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Rapport sur la politique monétaire – Déclaration préliminaire à la conférence de presse

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Bonjour. Le gouverneur Poloz et moi sommes ravis d’être ici pour répondre à vos questions au sujet de l’annonce de ce matin concernant les taux d’intérêt et de notre Rapport sur la politique monétaire (RPM). Mais auparavant, permettez-moi de vous donner un aperçu des enjeux qui ont revêtu le plus d’importance dans les délibérations du Conseil de direction.

Nous avons d’abord pris acte de certaines évolutions très positives. L’économie canadienne continue de tourner près des limites de sa capacité, et la croissance est relativement généralisée dans l’ensemble des secteurs et des régions. Parallèlement, l’inflation se situe près de notre cible. Ce qui ressort, c’est que même si la Banque a relevé le taux directeur aujourd’hui pour le porter à 1,75 %, la politique monétaire reste expansionniste. De fait, le taux directeur est encore aujourd’hui négatif en termes réels, c’est-à-dire une fois l’inflation prise en compte.

Dans ce contexte, nos discussions ont logiquement porté sur les principaux moteurs de l’activité économique et de l’inflation durant notre période de projection, et sur le rythme approprié pour ramener le taux directeur à une orientation neutre. Je me permets de vous rappeler que notre estimation de cette orientation neutre correspond à une fourchette, qui va actuellement de 2½ à 3½ %. Il s’agit d’une fourchette plutôt que d’une estimation ponctuelle, car le taux neutre ne s’observe pas et peut varier au fil du temps.

Commençons par notre évaluation de l’évolution de l’inflation. Cette dernière s’est située près de la limite supérieure de notre fourchette cible de 1 à 3 % en juillet et en août, soit à un niveau un peu plus élevé que nous l’avions prévu dans notre RPM de juillet. Comme nous l’avons indiqué dans notre dernière annonce du taux directeur, en septembre, les chercheurs de la Banque considéraient que cette hausse inattendue était attribuable à une même composante de l’indice des prix à la consommation : les tarifs aériens. Ils étaient d’avis que cette composante serait volatile au cours des prochains mois en raison de changements d’ordre méthodologique apportés par Statistique Canada. Ils avaient vu juste. Les données les plus récentes, publiées vendredi dernier, montrent que l’inflation est redescendue à 2,2 % en septembre, du fait surtout que le pic des tarifs aériens s’est inversé. Cette composante pourrait se montrer encore volatile dans les mois à venir.

Ce qu’il faut souligner, c’est que nos mesures de l’inflation fondamentale restent fermement autour de 2 %. Ce résultat cadre avec une économie qui tourne à pleine capacité. Cet épisode illustre toute l’importance de faire la distinction entre les éléments volatils de l’inflation et les pressions sous-jacentes plus persistantes.

Jusqu’ici, les marchés du travail montrent peu de signes de pressions sur les salaires. Malgré un taux de chômage proche de son plus bas niveau en 40 ans, la croissance sous-jacente des salaires avoisine 2,3 %. Il s’agit d’un indicateur rétrospectif, et nous prévoyons que la croissance des salaires augmentera durant l’année à venir. Les entreprises avec qui nous avons parlé dans le contexte de notre enquête de l’automne sur les perspectives des entreprises s’attendent à ce que les hausses salariales s’accentuent au cours des prochains trimestres. Elles nous ont aussi dit que les pressions sur la capacité de production demeurent élevées et que les pénuries de main-d’œuvre deviennent plus intenses.

Le Conseil de direction a longuement discuté des implications du récent Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC). L’AEUMC est une bonne nouvelle, car il permettra de réduire une source importante d’incertitude qui a freiné les investissements des entreprises. Je vous rappelle que nous avons abaissé jusqu’ici les perspectives d’investissement en raison de cette incertitude. Nous savons de notre plus récente enquête sur les perspectives des entreprises, qui a été menée avant la conclusion de cet accord, que les intentions d’investissement de ces dernières étaient déjà plutôt positives. Les chefs d’entreprise nous ont dit envisager d’accroître leur capacité et leur productivité afin de tirer parti de la vigueur de l’économie américaine. Ainsi, compte tenu de l’accord, nous avons annulé en partie cette diminution du profil des investissements. Par mesure de prudence, nous ne l’avons pas retirée en entier, car nous voulons voir comment les entreprises ajustent effectivement leurs projets d’investissement. Cette prudence s’impose en outre parce que nous savons que les défis de compétitivité pèsent eux aussi sur les investissements.

