Rapport sur la politique monétaire – Déclaration préliminaire à la conférence de presse
Bonjour. Je suis ravi d’être ici avec la première sous-gouverneure Carolyn Rogers pour parler de notre décision de politique monétaire.
Aujourd’hui, la Banque a de nouveau réduit le taux directeur de 25 points de base pour le faire passer à 2¼ %. C’est une deuxième baisse de suite, qui reflète la faiblesse actuelle de l’économie et le fait que les pressions inflationnistes sont contenues.
Nous publions également aujourd’hui nos perspectives pour l’économie canadienne.
Nous avons quatre grands messages.
Premièrement, les droits de douane américains et l’incertitude commerciale ont affaibli l’économie canadienne. La croissance devrait être très modeste jusqu’à la fin de l’année, puis se redresser un peu en 2026.
Deuxièmement, même si la faiblesse de l’économie limite les hausses de prix, le conflit commercial entraîne aussi des coûts supplémentaires pour beaucoup d’entreprises. Ça crée des pressions à la hausse sur l’inflation. Ces forces opposées devraient plus ou moins s’équilibrer, ce qui gardera l’inflation proche de la cible de 2 %.
Troisièmement, pour soutenir l’économie durant cette période d’ajustement, nous avons réduit le taux directeur de 50 points de base avec nos deux dernières décisions. Au total, c’est 100 points de base depuis le début de l’année.
Enfin, la faiblesse que nous observons dans l’économie canadienne est plus qu’un ralentissement cyclique. C’est aussi une transition structurelle. Le conflit commercial avec les États-Unis a affaibli les perspectives économiques du Canada. Les dommages structurels causés par les droits de douane réduisent notre capacité de production et amènent des coûts supplémentaires. Ça limite la capacité de la politique monétaire à stimuler la demande tout en maintenant l’inflation à un niveau bas.
Pour la première fois depuis janvier et le début du conflit commercial, la Banque publie une prévision de référence pour la croissance économique et l’inflation, plutôt que différents scénarios. Nous vivons avec les droits de douane américains depuis maintenant plus de six mois et, bien que la politique commerciale des États-Unis demeure imprévisible, ses conséquences, elles, apparaissent plus clairement.
Laissez-moi vous en dire plus sur les évolutions économiques que nous observons et leur place dans nos délibérations.
Même si l’économie mondiale s’est montrée résiliente face à la hausse des droits de douane américains et à l’incertitude accrue, les conséquences deviennent plus évidentes. Les relations commerciales sont en train de se redessiner, et l’incertitude modère les investissements dans de nombreux pays.
Au Canada, les conséquences de la politique commerciale américaine se font déjà clairement sentir. Le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 1,6 % au deuxième trimestre, les droits de douane et l’incertitude ayant plombé les exportations et les investissements des entreprises. Les mesures commerciales américaines ont de profonds effets sur les secteurs visés, dont ceux de l’automobile, de l’acier, de l’aluminium et du bois d’œuvre. Les dépenses des ménages ont été résilientes au deuxième trimestre, avec des dépenses de consommation vigoureuses et une augmentation de l’investissement résidentiel.
Le marché du travail est détendu. Les gains enregistrés en septembre faisaient suite à deux mois de pertes substantielles. Les pertes d’emplois ont été concentrées dans les secteurs sensibles au commerce, et l’embauche a été faible dans l’ensemble de l’économie. Le taux de chômage est resté à 7,1 % en septembre, et la progression des salaires a ralenti.
Dans la deuxième moitié de l’année, la croissance du PIB devrait reprendre, mais demeurer faible, avoisinant ¾ % en moyenne. Elle devrait ensuite se redresser sur une base trimestrielle en 2026 à la faveur de la reprise des exportations et des investissements, pour tourner autour de 1½ % en moyenne d’ici 2027. Cela suppose que l’offre excédentaire ne se résorbera que graduellement.
Même si la croissance se redresse, la trajectoire globale du PIB est plus faible qu’elle ne l’était avant le revirement de la politique commerciale américaine. D’ici la fin de 2026, le PIB sera inférieur d’environ 1½ % à ce qui était prévu en janvier. Environ la moitié de cette révision à la baisse s’explique par la capacité perdue à cause de la perturbation du commerce; l’autre moitié est attribuable à l’affaiblissement de la demande.
L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) en septembre a été légèrement supérieure à ce qu’avait anticipé la Banque, se chiffrant à 2,4 %. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque se sont maintenues autour de 3 %, mais la poussée haussière s’est essoufflée. L’analyse d’un plus large éventail d’indicateurs semble indiquer que l’inflation sous-jacente avoisine 2½ %. La Banque s’attend à ce que les pressions inflationnistes s’atténuent dans les mois à venir, et à ce que l’inflation mesurée par l’IPC reste près de 2 % au cours de la période de projection.
Pourvu que l’économie évolue de manière généralement conforme aux prévisions du Rapport sur la politique monétaire, le Conseil de direction considère que le taux directeur actuel est essentiellement au niveau approprié pour garder l’inflation près de 2 % tout en aidant l’économie à traverser cette période d’ajustement structurel. Nous allons évaluer attentivement les nouvelles données par rapport aux prévisions de la Banque.
La politique commerciale américaine demeure imprévisible, comme nous l’ont rappelé les événements de la fin de semaine. Il subsiste encore une grande incertitude, tant au sujet des droits de douane américains que de leurs répercussions. L’éventail des issues possibles est plus large que d’ordinaire, et nous devons faire preuve d’humilité par rapport à nos prévisions. Si les perspectives changent, nous sommes prêts à réagir.
Les entreprises et les ménages canadiens ressentent les conséquences de la montée du protectionnisme américain. C’est difficile, et l’incertitude actuelle aggrave les choses. Depuis des mois, nous insistons pour dire que la politique monétaire ne peut pas réparer les dommages causés par les droits de douane. Les frictions commerciales accrues avec les États-Unis vont entraîner pour notre économie une perte d’efficience, des coûts plus élevés et des revenus plus bas. La politique monétaire peut aider l’économie à s’ajuster tant que l’inflation est bien maîtrisée. Mais elle ne peut pas la remettre sur la même trajectoire qu’avant les mesures tarifaires.
La priorité de la Banque est de préserver la confiance des Canadiennes et Canadiens dans la stabilité des prix pendant cette période de bouleversements mondiaux.
Sur ce, la première sous-gouverneure et moi répondrons avec plaisir à vos questions.