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Résultats de l’enquête de l’été 2018 | Vol. 15.2 | 29 juin 2018

Reflet de la demande soutenue anticipée, les résultats de l’enquête de l’été montrent que les répondants demeurent optimistes, surtout ceux qui sont en dehors des régions productrices d’énergie. Dans ce contexte, les entreprises font état de pressions croissantes sur la capacité et les prix.

Vue d’ensemble

  • Bien que des entreprises s’attendent à un ralentissement du rythme de croissance de leurs ventes, les perspectives à ce chapitre demeurent robustes, en raison de la vigueur de la demande étrangère et intérieure, et du renchérissement de certains produits de base.
  • Malgré un léger recul, les intentions d’investissement restent fermes, motivées par la demande soutenue et l’intensification des pressions sur la capacité. L’indicateur relatif à l’emploi a poursuivi sa tendance à la hausse, ce qui donne à penser que les intentions d’embauche sont généralisées d’un bout à l’autre du pays.
  • De plus en plus de répondants font état de pressions sur la capacité de production et de pénuries de main-d’œuvre, surtout en dehors des régions productrices d’énergie.
  • Dans l’ensemble des régions et des secteurs, les répondants continuent d’escompter une progression plus rapide du prix de leurs intrants. Les conditions de la demande étant avantageuses dans certaines régions, un nombre accru d’entreprises sont en mesure de répercuter sur les extrants les pressions exercées sur leurs coûts. Les attentes d’inflation ont augmenté de nouveau, mais elles restent concentrées à l’intérieur de la fourchette de maîtrise de l’inflation visée par la Banque.
  • La plupart des entreprises n’ont signalé aucun changement dans les conditions du crédit.
  • L’indicateur de l’enquête a augmenté pour avoisiner des niveaux records, ce qui témoigne de l’optimisme généralisé des entreprises. Il est à noter que la quasi-totalité des entrevues ont eu lieu avant que l’administration américaine annonce, le 31 mai dernier, l’imposition de droits tarifaires aux importations d’acier et d’aluminium provenant du Canada.

Activité économique

Porté par la vigueur de l’activité économique au pays et à l’étranger ainsi que par la persistance de la reprise dans le secteur énergétique, le solde des opinions concernant la croissance passée des ventes s’est accru dans l’enquête de l’été, pour atteindre son niveau le plus élevé depuis 2012 (graphique 1). Plusieurs répondants – en particulier les entreprises tournées vers le marché intérieur, dont celles qui sont liées au secteur du logement dans certaines régions – s’attendant à une modération de la croissance de leurs ventes, le solde des opinions au sujet de la progression future des ventes a reculé (graphique 2, barres bleues). Il est maintenant légèrement positif, signe que les répondants estiment que le rythme d’expansion de leurs ventes variera peu au cours des 12 prochains mois. Néanmoins, des entreprises de partout au pays ont signalé une amélioration des indicateurs des ventes futures, comme les carnets de commandes et les demandes de renseignements (graphique 2, courbe rouge). Celles qui sont optimistes quant à leurs perspectives de vente comptent pour la plupart tirer profit de la vigueur de la demande étrangère ou intérieure, du renchérissement des produits de base, ou du lancement de nouveaux produits ou projets pour accroître leurs parts de marché.

Graphique 1 : Croissance passée des ventes

Graphique 2 : Croissance future des ventes

Par ailleurs, les entreprises qui ont des clients à l’étranger ont déclaré que leur carnet de commandes est mieux garni qu’il y a 12 mois, et elles prévoient que leurs exportations progresseront plus rapidement durant l’année qui vient. Les répondants s’attendent généralement à une forte croissance de l’économie aux États-Unis, beaucoup motivant leurs anticipations par les baisses d’impôt des sociétés et les conditions favorables sur les marchés du travail de ce pays. De fait, de nombreuses entreprises – notamment les fournisseurs des secteurs de l’énergie et de la construction – croient que l’expansion de l’économie américaine aura des effets positifs sur leurs ventes. Toutefois, plusieurs répondants ont indiqué que des vents contraires, comme les contraintes de capacité (notamment les pénuries de main-d’œuvre), la concurrence et les barrières commerciales, réduisaient leurs perspectives de vente à l’étranger.

