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Sommaire : La couverture du risque de change dans les entreprises canadiennes

Méthode d'enquête

En décembre 2004, la Banque du Canada a envoyé aux banques qui sont membres du Comité canadien du marché des changes 1 un questionnaire sur les stratégies de couverture du risque de change de leurs entreprises clientes. Ce questionnaire était structuré de façon analogue à celui qui avait été adressé aux membres du Comité en janvier 2004. L'objectif de l'enquête de décembre était de mieux comprendre dans quelle mesure les entreprises ont réussi à se protéger des variations du taux de change grâce à leurs stratégies de couverture, qu'il s'agisse de couvertures naturelles ou d'opérations sur instruments financiers. Durant la deuxième semaine de janvier 2005, la Banque a organisé des rencontres de suivi avec chacun des douze répondants.

Les résultats recueillis sont d'ordre empirique et reflètent le point de vue des banques sur les opérations de couverture de leurs clients et l'incidence de l'appréciation du dollar canadien sur les activités de ceux-ci. La grande variété des réponses s'explique par les différences entre les bassins de clientèle des institutions et par la diversité des opérations de couverture réalisées. Elle est également attribuable en partie à la nature subjective des questions. Des thèmes communs se dégagent néanmoins des réponses, comme il est décrit ci-après.

Les résultats de l'enquête menée auprès des banques cadrent généralement avec ceux de l'enquête sur les perspectives des entreprises publiés à l'hiver 2004-2005 dans le supplément intitulé L'ajustement à l'appréciation du dollar canadien. Les deux enquêtes indiquent qu'environ la moitié des entreprises canadiennes ont été désavantagées par la vigueur du dollar et que la plupart de ces firmes appartenaient aux secteurs des ressources naturelles et de la fabrication. Toujours selon les deux enquêtes, la hausse du dollar a rendu un grand nombre de ces entreprises moins optimistes quant à leurs perspectives d'avenir.

Résultats

1) Les banques estiment qu'en moyenne, les entreprises canadiennes ont été plus nombreuses à se trouver désavantagées plutôt qu'avantagées par la vigueur du dollar canadien au cours de la dernière année. L'importance respective des deux groupes est restée relativement stable par rapport aux résultats obtenus en janvier 2004, et ce, malgré la force inattendue du dollar.

  • Les banques sont d'avis que l'appréciation qu'a connue le dollar canadien en 2004 a eu des retombées négatives sur environ la moitié de leur clientèle d'entreprises. L'incidence sur l'autre moitié a été positive ou négligeable, dans des proportions à peu près équivalentes. D'après les banques, les pourcentages respectifs de leurs clients pour qui l'incidence aura été « positive », « nulle » ou « négative » varieront peu d'ici la fin de 2005. Certaines ont cependant signalé que la proportion de leurs clients qui sont très durement touchés commence à augmenter, vu la vigueur persistante du dollar.
  • En 2004, le dollar canadien s'est établi à des niveaux bien plus élevés que ce que beaucoup avaient prévu. Les entreprises se sont néanmoins mieux tirées d'affaire que ne l'anticipaient un certain nombre de banques. Durant l'enquête réalisée en janvier 2004, plusieurs institutions avaient en effet indiqué que, si le dollar canadien franchissait le cap des 80 cents É.-U. (1,25 $ CAN), un grand nombre de leurs clients s'en ressentiraient. Or, si l'on compare les résultats attendus en janvier 2004 aux résultats effectivement observés, on ne constate aucune modification importante de la proportion des entreprises sur lesquelles la montée du dollar canadien a eu une incidence « positive », « neutre » ou « négative ».
  • Les résultats de l'enquête menée en décembre 2004 auprès des banques concordent généralement avec ceux qui sont présentés dans le supplément à l'enquête de l'hiver 2004-2005 sur les perspectives des entreprises, consacré aux ajustements opérés par les firmes canadiennes face à l'appréciation du dollar. D'après les deux enquêtes, la montée du dollar a eu des répercussions défavorables sur environ la moitié des entreprises canadiennes 2.

2) De nombreuses entreprises ont pu se soustraire aux effets de la hausse du dollar canadien grâce à une combinaison de couvertures naturelles et financières.

