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Enquête sur les perspectives des entreprises – Deuxième trimestre de 2023

Résultats de l’enquête du 2e trimestre de 2023 | Vol. 20.2 | 30 juin 2023

Selon les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises du deuxième trimestre de 2023, et ceux des enquêtes Le Pouls des entrepreneurs d’avril à juin 2023, les entreprises continuent de s’attendre à une faible croissance des ventes. Toutefois, elles ont noté que leurs indicateurs de demande intérieure ont progressé par rapport à il y a un an, alors que l’incertitude entourant la trajectoire future des taux d’intérêt et les craintes d’une récession s’estompent. Bien que les entreprises reprennent peu à peu leurs pratiques de fixation des prix d’avant la pandémie, elles continuent d’anticiper des augmentations de salaires et de prix plus importantes qu’à l’habitude.

Vue d’ensemble

  • Les entreprises continuent de s’attendre à une faible croissance des ventes. Les taux d’intérêt élevés assombrissent les perspectives de celles liées aux secteurs du logement et des dépenses discrétionnaires des consommateurs. Cependant, les répondants sont nombreux à noter que leurs indicateurs de la demande intérieure sont légèrement en hausse comparativement à l’an dernier à pareille date. Ce changement découle de plusieurs facteurs, comme :
    • la baisse de l’incertitude perçue quant à la trajectoire future des taux d’intérêt
    • la diminution des craintes de récession
    • les grands projets d’immobilisations à venir dans les secteurs privé et public
    • l’amélioration des chaînes d’approvisionnement
    • la reprise soutenue au sortir de la pandémie
  • Dans l’ensemble, les entreprises prévoient des augmentations modestes de leurs dépenses en immobilisations étant donné l’affaiblissement des perspectives entourant la demande ainsi que les coûts de financement et de construction plus élevés. En revanche, les intentions d’investissement des entreprises liées au secteur des ressources naturelles demeurent solides et sont soutenues par la forte demande mondiale et les modalités tarifaires favorables.
  • Bien que les pénuries de main-d’œuvre soient toujours courantes dans certains secteurs, les tensions sur le marché du travail se relâchent en raison de la diminution de la concurrence et de l’amélioration de l’offre en ce qui concerne la main-d’œuvre. Dans ce contexte, les répondants s’attendent à ce que les salaires redescendent des niveaux élevés atteints précédemment.
  • Les pratiques de fixation des prix des entreprises reviennent graduellement à ce qu’elles étaient avant la pandémie de COVID‑19. Mais certains répondants ont encore l’intention de procéder à des augmentations de prix plus grandes et plus fréquentes que d’habitude au cours de l’année à venir. La raison qu’ils donnent est qu’ils n’ont pas encore fini de transmettre à leur clientèle les hausses de coûts subies durant la pandémie.
  • Les attentes d’inflation à court terme des entreprises poursuivent graduellement leur descente, mais restent élevées. La plupart des entreprises estiment que l’inflation retournera dans la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de la Banque du Canada à long terme. Toutefois, un plus grand nombre de répondants qu’au premier trimestre de 2023 pensent qu’il faudra cinq ans ou plus pour que l’inflation se rapproche de la cible de 2 %. Ils pensent que l’inflation demeurera élevée en raison des importantes dépenses du gouvernement et de la forte demande.

L’indicateur de l’enquête continue de diminuer

L’indicateur de l’enquête, une mesure synthétique des principales questions, a de nouveau reculé pour s’établir à une valeur encore plus négative que lors des enquêtes récentes (graphique 1). Ce trimestre, les résultats de toutes les catégories de questions, de toutes les régions et de tous les secteurs ont un effet négatif sur l’indicateur. Les mesures liées à la croissance des ventes des entreprises montrent que les attentes demeurent modestes. La baisse de l’indicateur de l’enquête laisse principalement à penser que :

  • les entreprises sont plus nombreuses à prévoir un ralentissement de la croissance des prix
  • les intentions d’embauche et d’investissement se sont affaiblies
  • le resserrement des conditions de crédit est plus généralisé
  • les pressions sur la capacité se sont relâchées, surtout en ce qui a trait à l’engorgement des chaînes d’approvisionnement

La baisse continue de l’indicateur de l’enquête reflète une diminution des pressions inflationnistes par rapport aux derniers trimestres.

