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Enquête sur les perspectives des entreprises — Automne 2019

Résultats de l’enquête de l’automne 2019 | Vol. 16.3 | 22 octobre 2019

Les résultats de l’enquête menée cet automne témoignent d’un léger regain de confiance, mais aussi de disparités régionales plus marquées. Les opinions positives des entreprises dans le centre du Canada contrastent avec la faiblesse généralisée de l’activité dans les Prairies.

Vue d’ensemble

  • Les indicateurs de ventes futures laissent entrevoir une croissance modérée des ventes. Les attentes des entreprises à cet égard sont positives dans la plupart des régions, notamment au Québec, mais modestes dans les Prairies. La demande étrangère continue d’offrir des perspectives favorables aux exportateurs malgré l’effet modérateur des tensions commerciales.
  • Les intentions d’investissement et de recrutement des entreprises sont bonnes, principalement en dehors des régions productrices d’énergie.
  • La proportion d’entreprises qui font état de pressions sur la capacité et celle d’entreprises qui signalent des pénuries de main-d’œuvre sont relativement élevées. Ces entreprises se trouvent surtout dans le centre du pays et en Colombie-Britannique.
  • La montée des prix des intrants devrait ralentir quelque peu sous l’effet d’une moindre pression exercée par divers intrants liés aux produits de base. Toutefois, les entreprises estiment que le prix des extrants montera à un rythme légèrement supérieur à celui des 12 derniers mois. Comme lors des enquêtes précédentes, la majorité des répondants pense que le taux d’inflation s’inscrira dans la moitié inférieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation visée par la Banque.
  • Les entreprises ont noté un léger assouplissement des conditions du crédit ces trois derniers mois.
  • Bien qu’inférieur aux niveaux élevés atteints en 2017 et en 2018, l’indicateur de l’enquête a progressé, signe d’une légère amélioration de la confiance générale des entreprises.

Activité économique

Le solde des opinions au sujet de la croissance passée des ventes reste tout juste au-dessous de zéro, ce qui tend à indiquer un léger ralentissement du rythme d’expansion des ventes au cours des 12 derniers mois par rapport aux 12 mois précédents (graphique 1). La faiblesse des ventes, surtout signalée par les entreprises des Prairies, devrait se poursuivre à mesure que les difficultés connues par le secteur de l’énergie touchent d’autres secteurs dans la région. En conséquence, le solde global des opinions relatif aux indicateurs des ventes futures est à un niveau faible (graphique 2, ligne rouge), ce qui laisse présager une croissance modérée des ventes. Toutefois, les perspectives de ventes des entreprises sont positives à l’extérieur des Prairies, notamment au Québec. L’immigration et le dynamisme des secteurs des technologies de l’information et de la construction non résidentielle devraient soutenir les ventes. Le solde des opinions relatif à la croissance future des ventes est positif (graphique 2, barres bleues), les répondants prévoyant que la croissance de leurs ventes s’accélérera dans les 12 mois à venir. Néanmoins, les attentes positives de certaines entreprises, souvent liées au secteur de l’énergie, s’expliquent par le fait qu’elles envisagent que leurs ventes cesseront de reculer ou se redresseront légèrement.

Graphique 1 : Croissance passée des ventes

* Pourcentage des entreprises qui font état d’un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement Dernière observation :

Graphique 2 : Croissance future des ventes

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement
† Pourcentage des entreprises ayant signalé une amélioration des indicateurs diminué du pourcentage de celles ayant constaté une détérioration Dernière observation :

Les indicateurs avancés des ventes à l’exportation sont faiblement positifs : les ventes à l’exportation devraient donc enregistrer une légère croissance dans les 12 mois à venir. Ces attentes s’expliquent par la demande étrangère aux États-Unis et ailleurs, et par le niveau favorable du dollar canadien. Cependant, les répondants prévoient désormais une croissance économique un peu plus faible au sud de la frontière en raison, selon plusieurs, des tensions commerciales sinoaméricaines. Certains s’attendent à ce que les États-Unis connaissent une légère récession au cours des 12 prochains mois. Dans ce contexte, un certain nombre d’entreprises estiment que leurs ventes souffriront, directement ou indirectement, du ralentissement de l’activité économique américaine.

Le solde des opinions relatif aux investissements en machines et matériel a augmenté, ce qui donne à penser que les intentions d’investissement demeurent bonnes (graphique 3). Un grand nombre de répondants en dehors des Prairies comptent investir davantage au cours des 12 prochains mois. Les entreprises privilégient notamment les investissements stratégiques en technologie, automatisation et systèmes logiciels ainsi que les plans d’investissement pour soutenir la progression de la demande. Toutefois, plusieurs entreprises, dont beaucoup situées dans les Prairies, ont indiqué que la réglementation, l’incertitude et leur bilan freinent leurs projets d’investissement. Les intentions d’investissement des exportateurs sont modestes.