Les répondants sont moins nombreux qu’au printemps à envisager d’accroître leurs investissements en machines et matériel, mais leurs intentions demeurent fermes (graphique 3). Les projets en ce sens sont concentrés au sein des entreprises qui ont signalé une amélioration de leurs perspectives de vente et une intensification des pressions sur la capacité, et ils sont plus fréquents dans le secteur des services. Plusieurs répondants, souvent des exportateurs, envisagent de réduire leurs dépenses, ayant bouclé depuis peu d’importants projets. De nombreuses entreprises ont dit remettre en question leur volonté d’investir en raison du contexte réglementaire.

Graphique 3 : Intentions d’investissement

L’indicateur des intentions d’embauche poursuit une tendance haussière (graphique 4) et donne à penser que les projets visant à accroître les effectifs – généralement dans une faible mesure – dans les 12 prochains mois sont répandus. La plupart du temps soutenues par la croissance attendue des ventes, les intentions d’embauche sont encore manifestes dans toutes les régions et tous les secteurs, particulièrement celui des services. Plusieurs entreprises, surtout en Colombie-Britannique et au Québec, ont affirmé que les pénuries de main-d’œuvre nuisaient au recrutement.

Graphique 4 : Intentions d’embauche

Pressions sur la capacité de production

L’indicateur des pressions sur la capacité de production est remonté, le nombre d’entreprises qui disent éprouver de sérieuses difficultés à répondre à une hausse inattendue de la demande ayant atteint un niveau inégalé depuis avant la récession de 2008-2009 (graphique 5). Cependant, les contraintes restent modérées dans les régions productrices d’énergie (encadré 1). Les pressions sont encore associées en grande partie à la main-d’œuvre et se font davantage sentir dans le secteur de la production de biens. Les entreprises s’attendent à avoir encore plus de mal à répondre à la demande au cours des prochains mois. À titre d’exemple, elles citent souvent le renforcement escompté de leurs activités de vente combiné à un recrutement de plus en plus difficile.

Graphique 5 : Pressions sur la capacité de production

Les indicateurs de pénuries de main-d’œuvre signalent une intensification des tensions sur les marchés du travail. Le nombre d’entreprises déclarant avoir de la difficulté à répondre à la demande en raison de telles pénuries a augmenté et se situe tout juste au-dessus de sa moyenne historique (graphique 6, barres bleues). Cette situation s’observe principalement en Colombie-Britannique, mais elle est aussi courante dans le centre du Canada. Certains répondants touchés par le manque de personnel comptent majorer les salaires. Pour un cinquième trimestre d’affilée, les entreprises ont indiqué que, dans l’ensemble, les pénuries de main-d’œuvre sont plus prononcées qu’elles ne l’étaient 12 mois auparavant (graphique 6, courbe rouge).

Graphique 6 : Pénuries de main-d’œuvre

Prix et inflation

Pour un troisième trimestre consécutif, le solde des opinions relatif au prix des intrants est positif (graphique 7), les répondants de toutes les régions et de tous les secteurs estimant que la progression de leurs coûts s’accélérera. Plusieurs entreprises font état de pressions à la hausse imputables aux intrants hors produits de base, notamment l’augmentation des coûts de sous-traitance souvent liés à la construction. De plus, les répondants anticipent un renchérissement plus rapide de certains produits de base.

Graphique 7 : Prix des intrants

Les répondants prévoient que dans les 12 prochains mois, le prix des extrants augmentera à un rythme plus rapide que pendant les 12 mois précédents, comme en témoigne le solde des opinions positif (graphique 8). Certaines entreprises, surtout de la Colombie-Britannique et du Québec, ont mentionné que le raffermissement de la demande leur permettra de répercuter sur leurs clients la hausse des prix des produits de base, des coûts de main-d’œuvre et des autres intrants hors main-d’œuvre. La concurrence demeure le principal facteur qui limite la capacité des entreprises de majorer leurs prix.

