Déclaration préliminaire à la conférence de presse suivant la décision de politique monétaire

Bonjour. Je suis ravi d’être ici avec la première sous-gouverneure Carolyn Rogers pour parler de notre décision de politique monétaire.

Aujourd’hui, nous avons réduit le taux directeur de 25 points de base, pour le faire passer à 2,5 %.

Pendant la récente période de bouleversements commerciaux, le Conseil de direction a procédé avec prudence, en portant une attention particulière aux risques et aux incertitudes pour l’économie canadienne. Depuis la décision de juillet, trois choses ont changé l’équilibre des risques.

Premièrement, le marché du travail canadien s’est encore assoupli.

Deuxièmement, même s’il reste des signaux contradictoires, les données récentes indiquent en général que les pressions à la hausse sur l’inflation sous-jacente ont diminué.

Troisièmement, comme le Canada a levé la plupart de ses droits de douane de rétorsion, les risques à la hausse entourant l’inflation ont diminué.

Un degré considérable d’incertitude demeure. Mais étant donné que l’économie s’est affaiblie et que les risques à la hausse entourant l’inflation ont diminué, le Conseil de direction a jugé qu’une réduction du taux directeur était appropriée pour mieux équilibrer les risques dans l’avenir.

La Banque va continuer d’évaluer les risques, de faire porter ses analyses sur un horizon plus court que d’ordinaire et d’être prête à réagir à de nouveaux renseignements.

Laissez-moi parler plus en détail de ce que nous avons observé depuis juillet.

Après être demeurée résiliente face à la hausse marquée des droits de douane américains, la croissance économique mondiale montre maintenant des signes de ralentissement. Les consommateurs américains se font prudents et la croissance de l’emploi a ralenti. L’inflation américaine a augmenté ces derniers mois, les entreprises semblant répercuter une partie des coûts liés aux droits de douane sur leurs prix de vente. En Chine, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a été résiliente dans la première moitié de l’année, mais semble s’affaiblir à mesure que les investissements diminuent. 

L’économie canadienne est touchée tant par les droits de douane que par l’imprévisibilité de la politique commerciale des États-Unis.

Au deuxième trimestre, le PIB a enregistré une baisse de 1,6 %, essentiellement comme prévu. Les exportations vers les États-Unis ont nettement chuté en raison du ralentissement qui a suivi le devancement de l’activité au premier trimestre et des droits de douane qui freinent la demande américaine.

Les droits de douane ont un effet profond sur plusieurs secteurs essentiels, notamment ceux de l’automobile, de l’acier et de l’aluminium. Avec les droits chinois sur le canola, le porc et les produits de la pêche, ainsi que l’imposition de nouveaux droits sur le cuivre et l’augmentation de ceux sur le bois d’œuvre résineux par les États-Unis, d’autres secteurs subiront des effets directs des mesures tarifaires.

L’incertitude pèse également sur l’économie. Les investissements des entreprises se sont contractés au deuxième trimestre. De nombreuses entreprises nous ont dit avoir suspendu des projets d’investissement en raison de l’incertitude élevée entourant la politique commerciale américaine. Les entreprises craignent aussi que la demande au Canada s’affaiblisse à mesure que les répercussions économiques s’élargiront.

Il y a tout de même eu des signes de résilience : la consommation a été plus forte qu’escompté au deuxième trimestre et l’activité sur le marché du logement s’est accrue. Mais dans les mois à venir, la faiblesse à la fois de la croissance démographique et du marché du travail viendra vraisemblablement freiner les dépenses des ménages.

L’emploi a diminué ces deux derniers mois, faisant monter le taux de chômage à 7,1 %. Les secteurs qui dépendent du commerce avec les États-Unis ont encaissé des pertes d’emploi notables, et la croissance de l’emploi dans d’autres secteurs de l’économie a ralenti du fait que les entreprises ont réduit leurs intentions d’embauche. La croissance des salaires a continué de se modérer.

Parlons maintenant de l’inflation. En août, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est chiffrée à 1,9 % – comme lors de la publication du Rapport sur la politique monétaire de juillet – et à 2,4 % abstraction faite des taxes. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque ont tourné autour de 3 % ces derniers mois, mais les données mensuelles montrent que l’élan observé plus tôt cette année s’est essoufflé. Un plus large éventail d’indicateurs, incluant d’autres mesures de l’inflation fondamentale et la distribution des variations de prix parmi les composantes de l’IPC, continuent d’indiquer que l’inflation sous-jacente avoisinerait 2½ %.

La récente décision du gouvernement fédéral de retirer la plupart des droits de douane de rétorsion sur les biens importés des États-Unis aura pour effet d’alléger les pressions à la hausse sur les prix de ces biens dans l’avenir.

Quoi qu’il en soit, les effets perturbateurs des changements commerciaux feront monter les coûts et pèseront sur l’activité économique. Il est difficile de prédire l’ampleur des hausses de coûts, quels produits seront touchés et la façon dont elles pourraient être répercutées sur les prix à la consommation.

Vu la stabilité relative des droits de douane américains depuis quelques semaines, l’incertitude à court terme pourrait avoir légèrement diminué. Mais l’attention se tourne maintenant vers l’examen prochain de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. Les nouvelles menaces de l’administration américaine voulant qu’elle utilise les droits de douane pour exercer des pressions géopolitiques contribuent également à l’incertitude mondiale.

Lors de cette décision, le consensus était clair : réduire le taux directeur pour la première fois depuis mars. Nous continuerons d’évaluer les répercussions des droits de douane et de l’incertitude sur l’activité économique et l’inflation. Nous surveillons de près la manière dont les exportations évoluent face aux droits de douane américains et à la transformation des relations commerciales; à quel point cela a une incidence sur les investissements des entreprises, l’emploi et les dépenses des ménages; la façon dont les coûts engendrés par les perturbations commerciales et la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement sont répercutés sur les prix à la consommation; et comment évoluent les attentes d’inflation.

Notre priorité est de préserver la confiance des Canadiennes et Canadiens dans la stabilité des prix pendant cette période de bouleversements mondiaux. Nous allons soutenir la croissance économique tout en veillant à ce que l’inflation reste bien maîtrisée.

Sur ce, la première sous-gouverneure et moi répondrons avec plaisir à vos questions.

La Banque du Canada réduit le taux directeur à 2½ %

La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle réduit le taux cible du financement à un jour de 25 points de base, pour le faire passer à 2,5 %. Le taux officiel d’escompte s’établit à 2,75 %, et le taux de rémunération des dépôts, à 2,45 %.

Déclaration préliminaire à la conférence de presse suivant la décision de politique monétaire

Le gouverneur Tiff Macklem traite des principaux enjeux liés aux délibérations du Conseil de direction entourant la décision relative à la politique monétaire.