Un système financier stable et efficient est essentiel pour soutenir la croissance économique et améliorer le niveau de vie. Dans le Rapport sur la stabilité financière, la Banque du Canada évalue la résilience du système financier au pays et accorde une attention particulière aux principaux risques susceptibles d’en compromettre la stabilité. Au bout du compte, la stabilité financière profite à toute la population canadienne.

Les analyses et les recherches menées par la Banque du Canada sur la structure et l’efficience du système financier sont présentées dans le portail sur le système financier.

Le Rapport sur la stabilité financière émane du Conseil de direction de la Banque du Canada, qui réunit Tiff Macklem, Carolyn Rogers, Toni Gravelle, Sharon Kozicki, Nicolas Vincent, Rhys Mendes et Michelle Alexopoulos.

Évaluation globale

En bref

  • Le système financier canadien est résilient. Dans l’ensemble, les ménages, les entreprises, les banques et les intermédiaires financiers non bancaires ont réussi à surmonter la pandémie, une période de forte inflation et des hausses marquées des taux d’intérêt.
  • Au cours des 12 derniers mois, le niveau de la dette des ménages canadiens par rapport à leur revenu a baissé en moyenne, et le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par les entreprises a considérablement diminué. Cela dit, il existe des foyers de tensions. Les répercussions économiques de la pandémie, ainsi que les prix élevés des logements attribuables aux déséquilibres persistants sur ce marché, ont entraîné une augmentation du niveau d’endettement pour un certain nombre de ménages et d’entreprises. Cette hausse de l’endettement les a rendus plus vulnérables aux chocs financiers.
  • Comme les ménages et les entreprises du Canada sont demeurés résilients dans l’ensemble, les institutions financières n’ont pas subi de tensions. Les banques canadiennes ont généralement maintenu des niveaux élevés de réserves de fonds propres et ont augmenté leurs provisions pour pertes sur créances. Les niveaux de liquidité sont restés élevés et l’accès au financement est demeuré solide.
  • Récemment, des changements importants et soudains de l’orientation de la politique commerciale des États-Unis ont causé des épisodes de volatilité extrême sur les marchés, y compris sur le marché normalement peu risqué des bons du Trésor américain. Cette volatilité a mis à l’épreuve la résilience des participants au marché, en particulier des intermédiaires financiers non bancaires qui mettent en œuvre des stratégies d’arbitrage sur le marché des bons du Trésor américain.
  • À l’heure actuelle, la guerre commerciale menace l’économie canadienne et présente des risques pour la stabilité financière. L’imprévisibilité à court terme de la politique commerciale et économique des États-Unis pourrait engendrer de nouvelles turbulences sur les marchés et une réévaluation marquée des actifs, ce qui entraînerait des tensions sur la liquidité des marchés. Dans des cas extrêmes, la volatilité des marchés pourrait mener à leur dysfonctionnement.
  • À moyen et à long terme, une guerre commerciale mondiale de longue durée aurait de graves conséquences économiques. Elle restreindrait la croissance économique et aggraverait le chômage. Une partie des ménages et des entreprises ne seraient plus en mesure de rembourser leurs dettes. Si les défauts de paiement des ménages et des entreprises se produisaient à grande échelle, les banques pourraient subir des pertes qui dépasseraient leurs provisions. Elles pourraient alors être amenées à réduire leurs prêts, ce qui pourrait exacerber les tensions économiques et financières.
  • La Banque surveille attentivement l’évolution de la situation et s’entretient régulièrement avec les participants au système financier ainsi qu’avec d’autres autorités financières au Canada et dans le monde. Un système financier stable et résilient, c’est-à-dire un système qui absorbe les chocs et ne les amplifie pas, peut aider l’économie à traverser les périodes de turbulences.

Au début de 2025, la résilience du système financier s’était encore améliorée

Entre la publication du Rapport de 2024 et le début de 2025, les grandes banques centrales ont assoupli leur politique monétaire, puisque l’inflation diminuait partout dans le monde. La baisse des taux directeurs a contribué à atténuer les vulnérabilités du système financier liées au service de la dette.

Malgré de brèves périodes de volatilité sur les marchés mondiaux, au Canada, le marché des titres à revenu fixe et d’autres marchés de financement essentiels ont bien fonctionné, et les conditions pour l’émission de titres d’emprunt sont demeurées solides. Les banques ont maintenu des niveaux élevés de fonds propres et d’actifs liquides. Les bilans des entreprises non financières sont également restés sains. À mesure que les taux d’intérêt ont baissé, la pression sur les entreprises et les ménages ayant contracté des prêts à taux variable ou devant renouveler leur prêt hypothécaire s’est elle aussi atténuée.

En même temps, certains risques se sont accrus. Les prix des actifs financiers ont augmenté et les évaluations semblaient élevées dans certains marchés. Le niveau d’endettement à l’échelle internationale s’est également inscrit en hausse. Le levier financier de certains intermédiaires financiers non bancaires a continué de s’accroître, en même temps que leur participation aux marchés de financement essentiels.

La guerre commerciale et l’incertitude généralisée ont ébranlé les marchés

Depuis janvier, l’imprévisibilité de la politique commerciale américaine a considérablement accru l’incertitude et la volatilité sur les marchés. Les nouveaux droits de douane annoncés par les États-Unis au début du mois d’avril étaient nettement plus élevés que ce que les participants au marché avaient prévu. Cette situation a entraîné une réévaluation marquée des prix sur les marchés des actions, des obligations et des changes, les investisseurs ayant revu leurs perspectives économiques. Les indices boursiers de référence ont fortement chuté avant de se redresser presque complètement, tandis que la volatilité a atteint son plus haut niveau sur les marchés boursiers depuis la crise de la COVID-19. Les rendements des obligations d’État au Canada et aux États-Unis ont connu d’importantes fluctuations. De nombreux investisseurs ont semblé diversifier leurs portefeuilles en délaissant les actifs américains. Le dollar américain et les bons du Trésor américain, qui sont habituellement des valeurs refuges en période d’incertitude, se sont affaiblis en même temps que les actions. Cet affaiblissement pourrait être en partie attribuable à un dénouement des positions à effet de levier détenues par les fonds de couverture et d’autres participants au marché.

Même si la volatilité a grimpé et que la liquidité a parfois diminué dans certaines catégories d’actifs, les marchés ont continué de fonctionner relativement bien au Canada et dans le monde. Mais, au Canada, les participants au marché se sont montrés prudents. Certains ont pris les devants et ajusté leurs portefeuilles ou leurs stratégies de placement, réduit le niveau de risque auquel ils s’exposent ou cherché à se protéger davantage contre les pertes. Beaucoup sont en train d’évaluer s’il y a lieu d’adapter leurs stratégies de couverture aux conditions récentes du marché.

La guerre commerciale et l’incertitude qui en découle ont remodelé le contexte mondial, détériorant les perspectives de croissance mondiale et rehaussant les attentes d’inflation.

Les ménages et les entreprises vulnérables pourraient avoir du mal à rembourser leurs dettes, ce qui entraînerait des pertes sur créances

Au Canada, l’incertitude quant à la portée et à la durée de la guerre commerciale a pesé sur la confiance et sur les décisions des consommateurs et des entreprises.

Afin d’évaluer l’incidence d’une guerre commerciale sur les perspectives de l’économie canadienne, la livraison d’avril 2025 du Rapport sur la politique monétaire (RPM) de la Banque présentait deux scénarios indicatifs englobant un large éventail de trajectoires potentielles de la politique commerciale américaine. Dans le scénario 1, la plupart des nouveaux droits de douane sont annulés et leurs répercussions sont limitées, bien que l’incertitude demeure. Dans le scénario 2, le monde est plongé dans une guerre commerciale de longue durée, avec des droits de douane élevés et permanents qui ont de graves conséquences économiques au Canada, y compris une récession d’un an. Ces scénarios représentent deux des nombreuses issues possibles et, surtout, ce ne sont pas des prévisions.

En même temps, le RPM fait état d’autres risques baissiers pour ces scénarios, tenant à l’aggravation potentielle des tensions financières. L’imposition de droits de douane permanents pourrait se traduire par un taux de chômage élevé et une multiplication des cas d’insolvabilité parmi les entreprises, lesquels entraîneraient des défaillances dans le remboursement de la dette des ménages et des entreprises. Cela provoquerait des pertes sur créances chez les banques et mettrait à l’épreuve la résilience du système financier.

