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Trading on Long-term Information

Disponible en format(s) : PDF

Les investisseurs qui font des opérations après s’être bien informés sont considérés comme l’ossature des marchés boursiers. Par leurs recherches, ils tentent de découvrir la valeur des actions et, par leurs transactions, ils influencent les prix afin que ceux-ci se rapprochent de la véritable valeur des titres. Ces investisseurs pourraient voir leur métier se compliquer si les opérateurs du créneau de la négociation à haute fréquence en quête de gains rapides recourent à l’apprentissage machine et à d’autres technologies pour découvrir à quel moment les investisseurs bien informés sont actifs sur le marché. En effet, lorsque ces investisseurs bien informés achètent ou vendent, les opérateurs en quête de gains rapides leur emboîtent le pas, les privant alors ainsi (dans un sens) d’une partie de leurs bénéfices. En dissuadant les investisseurs bien informés de réaliser des transactions, ce comportement pourrait dégrader la valeur informative des prix, ce qui en soi pourrait avoir de plus larges répercussions sur l’économie.

Pour déterminer ce qui en est, nous analysons un échantillon d’opérations sur actions pour une période de onze ans et nous étudions la situation à long terme d’investisseurs identifiés comme des investisseurs bien informés. Nous voulons savoir si ces investisseurs se portent bien et s’ils sont pénalisés par l’activité d’opérateurs en quête de gains rapides. Contrairement aux conclusions de certaines études empiriques, nous constatons que les volumes de transactions et les profits des investisseurs bien informés sont restés plutôt constants durant la période à l’étude. Par ailleurs, nous ne trouvons pas de signes d’une détérioration de la valeur informative des prix, nos indicateurs de la qualité de l’information révélée par les prix étant stables. Ces résultats ne sont pas contredits par la croissance lente (puis la baisse) de l’activité des opérateurs en quête de gains rapides. De plus, les investisseurs bien informés savent brouiller les pistes pour que leur présence sur les marchés ne soit pas détectée par les algorithmes.

Globalement, loin d’être des « proies » dans l’écosystème des marchés financiers, les investisseurs bien informés sont en revanche des « prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire ». Ils semblent si bien exceller dans ce qu’ils font (d’après ce que nous arrivons à mesurer) que les prix véhiculent assez peu d’informations sur ce qu’ils savent. En conséquence, il n’est pas sûr que les initiatives destinées à protéger les investisseurs bien informés des opérateurs en quête de gains rapides soient vraiment nécessaires. En fait, les autorités de réglementation pourraient devoir penser à élargir la concurrence dans le secteur financier entre – justement – les investisseurs bien informés.

 

DOI : https://doi.org/10.34989/swp-2020-20