Graphique 1 : L’indicateur de l’enquête est encore négatif

La confiance des entreprises qui ont participé au Pouls des entrepreneurs s’est affaiblie ce trimestre (graphique 2). Bien que toujours au cœur de leurs préoccupations, les pressions sur les coûts et les pénuries de main-d’œuvre ont été de moins en moins mentionnées par les répondants au fil de la dernière année. En revanche, l’inquiétude face au ralentissement de la demande s’est approfondie et généralisée au cours des derniers trimestres (graphique 3). Malgré cela, les répondants sont moins nombreux à s’attendre à une récession : un tiers de ceux qui ont participé à l’enquête ce trimestre se préparent à une récession, alors que c’était la moitié au dernier trimestre.

Graphique 2 : La confiance des entreprises a baissé

Graphique 3 : Les entreprises sont de plus en plus préoccupées par le ralentissement de la demande

Les entreprises s’attendent encore à une faible croissance des ventes

Les entreprises continuent de prévoir une croissance faible de leurs ventes au cours des 12 prochains mois tandis qu’une sur cinq s’attend carrément à une baisse. L’effet modérateur qu’ont eu les hausses de taux d’intérêt sur la demande s’est étendu au-delà des entreprises liées à l’activité sur le marché du logement. Les entreprises liées directement ou indirectement aux dépenses discrétionnaires des consommateurs pensent aussi que les taux d’intérêt élevés ont nui à leurs ventes de produits et de services, et que la tendance se poursuivra. De plus, les indicateurs des ventes futures des entreprises (p. ex., carnets de commandes, demandes de renseignements) demeurent de loin inférieurs aux niveaux moyens historiques (graphique 4, ligne rouge).

Plusieurs des répondants s’attendent tout de même à une croissance de la demande intérieure, attribuable aux facteurs suivants :

  • la baisse de l’incertitude quant à la trajectoire future des taux d’intérêt, ce qui réduit l’hésitation chez les acheteurs de logements
  • la diminution des craintes de récession
  • les projets d’immobilisations privés et publics d’envergure qui sont prévus pour faciliter la transition vers la carboneutralité ou soutenir la forte croissance de la population
  • l’amélioration des chaînes d’approvisionnement, qui permet aux entreprises du secteur du commerce de rattraper leurs retards, notamment pour ce qui est des ventes d’automobiles
  • la poursuite de la reprise économique postpandémique

De plus, comparativement aux derniers trimestres, les répondants sont moins nombreux à s’attendre à un ralentissement de la croissance de leurs ventes (graphique 4, barres bleues). L’une des raisons de cette tendance est que leurs ventes ont déjà ralenti – un nombre inférieur d’entreprises ont observé une augmentation importante de leurs ventes au cours de la dernière année, par rapport aux derniers trimestres.

Graphique 4 : Les entreprises s’attendent à un ralentissement modéré de la croissance de leurs ventes

Les intentions d’investissement des entreprises se situent maintenant près de leur moyenne historique. Elles demeurent fermes dans le secteur des ressources naturelles, où la demande et les prix sont encore favorables malgré les baisses de la dernière année. Les intentions d’investissement des autres entreprises ont diminué et sont faibles (graphique 5). La demande modeste, les coûts de construction élevés et les taux d’intérêt en hausse entravent de plus en plus les plans des entreprises, surtout dans les secteurs de la construction et de l’immobilier.