Ayant maintenu des bilans sains, les banques canadiennes sont en bonne position pour absorber des pertes sur créances plus élevées (encadré 1). Néanmoins, de telles pertes pourraient les amener à réduire leurs prêts, ce qui pourrait accentuer un ralentissement économique.

La guerre commerciale augmente le risque de liquidations désordonnées de certains actifs

L’incertitude persistante entourant la politique commerciale des États-Unis pourrait causer une plus grande volatilité des marchés et une réévaluation soudaine des actifs, lesquelles pourraient à leur tour entraîner des pressions accrues et persistantes sur les liquidités parmi les participants aux marchés, ce qui mettrait à l’épreuve la résilience du système financier1.

Une nouvelle correction des prix des actifs pourrait être amplifiée si les investisseurs recourant au levier financier dénouaient rapidement leurs positions de négociation. Les gestionnaires d’actifs pourraient accumuler des liquidités et vendre des actifs à revenu fixe pour répondre aux demandes de rachat ou aux appels de marge. La liquidité des marchés de financement essentiels pourrait se détériorer si la volatilité obligeait les fonds de couverture à se retirer de ces marchés ou à réduire promptement leur levier financier. Ce risque est exacerbé par la présence de plus en plus importante des fonds de couverture sur les marchés des obligations d’État, y compris les marchés des titres du gouvernement du Canada et des pensions.

Les banques pourraient également réduire leurs services d’intermédiation pour protéger leurs bilans, ce qui perturberait encore plus l’offre de liquidités, au moment où les participants au marché en ont le plus besoin.

Pour une évaluation détaillée des répercussions potentielles d’une guerre commerciale, voir Point de mire : Effets possibles d’une grave et longue guerre commerciale mondiale sur la stabilité financière.

La Banque va surveiller de près tout un éventail de risques concernant la stabilité financière

À mesure que la guerre commerciale évoluera, la Banque surveillera de près les risques entourant aussi bien le service de la dette que le fonctionnement des marchés. La principale préoccupation à court terme est le risque de liquidations désordonnées de certains actifs. Au fil du temps, les risques pesant sur les revenus des ménages et des entreprises, et par extension sur les banques, pourraient s’accroître si les répercussions économiques de la guerre commerciale s’intensifiaient. Les interconnexions dans le système financier pourraient amplifier les répercussions dans le cas où les risques se matérialiseraient (encadré 2).

Comme les politiques de l’administration américaine perturbent le commerce mondial, elles pourraient également remodeler le système financier et monétaire international. Certains signes témoignent d’une réorientation partielle de l’exposition de certains investisseurs aux actifs américains vers d’autres marchés. À ce stade-ci, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un ajustement éphémère ou d’un processus qui prendra de l’élan et de l’ampleur avec le temps. De tels ajustements pourraient entraîner de fortes hausses de la prime de risque qu’exigent les investisseurs pour détenir des actifs américains. Des changements radicaux dans les flux financiers mondiaux sont susceptibles de perturber la liquidité des marchés de financement essentiels et de provoquer des tensions dans l’ensemble du système financier mondial.

Dans le contexte actuel, la Banque va surveiller de près :

  • les indicateurs de tensions financières, comme les taux de défaillance des entreprises et des ménages, en particulier pour les produits de crédit à la consommation
  • les signes d’un comportement préventif parmi les participants au système financier, par exemple, si les emprunteurs recourent plus que d’habitude aux marges de crédit, si de nombreux investisseurs se détournent subitement des actifs risqués et des positions à effet de levier, ou encore si les banques renforcent leur capacité d’absorption des pertes
  • la disponibilité du crédit, y compris la mesure dans laquelle les ménages et les entreprises peuvent financer ou refinancer des emprunts, surtout en ce qui concerne les travailleurs et les entreprises des secteurs fortement exposés aux droits de douane
  • les conditions de financement et la liquidité des marchés, en particulier les signes d’une détérioration rapide ou persistante des marchés de financement essentiels tels que les marchés des obligations d’État et des pensions

La Banque va continuer de collaborer étroitement avec les autorités financières fédérales et provinciales pour surveiller et évaluer la santé du système financier canadien et pour s’attaquer aux nouveaux enjeux qui pourraient se poser. L’objectif est de renforcer la stabilité et la résilience du système financier afin qu’il puisse absorber les chocs et aider l’économie à traverser les périodes de turbulences.

Ménages

Beaucoup de ménages continuent de s’adapter aux coûts plus élevés du service de la dette, qui étaient une source de préoccupation majeure dans le Rapport de 2024. Les détenteurs de prêts hypothécaires ont fait preuve de résilience face à l’augmentation de leurs versements. Les signes de tensions financières se sont accrus au cours des 12 derniers mois, mais restent concentrés chez les ménages sans prêt hypothécaire.

Bien que les taux d’intérêt aient considérablement baissé au cours de l’année écoulée, les hausses antérieures influent toujours sur le renouvellement des prêts hypothécaires. Une grande proportion de ces prêts devant être renouvelés cette année ou l’an prochain ont été contractés pendant la pandémie à des taux d’intérêt historiquement bas. Même si les taux sont beaucoup plus faibles qu’il y a 12 mois, la plupart de ces ménages verront leurs versements augmenter à la suite de leur renouvellement.

Dans les rapports précédents, la Banque a régulièrement mis en évidence la vulnérabilité pour le système financier que constitue l’endettement élevé des ménages. Même si cet endettement demeure élevé, il a diminué au cours des 12 derniers mois : le ratio de la dette au revenu disponible des ménages est passé de 179 à 173 %. Comme les taux d’intérêt sont plus bas aujourd’hui qu’il y a un an, la Banque est moins préoccupée qu’elle ne l’était par l’incidence de coûts d’emprunt élevés sur le service de la dette.

Cependant, la guerre commerciale menace les emplois et les revenus, en particulier dans les secteurs qui dépendent du commerce. Certains ménages touchés pourraient devenir incapables de continuer à rembourser leurs dettes. Cette situation pourrait alors se traduire par des pertes sur créances pour les banques (Point de mire : Effets possibles d’une grave et longue guerre commerciale mondiale sur la stabilité financière).

Les signes de tensions financières demeurent concentrés chez les ménages sans prêt hypothécaire

Depuis la publication du Rapport de 2024, les taux d’arriérés sur les cartes de crédit et les prêts automobiles ont continué d’augmenter parmi les ménages sans prêt hypothécaire (graphique 1). Après avoir chuté à des niveaux historiquement bas pendant la pandémie, ces taux d’arriérés sont maintenant de nouveau supérieurs à leurs niveaux historiques.

Pour les ménages qui détiennent un prêt hypothécaire, les taux d’arriérés sur les produits de crédit à la consommation ont également connu une hausse au cours des 12 derniers mois, mais ils restent inférieurs aux moyennes historiques.

Les taux d’intérêt plus bas atténuent la pression sur les détenteurs de prêts hypothécaires

Environ 60 % de l’ensemble des prêts hypothécaires en cours de remboursement au Canada doivent être renouvelés en 2025 ou en 2026. D’après les attentes actuelles du marché à l’égard des taux d’intérêt, environ 60 % des emprunteurs de ce groupe connaîtront une hausse de leurs versements. La plupart des prêts concernés sont des prêts à taux fixe de cinq ans qui ont été contractés ou renouvelés pendant la pandémie à des taux d’intérêt historiquement bas. Toutefois, compte tenu de la forte baisse des taux d’intérêt qui a été enregistrée au cours de la dernière année, l’augmentation moyenne prévue des versements sera plus faible que ce que laissaient supposer les attentes du marché concernant les taux d’intérêt il y a un an (graphique 2).

La plupart des détenteurs de prêt hypothécaire sont en bonne posture pour composer avec la hausse de leurs versements

Les prêts hypothécaires qui ont été contractés pendant la pandémie ont dû être soumis aux tests de résistance applicables à ce type de prêt pour démontrer que leurs détenteurs seraient capables de gérer des versements à des taux d’intérêt plus élevés2. Selon les attentes actuelles du marché, plus de 90 % des détenteurs de prêts hypothécaires à taux fixe de cinq ans feront face à des hausses de leurs versements inférieures à celles envisagées dans leurs tests de résistance. Cela suppose que leur budget leur laisse déjà probablement la marge de manœuvre nécessaire pour s’adapter à des versements plus élevés.

