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Base de données de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre sur les défauts souverains : quoi de neuf en 2020?

Description de la base de données

Jusqu’à récemment, peu d’efforts étaient consacrés à l’évaluation systématique des différents types de défauts souverains ainsi qu’au calcul de la valeur nominale globale des engagements qu’ils représentent. Afin de remédier à cette lacune, la Banque du Canada a développé, en 2014, une base de données exhaustive de défauts souverains qui se trouve sur son site Web et qui est mise à jour annuellement en partenariat avec la Banque d’Angleterre.

Cette base repose sur des ensembles de données compilées et préalablement publiées par diverses sources, publiques et privées. Elle permet de produire, à partir de données tirées de ces sources et de nouvelles informations, des estimations complètes du montant des prêts bancaires, des obligations et autres titres négociables, de même que des prêts officiels en souffrance, tous exprimés en dollars américains, pour la période allant de 1960 à 2019. Cette information est présentée à la fois pays par pays, et de manière agrégée, c’est-à-dire à l’échelle mondiale.

La base de données actualisée de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, et ses mises à jour ultérieures, sera utile aux chercheurs souhaitant analyser les effets économiques et financiers de la défaillance d’emprunteurs souverains spécifiques, ainsi que – dimension importante – l’incidence sur la stabilité financière mondiale de multiples défauts souverains.

Constats pour 2020

Depuis 1960, 147 gouvernements, soit bien plus que la moitié des 214 emprunteurs souverains actuels, ont été en situation de défaut de paiement.

Les défauts à l’échelle mondiale ont été particulièrement importants dans les années 1980, atteignant un sommet de 450 milliards de dollars américains en 1990, ce qui représentait 6,1 % de la dette publique dans le monde. L’ampleur des défauts s’est depuis fortement réduite. Ces dix dernières années, le ratio de défauts à la dette publique mondiale a oscillé entre 0,3 et 0,9 %, et on estime qu’il était de 0,4 % en 2019.

Comme par les années précédentes, en 2019, la distribution des défauts exprimés en valeur absolue était très asymétrique. Mondialement, 61 % de la dette souveraine en souffrance exprimée en dollars américains était imputable à seulement trois emprunteurs souverains : le Venezuela, Porto Rico et le Soudan. Par ailleurs, 89 % de la dette souveraine en souffrance était attribuable aux dix entités responsables des plus gros défauts souverains.

Une fois les engagements envers les créanciers officiels pris en compte, nos constats viennent nuancer les recherches antérieures sur les grappes de défauts souverains, c’est-à-dire les pics suivis d’une baisse abrupte du nombre de défauts. Cela vient du fait qu’en cas de défaut, les créanciers officiels prennent plus de temps que les créanciers privés à recouvrer leurs créances. Bien que les montants en dollars américains puissent être bas en valeur absolue, de nombreux emprunteurs souverains à faible revenu peuvent rester longtemps en situation de défaut de paiement.

Les défauts souverains ne représentent qu’une faible proportion de la dette publique totale. Environ 72 % des observations sont égales à 10 % ou moins de la dette publique. Ces données viennent revalider la tendance qu’ont les emprunteurs souverains à « choisir » les dettes qu’ils ne vont pas honorer. Seulement 48 emprunteurs souverains (6 % des observations) avaient fait défaut sur des prêts représentant de 50 à 100 % de leur dette totale.

La taille des défauts touchant le groupe de créanciers officiels du Club de Paris s’inscrit en baisse, mais celle des défauts touchant d’autres créanciers bilatéraux officiels, dont la Chine, est en hausse.

Les défauts souverains sur la dette libellée en monnaie nationale sont plus courants qu’on pourrait le croire : depuis 1960, 32 emprunteurs souverains ont été dans cette situation.

Nous concluons que les défauts recommenceront à augmenter en 2020 et au-delà. De nombreuses économies avancées et émergentes font face à un accroissement du fardeau de leur dette publique. De plus, les chocs causés à l’échelle mondiale par la COVID-19 et l’effondrement des prix du pétrole n’ont pas fini d’avoir des répercussions. En raison de l’ampleur et du nombre possibles de défauts, les mécanismes de restructuration des dettes souveraines seront mis à l’épreuve comme jamais depuis la crise de l’endettement des pays en développement des années 1980.

Dans la mise à jour de cette année, nous estimons la valeur totale des défauts souverains en 2019 à 295,6 milliards de dollars américains, ce qui témoigne d’une baisse marquée par rapport à 2018, où elle se chiffrait à 395,9 milliards de dollars américains (total révisé). Les données par catégorie de grands créanciers montrent que la baisse de l’an dernier est surtout attribuable à la diminution des défauts touchant les « autres créanciers officiels1 ». Cette catégorie avait gonflé en 2018, la Grèce ayant alors restructuré 111 milliards de dollars américains de dettes officielles contractées dans le cadre du mécanisme européen de stabilité et auprès d’autres partenaires européens. Ce montant n’apparaît donc pas dans le total de cette catégorie pour 2019.

La valeur des défauts sur les obligations libellées en devises a augmenté de 14 milliards de dollars américains pour s’établir à près de 102 milliards de dollars américains. Parmi les facteurs expliquant cette hausse, citons :

  • un premier défaut de paiement par la Barbade;
  • la restructuration des obligations de l’Argentine régies par la législation nationale et des obligations du Mozambique régies par des lois étrangères;
  • des arriérés à taux d’intérêt plus élevé accumulés par le Venezuela et Porto Rico pour des défauts de paiement en cours sur des obligations2.

En comparaison, les défauts sur la dette libellée en monnaie nationale sont passés de 5,9 à 4,2 milliards de dollars américains. La hausse marquée de la dette restructurée de l’Argentine a plus que suffi pour faire contrepoids à la restructuration, en 2018, de la dette de la Barbade, qui n’a plus fait partie du total. Parallèlement, les défauts sur les prêts de créanciers du Club de Paris (répertoriés comme tels), ainsi que sur les prêts de la Chine et de banques étrangères, se sont inscrits en baisse. La valeur des défauts pour les autres catégories de créanciers a peu varié.

Voici les autres grands changements rapportés dans cette mise à jour :

  • l’ajout de nouvelles données concernant les défauts sur les prêts officiels de la Chine depuis 2000;
  • la mise à jour des données annuelles (selon la disponibilité) sur la dette du gouvernement central de chaque pays;
  • la révision mineure des données agrégées et par pays sur les défauts de paiement pour la période de 1960 à 2018;
  • l’ajout d’une section sur l’ampleur des arriérés intérieurs en 2018, dont les données figurent à l’onglet DOMARS, situé dans le bas de la feuille de calcul principale de la base de données;
  • la mise à jour de l’onglet DATA, qui fournit les données sur les défauts (agrégées et par pays, en format téléchargeable), et de l’onglet DEBTOTAL, qui fournit les données sur l’encours de la dette publique totale par pays.
  1. 1. Sont exclus de cette catégorie le Fonds monétaire international, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, l’Association internationale de développement, le Club de Paris et la Chine.[]
  2. 2. Les défauts de paiement de moindre valeur concernent les anciennes obligations argentines dont l’échange n’est pas terminé, ainsi que les créances non productives émises par Nauru et le Zimbabwe.[]

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DOI : https://doi.org/10.34989/san-2020-13

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