Plan de recherche à moyen terme de la Banque du Canada pour 2019-2021

Introduction

La recherche et l’analyse économiques de pointe sont au cœur de l’élaboration des politiques à la Banque du Canada. Nos travaux de recherche ont le plus d’influence quand ils sont innovants, diffusés en temps utile et connus du plus grand nombre. C’est pour cette raison que les deux grands critères suivants ont été retenus pour mesurer le rayonnement de la recherche menée à la Banque :

  • la présentation de nos études à l’occasion de colloques prestigieux;
  • leur publication dans des revues à comité de lecture de grand calibre.

Les invitations à participer à des échanges sur nos travaux de recherche dans le cadre de colloques ou d’ateliers prestigieux constituent aussi une marque de reconnaissance de notre expertise.

Le personnel de la Banque est son actif le plus précieux. L’équipe de chercheurs se compose de quelque 70 économistes qui consacrent l’essentiel de leur temps à la recherche. Mais d’autres collaborateurs apportent aussi une contribution appréciable. La Banque offre l’appui d’une solide équipe de direction de la recherche, des parcours de carrière axés sur la recherche et un programme de mentorat très dynamique. Nos chercheurs ont régulièrement accès à des universitaires de renom; ils disposent aussi des tout derniers outils, des plus récentes données, ainsi que du temps nécessaire pour mener à bien les projets de recherche prioritaires et en diffuser les résultats.

L’établissement de partenariats externes représente un des axes importants de notre stratégie de recherche. Dans le cadre de ces partenariats, nous donnons accès à nos données aux coauteurs externes avec qui nous collaborons. Le nouveau Centre de recherche sur le système financier de la Banque constitue un exemple d’initiative récente en ce sens.

La Banque poursuivra trois objectifs généraux en matière de recherche au cours de la période 2019‑2021 :

  1. Faire évoluer les cadres de conduite de la politique monétaire.
  2. Mieux intégrer les considérations relatives à la stabilité financière dans l’offre de conseils stratégiques.
  3. Assurer la fiabilité et l’efficacité des systèmes de paiement.

Plusieurs grands thèmes transcendent les objectifs particuliers. La Banque s’intéresse depuis longtemps à certains d’entre eux, comme la formulation du cadre de conduite de la politique monétaire, les vulnérabilités financières et les risques planant sur le système financier. Figurent aussi en bonne place les thèmes liés à l’incidence des nouvelles technologies, notamment les conséquences économiques de la numérisation croissante sur l’activité, la productivité et l’inflation, ainsi que sur le marché du travail. Un autre exemple est la façon dont certaines nouvelles technologies transforment les services financiers, qu’il s’agisse des crypto-actifs ou des monnaies numériques susceptibles d’être émises par les banques centrales.

L’atteinte de nos objectifs passe par l’élaboration de modèles plus étoffés qui cernent mieux l’évolution de la conjoncture économique. Nous nous intéresserons à cette fin à de nouvelles sources de données, à des méthodes de modélisation différentes de celles que nous employons déjà et à de nouveaux paradigmes. Nous allons notamment :

  • évaluer la robustesse d’autres régimes de politique monétaire en introduisant dans les modèles différents degrés de rationalité et des comportements prospectifs;
  • étendre le champ d’application des modèles à agents hétérogènes à l’étude des conséquences de l’endettement élevé des ménages et des effets redistributifs des politiques non traditionnelles;
  • mettre davantage à profit les mégadonnées, l’apprentissage automatique, et l’intelligence artificielle;
  • explorer de nouvelles pistes méthodologiques, telle la modélisation multi-agents : les premières applications porteront sur les interactions entre différents types d’acteurs des marchés financiers.

La Banque adaptera les principales avancées de la modélisation découlant de la recherche pour les appliquer à ses modèles de projection.

Le programme

1. Faire évoluer les cadres de conduite de la politique monétaire

Après près de dix ans de croissance économique inférieure à la moyenne, l’activité a fini par s’accélérer. La politique monétaire soutient cependant toujours la reprise. La normalisation des politiques monétaires amorcée dans un certain nombre de pays et de régions se poursuit, mais de façon graduelle. Plusieurs risques entourent encore les perspectives. Il importe dans ce contexte de se demander comment la politique monétaire peut être améliorée, compte tenu des leçons de la crise financière mondiale.

