de droits de douane élevés sur les biens importés, et des cycles de droits de rétorsion qui s’ensuivraient. Les répondants estiment que ce scénario pourrait entraîner une détérioration des perspectives macroéconomiques et causer des tensions sur la liquidité du marché en plus de problèmes de financement.
- Montée des tensions géopolitiques : Il s’agit surtout de craintes associées à une invasion de Taïwan par la Chine, à une expansion de la Russie en Europe et aux menaces pour la souveraineté de notre pays. Les répondants ont aussi évoqué des préoccupations quant aux pressions inflationnistes dues aux perturbations potentielles des chaînes d’approvisionnement mondiales et à l’augmentation possible des déficits budgétaires.
Graphique 5 : Scénarios de risque susceptibles d’entraîner une réévaluation des prix du marché
Outre les pertes sur leurs actifs, les répondants ont indiqué d’autres façons dont leur organisation pourrait être touchée par ces types de scénarios de risque. En particulier, 39 % d’entre eux s’attendaient à des besoins de liquidités accrus et anticipaient des problèmes de financement. Plus précisément :
- De nombreux gestionnaires de fonds d’investissement se sont dits préoccupés par l’augmentation des rachats de leurs clients et la perte d’accès au financement, y compris celui obtenu par l’entremise du marché des pensions.
- Certains fonds de pension et sociétés d’assurance ont estimé qu’elles auraient besoin de plus de liquidités pour répondre aux appels de marge sur leurs produits dérivés et ont mentionné des coûts plus élevés pour l’émission de titres de dette sur les marchés publics.
- Certaines banques et coopératives de crédit ont exprimé des inquiétudes quant à de gros retraits de fonds sur les comptes de leurs clients et à des tirages importants sur leurs lignes de crédit garanties.
Parmi les répondants, 26 % s’attendaient à ce qu’un scénario de risque n’ait que des répercussions minimales sur leur organisation, voire qu’il présente des avantages potentiels pour elle. Si une réévaluation se produisait, certains gestionnaires de fonds de pension et de fonds d’investissement ont prévu d’investir avec opportunisme pour tirer profit des fluctuations des marchés. Ces répondants ont précisé qu’une période de récession ou de stagflation durable les préoccuperait davantage qu’une réévaluation des prix à court terme.
Perceptions de la compensation du risque dans différentes catégories d’actifs
Les répondants étaient en général d’avis que les risques associés à la plupart des catégories d’actifs qui sont assumés par les investisseurs ne sont pas compensés adéquatement, compte tenu de la probabilité que se réalisent les scénarios de risque décrits précédemment (graphique 6). Dans l’ensemble, les répondants estimaient que la compensation du risque la plus faible concernait les titres d’emprunt à haut rendement de sociétés, les actions cotées en bourse et l’immobilier commercial. Néanmoins, 11 % des répondants considéraient que les valorisations de ces catégories d’actifs compensaient pleinement les investisseurs de leur exposition au risque.
Les réponses variaient également selon le type de répondants :
- Les gestionnaires de fonds d’investissement et de fonds de pension, de même que les sociétés d’assurance, ont fait état de perceptions plus faibles de la compensation des risques dans le cas des titres d’emprunt de sociétés bien notées, des titres d’emprunt à haut rendement de sociétés et des actions cotées en bourse que les autres types de répondants.
- Comparativement aux autres répondants, les gestionnaires de fonds de pension et les banques estimaient que la dette privée et les actions cotées en bourse offrent des niveaux de compensation du risque plus élevés.
- Pour toutes les catégories d’actifs en dehors de l’immobilier commercial, le niveau de compensation du risque mentionné par les banques, les courtiers et les coopératives de crédit était supérieur à celui dont ont fait état les autres répondants.
Graphique 6 : Mesure dans laquelle les primes de risque compensent les investisseurs dans différentes catégories d’actifs au vu des risques à court terme pour les marchés financiers
Modifications de la répartition des actifs, de la diversification géographique et d’autres stratégies de gestion des risques
Malgré les préoccupations suscitées par les scénarios de risque précédemment identifiés et la faible compensation du risque perçue dans de nombreuses catégories d’actifs, les répondants n’ont apporté que des changements minimes à la répartition de leurs actifs au cours de l’année écoulée (graphique 7).
