Vue d’ensemble

Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2025

L’économie canadienne s’ajuste aux importants droits de douane américains qui touchent plusieurs secteurs, et elle s’adapte à une incertitude élevée. Les droits de douane ont entraîné une baisse de la demande de biens canadiens, qui pèse sur l’économie dans son ensemble. La réorganisation du commerce mondial et de la production intérieure occasionne aussi une hausse des coûts. L’inflation globale avoisine 2 %, tandis que l’inflation sous-jacente demeure autour de 2½ %.

Avec l’entrée en vigueur des droits de douane américains et des contre-mesures tarifaires canadiennes limitées, les effets du conflit commercial sur la croissance et l’inflation au pays se précisent. Les exportations vers les États-Unis ont chuté et les investissements des entreprises ont diminué. Le changement structurel de la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis a placé l’économie sur une trajectoire plus basse. En même temps, la réorganisation du commerce mondial et la restructuration de l’économie canadienne engendrent des coûts supplémentaires et créent des pressions à la hausse sur l’inflation.

Une grande incertitude persiste quant aux droits de douane américains et à l’incidence qu’auront les changements dans les relations commerciales internationales sur la croissance économique et sur les prix à la consommation au Canada. On s’interroge notamment sur ce qui ressortira de la révision de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.

On ne sait pas non plus quelles seront les répercussions d’autres changements structurels majeurs, comme l’évolution démographique et l’adoption de l’intelligence artificielle, sur l’économie canadienne. Leurs effets sur la production et l’inflation se feront sentir pendant de nombreuses années.

La politique monétaire ne peut pas neutraliser les implications à long terme des droits de douane américains ou d’autres sources de changements structurels. Son principal objectif est de maintenir l’inflation à un niveau bas et stable.

Retour à un scénario de référence

Durant la première moitié de 2025, le conflit commercial avec les États-Unis a entraîné une forte hausse de l’incertitude. Face à un contexte imprévisible, la Banque du Canada a utilisé divers scénarios en avril et en juillet, au lieu d’un scénario de référence. Ceux-ci présentaient différentes trajectoires de la politique commerciale américaine ainsi qu’un éventail d’issues possibles pour l’économie canadienne.

Depuis l’incertitude extrême du printemps dernier, l’intention des États-Unis d’imposer des droits de douane généralisés à de nombreux pays et des droits de douane élevés à certains secteurs s’est précisée, tout comme les réactions d’autres pays. Les droits de douane étant maintenant en vigueur depuis plusieurs mois, leurs effets sur l’économie canadienne sont plus clairs. Par conséquent, le présent rapport reprend la pratique habituelle d’utiliser un scénario de référence. La projection actuelle est présentée en comparaison avec celle du Rapport de janvier, qui était la dernière livraison basée sur un scénario de référence.

Toutefois, il demeure important de prendre en considération un éventail de risques pour les perspectives plus grand qu’à l’habitude. Les États-Unis continuent d’élargir la gamme de biens visés par les droits de douane et, de façon plus générale, ces derniers pourraient tant augmenter que diminuer. De plus, le rythme et l’ampleur de la restructuration des routes commerciales et des chaînes d’approvisionnement mondiales s’éclairciront au fil du temps et auront un effet important sur la conjoncture économique à venir.

Sommaire de la conjoncture économique

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est chiffrée à 2,4 % en septembre, après être restée près de 2 % pendant plusieurs mois. L’inflation hors impôts est passée à 2,9 %, alors qu’elle était tout juste au-dessus de 2 % ces derniers mois. Les mesures privilégiées de l’inflation fondamentale sont demeurées fermement aux alentours de 3 %, tandis qu’un éventail plus large d’indicateurs tend à indiquer que l’inflation sous-jacente s’est maintenue autour de 2½ %.

L’économie canadienne s’est contractée au deuxième trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’étant inscrite à -1,6 %. Ce recul est en grande partie attribuable à l’incidence perturbatrice des droits de douane sur les exportations et de l’effet de l’incertitude accrue sur les investissements des entreprises. Selon les estimations, la croissance sera faible dans la deuxième moitié de 2025 et devrait avoisiner 0,75 % en moyenne. Même si les exportations et les investissements des entreprises continueront probablement de baisser, les dépenses des ménages et des administrations publiques devraient soutenir la croissance.

La croissance du PIB canadien devrait ensuite se raffermir graduellement et atteindre 1,4 % en moyenne tant en 2026 qu’en 2027. Cette reprise est lente pour deux raisons : les entreprises canadiennes ont besoin de temps pour s’adapter à la nouvelle donne visant le commerce international; et la faiblesse du marché du travail pèse sur les dépenses des ménages. En outre, la croissance démographique devrait demeurer faible. L’inflation mesurée par l’IPC devrait quant à elle rester près de 2 % tout au long de la période de projection.

L’économie mondiale a bien résisté à la hausse historique des droits de douane américains, mais elle montre des signes de ralentissement. Le volume des échanges est en train d’être détourné des États-Unis, les exportateurs mondiaux cherchant des moyens d’éviter les droits de douane. Le conflit commercial influe également sur les décisions d’investissement dans de nombreux pays.

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