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Déclaration préliminaire devant le Comité sénatorial des finances nationales

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Monsieur le Président, distingués membres du Comité, bonjour. La première sous-gouverneure Wilkins et moi sommes heureux de pouvoir vous présenter les mesures prises par la Banque du Canada face à la pandémie de coronavirus.

Depuis le début de la pandémie, la Banque s’est fixé deux objectifs. À court terme, nous nous efforçons d’aider les entreprises et les ménages canadiens à traverser cette période. À long terme, nous cherchons à jeter des bases solides pour la reprise économique.

Dans les deux cas, il nous faut un système financier qui fonctionne bien pour que les mesures budgétaires exceptionnelles mises en place portent leurs fruits. Je vais d’abord vous parler de nos actions qui visent le fonctionnement des marchés financiers. Puis, j’aborderai nos mesures de politique monétaire.

La Banque a agi rapidement et de façon vigoureuse ces derniers mois pour mettre sur pied plusieurs programmes et mécanismes destinés à fournir les liquidités nécessaires et à soutenir les marchés financiers essentiels. Grâce en grande partie à ces efforts, les ménages et les entreprises ont continué d’avoir accès au crédit pour répondre à leurs besoins primaires.

Ces programmes comprennent nos achats hebdomadaires courants d’au moins 5 milliards de dollars d’obligations du gouvernement du Canada, afin de soutenir la liquidité et l’efficience de ce marché fondamental. Nous avons augmenté la participation de la Banque aux adjudications de bons du Trésor du gouvernement fédéral. Nous aidons aussi à assurer le bon fonctionnement des marchés de titres provinciaux en achetant de nouveaux titres provinciaux sur les marchés monétaires et des obligations provinciales sur le marché secondaire.

Nous avons également pris des mesures pour que les institutions financières aient un accès fiable à suffisamment de liquidités. Nous avons notamment amélioré les mécanismes de prise en pension, qui permettent aux banques et autres négociants principaux d’emprunter des fonds à la Banque du Canada en fournissant leurs actifs en garantie. Les institutions financières peuvent ainsi mieux gérer leurs risques de liquidité. Nous avons élargi la liste des institutions admissibles à nos prêts et l’éventail des titres qu’elles peuvent fournir en garantie, et ces mécanismes permettent maintenant d’offrir un financement jusqu’à 24 mois.

Par ailleurs, nous avons instauré un programme d’achat d’Obligations hypothécaires du Canada, d’un maximum de 500 millions de dollars par semaine. Ce programme vise à favoriser le bon fonctionnement d’un important marché pour l’octroi de prêts hypothécaires aux Canadiens. Ensemble, tous ces mécanismes devraient améliorer les conditions de liquidité et de financement des prêteurs, ce qui aidera les entreprises et les ménages à avoir accès au crédit dont ils ont besoin. Ils aideront aussi les Canadiens à bénéficier davantage de notre assouplissement monétaire durant la reprise.

Dans le but d’alléger les tensions sur les principaux marchés de financement pour les entreprises canadiennes, nous avons introduit des programmes d’achat d’acceptations bancaires et de papier commercial. De plus, nous venons tout juste de lancer un programme d’achat de 10 milliards de dollars d’obligations de sociétés de qualité sur le marché secondaire.

Nous avons présenté les résultats préliminaires de ces programmes dans la dernière livraison de la Revue du système financier, publiée plus tôt ce mois-ci. En résumé, nous avons réussi à restaurer le bon fonctionnement de nombreux marchés financiers clés qui montraient des signes de fortes tensions. Nous constatons que sur beaucoup de marchés, les écarts acheteur-vendeur et les écarts de rendement se sont sensiblement resserrés. Pour les institutions financières, l’accès aux liquidités s’est nettement amélioré. Enfin, un grand nombre de nos programmes destinés à soutenir les marchés financiers sont de moins en moins utilisés, à mesure que les conditions se stabilisent.

En ce qui concerne la politique monétaire, la Banque a abaissé son taux directeur de 150 points de base au total pour l’établir à 0,25 %, soit à sa valeur plancher. Ces interventions étaient fondées sur une analyse des facteurs immédiatement observables, c’est-à-dire les effets des mesures visant à contenir la propagation de la COVID-19 et de l’effondrement des prix du pétrole. Il faut noter que même si le Canada n’avait eu aucun cas d’infection à la COVID-19, il aurait tout de même été nécessaire d’accroître la détente monétaire pour soutenir l’économie en raison des répercussions des bas prix du pétrole.

L’abaissement du taux directeur est entièrement conforme à l’entente sur le ciblage de l’inflation qui régit nos interventions. Nous savons que pour que l’inflation revienne à la cible, il faut d’abord stabiliser l’économie, puis ramener la production et l’emploi à leur niveau potentiel. La meilleure contribution que pouvait apporter la Banque en ce moment pour compléter les efforts budgétaires du gouvernement et préparer le terrain en vue de la reprise était d’abaisser le taux directeur à sa valeur plancher.

Nous savons que l’efficacité de la détente monétaire est limitée à l’heure actuelle, puisque l’activité économique est en grande partie à l’arrêt ou fortement réduite. Mais les mesures budgétaires énergiques des gouvernements et l’assouplissement monétaire fourni par la Banque – en plus de nos actions visant à assurer le bon fonctionnement des marchés financiers – vont jeter les meilleures bases possible pour la reprise.

Pour terminer, je tiens à souligner qu’une grande incertitude entoure l’évolution de la pandémie. La Banque est prête à augmenter l’ampleur de ses programmes au besoin pour appuyer le fonctionnement des marchés. Et s’il faut encore accentuer la détente monétaire pour atteindre sa cible d’inflation, la Banque dispose des outils nécessaires pour le faire.

Sur ce, la première sous-gouverneure Wilkins et moi serons heureux de répondre à vos questions.