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Sommaire de l'enquête du Comité canadien du marché des changes sur la couverture du risque de change

En décembre 2005, la Banque du Canada a envoyé aux banques membres du Comité canadien du marché des changes (CCMC) 1 un questionnaire sur les stratégies de couverture du risque de change de leurs entreprises clientes. Ce questionnaire était semblable à celui adressé aux membres du Comité en 2003 et en 2004. L'objectif de l'enquête est de mieux comprendre dans quelle mesure les stratégies de couverture évoluent par suite de variations des taux de change, qu'il s'agisse des couvertures naturelles ou des opérations faisant intervenir des instruments du marché financier. Durant la deuxième semaine de janvier 2006, la Banque a rencontré chacun des douze répondants pour faire le suivi des réponses données en décembre 2005.

Les résultats recueillis sont d'ordre anecdotique et reflètent l'évaluation que font les banques des opérations de couverture de leurs clients ainsi que de l'incidence de l'appréciation du dollar canadien. La grande variété des réponses s'explique par les différences entre les clientèles des institutions et par la diversité des opérations de couverture réalisées. Elle est également attribuable en partie à la nature subjective des questions. Des points communs, exposés ci-après, se dégagent néanmoins des réponses.

Résultats

1) Les banques ont déclaré qu'en moyenne, l'appréciation du dollar canadien a eu une incidence négative sur environ la moitié de leur clientèle. Les proportions estimées sont demeurées relativement stables au cours des trois enquêtes, malgré la vigueur soutenue du dollar canadien.

Les banques sont d'avis que l'appréciation qu'a connue le dollar canadien en 2005 a eu des retombées négatives sur environ la moitié de leur clientèle d'entreprises. L'incidence sur l'autre moitié a été neutre ou positive, dans des proportions à peu près équivalentes. (Ces proportions sont demeurées essentiellement inchangées par rapport à celles relevées lors des enquêtes précédentes.) Plusieurs banques ont indiqué cependant que la montée du dollar commençait à avoir des répercussions négatives de plus en plus fortes sur les clients qui n'ont pas pu s'adapter assez rapidement aux nouveaux taux de change.

2) De nombreuses entreprises ont pu se soustraire aux effets de la hausse du dollar canadien grâce à une combinaison de couvertures naturelles et financières.

La couverture naturelle offerte par le renchérissement des produits de base est le facteur le plus important invoqué pour expliquer cette apparente résilience face à l'appréciation du dollar canadien. (L'importance de cette couverture naturelle a été mentionnée à maintes reprises, tout comme dans les enquêtes précédentes.)

Parmi les autres couvertures signalées par les personnes interrogées figurent :

  1. la protection résiduelle fournie par les couvertures financières existantes, bien que ces couvertures n'aient dans plusieurs cas pas été renouvelées;
  2. le recours accru à des emprunts libellés en dollars américains;
  3. le passage à une comptabilité en dollars américains (un phénomène qui ne semble toutefois pas s'être accéléré en 2005).

D'autres facteurs ont permis aux entreprises de se soustraire aux effets de la hausse du dollar canadien, notamment la capacité d'améliorer la productivité et/ou de réorienter la production vers des produits à plus forte valeur ajoutée, ainsi que la possibilité, pour certaines firmes, de répercuter la hausse de la monnaie sur leurs clients ou de négocier des baisses de prix avec leurs fournisseurs.

Certains répondants ont aussi mentionné le déplacement de la production vers les États-Unis ou vers des pays à faibles coûts, mais l'appréciation du dollar canadien n'est pas le principal facteur motivant ce choix. (Pour de nombreuses entreprises, la délocalisation de la production est une décision stratégique prise dans le cadre d'un plan pluriannuel — dont la durée dépasse le cycle d'évolution habituel d'une devise; en outre, une telle décision dépend souvent de considérations qui ne sont pas nécessairement liées aux variations de la monnaie.)

3) La plupart des entreprises désavantagées semblent être concentrées dans des secteurs précis.

Les firmes qui, selon les banques, ont du mal à faire face à l'appréciation du dollar canadien ont tendance à être concentrées dans des secteurs précis. Les répondants ont signalé que l'industrie forestière — et tout particulièrement les entreprises de pâtes et papiers de l'Est du Canada — était la plus durement touchée, comme c'était le cas lors des enquêtes précédentes. De plus petites entreprises manufacturières, situées principalement dans le centre du pays, éprouveraient elles aussi des difficultés attribuables à la vigueur du dollar canadien.

4) Couvertures financières : les ratios de couverture et les échéances tendent à diminuer.

Presque tous les répondants constatent, globalement, une diminution du degré de couverture financière ainsi que de la période couverte par les opérations. Cette situation est souvent associée aux exportateurs qui sont désavantagés par la hausse du dollar canadien, mais qui ne sont pas disposés à se couvrir aux taux de change courants.

De nombreux facteurs ont été invoqués pour expliquer ce phénomène :

  1. la perspective de voir le cours du dollar canadien atteindre un sommet en 2006 avant de redescendre, si bien que des positions de couverture pourraient être prises à des taux de change plus avantageux dans l'avenir;
  2. la conviction que les entreprises qui ne sont pas rentables aux cours actuels ne gagneraient rien à se couvrir, puisque cela ne ferait que matérialiser leurs pertes;
  3. la réticence de certaines entreprises à conclure des opérations de couverture à un cours pour le dollar canadien supérieur à ce qu'elles avaient prévu dans leurs budgets de 2006;
  4. le fait que les contrats à terme se négocient à escompte (le taux de change étant exprimé en dollar canadien par unité de dollar américain), ce qui aurait pour effet de fixer le cours à terme du dollar canadien à un niveau supérieur au cours actuel.

En comparaison, les importateurs cherchent à augmenter la durée et le ratio de couverture des opérations d'achat en dollars américains réalisées pour se prémunir contre le risque de change ainsi qu'à profiter de ce qu'ils considèrent comme un cours à long terme raisonnable pour le dollar canadien. Par contre, ces acheteurs de dollars américains ne représentent généralement qu'environ 5 à 20 % de la clientèle des banques sondées.

Selon les résultats de l'enquête, la majorité des entreprises qui se couvrent contre le risque de change préfèrent encore les structures « classiques » que la réglementation comptable en vigueur reconnaît comme des couvertures. Fait intéressant, quelques répondants ont signalé un recours accru aux options sur devises comme instruments de couverture. Les entreprises peuvent ainsi se prémunir contre le risque d'une baisse des cours tout en s'assurant un meilleur niveau de couverture dans le cas d'une dépréciation du dollar canadien (compte tenu de leurs prévisions à propos des taux de change, dont il est question ci-dessus). D'autre part, le fait que les contrats à terme se négocient à escompte a rendu le paiement de primes d'options relativement plus avantageux. Enfin, quelques répondants ont aussi constaté une certaine volonté, bien que faible, d'adopter des structures de couverture plus « exotiques » fondées sur les options.

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec les personnes suivantes :

William Barker
Négociateur-chercheur principal
613 782-7875
Wally Speckert
Conseiller en gestion financière
613 782-8102
  1. 1. Les institutions qui ont participé à l'enquête du CCMC sont : la Banque de Montréal, Marchés mondiaux CIBC, Citigroup (New York), la Deutsche Bank (New York), la Banque HSBC (Canada), JPMorgan Chase (Canada), la Banque Nationale du Canada, RBC Marchés des Capitaux, la Banque Scotia, la Société Générale (Canada), la State Street Bank (Canada) et la Banque TD.[]