Le gouverneur Tiff Macklem parle de la décision annoncée hier par la Banque du Canada de relever le taux directeur. Il explique qu’après deux ans de mesures exceptionnelles de détente monétaire, les taux d’intérêt suivent maintenant une trajectoire à la hausse.

Le gouverneur Macklem s’adresse à la CFA Society Toronto par vidéoconférence. Lisez le discours complet.

Taux directeur

Nous avons annoncé hier notre décision de relever le taux directeur de 25 points de base pour le faire passer à ½ %. La Banque évaluera aussi à quel moment elle laissera son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada commencer à décroître, un processus qu’on appelle le resserrement quantitatif. Le moment et le rythme des hausses subséquentes du taux directeur, et le début du resserrement quantitatif, seront guidés par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et par son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %.

La forte reprise se poursuit

Dans notre Rapport sur la politique monétaire publié en janvier, nous avons dit aux Canadiens que les mesures monétaires d’urgence visant à soutenir l’économie durant la pandémie n’étaient plus nécessaires. Nous avons mis fin à nos indications prospectives exceptionnelles et indiqué qu’il fallait s’attendre à une trajectoire à la hausse des taux d’intérêt.

Depuis, les conditions économiques ont évolué essentiellement comme nous l’avions prévu. La croissance du PIB a été forte au quatrième trimestre de 2021, atteignant 6,7 %, ce qui conforte notre point de vue selon lequel l’économie produit de nouveau au maximum de sa capacité. L’inflation reste trop élevée, autour de 5 %. L’invasion de l’Ukraine fait monter les prix de l’énergie et des produits de base alimentaires. C’est une nouvelle source majeure d’incertitude.

La reprise économique dans le contexte de la pandémie a été impressionnante. Bien qu’une part d’incertitude demeure par rapport à l’évolution du virus, on ne saurait surestimer la capacité d’adaptation et la résilience des entreprises et des ménages canadiens pendant ces deux années de défis immenses. »

Les causes de la hausse inhabituelle de l’inflation

Nous nous attendons à une baisse de l’inflation dans la seconde moitié de l’année du fait du recul de la pandémie, mais, pour le moment, elle est bien au-dessus de la cible. Cela s’explique par trois grands facteurs.

  • Confinés chez eux durant la pandémie, les Canadiens ont dépensé moins pour des services et davantage pour des biens. Cette tendance à privilégier les biens au détriment des services, conjuguée aux perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales, a créé des pressions à la hausse sur les prix des biens.
  • La hausse des prix ne s’est pas limitée aux biens touchés directement par les perturbations des chaînes d’approvisionnement. Par exemple :
    • Les cours plus élevés du pétrole ont contribué à l’augmentation des coûts de transport qui, elle, fait monter les prix de tous les biens.
    • Les prix des aliments sont influencés par les conditions météorologiques extrêmes qui ont endommagé les récoltes dans de nombreuses régions.
    • La forte demande de maisons unifamiliales au Canada fait grimper les prix des logements.
  • En plus de ces problèmes d’offre et de demande, la vigueur généralisée de la reprise au pays alimente l’inflation. Le relèvement des taux d’intérêt ne peut pas régler les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement ni faire baisser les prix du pétrole, mais il accroît les coûts d’emprunt, ce qui ralentit la demande et freine le rythme de l’inflation.

Le resserrement de la politique monétaire est nécessaire pour pouvoir réduire le nombre de composantes de l’inflation qui sont influencées par la demande intérieure. C’est essentiel pour ramener les hausses de prix à un niveau compatible avec notre cible d’inflation de 2 %. »

Resserrement quantitatif

Pour soutenir l’économie durant la pandémie, nous avons mis en place un programme d’assouplissement quantitatif qui a aidé à réduire les coûts d’emprunt des ménages, des entreprises et des gouvernements.

Compte tenu de la décision d’hier de relever le taux directeur, il serait naturel d’ensuite amorcer le resserrement quantitatif. C’est dire qu’au lieu d’acheter des obligations pour réduire les coûts d’emprunt, nous laisserons notre bilan décroître en ne remplaçant pas les obligations d’État arrivées à échéance.

Le resserrement quantitatif servira de complément aux relèvements du taux directeur et créera une pression à la hausse sur les taux d’intérêt à long terme. Mais il est important de souligner que le taux directeur reste le principal outil de politique monétaire à notre disposition pour ramener l’inflation à la cible de 2 %.

Et les Canadiens peuvent être certains que nous continuerons de faire le nécessaire pour remplir notre mandat. »

Le gouverneur Macklem répond aux questions des journalistes après son discours.

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