Résultats de l’enquête du 3e trimestre | Vol. 2.3 | 18 octobre 2021

La présente enquête a été menée pendant le troisième trimestre de 2021, où la plupart des Canadiens étaient pleinement vaccinés contre la COVID‑19 et le variant Delta commençait à se propager dans l’ensemble du pays1, 2.

Vue d’ensemble

  • Les consommateurs comptent augmenter sensiblement leurs dépenses, mais demeurent prudents en raison du variant Delta.
  • Les Canadiens pensent que l’inflation sera plus élevée à court terme en raison des problèmes d’offre, mais que cette situation ne durera pas. Les attentes d’inflation demeurent bien ancrées.
  • Les gens sont plus disposés à changer d’emploi, dans un contexte de confiance accrue à l’égard du marché du travail. Toutefois, les membres des minorités visibles, les Autochtones et les personnes handicapées s’estiment beaucoup plus susceptibles que les autres de perdre leur emploi.
  • Depuis le début de la pandémie, les Canadiens valorisent davantage les emplois offrant un horaire de travail qui leur convient. Beaucoup ont aussi indiqué qu’ils aimeraient travailler dans un secteur différent.
  • Les répondants ne s’attendent pas à d’importantes hausses salariales, malgré les améliorations récentes sur le marché du travail et leur perception que l’inflation est plus élevée.

Les consommateurs prévoient augmenter considérablement leurs dépenses, même si des inquiétudes liées à la COVID‑19 subsistent

Les attentes des consommateurs quant à la croissance des dépenses restent fortes, en raison de deux principaux facteurs (graphique 1) :

  • Plus de gens se sentent à l’aise de reprendre leurs activités habituelles. Environ les trois quarts des répondants sont prêts à participer – au moins dans une certaine mesure – à des activités en personne, comme de petits rassemblements. En fait, certains d’entre eux pensent que les grands rassemblements sont sécuritaires ou même qu’aucune restriction n’est nécessaire. Il s’agit d’une hausse par rapport au trimestre précédent, où moins de la moitié étaient de cet avis. Ce résultat s’explique probablement du fait qu’au moment de l’enquête du troisième trimestre la plupart des Canadiens étaient pleinement vaccinés, et les taux d’infection et d’hospitalisation avaient baissé dans le gros du pays.
  • La demande refoulée de certains biens et services subsiste après de longues périodes de restrictions, probablement soutenue par les épargnes supplémentaires des consommateurs. Plus de 40 % des répondants ont déclaré avoir épargné plus qu’à l’habitude pendant la pandémie, souvent grâce à leurs dépenses moins élevées. Ceux qui ont accumulé des épargnes ont l’intention d’en dépenser environ le tiers d’ici la fin de 2022. En fait, ils ont indiqué avoir déjà dépensé à peu près 10 % de leurs épargnes supplémentaires en 2021.

Néanmoins, une certaine prudence persiste relativement au virus et à la reprise des activités sociales, ce qui permet de penser que certains secteurs de l’économie ne se sont pas encore complètement redressés. Un grand nombre de Canadiens ont indiqué vouloir dépenser plus dans des activités telles que les sorties au restaurant et les voyages une fois qu’eux-mêmes et la plupart des gens auront été vaccinés. Ce nombre a cependant baissé par rapport au deuxième trimestre (graphique 2), ce qui reflète probablement les inquiétudes des consommateurs à l’égard du variant Delta.

L’écart entre la croissance attendue des dépenses et celle du revenu demeure prononcé. Même si cette différence peut s’expliquer en partie par l’épargne exceptionnellement élevée que les gens ont accumulée durant la pandémie, elle pourrait aussi indiquer que certains ménages prévoient emprunter davantage.

Graphique 1 : Attentes relatives au revenu et aux dépenses des ménages

Graphique 2 : La croissance attendue des dépenses dans les services à forte proximité physique a ralenti

2021T22021T3
Éducation0,5-2,83
Biens durables (voitures, électroménagers, ameublement)4,48-1,05
Vêtements et chaussures13,736,23
Soins de santé et personnels12,987,98
Voyage et transport21,5310,7
Épicerie6,5911,3
Frais de logement12,8811,71
Restaurants, cinéma, activités sociales26,8815,63

Les consommateurs croient que l’inflation sera temporairement plus élevée

Les attentes d’inflation à court terme se sont ajustées à la récente montée de l’inflation, mais les consommateurs estiment que cette hausse sera temporaire (graphique 3)3, 4, 5. Les attentes à l’horizon d’un an ont atteint un sommet et dépassé pour la première fois celles d’horizons plus longs. Quant aux attentes à moyen terme, elles n’ont que quelque peu augmenté, tandis que celles à long terme restent inchangées. La plupart des répondants s’attendent à ce que, à moyen terme, l’inflation se maintienne à l’intérieur ou juste au-dessus de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation visée par la Banque, qui va de 1 à 3 % (quoique cette proportion est en légère baisse). Ces résultats cadrent avec des attentes d’inflation à moyen terme qui restent bien ancrées.