En outre, la plupart des ménages qui renouvellent leur prêt hypothécaire auront vu leurs revenus augmenter, et beaucoup ont suffisamment d’actifs financiers pour assumer des versements plus élevés pendant au moins un an3, 4. La plupart ont également vu croître la valeur nette de leur propriété en raison de l’essor des prix des logements. Parallèlement, l’utilisation des marges de crédit garanties par l’avoir propre foncier a diminué, ce qui signifie une capacité supplémentaire d’emprunter sur la valeur nette de la propriété, au besoin5. Un avoir propre foncier plus important offre une marge de manœuvre aux détenteurs de prêts hypothécaires qui doivent renouveler leur prêt et qui choisissent de le refinancer pour gérer leurs versements.

Combinés, ces facteurs laissent penser que la plupart des ménages seront en mesure d’absorber la hausse de leurs versements après que leur prêt hypothécaire sera renouvelé. Mais cela ne veut pas dire que ce sera facile. Beaucoup devront ajuster leurs dépenses pour composer avec les versements plus élevés. Et certains risquent d’avoir du mal à rembourser d’autres dettes. 

De plus, la guerre commerciale fait peser des risques sur l’emploi et les revenus, en particulier dans les secteurs qui dépendent du commerce. Certains ménages touchés pourraient éprouver des difficultés à gérer le remboursement de leurs dettes.

Entreprises non financières

Les entreprises non financières se sont bien adaptées aux hausses de taux d’intérêt passées et sont généralement restées en bonne santé financière au cours des 12 derniers mois. Les plus grandes entreprises ont pu compter sur leurs sources de financement diversifiées et le financement à long terme dont la plupart disposent. L’augmentation marquée du nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par les petites entreprises observée l’an dernier s’est avérée temporaire, comme prévu.

La guerre commerciale mettra à l’épreuve la résilience financière des entreprises des secteurs qui dépendent du commerce international. Celles qui présentaient déjà des vulnérabilités – un haut levier financier, une faible rentabilité et de faibles réserves de liquidités – risquent de prendre du retard dans le remboursement de leurs dettes, ce qui pourrait entraîner des pertes pour les banques et les investisseurs (Point de mire : Effets possibles d’une grave et longue guerre commerciale mondiale sur la stabilité financière).

Les entreprises non financières restent en bonne santé financière

Chez les entreprises non financières, le ratio de la dette totale à l’actif est demeuré globalement stable à des niveaux relativement bas depuis le milieu de 2023 (graphique 3). La position de liquidité de ces entreprises – mesurée par le ratio de l’encaisse totale à la dette – s’est dégradée lors des 12 derniers mois, mais demeure robuste en regard du passé.

Les grandes entreprises ont généralement évité les répercussions immédiates des hausses passées des taux d’intérêt parce qu’elles ont tendance à utiliser des sources de financement à long terme. Environ la moitié de l’encours de la dette des entreprises canadiennes cotées en bourse n’arrivera pas à échéance avant au moins 2030. Jusqu’à ce que la volatilité s’intensifie fortement sur les marchés au début d’avril, l’émission de nouveaux titres d’emprunt était importante et le coût du financement demeurait faible. Depuis, les émissions ont diminué et les écarts de rendement au Canada entre les obligations de sociétés et les obligations d’État se sont creusés et sont retournés près des moyennes historiques.

La montée en flèche du nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par de petites entreprises l’an dernier s’est avérée temporaire

Le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises a commencé à augmenter vers la fin de 2023 (graphique 4). L’analyse de la Banque dans le Rapport de 2024 laissait croire que la hausse marquée serait probablement temporaire et qu’elle découlerait d’un retard dans les dépôts des dossiers d’insolvabilité, surtout chez les petites entreprises après la fin des programmes de soutien public offerts dans le contexte de la pandémie6. Le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises a considérablement diminué au cours des 12 derniers mois, ce qui confirme en grande partie l’analyse antérieure de la Banque.

À ce jour, les données sur le crédit n’indiquent pas que les entreprises ont puisé de manière préventive dans leurs marges de crédit pour augmenter leurs soldes de trésorerie. Cependant, il y a eu un ralentissement de la croissance des prêts aux entreprises, ces dernières ayant reporté ou annulé des investissements en raison de l’incertitude élevée à laquelle elles sont actuellement confrontées.

Banques

Les banques canadiennes demeurent en bonne posture pour soutenir le système financier et l’économie en général, même en période de tensions financières. Elles ont suffisamment accès au financement par l’intermédiaire des dépôts et des marchés de gros, et la qualité des prêts est solide. Les banques canadiennes ont augmenté les provisions qu’elles ont constituées – des fonds mis de côté pour couvrir les pertes anticipées sur des prêts – et elles maintiennent des niveaux élevés de fonds propres pour absorber des pertes inattendues. Elles conservent également des liquidités suffisantes pour s’acquitter de leurs obligations à court terme.

Si les tensions financières sur les ménages et les entreprises venaient à se prolonger ou à s’intensifier, elles finiraient par se propager aux banques en faisant augmenter le montant de leurs pertes sur créances. Les établissements bancaires seraient amenés à réduire leurs prêts si ces pertes avaient une incidence sur leurs bénéfices et, dans des circonstances extrêmes, sur leurs fonds propres. Cette situation serait une source de tensions supplémentaires pour l’économie et menacerait la stabilité financière globale (Point de mire : Effets possibles d’une grave et longue guerre commerciale mondiale sur la stabilité financière).

Les banques canadiennes jouissent encore d’un accès aisé au financement

Les banques disposent de deux principales sources de financement : les dépôts des clients et les fonds empruntés sur les marchés du financement de gros. Elles ont pu continuer d’y accéder facilement au cours des 12 derniers mois.

Les dépôts bancaires ont continué de s’accroître. Les dépôts auprès des grandes banques ont connu une hausse de 10 % de mars 2024 à mars 2025. Mais la composition des dépôts bancaires a changé. En 2022 et 2023, quand les taux d’intérêt étaient élevés, les ménages et les entreprises avaient tendance à privilégier les dépôts à terme plutôt que les dépôts à vue. Les taux d’intérêt plus élevés ont aussi accentué la concurrence pour les dépôts. Puis, avec la baisse des taux d’intérêt, la croissance des dépôts s’est remise progressivement à dépendre des dépôts à vue, au détriment des dépôts à terme.

Le vif intérêt des investisseurs pour les titres de créance bancaires s’est maintenu en 2024 et au premier trimestre de 2025. L’accès au financement est ainsi demeuré stable et les écarts de crédit pour les titres de créance bancaires émis sur les marchés de gros sont restés faibles (graphique 5).

La qualité des prêts demeure solide

Bien qu’il se soit accru ces derniers temps, le nombre de prêts douteux consentis aux ménages par les grandes banques – prêts hypothécaires et prêts à la consommation compris – est faible en regard du passé (graphique 6). Le nombre de prêts douteux accordés aux entreprises a, quant à lui, augmenté depuis la fin de 2022, mais il est encore modeste par rapport aux valeurs passées.

Comparativement aux grandes banques, les banques de taille moyenne ont connu une hausse plus importante du nombre de prêts douteux, notamment des prêts aux entreprises et des prêts hypothécaires. C’est en grande partie la conséquence de leur modèle d’affaires, qui est différent. Celui-ci peut reposer sur les prêts hypothécaires destinés à des emprunteurs à risque et sur des prêts consentis à des entreprises regroupées dans un nombre précis de secteurs ou régions. De plus, les prêts des banques de taille moyenne ne représentent qu’une petite fraction de l’ensemble des prêts accordés par les banques canadiennes. Ainsi, le portefeuille global des prêts des banques de taille moyenne totalise environ 150 milliards de dollars seulement, contre plus de 4 300 milliards de dollars du côté des grandes banques.

Les banques sont en bonne posture pour faire face à une période de tensions

Les bilans des banques demeurent solides. Si les banques commencent à subir des pressions financières en raison des effets économiques de la guerre commerciale, elles ont tout de même les moyens de gérer ces pressions.