Renouvellement du cadre de conduite de la politique monétaire

Tous les cinq ans, la Banque procède à un examen approfondi de son propre cadre de conduite de la politique monétaire et de celui d’autres banques centrales. Le prochain est prévu en 2021. Comme elle l’a fait à l’occasion des renouvellements précédents, la Banque étudiera soigneusement la question de savoir si, et dans quelle mesure, le cadre actuel nous a bien servi et s’il n’y en existerait pas de meilleurs, compte tenu de l’évolution constante du paysage économique.

Cette fois-ci, nous allons repenser les objectifs généraux de la politique monétaire. Nous examinerons la possibilité d’ajouter d’autres critères aux objectifs habituels de stabilité des prix et de stabilisation macroéconomique, pour autant qu’ils soient clairement mesurables. Dans quelle mesure, par exemple, d’autres cadres permettraient-ils :

  • de préserver la stabilité financière?
  • d’assurer le plus grand bien pour le plus grand nombre?
  • d’obtenir de bons résultats, quelle que soit la conception du fonctionnement de l’économie défendue?

Nous réexaminerons ensuite les solutions de rechange au ciblage de l’inflation, comme le ciblage du niveau des prix, de l’inflation moyenne ou du PIB nominal, ou encore la poursuite d’un double mandat dans le cadre duquel une mesure quelconque de l’activité économique s’ajoute à l’inflation. Nous mettrons à profit dans nos travaux les avancées récentes de la théorie économique et reconsidérerons les hypothèses fondamentales retenues dans nos analyses antérieures. La théorie des anticipations non rationnelles tout comme celle du cycle financier mondial, ainsi que le recours à quelques monnaies de facturation de préférence aux autres dans les échanges internationaux, méritent un examen plus approfondi.

Nous nous intéressons particulièrement à la meilleure façon de formuler et de mener la politique monétaire en contexte de faibles taux d’intérêt. La baisse du taux neutre réduit le degré de détente monétaire traditionnelle que la Banque peut mettre en place avant de toucher la valeur plancher. Depuis la crise financière mondiale, un large consensus s’est dégagé sur l’utilité des mesures non traditionnelles de politique monétaire comme l’assouplissement quantitatif et le recours aux indications prospectives. Il nous faut maintenant mieux comprendre quels en sont les effets redistributifs et les conséquences pour la stabilité financière. Nous serons alors plus à même de comparer les politiques monétaires non traditionnelles avec d’autres stratégies qui permettraient de composer avec le problème posé par l’atteinte de la valeur plancher, comme le relèvement de la cible d’inflation ou le passage provisoire à un régime de ciblage du niveau du PIB nominal ou des prix.

Une autre possibilité consiste à étudier les complémentarités entre le cadre de conduite de la politique monétaire et les politiques budgétaire et macroprudentielles, en particulier lorsque les taux se situent au voisinage de leur valeur plancher. Nous nous pencherons probablement de manière attentive sur ces questions non résolues : dans quelle mesure la politique budgétaire est-elle efficace comme outil d’intervention contracyclique à différents stades du cycle? Quel moyen d’action – stabilisateurs automatiques ou politique budgétaire discrétionnaire – complète le mieux la politique monétaire? De même, nous continuerons à étudier l’interdépendance entre le système financier et l’ensemble de l’économie, laquelle a fait passer la stabilité financière au premier rang des préoccupations entourant les cadres de politique monétaire.