Graphique 5 : Les intentions d’investissement sont faibles chez les entreprises qui ne sont pas liées au secteur des ressources naturelles

Les tensions sur le marché du travail s’atténuent

Les entreprises continuent de signaler des tensions sur le marché du travail :

  • Les signalements de pénuries de main-d’œuvre demeurent fréquents dans le secteur manufacturier et ceux de la construction et du commerce de détail. Les entreprises de ces secteurs précisent qu’il est difficile de trouver des travailleurs en raison de la forte concurrence, surtout du côté des métiers spécialisés. Elles soulignent également des difficultés d’ordre structurel, comme le vieillissement de la population et l’évolution des préférences dans les choix de carrière. Les mêmes problèmes étaient très répandus dans ces secteurs durant les quelques années qui ont immédiatement précédé la pandémie, lorsque le marché du travail était tendu.
  • Sans toutefois atteindre un sommet, les augmentations salariales prévues demeurent largement au-dessus de la moyenne chez les répondants (graphique 6, ligne rouge). Chez les travailleurs du secteur privé qui ont participé à l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada, les attentes d’augmentation salariale continuent aussi d’être élevées.

Graphique 6 : Les entreprises s’attendent à ce que les augmentations salariales restent élevées

Toutefois, les entreprises continuent de signaler que le marché du travail est moins tendu qu’en 2021-2022 :

  • Elles considèrent que les pénuries de main-d’œuvre, exceptionnellement répandues il y a un an, sont moins intenses aujourd’hui (graphique 7, ligne rouge). Comme dans l’enquête précédente, elles mentionnent deux grands facteurs qui facilitent le recrutement :
    • la diminution de la concurrence entourant la main-d’œuvre, dans un contexte où la croissance de la demande a ralenti
    • l’accroissement de l’offre de main-d’œuvre (p. ex., les nouveaux arrivants qui intègrent la population active au Canada)
  • La demande de main-d’œuvre des entreprises ralentit à mesure que leurs perspectives de vente se modèrent. En effet, par rapport aux derniers trimestres, les entreprises sont moins nombreuses à prévoir augmenter leur effectif pour s’ajuster à la croissance attendue de leurs ventes ou élargir leurs activités.
  • Depuis 2021, le nombre d’entreprises qui mentionnent les pénuries de main-d’œuvre parmi leurs principales préoccupations diminue constamment (graphique 3).
  • Pour la première fois depuis le début de la pandémie, les répondants prévoient un ralentissement de la croissance des salaires au cours des 12 prochains mois (graphique 6, barres bleues). Par rapport aux enquêtes précédentes, elles sont moins nombreuses à soulever le besoin d’augmenter les salaires plus rapidement pour attirer et retenir les travailleurs.
  • Les entreprises prévoient que la croissance de leurs salaires ralentira encore davantage d’ici 2025-2026, ce que beaucoup justifient par le relâchement attendu des pressions sur l’inflation et sur le marché du travail.

Les répondants au Pouls des entrepreneurs de juin 2023 indiquent qu’ils emploient plus de nouveaux arrivants qu’ils ne le faisaient normalement il y a trois ou quatre ans. D’ailleurs, d’après des consultations récentes menées auprès d’organisations d’aide aux nouveaux arrivants au Canada, ceux-ci décrochent rapidement un emploi grâce à la forte demande de main-d’œuvre. Néanmoins, certaines difficultés persistent; les entreprises sont nombreuses à trouver que le processus d’embauche des immigrants est lourd. De fait, lorsqu’on considère leurs compétences, les nouveaux arrivants demeurent sous-employés à leur arrivée.