  • Il ne faudrait pas sous-estimer le rôle qu'ont joué les couvertures naturelles, en particulier le renchérissement des produits de base, en mettant de nombreuses entreprises à l'abri des répercussions de l'appréciation du dollar. Les niveaux plus élevés que prévu des prix de ces produits ont beaucoup contribué à atténuer les retombées plus négatives de la vigueur inattendue du dollar. À ce facteur se sont greffées d'autres couvertures naturelles, telles que la poursuite d'une croissance relativement robuste de l'économie nord-américaine et une augmentation modeste du recours à l'émission d'emprunts libellés en dollars américains (les paiements d'intérêts en dollars É.-U. servent à couvrir les flux monétaires en provenance des États-Unis).
    • La délocalisation de la production est la couverture naturelle la moins souvent mentionnée. Bien que certaines entreprises aient opté pour une telle mesure, la majorité des banques estiment que le dollar canadien devra s'établir à des niveaux plus élevés encore et s'y maintenir avant qu'une reconfiguration aussi fondamentale des modèles d'entreprise ne se concrétise (le cycle de planification stratégique est généralement plus long que le cycle d'évolution typique d'une devise).
  • En outre, de nombreuses entreprises ont pu se soustraire en partie aux effets de l'appréciation du dollar canadien en 2004 grâce aux couvertures financières qu'elles avaient mises en place pour se protéger du risque de change. Le repli du dollar jusqu'au début de mai 2004 a fourni à beaucoup d'entre elles l'occasion de combler une bonne part de leurs besoins de couverture.
  • Néanmoins, les banques signalent que, globalement, le ratio de couverture financière de leurs clients et la durée d'application de la protection sont légèrement inférieurs à ce qui serait jugé normal. Cette situation serait due notamment au fait que le cours du dollar canadien a grimpé si rapidement (surtout de mai à la fin de novembre 2004) qu'un grand nombre d'entreprises ont été prises de court et n'ont pu se protéger de façon efficace. Certaines firmes croient également que le dollar canadien se rapproche d'un sommet et qu'il terminera l'année 2005 à un niveau plus bas; elles auraient ainsi laissé diminuer le degré de leur couverture financière et sa durée d'application dans l'espoir de tirer parti d'un recul du dollar, ce qui expliquerait le degré de couverture inférieur à la normale.

3) Bien que la plupart des entreprises réussissent à s'adapter à la hausse du dollar canadien, une minorité éprouve de grandes difficultés.

  • Une minorité d'entreprises clientes a du mal à faire face à l'appréciation du dollar. Ces firmes n'ont généralement pas pu bénéficier de la couverture naturelle que procure une augmentation des prix de vente. Qui plus est, leurs résultats financiers ont souvent été mis à mal par une hausse des prix des intrants, en particulier ceux de l'énergie et des métaux communs. Vu l'érosion de leurs marges bénéficiaires, il est devenu plus difficile pour ces entreprises d'améliorer leur productivité.
  • Les banques constatent pour la plupart que les firmes très durement touchées par la hausse du dollar se concentrent dans des secteurs précis, tels que les pâtes et papiers, et sont en majorité de petites entreprises manufacturières. Dans l'ensemble, les entreprises clientes — même celles à vocation exportatrice — se défendent encore relativement bien face à l'appréciation du dollar canadien, en dépit des pressions s'exerçant sur leurs marges bénéficiaires.
Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec les personnes suivantes :

William Barker
Négociateur-chercheur principal
(613) 782-7875
Wally Speckert
Directeur adjoint
(613) 782-8102
  1. 1. Voici les membres du Comité qui ont participé à l'enquête : la Banque Scotia, la Banque Royale, la Banque de Montréal, la Banque TD, la Banque Canadienne Impériale de Commerce, la Banque HSBC Canada, Citibank, JPMorgan Chase, la Société Générale, la Banque Nationale du Canada, la Banque Laurentienne et la State Street Bank. []
  2. 2. Le supplément à l'enquête de l'hiver 2004-2005 sur les perspectives des entreprises indique que la hausse du dollar a eu un effet négatif sur environ 55 % des entreprises canadiennes; ce chiffre représente une augmentation de quelque dix points de pourcentage par rapport à l'enquête menée à l'automne. L'enquête effectuée en décembre auprès des banques actives sur le marché du dollar canadien fait ressortir un pourcentage plus faible d'entreprises désavantagées (49 %), mais une proportion légèrement plus élevée de celles-ci qualifient de « très » négative (au lieu de « plutôt » négative) l'incidence de l'appréciation. Selon les deux enquêtes, la plupart des entreprises touchées défavorablement sont des exportateurs de matières premières et de produits manufacturés, et bon nombre d'entre elles sont devenues moins optimistes au sujet de leurs perspectives d'avenir. On peut consulter le supplément à l'enquête de l'hiver 2004-2005 sur les perspectives des entreprises dans le site Web de la Banque. []