Les provisions qu’elles ont cumulées constituent leur première ligne de défense contre l’augmentation du nombre de prêts douteux. Du côté des grandes banques, le montant de ces provisions est supérieur de 8 % à ce qu’il était il y a un an et de 26 % à celui d’il y a deux ans. Chez les banques de taille moyenne, ce montant a progressé de 21 % en un an et d’environ 38 % depuis deux ans.

En cas de pertes sur créances importantes qui seraient supérieures à leurs prévisions et aux provisions qu’elles accumulent pour les absorber, les banques peuvent recourir à leurs fonds propres. Les grandes banques ont accru leurs niveaux de fonds propres au cours des dernières années : leur ratio de fonds propres de catégorie 1 sous forme d’actions ordinaires s’est établi en moyenne à 13,3 % au premier trimestre de 2025, en hausse d’environ 2 points de pourcentage par rapport au quatrième trimestre de 20197. Cette augmentation est en partie attribuable au resserrement passé des exigences réglementaires8.

Les tests de résistance montrent également que les ratios de fonds propres des grandes banques resteraient bien au-dessus des minimums réglementaires, même en période de fortes tensions (encadré 1).

Les banques sont aussi tenues de maintenir des niveaux de liquidité suffisants pour honorer leurs obligations financières, y compris en période de tensions caractérisée notamment par d’importantes sorties de dépôts ou des difficultés à accéder au financement de gros en temps voulu. Les grandes banques disposent encore de suffisamment d’actifs liquides pour gérer ces risques. Leur ratio de liquidité à court terme moyen était de 133 % au quatrième trimestre de 2024, ce qui est supérieur au minimum réglementaire9. Les banques de taille moyenne ont également des niveaux élevés d’actifs liquides, leur ratio de liquidité à court terme moyen s’établissant à plus de 200 %.

Encadré 1 : Évaluation de la résilience des grandes banques canadiennes à travers des tests de résistance

Encadré 1 : Évaluation de la résilience des grandes banques canadiennes à travers des tests de résistance

En 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a entrepris d’évaluer le système financier canadien dans le cadre du Programme d’évaluation du secteur financier (PESF). L’un des volets de cette évaluation consiste à soumettre les grandes banques à des tests de résistance pour en mesurer la résilience face à des chocs d’ampleur (p. ex., une guerre commerciale) sources de stagflation, c’est-à-dire une situation dans laquelle une récession économique s’accompagnerait d’un haut taux de chômage et d’une forte inflation.

Le FMI et la Banque du Canada ont travaillé ensemble sur les tests de résistance. Le FMI a fourni le scénario de risque utilisé pour le test de résistance dans le cadre du PESF, tandis que la Banque a analysé les retombées du scénario sur les niveaux de fonds propres des banques en s’appuyant sur l’outil d’évaluation de la solvabilité selon une approche descendante10, 11, 12. Le scénario de risque n’est pas une projection et n’a pas vocation à modéliser les conséquences d’une longue guerre commerciale. Les résultats permettent tout de même d’éclairer la solvabilité des banques dans l’éventualité d’un choc économique profond semblable à celui qu’induirait une guerre commerciale mondiale.

Le scénario intègre une fragmentation géoéconomique, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et une correction majeure des prix des actions et des logements. Il s’ensuit une contraction brusque du produit intérieur brut réel d’environ 5 % et une montée du chômage au-delà de 9 % (tableau 1‑A). La grave récession est censée s’étaler sur sept trimestres : elle dure donc plus longtemps que les précédentes récessions et que la récession sur quatre trimestres évoquée dans le scénario 2 présenté dans le Rapport sur la politique monétaire en avril 2025.

Tableau 1-A : Canada : comparaisons entre les résultats du scénario de risque du PESF et les récessions passées
Baisse du produit intérieur brut réel entre le pic et le creux (%) Durée de la récession (nombre de trimestres consécutifs de croissance négative) Pic de chômage (%) Baisse du prix des actions entre le pic et le creux (%) Baisse du prix des logements entre le pic et le creux (%)
Scénario de risque du PESF de 2025 -5,1 7 9,2 -36 -26
Récession de 1990-1991 -3,4 4 11,7 -20 -8
Récession de 2008-2009 -4,4 3 8,7 -40 -10
Pandémie de COVID‑19 de 2020 -12,7 2 13,5 -22 -4

Nota : Les calculs reposent sur des données trimestrielles. PESF désigne le Programme d’évaluation du système financier piloté par le Fonds monétaire international.

Le scénario de risque du PESF débouche sur des pertes sur créances élevées, imputables en particulier à des produits de crédit à la consommation comme les cartes de crédit (graphique 1‑A). Le portefeuille de prêts aux entreprises — qui inclut les prêts immobiliers commerciaux — subit également des pertes importantes.

Dans le scénario du PESF, le niveau des fonds propres des grandes banques canadiennes baisse au point où ces établissements ne respecteraient plus leurs obligations au titre de la réserve pour stabilité intérieure même s’il reste bien au-dessus des minimums réglementaires (graphique 1-B)13. Cette résilience s’explique essentiellement par l’importance de leurs réserves de fonds propres, la fiabilité de leurs sources de revenus et la nature diversifiée de leurs portefeuilles de prêts.

Dans l’ensemble, même dans un scénario aussi défavorable, les grandes banques canadiennes parviendraient encore à soutenir l’activité économique en période de récession en maintenant l’accès des marchés aux liquidités et des emprunteurs au crédit.

Intermédiaires financiers non bancaires

Les intermédiaires financiers non bancaires (IFNB) sont un groupe diversifié d’entités qui comprend les maisons de courtage, les sociétés financières et les gestionnaires d’actifs (comme les fonds d’investissement et les fonds de pension). Ils jouent un rôle de plus en plus important sur les marchés mondiaux et représentent une part plus grande du système financier canadien que les banques.

Les activités des IFNB ont évolué, tout comme les risques qui leur sont associés. Au cours des dernières années, certains gestionnaires d’actifs ont augmenté leur levier financier (emprunts) au Canada, ce qui les rend vulnérables aux demandes soudaines de liquidités, par exemple en cas d’appels de marge. Une grande partie de ce levier est fournie par les maisons de courtage affiliées à une banque. Par ce canal et par d’autres, les IFNB sont devenus plus interconnectés avec les banques, d’une manière qui pourrait faciliter la propagation des tensions dans l’ensemble du système financier (encadré 2).

Les fonds de couverture canadiens et étrangers sont devenus des participants de plus en plus actifs sur les marchés canadiens des obligations d’État et des pensions. Un choc qui les amènerait à se retirer soudainement de ces marchés pourrait amplifier les tensions financières, comme on l’a observé sur les marchés obligataires américains au début du mois d’avril (encadré 3). La guerre commerciale et l’incertitude qu’elle engendre augmentent le risque que des chocs encore plus fréquents et graves se produisent à l’avenir (Point de mire : Effets possibles d’une grave et longue guerre commerciale mondiale sur la stabilité financière).

Les fonds de couverture jouent un rôle plus important sur les marchés des obligations du gouvernement du Canada

Les intermédiaires du marché obligataire soutiennent la liquidité en achetant des obligations au moment de leur émission, puis en facilitant leur achat et leur vente sur le marché secondaire. Historiquement, les maisons de courtage affiliées à une banque ont joué ce rôle sur le marché des obligations du gouvernement du Canada. Mais comme l’encours total des obligations du gouvernement du Canada a considérablement augmenté depuis 2020, il en va de même pour les volumes émis et négociés. Cette situation a poussé à ses limites la capacité d’intermédiation des courtiers, qui est restreinte par des facteurs comme la réglementation financière et les pratiques de gestion des risques propres à chacun14.

Les fonds de couverture jouent un rôle plus important que par le passé sur les marchés obligataires. Lors des adjudications d’obligations du gouvernement du Canada, ils achètent désormais près de 50 % du volume émis pour certaines échéances (graphique 7)15. Ils sont également responsables d’environ 30 % du volume des opérations entre courtiers et clients visant ces titres sur le marché secondaire16. Cela est principalement dû à l’utilisation généralisée des stratégies à effet de levier, comme les opérations d’arbitrage comptant-terme (voir l’encadré 3 du Rapport sur la stabilité financière de 2024).