Objectifs

  • Réexaminer l’efficacité d’autres cadres de conduite de la politique monétaire, dont le ciblage du niveau des prix, de l’inflation moyenne ou du PIB
  • Évaluer la robustesse d’autres cadres de conduite de la politique monétaire par une analyse coûts-avantages pour éliminer l’incertitude quant au choix du « bon » modèle économique ou des bons paramètres.
  • Évaluer la mesure dans laquelle les anticipations non rationnelles influent sur les décisions économiques des ménages et des entreprises, ainsi que les implications pour la politique monétaire.
    • On pourrait envisager d’intégrer les principaux résultats de cette évaluation aux modèles de projection.
  • Réévaluer la valeur plancher au Canada ainsi que ses incidences sur la mise en œuvre de la politique monétaire et sur le système financier.
  • Étudier les effets redistributifs et l’incidence sur la stabilité financière de la longue période de faiblesse des taux d’intérêt et d’application de mesures de politique monétaire non traditionnelles.
    • Les résultats de cette recherche permettront de tenir compte de l’incidence transfrontière des politiques monétaires non traditionnelles et des frictions sur les marchés financiers dans l’élaboration des principaux modèles de politique monétaire.
  • Se pencher sur le dosage optimal des politiques monétaire, budgétaire et macroprudentielle
    • Les estimations nouvelles et améliorées des multiplicateurs budgétaires et des effets de divers instruments macroprudentiels résultant de ces travaux seront incorporées aux principaux modèles de politique monétaire.
  • Multiplier les échanges et les collaborations avec d’autres banques centrales et le milieu universitaire pour faire avancer notre réflexion sur le cadre de conduite de la politique monétaire.

Améliorer notre compréhension de l’économie canadienne dans le contexte du paysage mondial en évolution

L’activité économique au Canada s’est certes redressée, mais des défis de tous ordres attendent encore le pays à moyen terme : la montée en puissance du protectionnisme, une certaine détérioration de sa compétitivité internationale, les variations des prix du pétrole, les enjeux environnementaux et le vieillissement de la population figurent parmi les plus importants. Dans ce contexte, il est impératif de connaître les incidences probables de ces facteurs et les options pour la conduite de la politique monétaire. Par ailleurs, le rôle des économies émergentes dans l’économie mondiale ne cesse de croître. Nous continuerons d’analyser la croissance et la volatilité dans ces économies et d’étudier les effets de débordement entre ces pays et les économies avancées.

Nous devons aussi analyser plus à fond les facteurs qui pourraient perturber le mécanisme de transmission de la politique monétaire. Des observations empiriques montrent que le niveau ainsi que la composition de la dette des ménages et des entreprises nuisent au bon fonctionnement de ce mécanisme. L’incertitude entourant l’évolution de la situation économique et de la politique monétaire jouerait aussi un rôle.

Objectifs

  • Prendre la mesure des défis économiques que posent le protectionnisme, une perte de dynamisme des entreprises, la faible croissance de la productivité, le vieillissement de la population et les questions environnementales.
    • La modélisation des échanges commerciaux dans les modèles de projection sera revue dans le cadre de ce chantier. Par exemple, les élasticités-prix des importations et des exportations dans le modèle TOTEM (Terms-of-Trade Economic Model) seront réexaminées en tenant compte des indications ressortant des microdonnées.
  • Analyser les liens entre le commerce mondial et les marchés financiers, et les implications de ces liens pour la politique monétaire. Nous nous pencherons par exemple sur le commerce des services et sur l’incidence transfrontière des programmes d’assouplissement quantitatif.
  • Étudier les conséquences d’une intégration plus poussée des économies émergentes à l’économie mondiale.
  • Améliorer notre compréhension de la dynamique des taux de change, de leurs liens avec les prix des produits de base et de leurs implications pour l’inflation de même que pour l’économie réelle. Nos travaux porteront par exemple sur les effets des mouvements des prix des produits de base sur les taux de change et sur la transmission des variations du taux de change au commerce de détail et à l’inflation.
  • Étudier le rôle joué par le niveau et la composition de la dette des ménages et des entreprises, ainsi que par les caractéristiques du secteur financier, dans le mécanisme de transmission de la politique monétaire et la normalisation des taux d’intérêt.
  • Analyser les effets de l’incertitude entourant la situation économique et la politique monétaire, y compris de l’aversion pour l’ambiguïté et de l’information imparfaite, sur les décisions des ménages, des entreprises et des intermédiaires financiers, ainsi que sur la transmission de la politique monétaire.
  • Analyser l’interaction entre les tendances de l’inflation et du taux d’intérêt neutre, d’une part, et, de l’autre, la rémunération des risques – y compris d’inflation – dans la modélisation de la structure par terme des taux d’intérêt.