Graphique 3 : Intentions d’investissement

* Pourcentage des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs investissements diminué du pourcentage de celles qui envisagent de les réduire Dernière observation :

Au centre du pays et en Colombie-Britannique, les entreprises signalent leur intention d’accroître leur effectif. Leurs plans visent généralement à répondre à une hausse de la demande ou à atténuer les difficultés liées à la pénurie de main-d’œuvre. Néanmoins, le solde global des opinions quant aux intentions d’embauche, maintenant juste en deçà de la moyenne historique, suit une tendance à la baisse (graphique 4) attribuable aux intentions d’embauche limitées dans les régions productrices d’énergie. Les entreprises qui projettent de réduire leur personnel ont souvent invoqué une faiblesse de la demande ou la recherche de gains d’efficience (grâce à l’automatisation, par exemple).

Graphique 4 : Intentions d’embauche

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un niveau d’emploi plus élevé diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Pressions sur la capacité de production

La proportion d’entreprises qui auraient de la difficulté à faire face à une hausse inattendue de la demande a encore augmenté et atteint un niveau assez élevé (graphique 5). Les pressions sur la capacité de production, qui se font surtout sentir dans le centre du pays et en Colombie-Britannique, sont souvent liées aux pénuries de main-d’œuvre. Comme dans les enquêtes récentes, peu d’entreprises citent les contraintes liées aux ressources physiques comme un obstacle susceptible de les empêcher de répondre à une hausse inattendue de la demande. Les répondants estiment que les pressions sur la capacité s’accentueront dans les 12 prochains mois. La plupart expliquent cette accentuation des pressions par l’intensification des contraintes liées à la main-d’œuvre et, dans une moindre mesure, une demande accrue.

Graphique 5 : Pressions sur la capacité de production

 Dernière observation :

Les indicateurs de pénuries de main-d’œuvre signalent des tensions accrues sur les marchés du travail, sauf dans les Prairies où il subsiste une marge de ressources inutilisées. Le pourcentage d’entreprises disant souffrir de pénuries de main-d’œuvre a encore augmenté et dépasse tout juste sa moyenne historique (graphique 6, barres bleues). Les pénuries touchent surtout les métiers spécialisés. Les entreprises ont aussi du mal à pourvoir les postes liés aux technologies de l’information à cause de la concurrence. Certains répondants expliquent les pénuries de main-d’œuvre par le vieillissement de la population active, l’évolution des préférences des travailleurs et la difficulté à attirer des travailleurs vers les régions rurales.

L’indicateur d’intensité des pénuries de main-d’œuvre a aussi progressé, mais il demeure bien inférieur aux niveaux élevés de 2018 (graphique 6, ligne rouge). Ce sont surtout les entreprises du secteur des services qui disent éprouver des pénuries plus prononcées.

Graphique 6 : Pénuries de main-d’œuvre

* Pourcentage des entreprises qui font état de pénuries de main‐d’œuvre plus intenses diminué du pourcentage de celles qui signalent des pénuries moins intenses Dernière observation :

Prix et inflation

La majorité des entreprises pense que le prix de leurs intrants augmentera au même rythme au cours de la prochaine année que dans les 12 derniers mois, mais le solde des opinions est légèrement négatif : la croissance des coûts hors main-d’œuvre devrait donc ralentir un peu (graphique 7). Plusieurs s’attendent à une diminution des pressions exercées par les intrants tributaires des produits de base (p. ex., acier, poisson). Les répondants croient que les pressions haussières sur les coûts proviennent de divers intrants hors produits de base (p. ex., les tarifs des sous-traitants).

Graphique 7 : Prix des intrants

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme d’augmentation plus rapide diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Comme l’indique un solde des opinions tout juste positif, un nombre légèrement plus grand de répondants envisage de hausser les prix de vente plus rapidement au cours des 12 mois à venir (graphique 8). Plusieurs entreprises qui pensent augmenter plus rapidement le prix des extrants disent vouloir répercuter sur leurs clients le renchérissement de la main-d’œuvre et des intrants hors produits de base. D’autres entreprises prévoient d’accélérer la croissance de leurs prix après une période de stagnation à ce chapitre. Enfin, certaines entreprises qui signalent une pression négative sur les prix invoquent une faible demande.

Graphique 8 : Prix des extrants

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme d’augmentation plus rapide diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

La majorité des répondants s’attend toujours à ce que l’inflation pour les deux prochaines années se maintienne dans la moitié inférieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 % visée par la Banque (graphique 9). Certains justifient ces attentes par l’évolution récente de l’inflation et une croissance économique lente. Au Québec, par contre, les entreprises croient généralement que l’inflation se situera entre 2 et 3 %. Ces entreprises évoquent le renchérissement de la main-d’œuvre, qui survient souvent dans un contexte de forte activité économique régionale.

