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Déclaration préliminaire devant le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce

Monsieur le Président, distingués membres du Comité, bonjour. Nous apprécions la possibilité que nous avons, deux fois l'an, de vous rencontrer à la suite de la parution du Rapport sur la politique monétaire. Ces séances nous aident à bien renseigner les sénateurs, et par votre entremise tous les Canadiens, au sujet de notre point de vue sur l'économie, de l'objectif de la politique monétaire et des mesures que nous prenons pour l'atteindre.

Lorsque Paul et moi nous sommes présentés devant vous en octobre, nous vous avons indiqué que l'expansion des économies mondiale et canadienne se poursuivait à un rythme solide, que l'économie du pays semblait fonctionner à sa pleine capacité et qu'elle continuerait de le faire en 2006 et en 2007. La Banque projetait que le taux d'accroissement de l'IPC global et de l'indice de référence se situerait aux alentours de 2 % à partir du deuxième semestre de 2006. Cette projection supposait que les cours du pétrole seraient de 64 dollars É.-U. le baril environ, soit le niveau indiqué à ce moment-là par les prix des contrats à terme. Nous faisions aussi l'hypothèse que les prix des produits de base seraient stables, que les dépenses publiques progresseraient en gros au même rythme que les recettes, et que le cours du dollar canadien continuerait de se négocier dans une fourchette de 85 à 87 cents É.-U.

Dans le numéro d'avril du Rapport sur la politique monétaire, nous expliquons que l'économie mondiale affiche un dynamisme légèrement plus grand que prévu : le prix du baril de pétrole est d'environ 10 dollars É.-U. plus élevé que ce qui avait été anticipé; les métaux se sont considérablement renchéris; et le cours du dollar canadien a évolué dans une fourchette de 85 1/2 à 88 1/2 cents É.-U.

La Banque prévoit, dans ce Rapport, que la croissance sera de 3,1 % en 2006, de 3,0 % en 2007 et de 2,9 % en 2008. L'inflation mesurée par l'IPC global continuera d'être volatile et de dépendre de l'évolution des marchés du pétrole brut et du gaz naturel, et avoisinera 2 %, en moyenne, en 2007 et en 2008 (si l'on exclut les effets d'une modification de la TPS). La Banque s'attend à ce que l'inflation mesurée par l'indice de référence remonte à 2 % au second semestre de l'année et y demeure jusqu'à la fin de 2008.

Cette projection repose sur trois hypothèses clés : premièrement, les cours de l'énergie resteront essentiellement aux niveaux indiqués par les prix des contrats à terme; deuxièmement, les administrations publiques canadiennes continueront de gérer des budgets relativement équilibrés; troisièmement, la résorption ordonnée des déséquilibres mondiaux ira de pair avec une baisse graduelle du taux de change réel effectif du dollar É.-U. Quant au dollar canadien, il ne sera que légèrement touché par le recul de la devise américaine et cet ajustement se produira vers la fin de l'horizon projeté.

Des risques, tant à la hausse qu'à la baisse, pèsent sur la projection de la Banque en matière de croissance et d'inflation. Nous jugeons que ceux-ci sont à peu près équilibrés, mais que les risques à la baisse seront légèrement prépondérants plus tard au cours de la période de projection, en raison de la possibilité d'une correction désordonnée des déséquilibres internationaux. Nous considérons que cette éventualité est un peu moins probable qu'elle ne l'était il y a quelque temps, à en juger par les signes d'une modification des politiques dans certains pays et de la composition de la demande mondiale.

À la lumière de ces perspectives et de son évaluation actuelle des risques, la Banque estime qu'elle pourrait devoir relever encore quelque peu le taux directeur afin de maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande globales et de garder l'inflation au taux cible à moyen terme. Nous suivrons de près l'évolution de l'économie canadienne en tenant compte de la hausse cumulative du taux directeur depuis septembre dernier.

Monsieur le Président, je tiens à souligner que ce que nous exposons dans le Rapport sur la politique monétaire publié en avril est une projection relative à la croissance et à l'inflation, et que cette projection est fondée sur les hypothèses dont je viens de parler. Nous la rendons publique pour que les Canadiens et les marchés financiers sachent sur quelle base la Banque fonde le jugement qu'elle porte sur la façon dont l'économie évolue. Lorsque nous établissons notre taux directeur, ce que nous faisons huit fois par année, nous évaluons toutes les informations disponibles sur les économies mondiale et canadienne en fonction de notre scénario de référence, et nous prenons ensuite les décisions qui s'imposent dans le cadre de notre politique monétaire.