L’évaluation de l’inflation sous-jacente

Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2025 – Point de mire

Le but de la politique monétaire est de maintenir l’inflation globale près de la cible de 2 %. Or, l’inflation peut être volatile, et il faut du temps pour que les modifications du taux directeur fassent sentir leurs effets dans l’ensemble de l’économie. D’où l’importance de distinguer, au moment d’établir la politique monétaire, les variations passagères des variations durables de l’inflation.

L’inflation sous-jacente est la composante durable – ou persistante – de l’inflation1. Elle reflète les facteurs économiques fondamentaux qui influent sur l’inflation, comme les pressions soutenues sur les coûts dans l’économie ainsi que les déséquilibres entre l’offre et la demande.

L’inflation sous-jacente n’est pas une formule et ne peut pas être mesurée avec précision. Pour la déterminer, il faut plutôt évaluer un ensemble d’indicateurs, dont les mesures de l’inflation fondamentale et celles de l’étendue de l’inflation, en plus d’analyser les catégories individuelles de l’indice des prix à la consommation (IPC).

Vu que les modifications du taux directeur mettent du temps à produire leurs effets, l’évaluation de l’inflation sous-jacente permet de s’assurer que la politique monétaire réagit aux facteurs durables influant sur l’inflation plutôt qu’aux variations temporaires des prix.

Comment l’inflation sous-jacente est évaluée

L’inflation fondamentale est l’un des indicateurs que la Banque prend en compte pour évaluer l’inflation sous-jacente. Les mesures de l’inflation fondamentale visent à faire abstraction des fluctuations à court terme, habituellement en écartant les composantes volatiles ou les fortes variations de prix.

Ces derniers mois, les mesures de l’inflation fondamentale ont généralement oscillé entre 2½ et 3¼ % (graphique 34). En septembre :

  • l’IPC-tronq a atteint 3,1 %
  • l’IPC-méd s’est maintenu à 3,2 %
  • l’IPCX s’est hissé à 2,8 %
  • l’IPC-HAEI s’est maintenu à 2,4 %

Bien que bon nombre de ces mesures aient augmenté plus tôt cette année, cette tendance à la hausse semble s’être estompée, et les taux à trois mois ont fléchi.


Les mesures de l’étendue de l’inflation aident à déterminer l’amplitude des hausses de prix des biens et services compris dans le panier de l’IPC. En septembre :

  • la part des composantes de l’IPC dont la croissance est supérieure à 3 % et celle dont la croissance est inférieure à 1 % semblent indiquer que l'inflation se situe dans une fourchette de 2 à 2½ % (graphique 35)
  • la distribution des variations de prix a continué de présenter une légère asymétrie positive, ce qui indique une inflation élevée pour plusieurs composantes de l’IPC

Somme toute, les mesures de l’inflation fondamentale et de l’étendue de l’inflation indiquent une inflation sous-jacente se situant près de 2½ %, soit en deçà du niveau de 3 % que laissaient entrevoir, à elles seules, les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque, soit l’IPC-tronq et l’IPC-méd.


Pourquoi l’inflation sous-jacente est importante

Les variations de prix causées par des facteurs temporaires comme un choc énergétique ou une sécheresse peuvent avoir une incidence importante sur l’inflation globale. Les mesures de l’inflation fondamentale permettent habituellement de faire abstraction de ce type de changements volatils des prix et de faire ressortir les tendances sous-jacentes plus stables. Or, les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque peuvent parfois donner des signaux trompeurs. C’est là que l’évaluation de l’inflation sous-jacente prend toute son importance. Elle tient compte d’un éventail beaucoup plus large d’indicateurs et montre ainsi de façon plus claire si les variations de l’inflation seront persistantes ou temporaires.

Lorsque l’évaluation de l’inflation sous-jacente concorde largement avec les signaux provenant des mesures privilégiées de l’inflation fondamentale, la Banque n’a pas besoin de donner de chiffres sur l’inflation sous-jacente.

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  1. 1. Voir R. Mendes, « L’inflation sous-jacente : distinguer les signaux du bruit », discours prononcé à la Ivey Business School de London, en Ontario, le 2 octobre 2025.[]