Résultats de l’enquête du 3e trimestre de 2025 | Vol. 6.3 | 20 octobre 2025
La présente enquête a été menée auprès d’un panel en ligne du 31 juillet au 21 août 2025, avant que le gouvernement canadien annonce le retrait de certaines contre-mesures tarifaires. Des entrevues de suivi ont été réalisées par téléphone du 22 au 28 août 2025.
Vue d’ensemble
- Les droits de douane et les tensions commerciales continuent d’influer sur les projets de dépenses des consommateurs et la façon dont ils perçoivent leur santé financière. De nombreux répondants à l’enquête ont dit vouloir privilégier les vacances au Canada et l’achat de produits canadiens.
- Les répondants ont constaté une nouvelle détérioration des conditions du marché du travail au troisième trimestre, en partie à cause d’une forte baisse des perspectives d’embauche dans le secteur public.
- Les consommateurs s’attendent encore à ce que les droits de douane engendrent des pressions inflationnistes. Les attentes d’inflation à court terme demeurent supérieures à leurs moyennes d’avant la pandémie, et celles à long terme ont de nouveau augmenté. Bon nombre de répondants considèrent que les droits de douane sont le principal facteur entravant la capacité de la Banque du Canada à maîtriser l’inflation.
- Dans l’ensemble, l’indicateur de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada (l’« indicateur de l’enquête ») – une mesure qui synthétise l’opinion des consommateurs canadiens quant à leurs projets de dépenses, le marché du travail et leurs finances personnelles – a quelque peu augmenté au troisième trimestre par rapport au creux touché récemment. De légères améliorations du côté de la santé financière et des intentions d’achat des ménages ont contribué à cette hausse, tandis que la perception des conditions du marché du travail est demeurée négative.
Le conflit commercial continue de peser sur les finances et les intentions d’achat des consommateurs
L’indicateur de l’enquête a quelque peu augmenté au troisième trimestre (graphique 1)1. La perception qu’ont les consommateurs de leur santé financière s’est améliorée, et leurs intentions d’achat sont un peu moins négatives. Malgré cette légère remontée, l’indicateur reste inférieur aux niveaux observés avant le conflit commercial avec les États-Unis et bien en deçà de sa moyenne historique.
Graphique 1 : L’indicateur de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada s’est légèrement amélioré, mais reste bas
Les répondants se sont généralement dits moins pessimistes quant à leur santé financière au troisième trimestre (graphique 2). Ils sont plus nombreux qu’au trimestre précédent à croire que leur situation financière s’est améliorée depuis le troisième trimestre de 2024 (graphique 2, barres bleues) et qu’ils sont moins susceptibles de manquer un remboursement de dette (graphique 2, barres orange). Toutefois, les consommateurs trouvent encore que les droits de douane et l’incertitude commerciale pèsent sur leur santé financière. Par conséquent, l’indice de santé financière de l’enquête reste bas par rapport aux niveaux observés avant le conflit commercial. L’ampleur du pessimisme se reflète également dans l’indice de santé financière, dont toutes les composantes sont plus faibles que leur moyenne historique.
Graphique 2 : Les consommateurs perçoivent une légère amélioration de leur santé financière
La perception qu’ont les consommateurs de leur situation financière varie selon leur point de vue quant aux répercussions du conflit commercial. La plupart pensent que les pires effets des tensions commerciales sur l’économie sont à venir. Ces mêmes consommateurs sont ceux qui se sentent en moins bonne santé financière (graphique 3).
Graphique 3 : Les consommateurs qui pensent que les effets les plus graves des tensions commerciales ne se sont pas encore matérialisés ont une perception moins favorable de leur santé financière
Les intentions d’achat des consommateurs ont aussi quelque peu augmenté. Cette augmentation est surtout attribuable aux personnes qui considèrent leur situation financière comme stable ou meilleure par rapport au troisième trimestre de 2024 (graphique 4). Selon un répondant, des facteurs comme la diminution des prix à la pompe aident aussi : « Oui, le prix de l’essence a baissé. C’est pour ça qu’on dépense plus. »
Graphique 4 : Les intentions d’achat se sont améliorées pour les consommateurs qui voient leur santé financière comme meilleure ou stable
La hausse des intentions d’achat se concentre chez les consommateurs qui ont accumulé plus de richesse, comme les propriétaires et les personnes âgées. Ces intentions ont toutefois baissé parmi les groupes qui détiennent généralement moins de richesse, comme les jeunes et les personnes dont le plus haut niveau de scolarité est le secondaire.