La participation accrue des fonds de couverture aux adjudications de titres d’État aide le marché à absorber le niveau élevé d’émissions à des prix compétitifs. De plus, leurs stratégies de négociation active augmentent la liquidité et l’efficience des marchés des obligations et des contrats à terme.

Toutefois, les fonds de couverture ont tendance à financer leurs placements au moyen d’emprunts et ne sont pas soumis aux mêmes obligations contractuelles et exigences réglementaires que les courtiers affiliés à une banque (p. ex., les obligations de soumission minimale aux adjudications)17. Comparativement à ces courtiers, ils peuvent être plus susceptibles de se retirer du marché dans certaines situations. En période de tensions, les fonds de couverture pourraient avoir plus de mal à maintenir leurs positions sur les marchés des titres du gouvernement du Canada si, par exemple, ils n’arrivaient plus à trouver du financement par opérations de pension ou si la volatilité accrue des marchés obligataires entraînait des appels de marge importants. Les fonds basés à l’étranger pourraient également décider de réduire subitement leur exposition aux marchés des titres du gouvernement du Canada si les opérations y devenaient moins attrayantes ou plus risquées que celles sur d’autres marchés, par exemple en raison d’une augmentation des coûts de financement ou d’une forte hausse de la volatilité.

En outre, les fonds de couverture empruntent généralement aux courtiers affiliés à une banque pour financer leurs positions, par exemple dans le cadre d’opérations de pension ou d’accords de courtage privilégié18. Si ces courtiers devaient réduire leurs prêts en période de tensions – en raison de coûts plus élevés, de contraintes de capital ou de considérations liées à la gestion des risques –, cela pourrait limiter la capacité de négociation des fonds de couverture. Certains fonds pourraient même être contraints de liquider leurs positions19. Des ventes massives d’obligations pourraient, à leur tour, peser sur la liquidité du marché et créer des conditions propices à une ruée vers les liquidités, comme au début de la pandémie.

Les obligations d’État jouent de nombreux rôles importants dans les systèmes financiers modernes. Les participants au marché les utilisent comme référence pour établir le prix d’autres titres et de prêts. De plus, ils utilisent couramment ces obligations comme garantie sur d’autres marchés de financement essentiels et dans divers contrats financiers. Par conséquent, le bon fonctionnement des autres marchés dépend de celui du marché des obligations d’État. Un choc qui entraînerait une liquidation rapide de positions sur les obligations d’État pourrait conduire à un dysfonctionnement du marché et avoir des conséquences néfastes sur la stabilité financière dans son ensemble (encadré 3).

Les gestionnaires d’actifs utilisent davantage l’effet de levier, mais renforcent également leur liquidité

Les fonds de couverture et d’autres gestionnaires d’actifs, comme les grands fonds de pension, utilisent l’effet de levier pour augmenter leurs profits et gérer les risques. En période de forte volatilité, cet effet de levier peut rendre les gestionnaires d’actifs plus vulnérables aux besoins soudains de liquidités, car les fortes variations de prix peuvent mener à des appels de marge. Ces gestionnaires d’actifs obtiennent une grande partie de leur levier financier au moyen d’opérations de pension auprès des banques. L’utilisation de cette stratégie de financement a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années : le levier financier total des gestionnaires d’actifs obtenu sur le marché des pensions a progressé d’environ 65 % depuis 2020. En effet, depuis le Rapport de 2024, la valeur du financement bancaire par opérations de pension libellées en dollars canadiens est demeurée élevée (graphique 8)20. Les données des opérations pour cette même période montrent que les fonds de pension et les fonds de couverture ont été les principaux bénéficiaires de financement supplémentaire, avec des augmentations estimées à 18 milliards de dollars et 14 milliards de dollars, respectivement21.

Les fonds de couverture sont généralement plus exposés au risque de refinancement que les fonds de pension. Ils ont habituellement un levier financier plus important, et environ 70 % des opérations de pension qu’ils effectuent à des fins de levier ont une échéance inférieure à une semaine. En comparaison, 40 % de celles effectuées par les fonds de pension ont une échéance supérieure à un mois.

Les gestionnaires d’actifs sont généralement des utilisateurs avertis de l’effet de levier dotés de solides pratiques de gestion des liquidités. Par exemple, les grands fonds de pension utilisent des ratios de liquidité à court terme pour surveiller les sorties prévues et potentielles22. Les fonds de couverture utilisent généralement des cadres d’analyse de scénarios ainsi que des limites en matière de risque et de levier financier. Néanmoins, même les utilisateurs avertis peuvent rencontrer des difficultés en période de tensions sur les marchés, et les interventions de certains participants peuvent avoir des répercussions sur d’autres acteurs du système financier. On peut penser, par exemple, à la ruée vers les liquidités de mars 202023.

Comme les fonds de couverture jouent un rôle croissant sur les marchés des obligations d’État, il est de plus en plus important pour eux de disposer d’accords de financement solides et de liquidités suffisantes pour résister aux périodes de tensions sur les marchés. La Banque continuera à surveiller les conditions influant sur les marchés et leur liquidité, ainsi que l’utilisation de l’effet de levier par les IFNB. Elle évaluera également l’incidence de la participation croissante de ces intermédiaires aux marchés obligataires canadiens.

Encadré 2 : Les liens entre les banques et les intermédiaires financiers non bancaires pourraient propager les tensions financières

Encadré 2 : Les liens entre les banques et les intermédiaires financiers non bancaires pourraient propager les tensions financières

Un groupe plus diversifié que les banques, les intermédiaires financiers non bancaires (IFNB) englobent les fonds d’investissement et d’autres gestionnaires d’actifs – qui détiennent ensemble la majorité des actifs des IFNB – ainsi que d’autres entités comme les sociétés financières et les maisons de courtage. Collectivement, les IFNB représentent une plus grande part du système financier canadien que les banques. À la fin de 2023, ils détenaient 12,8 billions de dollars en actifs, contre 7,4 billions de dollars pour les banques24, 25.

Si les banques et les IFNB se font souvent concurrence, ils travaillent également main dans la main. Par exemple, une banque peut prêter des fonds à une société financière, et un fonds d’investissement peut acheter des titres émis par une banque.

Les banques et les IFNB sont liés par divers canaux, notamment :

  • Les expositions directes, par exemple par la voie d’opérations de financement par titres (graphique 2-A) et de marges de crédit (graphique 2-B)26. Les IFNB canadiens fournissent environ 200 milliards de dollars en financement aux banques canadiennes, principalement par le biais de dépôts et d’opérations de pension, et on estime qu’ils détiennent entre 200 et 250 milliards de dollars d’instruments d’emprunt à long terme émis par des banques canadiennes. Ces dernières ont aussi des expositions directes à des IFNB étrangers27.
  • Les expositions communes à divers titres, dérivés et marchés de financement essentiels, dont les fluctuations de prix ou de liquidité peuvent avoir des répercussions tant sur les banques que sur les IFNB.
  • La propriété commune, du fait que les maisons de courtage affiliées à une banque détiennent plus de 95 % des actifs de l’ensemble des maisons de courtage au Canada.

De tels liens vont de soi dans le système financier et contribuent à le rendre plus efficient. Mais ils peuvent aussi amplifier et propager les tensions. À mesure que le secteur de l’intermédiation financière non bancaire se développe, les demandes de liquidités des IFNB pourraient dépasser ce que les banques sont en mesure de fournir, en particulier durant une crise. Dans un cas extrême, de nombreuses entreprises pourraient rechercher des liquidités en même temps et ainsi contribuer à une ruée généralisée vers les liquidités. En raison des expositions étrangères des banques canadiennes, celles-ci pourraient également être exposées à des tensions sur la liquidité ailleurs dans le monde.

Les banques canadiennes évoluent dans un environnement hautement réglementé, ce qui permet à la Banque d’avoir accès à des données à haute fréquence et de grande qualité sur leurs expositions et leurs activités. Cependant, de telles données ne sont pas disponibles sur chaque IFNB, car tous ne sont pas assujettis aux mêmes exigences réglementaires et de communication, ce qui rend plus difficiles les travaux d’analyse et de surveillance. Compte tenu du rôle grandissant des IFNB dans le système financier et de la multiplication de leurs liens avec le secteur bancaire au Canada, la Banque recueille des données supplémentaires pour mieux analyser et surveiller les risques qu’ils présentent. Cette démarche implique notamment de déterminer et d’évaluer les liens entre les entités au pays et à l’étranger, ainsi que de comprendre ce qui entre en ligne de compte dans les décisions de prêt et d’intermédiation des banques en période de tensions.

