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Déclaration préliminaire devant le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce

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Monsieur le Président, distingués membres du Comité, bonjour. J’ai le plaisir de vous présenter Tiff Macklem, qui assume la fonction de premier sous-gouverneur de la Banque du Canada depuis le 1er juillet dernier. Nous sommes ravis de vous rencontrer aujourd’hui pour discuter du point de vue de la Banque du Canada au sujet de l’économie et de l’orientation de la politique monétaire. Avant de répondre à vos questions, permettez-moi de vous donner un aperçu de la plus récente livraison du Rapport sur la politique monétaire, qui a été publiée la semaine dernière.

  • La reprise mondiale entre dans une nouvelle phase. Dans les économies avancées, les facteurs temporaires favorisant la croissance en 2010 – tels que le cycle des stocks et la demande refoulée – ont déjà fait sentir leurs effets en grande partie, et les stimulants budgétaires feront place à l’assainissement budgétaire pendant la période de projection.
  • La Banque prévoit que la demande privée dans les économies avancées se raffermira suffisamment pour soutenir la reprise. Toutefois, elle s’attend à ce que la conjugaison de la dynamique difficile sur le marché du travail et de la réduction du levier d’endettement en cours dans bon nombre de ces économies modère le rythme de la croissance par rapport à celui qui était projeté.
  • Ces éléments donneront lieu à une reprise plus faible qu’escompté, en particulier aux États-Unis.
  • L’expansion des économies de marché émergentes devrait ralentir et s’établir à une cadence plus soutenable, à mesure que les politiques budgétaire et monétaire seront resserrées. Les tensions accrues sur les marchés des changes et les risques connexes associés aux déséquilibres mondiaux pourraient se traduire par une reprise plus lente et plus difficile à l’échelle du globe.
  • Les perspectives de l’économie canadienne ont changé. La Banque estime que la reprise économique sera plus graduelle qu’elle ne l’avait projeté en juillet et que la croissance de l’économie s’établira à 3,0 % en 2010, à 2,3 % en 2011 et à 2,6 % en 2012. Ce profil de croissance plus modeste reflète une reprise mondiale plus graduelle et un profil plus modéré des dépenses des ménages.
  • Dans l’ensemble, la composition de la demande au Canada devrait se déplacer des dépenses des administrations publiques et des ménages vers les investissements des entreprises et les exportations nettes. La vigueur de ces dernières sera sensible aux mouvements de change, au regain de croissance attendu de la productivité et aux perspectives d’évolution de la demande extérieure.
  • L’inflation au Canada a été légèrement inférieure à la projection de juillet de la Banque. La modération récente de l’inflation mesurée par l’indice de référence cadre avec la persistance d’une offre excédentaire importante et le ralentissement de la croissance des coûts unitaires de main-d’oeuvre.
  • La Banque juge que l’écart de production est un peu plus marqué et que l’économie retournera à son plein potentiel d’ici la fin de 2012, plutôt qu’au début de cette année-là comme elle l’avait anticipé en juillet.
  • Les perspectives en matière d’inflation ont été révisées à la baisse et on prévoit maintenant que tant le taux d’augmentation de l’IPC global que celui de l’indice de référence convergeront à 2 % d’ici la fin de 2012, à la faveur de la résorption graduelle de l’offre excédentaire dans l’économie et des attentes d’inflation qui demeurent fermement ancrées.
  • Ces perspectives demeurent entachées de risques considérables. Les trois principaux risques à la hausse en matière d’inflation sont liés à la montée prévue des cours des produits de base, à une reprise de l’économie américaine qui serait plus vigoureuse qu’anticipé et à la possibilité d’un dynamisme plus marqué que prévu au sein du secteur canadien des ménages.
  • Ces risques à la hausse sont contrebalancés par trois risques à la baisse ayant trait à la compétitivité du Canada sur la scène internationale, aux perspectives de croissance de l’économie mondiale et à la possibilité d’une correction plus prononcée dans le marché canadien du logement. Ces risques sont équilibrés.
  • En réaction à la récession prononcée et synchronisée à l’échelle du globe, la Banque a abaissé rapidement le taux cible du financement à un jour en 2008 et au début de 2009 pour l’établir au plus bas niveau possible. Elle a presque doublé son bilan afin de fournir des liquidités exceptionnelles au secteur financier. Grâce à l’engagement conditionnel qu’elle a pris, elle a aussi donné des indications extraordinaires quant à la trajectoire probable du taux directeur. Ces politiques ont fourni une impulsion additionnelle considérable pendant une période marquée par une conjoncture économique très défavorable et des risques importants à la baisse pesant sur l’économie canadienne.
  • Grâce au rétrécissement initial rapide de l’écart de production, au retour de l’emploi au niveau observé avant la crise, à la grande efficacité de la transmission de la politique monétaire au Canada et à la vigueur soutenue du crédit aux ménages, de telles politiques d’urgence ont cessé d’être nécessaires.
  • Depuis le printemps, la Banque s’est désengagée de ses dernières mesures exceptionnelles d’octroi de liquidités, a mis fin à son engagement conditionnel et a relevé le taux du financement à un jour pour le porter à 1 %.
  • Le 19 octobre 2010, la Banque a maintenu le taux cible du financement à un jour à 1 %. Cette décision laisse en place un degré de détente monétaire considérable, compatible avec l’atteinte de la cible d’inflation de 2 % dans un contexte caractérisé par une offre excédentaire importante au Canada.
  • En cette période de transition de la reprise mondiale et étant donné l’affaiblissement des perspectives aux États-Unis, les contraintes qui commencent à modérer la croissance des économies de marché émergentes et les considérations internes qui devraient ralentir la consommation et l’activité dans le secteur du logement au Canada, toute nouvelle réduction du degré de détente monétaire devra être évaluée avec soin.

Sur ce, Tiff et moi serons heureux de répondre à vos questions.