Explorer les implications profondes de la numérisation sur l’avenir de la politique monétaire et de l’économie canadienne

Un autre grand thème : la numérisation, dont les innovations en intelligence artificielle, en robotique et dans d’autres domaines. Ces nouvelles technologies finissent par rendre les sociétés capables de faire plus avec moins, ce qui se traduit par une amélioration du niveau de vie avec le temps. De manière générale, elles ont jusqu’à présent favorisé la création nette d’emplois à long terme, à la faveur du redéploiement de la main-d’œuvre dans des branches qui n’auraient pas vu le jour autrement.

L’introduction de nouvelles technologies implique cependant que les compétences recherchées par les entreprises changeront, engendrant des difficultés importantes pour certains travailleurs. Selon les estimations de la société McKinsey, quelque 60 % des métiers exercés aux États-Unis comportent au moins 30 % de tâches entièrement automatisables par l’adoption des technologies existantes1. Cela pourrait représenter tant une amélioration importante de la productivité qu’une forte perturbation du marché du travail. L’évolution à vitesse grand V de la numérisation appelle un effort continu de recherche pour en dégager les répercussions sur l’économie et la politique monétaire.

Objectifs

  • Mieux comprendre les répercussions possibles sur le marché du travail, la productivité et la structure de l’économie au Canada d’une numérisation et d’une automatisation accrues.
  • Chercher à savoir quels pourraient être les effets de la numérisation sur l’inflation.

2. Intégrer les considérations relatives à la stabilité financière dans l’offre de conseils stratégiques

La conduite de la politique monétaire selon une approche fondée sur les risques implique que l’autorité monétaire doit non seulement prendre en compte l’évolution future la plus probable de l’économie, mais aussi la distribution des scénarios possibles d’évolution. Ainsi, la période prolongée de bas taux d’intérêt au Canada a vu certaines vulnérabilités financières s’accentuer, en l’occurrence l’endettement élevé des ménages et les déséquilibres sur le marché du logement. Dans d’autres pays, un accroissement des vulnérabilités financières a aussi été associé à la mise en œuvre de politiques monétaires non traditionnelles. La Banque s’intéresse à l’effet de vulnérabilités élevées sur la sensibilité de l’économie et du système financier à des chocs défavorables et sur la transmission de la politique monétaire.

Les pouvoirs publics ont pris des mesures pour limiter l’accumulation des vulnérabilités. La Banque poursuit ses travaux pour en évaluer l’efficacité et les incidences sur la politique monétaire.

Les infrastructures de marchés financiers (IMF) jouent un rôle fondamental au sein du système financier et de l’économie en général. Les recherches sur le sujet porteront sur les implications, pour les IMF, de l’évolution de la structure de l’économie, de la nouvelle réglementation financière et des nouvelles technologies.

Améliorer l’évaluation que fait la Banque des vulnérabilités et des risques touchant le système financier

Un système financier stable et efficace est essentiel à une croissance économique soutenue et à l’amélioration du niveau de vie. La Banque a récemment introduit un cadre d’évaluation des risques qui vise à assurer une détection plus méthodique des vulnérabilités du système financier canadien ainsi qu’une plus grande rigueur quantitative dans l’évaluation de la probabilité et de la gravité des risques pour la stabilité financière. Bien que des progrès aient été réalisés dans l’élaboration et la mise en œuvre de ce cadre, des défis subsistent.

Le niveau élevé d’endettement des ménages, les déséquilibres sur le marché du logement et le risque que des cyberattaques perturbent un système financier fortement interconnecté demeurent les principales vulnérabilités du système financier canadien. Celles-ci et d’autres qui pourraient voir le jour continueront de retenir l’attention des chercheurs. Nous tâcherons aussi d’améliorer les outils d’analyse et modèles de politique afin de mieux quantifier la probabilité et la gravité des risques pour la stabilité financière.