Encadré 3 : Évolution récente des écarts de swap

Encadré 3 : Évolution récente des écarts de swap

Suivant l’annonce de droits de douane américains au début avril 2025, la volatilité s’est nettement accrue sur les marchés financiers du monde entier. De tous les mouvements observés, peu ont causé autant d’inquiétude et de spéculation que l’envolée soudaine des rendements des titres du Trésor américain. Ces titres ont traditionnellement joué un rôle clé dans le système financier mondial en tant que référence pour établir les prix d’autres titres et en tant que valeur refuge – c’est-à-dire une valeur dont le prix augmente et le rendement tend à baisser en période de tensions sur les marchés. La hausse surprenante des rendements en avril pourrait s’expliquer en partie par un dénouement de positions spéculatives à effet de levier engagées en prévision d’une augmentation des écarts de swap américains après quelques années de baisse.

Les écarts de swap sont la différence de rendement entre un swap de taux d’intérêt et une obligation d’État de même échéance28. La taille de ces écarts est influencée par l’offre d’obligations d’État, les contraintes réglementaires, le coût du financement et d’autres facteurs techniques. Au cours des dernières années, les écarts de swap ont subi des pressions à la baisse en raison de l’offre croissante d’obligations d’État et des changements réglementaires qui ont suivi la crise financière mondiale de 2008-2009. Par conséquent, les écarts au Canada et aux États-Unis ont diminué ces dernières années pour atteindre des niveaux négatifs (graphique 3-A). Une telle situation est signe que les participants au marché demandent un rendement plus élevé sur les obligations d’État que sur d’autres produits à revenu fixe, à savoir les swaps de taux d’intérêt.

Après les élections américaines de novembre 2024, les participants au marché ont spéculé sur le fait que la nouvelle administration pourrait modifier la réglementation bancaire aux États-Unis d’une manière qui réduirait le coût pour les banques et les courtiers de détenir davantage d’obligations d’État dans leurs bilans. Les commentaires recueillis auprès de participants au marché donnent à penser que, après avoir vu de potentiels changements dans les facteurs qui déterminent les écarts de swap, les fonds de couverture ont commencé à anticiper que ces écarts allaient augmenter. Pour cette raison, ces fonds se sont mis à acheter des obligations du Trésor américain et à payer le taux d’intérêt fixe sur des swaps de taux d’intérêt d’échéance équivalente. Autrement dit, ils ont pris des positions acheteur sur les écarts de swap.

Il est possible que certaines de ces positions spéculatives aient été rapidement renversées après l’annonce de droits de douane américains du 2 avril. En effet, une liquidation soudaine de titres du Trésor américain à plus longue échéance a entraîné une chute des écarts de swap à plus long terme. Le dénouement de positions acheteur sur les écarts de swap – soit la vente de titres du Trésor américain et l’obtention d’un taux d’intérêt fixe sur les swaps de taux d’intérêt – pourrait avoir amplifié la forte réduction des écarts de swap en raison de la faible liquidité du marché à ce moment-là. Des mouvements semblables, mais d’une moindre ampleur qu’aux États-Unis, ont été observés sur d’autres marchés de dette souveraine, y compris celui du Canada.

Point de mire : Effets possibles d’une grave et longue guerre commerciale mondiale sur la stabilité financière

Depuis le changement d’administration américaine en janvier 2025, la politique commerciale des États-Unis a été très volatile et imprévisible : le calendrier d’application, l’étendue et l’ampleur des droits de douane font constamment l’objet de révisions.

Comme l’indique le scénario 2 du Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril 2025 de la Banque du Canada, une guerre commerciale mondiale prolongée perturberait grandement l’économie canadienne. Ce scénario n’est pas une prévision; en fait, il sert à illustrer les canaux par lesquels des droits de douane permanents pourraient se répercuter sur l’économie canadienne. Dans ce scénario, le Canada entre en récession pour un an, le taux de chômage est élevé et l’inflation monte temporairement au-dessus de 3 %. Le RPM soulevait également davantage de risques à la baisse dus à une diminution de la demande d’exportations canadiennes et à la possibilité de tensions financières.

Advenant une grave et longue guerre commerciale, deux grands risques pourraient mettre à l’épreuve la résilience du système financier (figure 1) :

  • des défaillances importantes sur les emprunts (risque lié au service de la dette)
  • des retraits de liquidités importants pour les gestionnaires d’actifs (risque de liquidité)

La présente section décrit comment ces canaux de risques pourraient amplifier un ralentissement économique et mettre la stabilité financière à l’épreuve.

Figure 1 : Comment une grave et longue guerre commerciale pourrait se répercuter sur la stabilité financière

Grave etlongue guerre commerciale Entreprisesnon financières Ménages Marchés financierset investisseurs Banques Gestionnairesd’actifs Légende : Mises à pied Liquidations parles investisseurs etappels de marge pourles gestionnaires d’actifs Demande deliquidités provenantde gestionnaires d’actifsauprès des banques Réduction des activitésd’intermédiation bancaires Réévaluation marquéedes actifs financiers Défauts deremboursementd’emprunts Canaux de risques liés au service de la dette Canaux de risques de liquidité Amplification Baisse des ventes et hausse du coût des intrants pour les entreprises Réduction des prêts bancaires
Description : Comment une grave et longue guerre commerciale pourrait se répercuter sur la stabilité financière

La figure 1 montre les deux principaux canaux de risques par lesquels une grave et longue guerre commerciale pourrait se répercuter sur la stabilité financière. Il s’agit des risques liés au service de la dette et des risques de liquidité.

Canaux de risques liés au service de la dette

Dans une grave et longue guerre commerciale, les entreprises non financières exposées au commerce avec les États-Unis devraient composer avec une baisse des ventes et une hausse du coût des intrants. Une partie des entreprises touchées pourraient se retrouver en défaut de paiement ou mettre à pied des travailleurs. Certains travailleurs mis à pied pourraient, à leur tour, se retrouver en défaut de paiement. Ces défauts pourraient entraîner des pertes pour les banques.

Canaux de risques de liquidité

Dans une grave et longue guerre commerciale, les actifs financiers pourraient subir une réévaluation marquée, ce qui se répercuterait négativement sur les investisseurs et les marchés financiers. De plus, les gestionnaires d’actifs pourraient être confrontés à des appels de marge ou à des demandes de rachat de la part des investisseurs. Certains gestionnaires d’actifs pourraient se tourner vers les banques pour obtenir plus de liquidités.

Amplification

Ces deux canaux de risques pourraient amplifier le ralentissement économique. Les banques confrontées à une augmentation des défauts d’emprunteurs et à une demande de liquidités plus élevée des gestionnaires d’actifs pourraient prendre des mesures défensives afin de protéger leurs ratios de fonds propres. Par exemple, elles pourraient réduire leurs prêts aux ménages et aux entreprises non financières, ou mettre un frein à leur activité d’intermédiation.

Ces mesures défensives amplifieraient les répercussions de la guerre commerciale sur l’économie et le système financier.

Beaucoup d’entreprises éprouveraient des difficultés financières

En présence de droits de douane élevés et permanents, l’activité économique et les revenus diminueraient au Canada. Les entreprises exposées au commerce avec les États-Unis subiraient une baisse de la demande pour leurs produits et une hausse des coûts de leurs intrants. Cette situation ferait baisser les bénéfices. Les entreprises touchées pourraient alors demander du crédit supplémentaire auprès des marchés financiers ou des banques, par exemple en puisant dans leurs marges de crédit en place. Certaines pourraient se retrouver en défaut de paiement, ce qui générerait des pertes sur créances pour les banques. Au fil du temps, avec la redistribution des ressources en fonction du nouveau contexte commercial, certains actifs mal adaptés aux nouvelles conditions pourraient devenir désuets ou inutiles.

Les entreprises qui exportent une grande partie de leur production vers les États-Unis et qui ont un fort levier financier, une faible rentabilité et de faibles réserves de liquidités sont particulièrement vulnérables à une guerre commerciale de longue durée29. C’est surtout le cas des entreprises dans les sous-secteurs de la fabrication (graphique 9).