Les raisons de ces changements minimes variaient selon les types de répondants :
- Pour 80 % des répondants ayant des objectifs de répartition stratégique ou à long terme de leurs actifs, leur répartition actuelle était conforme à leurs objectifs à long terme3. Un grand nombre de ces répondants ont déclaré que leur composition cible était déjà bien diversifiée et adaptée à un contexte de risque accru.
- Les répondants dont la répartition existante des actifs s’écartait de leur composition cible ou qui n’avaient pas évoqué d’objectifs de composition cible à long terme ont mentionné qu’ils avaient déjà ajusté leur répartition pour privilégier les actifs plus liquides, compte tenu de leurs inquiétudes à long terme concernant les valorisations tendues des actifs4.
- De nombreux répondants ont indiqué qu’ils avaient accru leur couverture des risques baissiers plutôt que de changer la répartition de leurs actifs.
- D’autres répondants attendaient d’avoir plus de signes de matérialisation des risques avant de modifier davantage leur répartition.
Toutefois, des changements notables sont intervenus dans la répartition des actifs :
- 36 % des répondants semblaient avoir réduit leur exposition globale aux risques :
- en augmentant leur exposition à des actifs plus liquides, tels que les liquidités et les obligations d’État
- en réduisant leur exposition à certaines catégories d’actifs plus risqués, tels que les titres d’emprunt à haut rendement de sociétés, les actions cotées en bourse et l’immobilier commercial
- 16 % des répondants semblaient avoir augmenté leur exposition aux risques, en accroissant leur proportion d’actifs comme les titres d’emprunt à haut rendement de sociétés ou les actions cotées en bourse. Certains de ces répondants ont indiqué qu’ils pensaient que les politiques de déréglementation et les baisses d’impôts potentielles aux États-Unis pourraient soutenir les cours d’actifs risqués, en dépit des inquiétudes concernant la politique commerciale et les droits de douane. D’autres ont aussi mentionné que leur pondération de ces actifs était encore en deçà de leurs objectifs de répartition à long terme, même s’ils augmentaient leur proportion d’actifs plus risqués.
Graphique 7 : Variations de l’exposition aux catégories d’actifs suivantes
Les répondants ont également déclaré avoir apporté des changements minimes à leur exposition aux différentes régions géographiques au cours de cette dernière année (graphique 8). Cependant, parmi les tendances observées dans les réponses, on dégage ce qui suit :
- Au cours de l’année écoulée, 41 % des répondants ont fait état d’une augmentation de la proportion de leurs actifs américains. Cette tendance était peut-être liée en partie à la hausse des cours boursiers, plutôt qu’à de nouvelles expositions. L’accroissement de l’exposition aux États-Unis tenait notamment aux rendements supérieurs offerts par les actifs à revenu fixe américains comparativement à leurs pendants canadiens, ainsi qu’aux attentes d’une appréciation du dollar américain dans le contexte d’un scénario de risque. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, certains répondants prévoyaient aussi que les changements de politique en faveur de la déréglementation de même que les baisses d’impôts potentielles aux États-Unis soutiendraient les marchés financiers.
- Par ailleurs, 25 % des répondants ont fait part d’une réduction de leur exposition à la Chine. Il s’agissait surtout de gestionnaires de fonds de pension ou de fonds d’investissement. Ces tendances reflétaient les préoccupations exprimées dans la présente enquête ainsi que par le passé au sujet de la montée des risques géopolitiques impliquant la Chine.
Graphique 8 : Variations de la diversification géographique
Les répondants ont signalé avoir apporté d’autres changements à leurs stratégies et à leurs pratiques de gestion des risques :
- De nombreux répondants ont déclaré avoir ajouté davantage de scénarios basés sur des tests de résistance, particulièrement en ce qui a trait aux droits de douane, et avoir amélioré leurs modèles d’estimation des risques.