Les entrevues de suivi avec les répondants permettent de penser que la légère hausse des attentes d’inflation à court terme est liée aux effets continus de la pandémie, notamment les contraintes d’offre6. Les consommateurs s’attendent à ce que l’inflation ralentisse lorsque la pandémie prendra fin. Ils anticipent que les problèmes d’offre seront temporaires, et croient que l’inflation diminuera à mesure que les contraintes vont s’alléger.

La plupart des répondants ont fait état d’une hausse du coût de la vie depuis le début de la pandémie. Ils ont mentionné que les prix de la nourriture, de l’essence et de gros achats, comme les voitures et les maisons, ont fortement monté.

Graphique 3 : Attentes d’inflation

Les Canadiens sont plus confiants vis-à-vis le marché du travail

Les attentes des consommateurs quant aux conditions du marché du travail se sont améliorées, bien qu’elles sont plus faibles qu’avant la pandémie. La probabilité de départ volontaire a augmenté pour atteindre les niveaux d’avant la pandémie (graphique 4), ce qui donne à penser que certaines personnes sont plus disposées à changer d’emploi maintenant que l’économie est rouverte et que les taux de vaccination se sont accrus. Cela pourrait aussi s’expliquer par la demande refoulée créée par les travailleurs qui auraient mis leur recherche d’emploi sur pause lorsque les marchés de l’emploi étaient restreints au début de la pandémie et que les gens étaient davantage préoccupés par le virus.

Les répondants sont plus nombreux qu’avant la pandémie à vouloir changer d’emploi pour avoir un horaire qui leur convient (plus d’heures, moins d’heures, heures régulières, etc.), et certains aimeraient même décrocher un poste dans un secteur différent (encadré 1). On associe généralement un roulement de personnel élevé à une amélioration des conditions du marché du travail, et les attentes des Canadiens quant à leurs perspectives de trouver un emploi se situent maintenant près des niveaux prépandémie.

Les attentes des Canadiens quant à la probabilité de perdre leur emploi restent relativement plus élevées qu’avant la crise. De plus, bien que les perceptions du marché du travail s’améliorent, des vulnérabilités subsistent – notamment chez les minorités visibles, les Autochtones et les personnes handicapées (encadré 2). Enfin, ces attentes demeurent plus élevées en Alberta que dans le reste du pays.

Graphique 4 : Roulement de la main-d’œuvre

Encadré 1 : La pandémie pourrait avoir changé ce que les Canadiens recherchent dans un emploi

De nombreux répondants ont indiqué qu’ils aimeraient changer d’emploi s’ils pouvaient obtenir un salaire plus élevé, des débouchés de carrière plus intéressants et de meilleures heures de travail. D’après les résultats de l’enquête, avoir un horaire de travail convenable a gagné en importance depuis le début de la pandémie. Plus de gens cherchent maintenant un emploi offrant un horaire régulier ou des heures de travail obligatoires réduites. Ce changement d’attitude pourrait refléter les conséquences négatives qu’ont subies beaucoup de Canadiens en travaillant pendant la pandémie. Par exemple, il est possible que les travailleurs des secteurs du commerce, du transport et de l’entreposage sentent une pression venant de l’intensification du magasinage en ligne durant la pandémie. Cela dit, certains préféreraient travailler plus d’heures, ce qui laisse penser qu’il y aurait des capacités excédentaires sur le marché du travail.

Bon nombre de Canadiens – dont à peu près le tiers des chercheurs d’emploi – ont signalé qu’ils aimeraient travailler dans un secteur différent (graphique 1‑A). Une plus grande part de chômeurs – environ 50 % – que de personnes occupant un emploi sont aussi dans ce camp. La situation pourrait s’expliquer par le fait que les chômeurs sont moins attachés à un domaine particulier. Les travailleurs des secteurs moins bien rémunérés ou qui ont été durement touchés par la pandémie, comme ceux des loisirs et de la culture, sont plus susceptibles de changer de secteur. Enfin, les travailleurs de 55 ans et plus sont moins enclins à indiquer vouloir se réorienter de la sorte, ce qui cadre avec la mobilité professionnelle réduite de ce groupe.