Les entreprises des secteurs d’activité tournés vers le marché intérieur pourraient ne pas voir d’effet direct provenant des droits de douane dans les débuts de la guerre commerciale. Mais avec le temps, elles aussi souffriraient probablement de la forte baisse de la demande globale. Puisque la majeure partie des dettes de sociétés non financières au Canada provient de ces secteurs, les investisseurs et les banques qui les financent pourraient subir des pertes si ces entreprises ne peuvent pas les rembourser.

En cas de guerre commerciale prolongée, les programmes d’aide gouvernementale actuels ou à venir aideraient probablement les entreprises et l’économie à s’adapter. Les pouvoirs publics ont déjà annoncé certaines mesures pour soutenir les entreprises touchées par les droits de douane, telles que des allégements tarifaires ou des facilités de prêt30.

Beaucoup de ménages auraient du mal à rembourser leurs dettes en cas de licenciement

Même avec l’aide de l’État, certaines entreprises touchées par la guerre commerciale pourraient faire des mises à pied en s’ajustant à la demande plus faible. Confrontées à une baisse importante de leurs revenus, certaines personnes ayant perdu leur emploi pourraient avoir de la difficulté à rembourser leurs dettes.

Afin de mieux comprendre l’incidence qu’une guerre commerciale de longue durée pourrait avoir sur la capacité des ménages à rembourser leur prêt hypothécaire, le personnel de la Banque a simulé un profil de prêts hypothécaires en souffrance basé sur le scénario 2 du RPM d’avril 2025 (graphique 10)31. L’augmentation projetée des arriérés de paiement sur prêts hypothécaires est présentée sous forme de plage pour illustrer les interactions possibles des canaux d’amplification – comme de fortes hausses du taux de chômage ou des baisses importantes des prix des logements32. Ainsi, il est difficile de prévoir exactement comment un tel scénario se déroulerait. Les résultats semblent indiquer que la proportion de prêts hypothécaires en souffrance depuis 90 jours ou plus pourrait augmenter à un niveau comparable ou supérieur à ceux atteints pendant la crise financière mondiale de 2008-2009.

Les banques pourraient subir des pertes sur créances importantes, ce qui pourrait nuire à leur capacité à soutenir l’économie

Le personnel de la Banque a analysé le bilan des banques canadiennes afin d’évaluer leur exposition potentielle à des défauts de remboursement de la part des entreprises et des ménages.

En général, les prêts accordés aux ménages ou aux entreprises de secteurs ou de régions sensibles aux échanges commerciaux représentent environ 15 % des actifs des banques au Canada. Le reste de leurs actifs se compose de prêts ou d’autres actifs ayant une faible exposition directe au commerce international. Néanmoins, une guerre commerciale qui entraînerait un net ralentissement économique ou une forte récession pourrait quand même avoir des effets indirects sur ces secteurs intérieurs.

Bien que l’exposition commerciale directe des grandes banques et des banques de petite et moyenne taille soit similaire, la composition de leurs portefeuilles de prêts diffère. Les banques de petite et moyenne taille ont tendance à axer davantage leurs activités sur les prêts hypothécaires. De plus, elles sont souvent regroupées dans certaines régions et pourraient donc, dans certains cas, être plus exposées aux secteurs sensibles aux échanges commerciaux.

Selon les résultats de tests de résistance, les banques demeureraient résilientes même en cas de grave ralentissement économique (encadré 1). Grâce à leurs bilans solides, elles pourraient continuer d’accorder des prêts en période de tensions, soutenant ainsi l’économie. Mais d’importantes pertes sur créances pourraient tout de même les pousser à prendre des mesures défensives afin de protéger leurs ratios de fonds propres.

Par exemple, les banques pourraient réduire l’accès au crédit ou resserrer leurs normes et modalités d’octroi de crédit, surtout pour les emprunteurs qui sont déjà fragiles financièrement ou qui œuvrent dans les secteurs les plus exposés à la guerre commerciale. Les tensions pourraient, par conséquent, se propager dans le système financier et potentiellement amplifier le ralentissement économique.

Un changement soudain de l’humeur des marchés pourrait faire augmenter la demande de liquidités

Le risque que la guerre commerciale s’aggrave ou se prolonge a accru l’incertitude des investisseurs quant aux perspectives économiques. Cela dit, même si la volatilité des marchés s’est accrue, les primes de risque exigées par les investisseurs dans les marchés des actions sont restées inférieures à leurs moyennes à long terme. Si la guerre commerciale s’intensifiait ou si la conviction que les droits de douane deviennent permanents se répandait, l’appétit pour le risque des investisseurs pourrait diminuer davantage et une autre liquidation d’actifs risqués – potentiellement désordonnée – pourrait avoir lieu.

De plus, si un choc survenait à l’échelle des marchés, les participants de l’ensemble du système financier pourraient chercher à obtenir des liquidités en même temps. Beaucoup de ménages et d’entreprises pourraient vouloir recourir à leurs marges de crédit bancaires. Les gestionnaires d’actifs pourraient vouloir lever des liquidités pour répondre à des appels de marge ou à des demandes de rachat des investisseurs, effectifs ou attendus. Et en vue de protéger leurs bilans, les banques pourraient constituer des réserves de liquidités plus importantes pour contrer le risque de ne pas pouvoir honorer leurs engagements. Mises ensemble, ces mesures pourraient mener à des ventes d’actifs en catastrophe et à des spirales de prix. Cela pourrait précipiter le dysfonctionnement des marchés de financement essentiels, touchant ainsi l’ensemble des participants qui se fient à ces marchés. Dans le pire des cas, les autorités pourraient devoir fournir des liquidités afin de rétablir le fonctionnement des marchés.