Objectifs

  • Exploiter de nouveaux ensembles de microdonnées pour analyser la composition et l’évolution de la dette des ménages et des entreprises, ainsi que les déséquilibres sur le marché du logement.
  • Renforcer davantage nos modèles d’évaluation des risques pour le système financier en :
    • y incorporant les risques associés aux chocs d’origine étrangère;
    • intégrant les comportements d’optimisation dans les modèles de simulation de crise;
    • cartographiant les interconnexions au sein du système financier canadien.
  • Examiner les vulnérabilités découlant des liens entre les secteurs économiques, les infrastructures financières, les marchés et les institutions. Nous procéderons entre autres à l’analyse de nouvelles microdonnnées sur les interconnexions entre les secteurs bancaires réglementé et parallèle.
  • Améliorer notre compréhension du mécanisme par lequel les risques de liquidité et de crédit transmettent les chocs financiers à l’économie dans son ensemble.
  • Envisager de recourir à de nouvelles méthodes, comme la modélisation à base d’agents, pour mieux comprendre les interactions entre les comportements des différents types d’acteurs du marché.

Évaluer l’efficacité des réformes financières et des outils macroprudentiels

Depuis la crise financière, une vaste réforme du cadre mondial de réglementation et de surveillance financières a été entreprise. Des normes plus strictes en matière de fonds propres, de liquidité et de levier comptent parmi les principaux éléments du programme de réformes. Plusieurs mesures macroprudentielles en matière de financement de l’habitation ont de surcroît été mises en œuvre au Canada pour s’attaquer à l’endettement élevé des ménages et aux déséquilibres présents sur le marché du logement.

Au cours des trois prochaines années, nous poursuivrons nos travaux visant à évaluer l’efficacité du programme mondial de réformes et des mesures macroprudentielles. Pour en étudier l’impact sur l’efficience et la stabilité du système financier, nous élaborerons et utiliserons des modèles de pointe, et nous appuierons sur de nouvelles sources de données. En l’occurrence, nous poursuivrons l’élaboration de modèles macroéconomiques intégrant les banques, lesquels nous permettront d’analyser les interactions entre les politiques macroprudentielles et monétaire.

Objectifs

  • Poursuivre l’élaboration de modèles macroéconomiques intégrant les banques et des défaillances bancaires afin d’éclairer et d’évaluer la réglementation du secteur bancaire.
  • Suivre et évaluer l’efficacité de la réforme de la réglementation financière ainsi que ses éventuels effets sur la résilience du système financier.
  • Mieux comprendre les comportements et les réactions des institutions financières face aux changements apportés à la réglementation ainsi que la possibilité que ces changements entraînent un arbitrage réglementaire et des effets transfrontières.
  • Évaluer l’incidence de cette réglementation sur la liquidité des marchés obligataires canadiens.
  • Analyser l’efficacité des politiques macroprudentielles non traditionnelles en matière de financement de l’habitation et orienter la conception de nouveaux instruments d’intervention.

Évaluer l’interaction entre les risques pour la stabilité financière et la politique monétaire

Les considérations liées à la stabilité financière sont un volet important du cadre de politique monétaire. D’un côté, les conditions du système financier peuvent avoir une incidence sur l’efficacité de la politique monétaire. De l’autre, la politique monétaire peut contribuer à l’accumulation de déséquilibres financiers et, dès lors, amplifier les répercussions économiques de chocs défavorables futurs et accroître la probabilité ainsi que la gravité des crises futures. Sur la durée du plan présenté dans ce document, nous continuerons de tirer profit de nouveaux ensembles de microdonnées et d’élaborer de nouveaux modèles de politique pour évaluer l’interaction entre les risques pour la stabilité financière et la politique monétaire. Il s’agira de mieux prendre en compte les conditions et les vulnérabilités financières dans l’évaluation des risques entourant les perspectives d’inflation.

Objectifs

  • Examiner comment le niveau et la composition de la dette des ménages et des entreprises ainsi que les caractéristiques du secteur financier influent sur l’efficacité de la politique monétaire.
  • Poursuivre l’élaboration de modèles de politique monétaire à agents hétérogènes prenant en compte la dette des ménages, le logement et les défauts de paiement pour analyser l’efficacité des politiques macroprudentielles en matière de financement de l’habitation et les conséquences de celles-ci sur la politique monétaire.
  • Évaluer les effets des changements aux politiques budgétaire, monétaire et macroprudentielles sur la distribution de la croissance attendue du PIB au moyen de la méthode du PIB exposé au risqu
  • Se pencher sur le dosage optimal des politiques monétaire, budgétaire et macroprudentielles, y compris sur leurs interactions et leur coordination.
  • Mieux comprendre les conséquences des modalités actuelles de gestion de la dette de l’État canadien sur le système financier et la politique monétaire.

