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Base de données de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre sur les défauts souverains : quoi de neuf en 2023?

Dernière mise à jour : août 2023

Introduction

Depuis 2014, la Banque du Canada tient à jour une base de données complète des défauts souverains afin de calculer de façon systématique la valeur nominale des différents types de défauts souverains et de les regrouper. Cette base repose sur des ensembles de données compilées et publiées par diverses sources, publiques et privées. Elle permet de produire, à partir de données tirées de ces sources et de nouvelles informations, des estimations complètes du montant des engagements financiers étatiques, à savoir les prêts bancaires, les obligations et autres titres négociables, de même que les prêts publics en situation de défaut, tous exprimés en dollars américains, pour la période allant de 1960 à 2022. Cette information est présentée à la fois pays par pays et de manière agrégée, c’est-à-dire à l’échelle mondiale.

La base de données, qui se trouve sur le site Internet de la Banque du Canada, est mise à jour annuellement en partenariat avec la Banque d’Angleterre. Les mises à jour régulières de la base sont utiles aux chercheurs souhaitant analyser les effets économiques et financiers des défauts d’emprunteurs souverains spécifiques ainsi que – dimension importante – les impacts sur la stabilité financière mondiale de multiples défauts souverains simultanés.

Dans la présente étude, nous :

  • mettons en lumière l’évolution des défauts souverains en 2022, notamment en expliquant dans ses grandes lignes la hausse de 34 % de la valeur en dollars américains des défauts souverains qui s’est produite entre 2021 et 2022;
  • revenons sur des points importants concernant le nombre, la taille et les types de défauts;
  • présentons un survol historique des défauts et de leur persistance dans les États souverains lourdement endettés et à faible revenu;
  • examinons la place grandissante de la Chine dans le financement bilatéral public, aux dépens des créanciers du Club de Paris1;
  • mettons à jour nos estimations des arriérés budgétaires au sein des États.

La version 2023 de la base de données et les recherches connexes comprennent plusieurs améliorations :

  • ajout de données concernant les défauts de paiement sur les prêts octroyés par la Chine depuis 2000
  • révisions mineures des données agrégées et des données par pays sur les défauts de paiement pour la période allant de 1960 à 2021
  • intégration de nouvelles données, par pays et à l’échelle mondiale, sur les arriérés intérieurs – les données les plus complètes sont fournies pour les années 1995 à 2022
  • nouvelle section sur les caractéristiques des défauts souverains
  • nouvelles cartes détaillées montrant les dettes en défaut par région du monde
  • document distinct révisé sur la méthode ayant servi à bâtir la base de données, et document séparé contenant les annexes et références bibliographiques
  • améliorations apportées aux fonctionnalités de la base de données

Points importants tirés de la mise à jour de 2023

La valeur totale des défauts souverains a augmenté de 34 % l’année dernière

Nous estimons la valeur totale des défauts souverains en 2022 à 554 milliards de dollars américains (0,6 % de la dette publique mondiale), ce qui représente une augmentation de 140,6 milliards de dollars (soit 34 %) par rapport à 2021, quand elle se chiffrait à 413,6 milliards de dollars américains (total révisé). Cette hausse s’est produite en dépit du recul du nombre de défauts souverains, qui est passé de 99 à 83. Cette évolution s’explique en partie par le resserrement des conditions de financement qui touche de nombreux pays pauvres très endettés (PPTE) ainsi que des marchés émergents et des marchés frontières. Les défauts souverains ont bondi de 52 % pour les PPTE et de 47 % pour les marchés émergents ou frontières, tandis qu’ils se sont seulement accrus de 2 % dans les économies avancées.

Les défauts sur les prêts de créanciers publics internationaux ont augmenté de 16 % en 2022

Les défauts sur les prêts de créanciers publics se sont accrus de 31,2 milliards de dollars américains (soit 16 %) entre 2021 et 2022, mais les principaux sous-groupes de créanciers s’en sont tirés différemment. Les défauts touchant les créanciers multilatéraux, comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement, ont diminué de 1,9 milliard de dollars américains. Dans le cas des créanciers bilatéraux, les défauts sur les prêts des membres du Club de Paris ont augmenté de près de 21 milliards de dollars américains, tandis que les défauts de paiement sur les prêts octroyés par la Chine ont augmenté de 3,1 milliards de dollars. Les défauts touchant les autres créanciers publics (bilatéraux et multilatéraux) ont enregistré une hausse de 9,1 milliards de dollars américains.