Graphique 7 : Les pénuries de main-d’œuvre sont moins prononcées qu’il y a 12 mois

Les entreprises prévoient encore une augmentation de leurs prix plus forte que d’habitude

Durant la phase de reprise de la pandémie, les entreprises ont commencé à hausser les prix de façon plus importante et plus fréquente qu’auparavant, en réponse à la forte croissance des coûts, aux contraintes d’offre généralisées et à la demande vigoureuse. À mesure que ces pressions se dissipent, les pratiques de fixation des prix des entreprises se rapprochent progressivement de ce qu’elles étaient avant la pandémie. Il s’agit du quatrième trimestre consécutif où les entreprises s’attendent à ce que les prix des intrants et des extrants augmentent à un rythme plus lent (graphique 8). Selon elles, les pressions sur les prix devraient diminuer pour plusieurs raisons, surtout les suivantes :

  • la croissance affaiblie des prix des produits de base, voire leur baisse en ce qui concerne le carburant et l’acier
  • les conditions de demande plus modérées
  • la croissance ralentie des prix des biens hors produits de base

Puisque les entreprises s’attendent à une modération des augmentations de salaire, elles ne prévoient plus que les coûts liés à la main-d’œuvre entraîneront d’autres pressions haussières sur la croissance du prix de leurs extrants dans la prochaine année. Même si nombre d’entre elles continuent d’accorder des augmentations de salaire plus prononcées que d’habitude, elles les gèrent autrement, soit :

  • en utilisant la technologie pour accroître leur efficacité et réduire le besoin de main-d’œuvre
  • en absorbant la hausse des coûts par une diminution de leur marge de profit

Graphique 8 : Les entreprises continuent de s’attendre à ce que la croissance des prix ralentisse

La croissance des prix ralentit, mais les entreprises ne sont toujours pas revenues à leurs pratiques de fixation des prix d’avant la pandémie. Plusieurs d’entre elles planifient encore des hausses de prix plus grandes et plus fréquentes que d’habitude dans la prochaine année (graphique 9). Si la tendance se maintient ainsi au-dessus de la normale, c’est surtout parce que les augmentations du coût de leurs intrants n’ont toujours pas été entièrement transmises aux acheteurs.

Graphique 9 : Les hausses de prix prévues par les entreprises demeurent plus prononcées que d’habitude

Les attentes d’inflation continuent de diminuer graduellement

Les attentes d’inflation à court terme des entreprises ont encore diminué, bien qu’elles demeurent élevées (graphique 10). La plupart attribuent les pressions inflationnistes à court terme aux coûts élevés de la main-d’œuvre, à la vigueur des dépenses publiques et au dynamisme de l’économie canadienne. Cela dit, trois entreprises sur dix prévoient que l’inflation baissera pour s’établir entre 2 et 3 % en moyenne au cours des deux prochaines années. Ces entreprises attribuent leurs attentes aux mesures de politique monétaire prises par la Banque ces 15 derniers mois.

Dans l’ensemble, les entreprises s’attendent encore à ce que l’inflation à long terme se situe dans la fourchette cible de la Banque. Cependant, elles sont plus nombreuses que dans les dernières enquêtes à penser qu’il faudra attendre cinq ans ou plus pour que l’inflation revienne à la cible de 2 % de la Banque (graphique 11). Elles soulèvent plusieurs facteurs pour expliquer ce maintien de l’inflation à un niveau élevé, notamment :

  • la vigueur des dépenses publiques
  • la force de la demande, que ce soit sur le marché du logement ou par suite de la pandémie (p. ex., demande refoulée, surplus d’épargne)

Graphique 10 : Les entreprises s’attendent à ce que l’inflation reste élevée à court terme

Graphique 11 : Plusieurs entreprises s’attendent à ce que la forte inflation persiste jusqu’en 2028 et au-delà



Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone, par vidéoconférence et dans le cadre d’entrevues en personne entre le 8 et le 25 mai 2023, avant la hausse du taux directeur de la Banque, le 7 juin 2023. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. La plupart des questions du Pouls des entrepreneurs abordent des sujets spéciaux et ne sont pas posées chaque mois. Les graphiques présentés ici contiennent les données du Pouls des entrepreneurs les plus récemment observées. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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