Assurer l’intégrité des infrastructures et des indices de référence des marchés financiers

Les IMF occupent une place centrale dans le système financier d’un pays. Ces infrastructures facilitent la compensation, le règlement ou l’enregistrement des opérations de paiement, des transactions sur titres et sur dérivés et d’autres transactions financières. Elles permettent aux consommateurs et aux entreprises d’acheter des biens et des services, d’effectuer des placements ainsi que de virer des fonds de manière sûre et efficiente. Elles jouent par conséquent un rôle essentiel dans la mise en place d’un système financier efficient et stable.

Les IMF connaissent une période de grandes transformations sous l’impulsion de la croissance des flux internationaux de biens et de services, de la nouvelle réglementation financière (p. ex., les Principes pour les infrastructures de marchés financiers ou PIMF) et des innovations incessantes dans le domaine des technologies numériques.

Objectifs

  • Étudier le rôle potentiel de la compensation par contrepartie centrale dans la propagation des chocs et comme source de risque systémique.
  • Tirer parti des données détaillées (Caisse canadienne de dépôt de valeurs et Corporation canadienne de compensation de produits dérivés) pour analyser la propagation des tensions dans un réseau d’expositions ainsi que la mesure et la décomposition du risque systémique.
  • Réfléchir aux améliorations qui pourraient être apportées aux règles de décote et de répartition des pertes des contreparties centrales.
  • Définir et développer un taux de référence à terme sans risque qui servirait de taux de référence complémentaire pour le marché canadien, en compagnie du taux CDOR (Canadian Dollar Offered Rate).

Comprendre les principales incidences des technologies financières sur la Banque et sur le système financier

L’un des signes les plus visibles de la numérisation de l’économie mondiale est sans doute la vague d’investissements dans les technologies financières, déclenchée en partie par la possibilité que les technologies du grand livre distribué, comme la chaîne de blocs, puissent être utilisées pour décentraliser des aspects importants de l’activité d’intermédiation financière. Cette vague a coïncidé avec le recours croissant aux techniques d’analyse des mégadonnées comme l’apprentissage automatique et l’apprentissage profond. Ces deux phénomènes – décentralisation et recours croissant aux techniques d’analyse des mégadonnées – ont commencé à transformer le secteur des services financiers. Des banques commerciales et des banques centrales, dont la Banque du Canada, ont commencé à mettre à l’essai des technologies financières, dont celles du grand livre distribué, pour améliorer leur compréhension de ces nouvelles technologies.

Objectifs

  • Réaliser des démonstrations de faisabilité et monter des projets pilotes pour explorer les possibilités d’application des technologies financières à différents aspects du fonctionnement des IMF.
  • Évaluer les conséquences possibles des technologies du grand livre distribué pour les modèles opérationnels des intermédiaires financiers, la stabilité financière et la transmission de la politique monétaire.
  • Comprendre les usages de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique dans le secteur financier et leurs répercussions sur l’efficience et la stabilité du système financière.
  • Réfléchir à l’incidence de l’organisation des intermédiaires financiers et du secteur des technologies financières (régime de propriété, concurrence des plateformes) sur la stabilité et l’efficience du système financier ainsi que sur l’inclusion financière.
  • Se servir de l’apprentissage profond et de l’apprentissage automatique pour modéliser le comportement des acteurs du marché financier.

3. Assurer la fiabilité et l’efficacité des systèmes de paiement

La technologie a évolué rapidement dans le secteur de la monnaie et des paiements électroniques ces dernières années. La montée en puissance des paiements électroniques se confirme et la tendance s’accélérera sans doute. Cette évolution est susceptible de modifier radicalement le mode de paiement des biens et services, non seulement sur Internet, mais également dans les points de vente traditionnels. Le développement de nouvelles technologies de paiement risque de toucher tous les secteurs névralgiques de la Banque, de l’émission de la monnaie aux systèmes de paiement d’importance systémique en passant par la stabilité financière et la politique monétaire.

