Le gouverneur Tiff Macklem discute du conflit commercial avec les États-Unis et de ses répercussions sur l’économie canadienne. Il explique qu’il est important de rétablir l’ouverture des échanges pour les emplois, la croissance et la stabilité des prix au pays.
Le gouverneur Macklem s’adresse à la Chambre de commerce de St. John’s. Lisez le discours complet.
Les exportations ont été perturbées
Avant que le conflit commercial avec les États-Unis éclate, l’économie mondiale affichait un regain de vigueur et les exportations canadiennes se redressaient. Cependant, les droits de douane américains ont transformé le commerce au Canada de deux façons, principalement.
Les droits de douane ont eu pour effet de décaler le moment des envois
Avant que les droits de douane ne soient imposés, les exportateurs canadiens ont expédié le plus de leurs stocks possible à leur clientèle américaine. Le volume des exportations a donc grimpé au premier trimestre de 2025 et la croissance économique a aussi augmenté temporairement. Toutefois, depuis que les droits de douane américains sont appliqués, cette tendance s’est inversée et les exportations ont chuté.
Les droits de douane ont fait ressortir la nécessité de diversifier les échanges commerciaux
Ils ont incité les entreprises canadiennes à chercher de nouveaux marchés pour vendre leurs produits et services. Les échanges commerciaux avec des pays autres que les États-Unis commencent à augmenter. De plus, les droits de douane américains ont suscité un regain d’intérêt pour l’élimination des barrières commerciales entre les provinces, l’amélioration des axes de transport au sein du pays et la diversification des marchés pour les produits canadiens.
Les États-Unis seront toujours notre principal partenaire commercial, mais nous pouvons améliorer notre résilience et accroître notre prospérité en développant nos échanges à l’intérieur du pays et avec des marchés d’outre-mer. »
Le marché du travail s’est affaibli
Les droits de douane américains ont déjà causé des dommages à l’emploi dans les secteurs qui dépendent fortement des échanges commerciaux. Les entreprises canadiennes touchées par les droits de douane savaient que la demande pour leurs produits diminuerait, elles ont donc supprimé des emplois.
L’affaiblissement des exportations en raison des droits de douane et de l’incertitude est ressenti dans le reste de l’économie. Les entreprises et les ménages sont déjà devenus plus prudents. Si l’emploi diminue davantage, la demande pour de nombreux biens et services chutera.
Si les droits de douane actuels restent en place, il y aura d’autres pertes d’emploi. À plus long terme, l’emploi dépendra de la capacité des entreprises canadiennes à percer de nouveaux marchés. Il dépendra aussi des investissements publics qui seront faits dans les infrastructures nécessaires pour acheminer les biens vers ces nouveaux marchés.
Les droits de douane ont des effets sur l’inflation
En ralentissant la croissance et en entraînant des suppressions d’emploi, les droits de douane font baisser l’inflation. Mais ils font aussi augmenter les coûts, ce qui fait généralement monter les prix à la consommation. En ce moment, il est difficile de voir l’incidence directe des droits de douane, car des facteurs temporaires font osciller l’inflation. Par exemple, l’élimination de la taxe sur le carbone pour les consommateurs a retranché 0,6 point de pourcentage de l’inflation en avril, ce qui l’a fait passer sous la cible de 2 %. Cet effet provisoire fera baisser l’inflation sur un an pendant les 11 prochains mois, mais il disparaîtra par la suite.
Si on fait abstraction des facteurs temporaires et de la volatilité, l’inflation semble dépasser un peu les attentes de la Banque. Les entreprises canadiennes disent aussi qu’elles font face à des coûts plus élevés parce qu’elles doivent trouver de nouveaux fournisseurs et de nouveaux marchés. Si ces coûts étaient répercutés sur les consommateurs sous la forme de hausses de prix, cela pourrait faire monter l’inflation. En même temps, d’autres pertes d’emploi entraîneraient une baisse de l’inflation.
Le contexte des échanges commerciaux continue d’évoluer et il y a encore beaucoup d’incertitude. La Banque évalue comment les effets des droits de douane se propagent dans l’économie, tout en s’efforçant de maintenir l’inflation près de la cible de 2 %.
La meilleure façon d’éviter les pertes d’emploi et les hausses de prix causées par les droits de douane est de ne pas avoir de droits de douane. »
Le gouverneur Macklem répond aux questions des médias après son discours.