Graphique 8 : Prix des extrants

Les attentes d’inflation, qui avaient augmenté à l’enquête du printemps, se sont encore accrues mais demeurent à l’intérieur de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque (graphique 9). Une majorité d’entreprises pensent que l’inflation mesurée par l’IPC se situera dans la moitié supérieure de cette fourchette au cours des deux prochaines années. Elles attribuent la plupart du temps l’intensification des pressions inflationnistes aux récentes hausses des prix du pétrole et des coûts de main-d’œuvre (y compris du salaire minimum).

Graphique 9 : Attentes d’inflation

Conditions du crédit

Même si le solde des opinions est légèrement négatif (graphique 10) et semble indiquer un faible assouplissement des conditions du crédit ces trois derniers mois, la majorité des répondants estiment que les modalités de financement sont demeurées inchangées. Dans l’ensemble, la plupart des entreprises ont répondu qu’il était facile ou relativement facile d’obtenir du crédit.

Graphique 10 : Conditions du crédit

Indicateur de l’enquête

L’indicateur de l’enquête a augmenté depuis le printemps et avoisine maintenant des niveaux records (graphique 11), ce qui témoigne de l’optimisme généralisé des entreprises. Cette situation tient au fait que les résultats obtenus pour la plupart des questions de l’enquête dépassent leurs moyennes historiques.

Graphique 11 : Indicateur de l’enquête

Encadré 1 : L’intensification des pressions sur la capacité est imputable à la hausse tendancielle qu’affichent les contraintes de main-d’œuvre

Afin de mieux comprendre la nature des pressions sur la capacité de production (indicateur présenté au graphique 5), on demande aux entreprises qui s’attendent à éprouver quelques difficultés ou de sérieuses difficultés à répondre à une hausse inattendue de la demande d’énumérer les principaux goulots d’étranglement. Depuis l’introduction de cette question dans l’enquête de l’hiver 2004-2005, les contraintes les plus souvent évoquées sont la pleine utilisation de la main-d’œuvre, les limites liées aux ressources physiques (p. ex., matériel, espaces insuffisants) et l’incapacité de recruter du personnel au salaire actuel (graphique 1‑A). Parmi les contraintes moins fréquemment citées, il convient de noter les pénuries de matières premières ainsi que les obstacles liés à la réglementation, au transport et à la logistique.

Graphique 1-A : Les mentions d’obstacles liés à la main-d’œuvre touchent ou avoisinent des niveaux records

La proportion d’entreprises disant subir des contraintes liées aux ressources physiques a lentement progressé depuis la récession de 2008-2009. Les pénuries de main-d’œuvre ont été invoquées de façon cyclique, une baisse à ce chapitre ayant été observée durant la récession, puis en 2015, dans le sillage du ralentissement du secteur de l’énergie. Depuis l’été 2017, davantage d’entreprises font état de contraintes de capacité, principalement associées aux pénuries de main-d’œuvre, qui ont atteint des niveaux élevés dans la présente enquête. Toutefois, le rôle joué par les entreprises des régions productrices d’énergie est moins important qu’il ne l’était lors des périodes antérieures marquées par de fortes pressions sur les capacités. Aujourd’hui, les contraintes se font surtout sentir en Colombie-Britannique et dans le centre du Canada (graphique 1‑B), où la demande est vigoureuse.

Graphique 1-B : Les pressions sur la capacité sont concentrées à l’extérieur des régions productrices d’énergie

Bien des entreprises mentionnant la pleine utilisation de la main-d’œuvre comme principal obstacle y remédient en augmentant leur effectif. D’autres ont indiqué que les pressions attribuables aux pénuries de main-d’œuvre les incitent à hausser les salaires afin d’attirer de nouveaux employés et de retenir ceux qui sont en place. Enfin, plusieurs répondants disant subir des contraintes relatives aux ressources physiques ont manifesté leur volonté d’augmenter leurs dépenses d’investissement en machines et matériel ainsi qu’en immeubles.


Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de l’enquête de l’été 2018 ont été recueillies entre le 3 mai et le 5 juin 2018. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions concernant le questionnaire de l’enquête et le contenu informatif des réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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