Proposer des orientations relativement à la modernisation des systèmes de paiement canadiens et y participer

Les avancées qui seront réalisées à ce chapitre sur la durée du plan 2019-2021 découlent essentiellement du chantier de modernisation des principaux systèmes de paiement exploités par Paiements Canada. Elles consisteront, entre autres, à :

  • remplacer le Système de transfert de paiements de grande valeur par un nouveau système de paiement de gros, appelé Lynx;
  • remplacer le Système automatisé de compensation et de règlement (SACR) par le Moteur d’optimisation du règlement (MOR);
  • mettre au point un nouveau système de règlement en temps réel des petits paiements, dit PTR.

Lorsque la mise en place de ces systèmes sera essentiellement chose faite, soit d’ici la fin de la période couverte par ce plan, les Canadiens auront accès à un écosystème de paiements moderne, offrant rapidité et résilience.

Les recherches entreprises dans ce domaine visent à mieux comprendre les arbitrages économiques inhérents à la conception de ces nouveaux systèmes et leurs incidences sur l’économie canadienne. Plus précisément, ces recherches permettront à la Banque de s’assurer que les nouveaux systèmes sont conformes aux directives applicables aux systèmes de paiement importants et d’importance systémique, et qu’ils répondent aux besoins des Canadiens. Elles aideront aussi la Banque à se doter de critères pertinents pour mesurer les risques et l’efficience des différents systèmes, critères qui seront pris en compte lors de la conception de ces systèmes et, après leur mise en service, dans la surveillance des risques.

Objectifs

  • Mieux comprendre l’arbitrage entre les risques de liquidité et de retard auxquels sont confrontés les participants aux systèmes de paiement de gros.
  • Concevoir des modèles permettant d’étudier les effets des nouveaux systèmes de paiement sur le cadre de mise en œuvre de la politique monétaire de la Banque.
  • Comprendre l’incidence que peuvent avoir les nouveaux systèmes de paiement de détail et de paiement entre entreprises sur l’efficience de l’économie canadienne.

Explorer de quelle manière et sous quelle forme la Banque pourrait émettre une monnaie numérique de banque centrale

La Banque du Canada se prépare à la possibilité que les paiements électroniques viennent à remplacer les espèces. Nous devons, entre autres, approfondir notre compréhension du rôle joué par le passif de banque centrale dans l’économie et de la manière dont la Banque pourrait le mettre à disposition sous forme d’une monnaie numérique. Dans nos travaux, nous irons au-delà des considérations théoriques pour tenter de répondre à la question de savoir dans quelles circonstances la Banque devrait émettre une monnaie numérique et quelle serait la meilleure façon de procéder. Ces travaux aux implications importantes et complexes pour l’économie canadienne revêtent une dimension existentielle pour la Banque du Canada.

Il pourrait y avoir des conséquences majeures pour les systèmes de paiement d’importance systémique, la réglementation des nouveaux modes de paiement ainsi que la conception de nouveaux systèmes de paiement. Des répercussions non négligeables sur le fonctionnement des institutions financières traditionnelles seront peut-être à prévoir, ce qui pourrait aussi avoir des conséquences pour la stabilité financière.

Objectifs

  • Approfondir notre compréhension de l’utilisation des espèces et de la tendance future de la demande de billets.
  • Suivre l’adoption et l’utilisation des nouvelles technologies de paiement et monnaies numériques privées, comme le bitcoin, et en évaluer les implications.
  • Explorer la question de savoir si et comment la Banque devrait émettre une monnaie numérique de banque centrale, et évaluer les implications d’une telle monnaie pour la Banque, le système financier et l’économie.
    • L’étude de cette question pourrait nécessiter de modifier nos principaux modèles de projections pour qu’ils puissent prendre en compte les conséquences macroéconomiques de l’émission d’une monnaie de banque centrale numérique.

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Table des matières

  1. 1. McKinsey Global Institute, janvier 2017, A Future that Works: Automation, Employment and Productivity.[]