- Certains ont indiqué avoir élargi leur accès aux liquidités en diversifiant leurs sources de financement et en renforçant le suivi de leur exposition au risque de liquidité.
- Certains répondants ont affirmé mieux se prémunir des risques liés aux marchés des changes, des actions et du crédit en recourant, par exemple, à des options pour se protéger contre de fortes dévaluations de leurs actifs.
- En vue de réduire les risques auxquels ils étaient exposés, certains répondants ont modifié la répartition de leurs actifs dans une catégorie d’actifs donnée en se concentrant sur des émetteurs mieux notés au sein de leurs portefeuilles de crédit ou sur des actifs relevant de certaines zones situées dans une même région géographique.
Difficultés à gérer les risques à court terme pour les marchés financiers
Globalement, 60 % des répondants ont indiqué que les coûts de l’atténuation des risques ont limité leur capacité à gérer les scénarios de risque.
Les gestionnaires d’actifs ont cité :
- le coût d’opportunité de la détention d’une plus grande part de réserves de trésorerie et d’actifs liquides, qui pourrait se traduire par des rendements plus faibles
- le coût plus élevé des instruments de couverture tels que les options de vente sur les actions cotées en bourse et les contrats de couverture du risque de change
Les banques, les courtiers et les coopératives de crédit ont mentionné :
- les coûts d’exploitation
- les investissements accrus nécessaires pour un meilleur contrôle des risques
En outre, 39 % des répondants ont indiqué que le manque de produits de couverture restreignait leurs stratégies de gestion des risques. Les répondants ont cité tout particulièrement le manque :
- de solutions de rechange pour les obligations à rendement réel qui permettent de se protéger contre le risque d’inflation
- d’un marché canadien pour les swaps sur défaillance
De plus, 34 % des répondants ont indiqué que leur gestion des risques pourrait être entravée par :
- le manque de profondeur de certains marchés canadiens
- des écarts plus importants entre les cours acheteurs et vendeurs de divers actifs
- des tensions sur le marché des pensions durant des périodes de volatilité accrue
Enfin, certains répondants ont aussi fait valoir que l’incertitude entourant la manière dont un scénario de risque se produirait compliquait la gestion des risques.
Notes
- 1. Après l’édition du printemps 2022, la Banque a réduit la fréquence de l’enquête pour en faire une enquête annuelle plutôt que semestrielle. Ce changement permet au personnel de recueillir des commentaires plus étoffés en tenant plus de discussions, tout en réduisant le fardeau pour les répondants. Pour des précisions, voir Banque du Canada, « Encadré 1 : Changements de la fréquence de l’enquête sur le système financier », mai 2023.[←]
- 2. Pour d’autres renseignements sur les dispositifs de marge pour les produits dérivés ne faisant pas l’objet d’une compensation centrale, voir Banque du Canada, Points saillants de l’enquête sur le système financier – 2023 (mai 2023).[←]
- 3. Parmi les répondants, 44 % ont déclaré ne pas avoir de composition cible pour la répartition de leurs actifs. Il s’agit principalement de banques, de courtiers et de coopératives de crédit; de certains gestionnaires de fonds d’investissement, et de certains autres types de répondants. Certains gestionnaires de fonds d’investissement ont indiqué qu’ils visaient un niveau de rendement absolu, tandis que d’autres investissaient simplement en fonction des préférences de leurs clients.[←]
- 4. Les valorisations qui semblaient tendues pour certains actifs financiers constituaient l’un des deux principaux risques pour la stabilité financière qui avaient été identifiés en mai 2024. Pour en savoir plus, voir la section « En bref » du, Rapport sur la stabilité financière – 2024 de la Banque du Canada.[←]
- 5. Pour en savoir plus sur le recours par les fonds de pension à des actifs non traditionnels dans leur portefeuille, voir S. Betermier, N. Byrne, J.-S. Fontaine, H. Ford, J. Ho et C. Mitchell, « Rendement ou résilience? Un éclairage sur le changement de stratégie des gestionnaires de portefeuille des régimes de retraite au Canada », note analytique du personnel de la Banque du Canada 2021-20 (août 2021).[←]