L’approbation du projet de gaz naturel liquéfié sur la côte Ouest vient s’ajouter aux bonnes nouvelles économiques, quoique son incidence soit légèrement contrebalancée par la baisse des cours des produits de base. Dans l’ensemble, le profil d’évolution future des investissements est plus favorable qu’en juillet, ce qui augmente à la fois la croissance réelle et la marge dont dispose l’économie pour croître sans engendrer d’inflation.

Cela dit, les mesures protectionnistes, notamment celles concernant les États-Unis et la Chine, ont aussi retenu notre attention, car elles pèsent encore sur les perspectives mondiales. Nous avons intégré dans nos prévisions les incidences attendues des droits de douane imposés jusqu’à maintenant. Nous avons aussi intégré un effet modérateur sur la confiance qui provient de la menace de nouvelles mesures. Tout compte fait, nous estimons que ces facteurs devraient réduire la production mondiale de 0,3 % d’ici la fin de 2020. C’est un coût considérable, qui s’élève à plus de 200 milliards de dollars américains.

Cette situation représente un risque aussi bien à la hausse qu’à la baisse pour la politique monétaire canadienne. En effet, il est possible que les États-Unis et la Chine réussissent à apaiser ou à régler ce conflit commercial. Un tel résultat serait positif pour le commerce international et les investissements, et pour le Canada. Le conflit pourrait toutefois s’aggraver, ce qui mettrait en péril d’importantes chaînes de valeur mondiales. Bien sûr, cela réduirait la croissance à long terme et la prospérité à l’échelle mondiale. Toutefois, les conséquences globales pour l’inflation seraient incertaines.

En ce qui concerne le Canada, le Conseil de direction évalue la façon dont les gens s’adaptent à la fois aux taux d’intérêt plus élevés et aux modifications apportées plus tôt cette année aux règles de souscription des prêts hypothécaires. Nous avons constaté que les ménages ajustent leur budget essentiellement comme prévu. Nous comprenons que cela peut être difficile, particulièrement pour ceux qui sont fortement endettés. Parallèlement, l’emploi et les revenus continuent de croître, ce qui peut aider à amortir le processus d’ajustement. De plus, la qualité des nouveaux emprunts s’améliore et l’activité dans le secteur du logement ralentit pour se situer à un niveau plus soutenable. Tous ces éléments rendent l’économie plus résiliente et réduisent l’éventualité que de nombreuses personnes se retrouvent plus tard dans une situation difficile. Les modifications aux règles semblent également avoir contribué à tempérer l’élan des spéculateurs sur certains marchés, ce qui diminue la pression sur l’accessibilité à la propriété. Dans l’ensemble, bien que les vulnérabilités du système financier demeurent élevées, le fait qu’elles se soient stabilisées et aient diminué légèrement à plusieurs égards est positif.

On trouvera dans l’encadré 4 du RPM une analyse actualisée de ces questions concernant les ménages. Un compte rendu plus détaillé des effets des règles de souscription sur les emprunts paraîtra dans le portail sur le système financier que nous lancerons d’ici quelques semaines. Ce portail est une section de notre site Web où nous pouvons présenter notre analyse des vulnérabilités et des risques courants liés au système financier d’une façon qui soit accessible à un large auditoire.

Compte tenu de tous ces facteurs, le Conseil de direction estime que le taux d’intérêt directeur devra augmenter jusqu’à parvenir à une orientation neutre pour assurer l’atteinte de la cible d’inflation. Vous avez peut-être remarqué que nous n’avons pas employé le mot « graduel » pour décrire le rythme des ajustements à la politique monétaire. Nous avons en effet voulu éviter de donner l’impression que nous suivons de façon mécanique une trajectoire prédéterminée. Le rythme approprié des hausses de taux dépendra de l’évaluation que fait le Conseil de direction, à chaque date d’annonce préétablie, de l’évolution des perspectives d’inflation et des risques connexes. En particulier, le Conseil continuera de tenir compte de la façon dont l’économie s’ajuste aux taux d’intérêt plus élevés, vu le haut niveau d’endettement des ménages. Si les risques à la baisse retiennent généralement l’attention de nombreux commentateurs, il se peut aussi qu’une forte confiance des consommateurs se conjugue à la vive croissance de l’emploi et des revenus et se traduise par une consommation plus élevée que prévu. Nous prêterons aussi une attention particulière à l’évolution des politiques commerciales mondiales et à ses implications pour les perspectives d’inflation. Encore une fois, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un risque aussi bien à la hausse qu’à la baisse.

Sur ce, le gouverneur Poloz et moi serons heureux de répondre à vos questions.

Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2018

La Banque prévoit que l’économie canadienne continuera de croître au même rythme que la production potentielle jusqu’à la fin de 2020.

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