Le gouverneur Tiff Macklem parle du lien entre l’inflation et l’emploi, et de ce que fait la Banque du Canada pour refroidir l’économie en surchauffe.
L’inflation et l’emploi sont liés
La meilleure contribution que la Banque du Canada puisse apporter au bien-être des Canadiens et des Canadiennes est de maintenir des prix bas et stables. C’est parce qu’il existe un lien étroit entre une inflation autour de notre cible de 2 % et ce que les économistes appellent le « niveau d’emploi durable maximal ».
Lorsque l’emploi est bien en dessous de son niveau durable maximal, les travailleurs n’arrivent pas à se trouver un travail et leur revenu baisse. Par conséquent, ils dépensent moins et l’inflation glisse sous la cible. C’est ce qui est arrivé au début de la pandémie.
Quand le niveau d’emploi durable maximal est dépassé, les entreprises n’arrivent pas à trouver assez de travailleurs pour suivre le rythme de la demande, ce qui fait monter les prix et l’inflation. C’est là où nous en sommes aujourd’hui.
La pandémie a bouleversé le marché de l’emploi
L’incidence de la pandémie de COVID‑19 sur le marché se divise en trois phases :
- Le choc des fermetures liées à la pandémie nous a plongés dans la récession la plus profonde jamais enregistrée. Des millions de personnes ont perdu leur emploi ou une partie de leurs heures de travail. Les travailleurs du secteur des services ont été particulièrement touchés.
- La reprise qui a suivi la réouverture a été rapide et robuste. Les programmes d’aide offerts par les gouvernements ont grandement contribué au maintien du lien entre travailleurs et employeurs et à la survie des entreprises. La Banque a aussi baissé les taux d’intérêt et a introduit l’assouplissement quantitatif pour réduire les coûts d’emprunt, ce qui a stimulé les dépenses.
- La situation de demande excédentaire actuelle signifie que les besoins en main-d’œuvre au sein de l’économie dépassent l’offre. La Banque a commencé à relever les taux d’intérêt en mars pour refroidir l’économie en surchauffe.
Nous essayons de mettre en balance les risques liés à un resserrement trop faible ou trop fort de la politique monétaire. Si nous n’augmentons pas suffisamment les taux d’intérêt, les Canadiens et les Canadiennes continueront à subir les effets de l’inflation élevée et celle-ci va s’enraciner. Il faudra alors des taux d’intérêt beaucoup plus élevés et un ralentissement beaucoup plus prononcé de l’économie pour restaurer la stabilité des prix. Si nous augmentons trop les taux d’intérêt, l’économie ralentira plus qu’il le faut, le chômage montera considérablement et l’inflation tombera sous la cible. »
La stabilité des prix et un marché du travail sain vont de pair
Le retour à un marché du travail plus équilibré repose sur deux éléments, soit l’offre et la demande :
- La demande est ce que la Banque influence avec les hausses de taux d’intérêt. Notre analyse indique qu’étant donné la surchauffe du marché du travail et le grand nombre de postes vacants, nous pouvons nous permettre de refroidir l’économie sans provoquer de poussées du chômage de l’ampleur de celles qu’on a connues durant les périodes de récession passées.
- Les outils de politique monétaire de la Banque n’influencent pas l’offre de main d’œuvre. Les gouvernements, les entreprises et les travailleurs ont tous un rôle à jouer pour stimuler sa croissance et nous permettre de faire progresser l’économie de façon soutenue, sans créer de pressions inflationnistes. Les moyens pour y arriver sont notamment une immigration plus importante, une meilleure formation et une augmentation des effectifs grâce à la transformation numérique et à une plus grande flexibilité. Mais l’accroissement de l’offre prend du temps et crée une nouvelle demande. Même s’il s’agit d’un outil précieux, il ne peut remplacer le recours à la politique monétaire pour modérer les dépenses et restaurer la stabilité des prix.
C’est pourquoi nous avons procédé rapidement à des hausses importantes du taux directeur. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous sommes déterminés à ramener l’inflation à la cible de 2 %. Pour y arriver, nous devons rééquilibrer le marché du travail. L’ajustement sera difficile, mais nous voulons le faire de la meilleure façon possible pour les travailleurs et les entreprises d’ici. »