Bien qu’elles s’améliorent dans l’ensemble, les intentions d’achat restent faibles. En ce qui concerne les articles non essentiels – comme les biens durables (p. ex., meubles, appareils électroménagers), les repas au restaurant et les vacances –, ces intentions sont demeurées basses et n’ont pratiquement pas changé comparativement au trimestre précédent. Environ la moitié des consommateurs voient encore des obstacles à leurs dépenses. Le graphique 5 montre que les facteurs en cause les plus mentionnés dans le cadre de l’enquête sont :
- les prix élevés de nombreux biens et services
- l’incertitude économique
- les coûts élevés du logement
Depuis l’amorce du conflit commercial, au début de 2025, la part des consommateurs pour qui l’incertitude économique modère grandement les intentions d’achat a augmenté de façon notable (graphique 5). Un répondant a déclaré ceci : « Les droits de douane en soi produisent des effets, mais l’incertitude aussi. »
Graphique 5 : Les prix élevés, l’incertitude économique et les coûts du logement continuent de peser sur les dépenses
Le conflit commercial continue également d’influencer les habitudes d’achat des consommateurs. Comme au trimestre précédent, ceux-ci ont continué de privilégier l’achat de produits canadiens et les vacances au pays. Parallèlement, ils comptent dépenser moins dans des biens fabriqués aux États-Unis et des vacances au sud de la frontière (graphique 6). Cependant, les différences de prix entre les biens fabriqués au Canada et ceux fabriqués à l’étranger restent un facteur décisif pour bien des gens. Les trois quarts des répondants ont dit ne pas vouloir payer au-delà de 10 % de plus pour un produit fabriqué au Canada. Par exemple, l’un d’eux a dit : « Je m’efforce davantage d’acheter des produits canadiens. Je dirais que je suis prêt à payer plus ces jours-ci pour des produits fabriqués au pays. Mais pas tant que ça. Je dirais de 5 à 10 % de plus, maximum. »
Graphique 6 : Les consommateurs privilégient les produits fabriqués au Canada et les vacances au pays plutôt qu’aux États-Unis
Le conflit commercial façonne également l’opinion des consommateurs sur l’économie en général. Environ les deux tiers – soit une part beaucoup plus élevée qu’avant le début du conflit commercial – s’attendent maintenant à ce que l’économie canadienne entre en récession au cours des 12 prochains mois. Un répondant a déclaré : « Je pense vraiment qu’on est en récession, ou qu’on va l’être très bientôt et que les choses vont être graves. Je ne crois pas que la situation va s’améliorer avant un bon bout de temps. »
Les consommateurs font état d’une nouvelle détérioration du marché du travail
Contrairement aux indices de santé financière et des dépenses de consommation, qui se sont quelque peu améliorés par rapport au trimestre précédent, l’indice du marché du travail a baissé (graphique 7). Au troisième trimestre de 2025, les répondants ont dit être moins susceptibles de quitter volontairement leur emploi ou d’en trouver un. Cette baisse ne semble pas liée au conflit commercial.
Graphique 7 : Les consommateurs signalent une probabilité plus faible de quitter leur emploi ou d’en trouver un
En particulier, les travailleurs du secteur public ont déclaré, au moment de l’enquête, qu’ils seraient moins susceptibles de trouver un autre emploi, possiblement en raison de l’examen exhaustif des dépenses du gouvernement fédéral (graphique 8). L’une des réponses obtenues dans les entrevues de suivi en témoigne : « La priorité du gouvernement, c’est de freiner les dépenses, et ça a un effet direct sur la dotation en personnel. C’est frustrant parce que je veux rester dans le secteur public et servir la population canadienne, mais les occasions se font de plus en plus rares. »
Graphique 8 : La baisse des perspectives d’embauche est plus prononcée chez les travailleurs du secteur public
La probabilité de perte d’emploi dont ont fait état les répondants a légèrement baissé au troisième trimestre. Elle reste cependant plus élevée qu’avant le début du conflit commercial, plus tôt en 2025. Cette vive préoccupation se concentre chez les travailleurs des secteurs qui dépendent fortement des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis. Ces personnes ont mentionné les facteurs suivants comme étant ceux qui influencent le plus le risque qu’elles perdent leur emploi :
- les perspectives économiques
- les conditions commerciales dans leur secteur
Dans les entrevues de suivi, une personne a dit : « Je m’inquiète de l’incidence des droits de douane et des tensions commerciales sur le marché du travail, parce que si on a des mises à pied de masse dans nos secteurs de l’acier et de l’automobile, ça va avoir un effet domino sur le reste de l’économie. »
Beaucoup de consommateurs s’attendent toujours à ce que les droits de douane engendrent des pressions inflationnistes
Les attentes d’inflation à court terme des consommateurs n’ont presque pas changé au troisième trimestre et restent supérieures à leurs moyennes prépandémiques (graphique 9, ligne jaune et ligne verte). Les attentes d’inflation à l’horizon de cinq ans ont encore augmenté ce trimestre, mais demeurent près de leur moyenne prépandémique (graphique 9, ligne rouge).
Pendant les entrevues de suivi, certains répondants ont mentionné que les droits de douane pourraient considérablement faire monter les prix au Canada. Une personne a commenté : « À cause des droits de douane, beaucoup de choses au Canada coûtent généralement plus cher qu’elles le devraient. »
Plus particulièrement, l’opinion des répondants sur les droits de douane les amène à anticiper des hausses marquées des prix des véhicules automobiles au cours des 12 prochains mois. Résultat : les attentes d’inflation à ce sujet – qui avaient déjà nettement augmenté au deuxième trimestre –demeurent aussi élevées qu’elles l’étaient après l’arrivée des problèmes de chaîne d’approvisionnement causés par la pandémie de COVID-19. « Les stocks de véhicules à vendre en ce moment ont été achetés [par les concessionnaires] avant l’entrée en vigueur des droits de douane. Quand ces stocks vont être écoulés, on va voir un très gros impact sur les prix des véhicules », a déclaré un répondant à l’enquête.
Graphique 9 : Les attentes d’inflation à court terme des consommateurs ont peu changé
Par rapport au deuxième trimestre, les répondants sont un peu plus nombreux à penser que les droits de douane sont le facteur le plus important qui entrave la capacité de la Banque à maîtriser l’inflation (graphique 10). De plus, environ 70 % des consommateurs pensent que les effets les plus graves des tensions commerciales sur l’inflation ne se sont pas encore matérialisés.
Graphique 10 : Beaucoup de consommateurs croient que les droits de douane sont le principal facteur qui entrave la capacité de la Banque du Canada à maîtriser l’inflation
Notes
- 1. Pour en savoir plus sur l’indicateur de l’enquête, voir J. Dolinar, P. Sabourin et M. West, « Synthétiser les signaux se dégageant de l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada », document d’analyse du personnel 2025‑11 de la Banque du Canada (juillet 2025).[←]
L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.