Graphique 9 : Attentes d’inflation

Dernière observation :

Conditions du crédit

La plupart des répondants ne signalent toujours aucune variation des conditions du crédit au cours des trois derniers mois. Cependant, le solde des opinions à cet égard est de nouveau légèrement négatif (graphique 10), ce qui indique un assouplissement minime des modalités de financement que les répondants attribuent souvent à la concurrence entre les banques. Ce sont principalement les répondants des Prairies qui signalent un resserrement des conditions du crédit.

Graphique 10 : Conditions du crédit

* Pourcentage des entreprises qui font état d’un resserrement diminué du pourcentage de celles qui signalent un relâchement des conditions. Pour cette question, le solde des opinions fait abstraction des entreprises qui ont répondu « sans objet ». Dernière observation :

Indicateur de l’enquête

L’indicateur de l’enquête a monté (graphique 11)1, ce qui cadre avec une légère amélioration de la confiance globale des entreprises. Il reste cependant inférieur aux niveaux élevés de 2017 et 2018. Les résultats obtenus pour la plupart des questions de l’enquête dépassent un peu leur moyenne historique. Une mesure synthétique similaire fondée sur les réponses par région permet d’évaluer la confiance dans chaque région (encadré 1).

Graphique 11 : Indicateur de l’enquête

Dernière observation :

Encadré 1 : L’indicateur régional de l’enquête est légèrement positif : la confiance généralisée des répondants dans le centre du pays tranche avec une faible confiance dans les Prairies

L’indicateur de l’enquête est une mesure synthétique des variations communes extraites des réponses aux principales questions de l’enquête2. Une variante de cet indicateur (graphique 1-A, ligne noire) repose sur les mêmes questions, mais à l’échelle régionale, ce qui multiplie par cinq le nombre de variables utilisées dans la mesure synthétique3. Cette méthode permet de séparer l’indicateur agrégé en cinq composantes régionales, pour lesquelles il est possible de faire correspondre leur influence sur l’indicateur à la confiance des entreprises dans chaque région. Un indicateur supérieur à zéro signifie que la confiance des entreprises dépasse sa moyenne historique.

En 2019, la confiance des entreprises a été inégale d’une région à l’autre du pays, ce qui tranche avec l’optimisme généralisé observé en 2017 et 2018. Les résultats de l’enquête de l’automne 2019 donnent à penser que les entreprises sont généralement confiantes au Québec et, dans une moindre mesure, en Ontario, ce qui cadre avec une contribution positive à l’indicateur régional. Plusieurs répondants, principalement dans ces provinces, ont fait état de la vigueur de la demande intérieure (souvent liée à l’immigration, aux technologies de l’information et à la construction non résidentielle). En Colombie-Britannique et dans la région de l’Atlantique, où les réponses à la plupart des questions de l’enquête sont modérées, le niveau global de confiance des entreprises est près des moyennes historiques régionales. Dans ces régions, une partie des répondants sont un peu moins confiants, notamment en raison de la demande liée au marché de l’habitation en Colombie-Britannique et de la mollesse de la demande sous-jacente à Terre-Neuve-et-Labrador. Dans les Prairies, le climat des affaires est défavorable à cause des difficultés persistantes dans le secteur de l’énergie. Les réponses des entreprises des Prairies relatives à la plupart des indicateurs – activité économique, pressions sur la capacité et prix – indiquent une détérioration de la confiance, qui atteint un faible niveau dans l’enquête de l’automne.

Graphique 1-A : En 2019, la confiance des entreprises a été inégale d’une région à l’autre du pays

  1. 1. L’indicateur de l’enquête tient dorénavant aussi compte du solde des opinions relatif aux indicateurs des ventes futures pour un total de 12 séries. C’est pourquoi les données utilisées pour le calcul de l’indicateur de l’enquête commencent en 2003. Malgré ce changement, l’indicateur reste pratiquement au même niveau.[]
  2. 2. Pour consulter un exposé technique de l’indicateur et une évaluation de son pouvoir prédictif, voir L. Pichette et L. Rennison, « Évaluation du contenu informatif de l’enquête sur les perspectives des entreprises : recours à une analyse en composantes principales », Revue de la Banque du Canada, automne 2011, p. 23-31.[]
  3. 3. Cet indicateur peut s’écarter de l’indicateur agrégé global de l’enquête présenté ci-dessus (graphique 11), les variations communes étant extraites d’un plus grand nombre de variables, qui sont plus volatiles puisqu’elles sont basées sur les réponses de plus petits échantillons d’entreprises.[]

Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de l’enquête de l’automne 2019 ont été recueillies entre le 20 août et le 13 septembre 2019. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions concernant le questionnaire de l’enquête et le contenu informatif des réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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