Même secteurSecteur différent
Ensemble des chercheurs d’emploi62,3374437,66256
Employés, à la recherche d’un nouvel emploi ou d’un emploi additionnel64,5980135,40199
Sans emploi, mais veulent travailler49,4690550,53095

Encadré 2 : La probabilité perçue de perdre son emploi est plus forte parmi les groupes vulnérables

Les résultats de l’enquête du troisième trimestre en disent plus sur la situation de différents groupes démographiques. Ce supplément d’information aide la Banque du Canada à mieux comprendre comment se porte le marché du travail du point de vue de tous les Canadiens. Par exemple, les répondants autochtones, handicapés et membres de minorités visibles ont déclaré avoir des chances relativement élevées de quitter ou de perdre leur emploi d’ici un an (graphique 2‑A). La probabilité de quitter son emploi se chiffre à plus de 50 % chez les Autochtones, et à environ 35 % chez les minorités visibles. La moyenne canadienne est d’à peu près 20 %. Ces écarts s’expliquent probablement par les conditions de travail plus précaires chez les Autochtones, les personnes handicapées et les minorités visibles. En effet, ces groupes ont aussi fait état d’une plus forte probabilité de perte d’emploi, située entre 31 et 48 %, comparativement à la moyenne nationale d’environ 10 %.

Ensemble des répondantsMinorités visiblesAutochtonesPersonnes handicapées
Quitter votre emploi19,1535,0451,3229,44
Perdre votre emploi12,2430,647,7741,53

Les Canadiens continuent de s’attendre à des augmentations de salaire modérées

Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des salaires demeurent modérées (graphique 5). Cela semble indiquer que les perceptions d’une inflation plus élevée et le marché du travail plus tendu n’ont pas amené les travailleurs qui restent dans leur emploi actuel à anticiper de plus fortes hausses salariales. Bien que globalement stables, les attentes quant à la progression des salaires varient selon les groupes démographiques. Elles ont par exemple augmenté pour atteindre un sommet chez les personnes moins scolarisées. Ce résultat pourrait témoigner des solides gains au chapitre de l’emploi enregistrés dans ce groupe au cours de l’été, alors que les restrictions étaient assouplies. En contraste, les attentes de progression des salaires ont légèrement diminué chez les personnes ayant un plus haut niveau de scolarité. Les perceptions à l’égard de la croissance des salaires au cours des 12 mois précédents sont tombées à 1,2 %, soit un niveau inférieur à la moyenne historique de l’enquête.

Parmi les raisons invoquées par les répondants pour expliquer leurs attentes modérées à l’égard de la croissance des salaires, notons les suivantes :

  • des augmentations salariales convenues précédemment dans les conventions collectives;
  • un faible pouvoir de négociation;
  • une incertitude élevée quant aux conditions du marché du travail;
  • une plus grande importance accordée à l’équilibre travail-vie personnelle.

Graphique 5 : Attentes à l’égard de la croissance des salaires


  1. 1. L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. L’enquête du troisième trimestre de 2021 a été réalisée entre les 13 et 28 août 2021. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.[]
  2. 2. Afin d’affiner l’analyse de la Banque, cette enquête segmente les réponses obtenues en fonction de trois groupes démographiques supplémentaires, soit les minorités visibles, les Autochtones et les personnes handicapées.[]
  3. 3. Nous nous concentrons sur la médiane des anticipations plutôt que sur leur moyenne pour éviter les asymétries pouvant être associées à des valeurs extrêmes. Pour des précisions sur le mode de calcul de la médiane des attentes d’inflation et d’autres données faisant l’objet du présent rapport, se reporter au document Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble.[]
  4. 4. Comme dans d’autres pays, au Canada, les anticipations d’inflation des ménages ont tendance à être un peu supérieures à l’inflation observée. Il est donc plus utile de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux à des moments donnés. Pour des précisions à ce sujet, voir M.-A. Gosselin et M. Khan (2015), « Une enquête sur les attentes des consommateurs pour le Canada », Revue de la Banque du Canada, automne, p. 15-26; et Center for Microeconomic Data (2021), Survey of Consumer Expectations, Banque fédérale de réserve de New York, mai.[]
  5. 5. Les attentes d’inflation peuvent varier selon les caractéristiques démographiques (âge, niveau de scolarité et revenu). C’est pour cela qu’il vaut mieux s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux à des moments donnés pour bien comprendre l’ensemble des pressions inflationnistes.[]
  6. 6. Nielsen, entreprise spécialisée dans les études de marché, a mené des entrevues téléphoniques de suivi avec des répondants et recueilli leurs réponses pour le compte de la Banque du Canada.[]

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