Les défauts sur les prêts de créanciers privés internationaux ont bondi de 43 %

En 2022, les défauts touchant les créanciers privés se sont plus fortement accrus que ceux touchant les créanciers publics internationaux. Ils ont aussi augmenté de 109,2 milliards de dollars américains par rapport à 2021. Comme dans le cas des créanciers publics, des différences importantes ont été constatées entre les catégories de créanciers privés. Les défauts sur les obligations en devises, qui ont représenté la plus grande part de l’ensemble des défauts de paiement (graphique 1), ont augmenté de 119,2 milliards de dollars en raison des premiers défauts de la Biélorussie, du Ghana et du Sri Lanka. Pour la première fois depuis 2016, l’Ukraine s’est également trouvée en situation de défaut de paiement sur ses obligations en devises. En revanche, les défauts de paiement sur les prêts bancaires et touchant les autres créanciers étrangers (essentiellement des fournisseurs) ont chuté de 1 milliard et de 22,2 milliards de dollars américains, respectivement.

Les défauts sur la dette libellée en monnaie nationale se sont aussi inscrits en hausse, mais par rapport à un niveau initial peu élevé

Les défauts souverains sur la dette libellée en monnaie nationale ont considérablement augmenté, passant de 275 millions de dollars américains en 2021 à 13,7 milliards de dollars en 2022. Cette hausse s’explique en grande partie par le défaut de paiement de 13,5 milliards de dollars américains du Ghana, son premier depuis 1982. L’Argentine, la Barbade et le Pérou ont aussi été en défaut de paiement, mais dans une moindre mesure.

La dette publique reste élevée alors que les taux d’intérêt augmentent dans le monde

Le FMI estime qu’à l’échelle mondiale, l’encours de la dette publique, exprimé en dollars américains, a atteint le niveau record de 92 300 milliards de dollars en 2022, soit 92 % du produit intérieur brut mondial. Le FMI prévoit également que le fardeau de la dette publique mondiale continuera de s’alourdir à moyen terme. Dans un contexte d’inflation historiquement élevée et de hausse des taux d’intérêt nominaux et réels, les paiements au titre du service de la dette restent difficiles pour de nombreux pays émergents et en développement. La Banque mondiale (2022) estime que les pays les plus pauvres (ceux qui sont jugés admissibles pour emprunter auprès de l’Association internationale de développement de la Banque mondiale) consacrent déjà plus d’un dixième de leurs recettes d’exportation au service de leur dette publique extérieure à long terme.

  1. 1. Le Club de Paris est un groupe informel composé essentiellement d’économies avancées. Les membres permanents sont les suivants : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Corée du Sud, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Irlande, Israël, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Russie, Suède et Suisse. Pour de plus amples renseignements, consulter le site Web du Club de Paris.[]

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Depuis 2014, la Banque du Canada tient à jour une base de données complète des défauts souverains afin de calculer de façon systématique la valeur nominale des différents types de défauts souverains et de les regrouper. La base de données, qui se trouve sur le site Internet de la Banque du Canada, est mise à jour annuellement en partenariat avec la Banque d’Angleterre.

BoC–BoE Sovereign Default Database: Methodology and Assumptions

Rapport technique n° 124 David Beers, Obiageri Ndukwe, Alex Charron
En 2014 la Banque du Canada a développé une base de données exhaustive de défauts souverains en partenariat avec la Banque d’Angleterre. La base de données, qui se trouve sur le site Internet de la Banque du Canada, est mise à jour annuellement et repose sur des ensembles de données publiées par diverses sources, publiques et privées. Elle permet de produire, à partir de ces données et de nouvelles informations, des estimations complètes du montant des engagements financiers étatiques en situation de défaut.

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Jusqu’à tout récemment, peu d’efforts étaient consacrés à l’évaluation systématique des différents types de défauts souverains ainsi qu’au calcul de la valeur nominale globale des engagements qu’ils représentent. Afin de remédier à cette lacune, le Groupe chargé de la notation du crédit de la Banque du Canada a développé une base de données exhaustive de défauts souverains, qui se trouve sur le site Internet de la Banque et qui sera dorénavant mise à jour en partenariat avec la Banque d’Angleterre.

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Rapport technique n° 101 David Beers, Jamshid Mavalwalla
Jusqu’à tout récemment, peu d’efforts étaient consacrés à l’évaluation systématique des différents types de défauts souverains ainsi qu’au calcul de la valeur nominale globale des engagements qu’ils représentent. Afin de remédier à cette lacune, le groupe chargé de la notation du crédit de la Banque du Canada a développé une base de données exhaustive de défauts souverains.

DOI : https://doi.org/10.34989/san-2023-10

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