Notes

  1. 1. Interrogés sur les circonstances qui pourraient entraîner une réévaluation marquée des prix sur les marchés, les participants à l’enquête sur le système financier que la Banque a réalisée en 2025 ont le plus souvent cité en premier lieu une guerre commerciale, puis les tensions géopolitiques.[]
  2. 2. Pour une analyse des tests de résistance et de leur incidence sur la résilience des ménages, voir J. Hartley et N. Paixão, « Tests de résistance appliqués aux prêts hypothécaires et résilience financière des ménages en contexte de resserrement de la politique monétaire », note analytique du personnel 2024-25 de la Banque du Canada (novembre 2024).[]
  3. 3. Par exemple, l’Enquête sur la population active de Statistique Canada montre que le taux de rémunération hebdomadaire moyen des salariés au Canada a augmenté de 24,8 % entre 2019 et 2024.[]
  4. 4. Une analyse fondée sur des données de l’enquête Canadian Financial Monitor donne à penser que 85 % des détenteurs de prêts hypothécaires devant renouveler leur prêt en 2025 ou en 2026 pourraient couvrir l’augmentation prévue de leurs versements pendant 12 mois ou plus à l’aide des actifs financiers dont ils disposent actuellement.[]
  5. 5. Le rapport prêt-valeur moyen des propriétaires est passé de 74 % à la fin de 2019 à 71 % à la fin de 2024. De même, le taux d’utilisation moyen des marges de crédit garanties par l’avoir propre foncier est passé de 35 % à la fin de 2019 à 28 % à la fin de 2024.[]
  6. 6. Les données sur l’insolvabilité montrent que le passif médian figurant au bilan des entreprises au moment du dépôt de leur dossier était d’environ 210 000 $ en 2023. Il est à noter que les statistiques sommaires calculées au moyen des ensembles de données publics du Bureau du surintendant des faillites doivent être interprétées avec prudence. En effet, les données sur les passifs sont tirées des déclarations fournies par le syndic lors du dépôt du dossier d’insolvabilité, et le passif minimal à déclarer pour amorcer la procédure d’insolvabilité est de seulement 1 000 $. Depuis 2013, les dossiers d’insolvabilité d’entreprises pour lesquels le passif minimal a été déclaré représentent moins de 4 % des dossiers déposés. De plus, les données sur les passifs sont additionnées en utilisant les trois premiers caractères du code postal dans l’ensemble de données.[]
  7. 7. Le ratio de fonds propres de catégorie 1 sous forme d’actions ordinaires est calculé à partir des fonds propres réglementaires de la qualité la plus élevée, parce que ces fonds permettent d’absorber les pertes dès qu’elles surviennent. Dans ce ratio, le numérateur comprend la somme des éléments suivants : actions ordinaires et primes liées au capital, bénéfices non distribués, autres revenus généraux, participations minoritaires qui satisfont aux critères d’inclusion et ajustements réglementaires. Le dénominateur, lui, est constitué des actifs pondérés en fonction des risques.[]
  8. 8. Par exemple, le Bureau du surintendant des institutions financières a relevé le taux de la réserve pour stabilité intérieure en 2022 et 2023 et l’a depuis maintenu à 3,5 %, c’est-à-dire près de la limite supérieure de la fourchette de 0 à 4 %.[]
  9. 9. Le ratio de liquidité à court terme mesure un stock suffisant d’actifs liquides de haute qualité permettant à une banque de surmonter un scénario de tensions d’une durée de 30 jours. Il ne doit pas être inférieur à 100 % en temps normal.[]
  10. 10. Parallèlement, le FMI s’est servi de ses propres tests de résistance pour évaluer la solvabilité des grandes banques canadiennes et d’une coopérative de crédit en les soumettant au scénario de risque du PESF. Les résultats de cette évaluation par le FMI seront publiés en juillet 2025.[]
  11. 11. L’outil d’évaluation de la solvabilité selon une approche descendante est décrit sommairement dans A. Danaee, H. Grewal, B. Howell, G. Ouellet Leblanc, X. Liu, M. Patel et X. Shen, « Comment les grandes banques au Canada résisteraient-elles à une récession importante? », note analytique du personnel de la Banque du Canada 2022-6 (mai 2022). Voir également O. Abdelrahman, D. Chen, C. MacDonald, A. Mordel et G. Ouellet Leblanc, « Simulating the resilience of the Canadian banking sector under stress: An update of the Bank of Canada’s Top-Down Solvency Assessment tool », rapport technique de la Banque du Canada (à paraître).[]
  12. 12. Les six plus grandes banques canadiennes sont visées : la Banque Royale du Canada, la Banque Toronto-Dominion, la Banque de Nouvelle-Écosse, la Banque de Montréal, la Banque Canadienne Impériale de Commerce et la Banque Nationale du Canada.[]
  13. 13. La réserve pour stabilité intérieure varie en fonction de la conjoncture économique. Elle impose aux banques de mettre de côté des réserves de fonds propres plus importantes lorsque l’économie tourne bien. À l’inverse, en situation de ralentissement, le Bureau du surintendant des institutions financières a la latitude d’abaisser le niveau exigé des réserves et de permettre ainsi aux banques de prêter davantage de fonds pour soutenir le redressement de l’économie. D’après les lignes directrices du BSIF, la banque qui manque à ses obligations au titre de la réserve pour stabilité intérieure ne se voit pas imposer automatiquement des limites pour la répartition des fonds propres, contrairement à ce qui arriverait en cas de non-respect des exigences liées à la réserve de conservation des fonds propres.[]
  14. 14. Des tendances similaires ont été observées ailleurs dans le monde, y compris aux États-Unis.[]
  15. 15. Voir A. Epp et J. Gao, « Les fonds de couverture : un filet pour l’augmentation des émissions d’obligations du gouvernement? », document d’analyse du personnel 2025-7 de la Banque du Canada (mai 2025).[]
  16. 16. Voir J. Sandhu et R. Vala, « Les fonds de couverture soutiennent-ils la liquidité du marché des obligations du gouvernement du Canada? », note analytique du personnel 2023-11 de la Banque du Canada (août 2023).[]
  17. 17. Par exemple, voir Banque du Canada, « Règlement relatif aux adjudications de titres du gouvernement du Canada ».[]
  18. 18. Le courtage privilégié est un ensemble de services offerts par une institution financière à des clients institutionnels ou à des fonds de couverture, qui comprend des services d’exécution et de règlement d’opérations, de financement et de garde.[]
  19. 19. Voir Sandhu et Vala (2023).[]
  20. 20. Le recours au marché des pensions à des fins de levier est utilisé ici comme une mesure approximative du levier financier global.[]
  21. 21. Ces estimations ont été calculées à partie des données du Système d'établissement de relevés des opérations sur le marché.[]
  22. 22. Voir G. Bédard-Pagé, D. Bolduc-Zuluaga, A. Demers, J.-P. Dion, M. Pandey, L. Berger-Soucy et A. Walton, « COVID‑19 crisis: Liquidity management at Canada’s largest public pension funds », note analytique du personnel 2021-11 de la Banque du Canada (mai 2021).[]
  23. 23. Voir J.-S. Fontaine, C. Garriott, J. Johal, J. Lee et A. Uthemann, « COVID‑19 Crisis: Lessons Learned for Future Policy Research », document d’analyse du personnel 2021-2 de la Banque du Canada (février 2021).[]
  24. 24. Les IFNB représentent également une part plus importante du système financier mondial que les banques, selon la mesure générale du secteur des IFNB établie par le Conseil de stabilité financière (CSF). Voir Conseil de stabilité financière, « Global Monitoring Report on Non-Bank Financial Intermediation 2024 » (16 décembre 2024).[]
  25. 25. Selon la mesure étroite du CSF, qui se concentre sur les IFNB qui mènent certaines activités de nature bancaire, les actifs des IFNB s’élevaient à 2,6 billions de dollars à la fin de 2023. En revanche, la mesure de la Banque du Canada, qui exclut certaines entités comme les fonds d’investissement mixtes, mais inclut les opérations de pension, se chiffrait à 1,9 billion de dollars pour la même période. Pour en savoir plus sur la façon dont la Banque définit les IFNB, voir R. Arora, G. Bédard-Pagé, P. Besnier, H. Ford et A. Walsh, « Le point sur l’intermédiation financière non bancaire au Canada », note analytique du personnel 2021-2 de la Banque du Canada (mars 2021).[]
  26. 26. Une opération de financement par titres consiste à échanger des titres, tels que des obligations ou des actions, contre des liquidités ou d’autres titres. Les opérations de pension et de prêt de titres en sont des exemples.[]
  27. 27. Voir C. Friedrich, H. Friedrich, N. Lawrence, J. Cortes Orihuela et P. Tian, « The International Exposure of the Canadian Banking System », document de travail du personnel 2025-01 de la Banque du Canada (janvier 2025).[]
  28. 28. Un swap de taux d’intérêt est un contrat dérivé dans lequel une partie paye (reçoit) un taux fixe contre la réception (le paiement) d’un taux variable pour une durée convenue.[]
  29. 29. Pour estimer les probabilités d’insolvabilité illustrées dans le graphique 9, le personnel de la Banque a utilisé un modèle logit pour prédire le risque d’insolvabilité, à l’échelle des entreprises, à partir d’indicateurs financiers retardés portant sur le levier financier, les marges de profit et la liquidité. Ces résultats ont ensuite été regroupés par secteurs. Pour en savoir plus, voir D. Hogg et H. Jebeli, « Examining the Links Between Firm Performance and Insolvency », document d’analyse du personnel de la Banque du Canada (à paraître).[]
  30. 30. Voir, par exemple : ministère des Finances du Canada, « Le Canada annonce de nouvelles mesures de soutien pour les entreprises canadiennes touchées par les droits de douane américains », communiqué de presse (15 avril 2025); Banque de développement du Canada, « BDC déploie $500 millions en nouveaux financements, services-conseils et information stratégique pour aider les PME face à l’incertitude des tarifs américains », communiqué de presse (7 mars 2025); et Exportation et développement Canada, « Exportation et développement Canada est prête à soutenir les exportateurs canadiens touchés par l’imprévisibilité des marchés », communiqué de presse (7 mars 2025).[]
  31. 31. Afin d’établir un lien entre les scénarios macroéconomiques et les taux d’arriérés de paiement sur les prêts hypothécaires, le personnel de la Banque a estimé une équation de régression pour la période allant de 1989 à 2019. Plus précisément, une régression du taux d’arriérés de paiement sur les prêts hypothécaires a été effectuée sur des taux de chômage antérieurs et de nombreuses autres variables de contrôle explicatives (taux d’obtention et de cessation d’emploi, variations des prix des logements, taux hypothécaires, inflation fondamentale et écart de production).[]
  32. 32. Lors de récessions précédentes au Canada, le ralentissement économique avait eu des effets plus importants que prévu sur le taux de chômage et les prix des logements.[]

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