Le gouverneur Tiff Macklem présente quatre mégatendances qui transforment le paysage économique et financier mondial. Il parle aussi de la réforme structurelle qui sera nécessaire pour assurer la prospérité à long terme du Canada.
Le gouverneur Macklem s’adresse au Saskatchewan Trade and Export Partnership et à la Chambre de commerce du Grand Saskatoon. Lisez le discours complet.
Le commerce et les flux financiers mondiaux ont évolué
Quatre forces transformatrices – ou mégatendances – ont accentué l’incertitude, modifié les relations commerciales, affaibli la demande mondiale et réduit l’efficience des chaînes d’approvisionnement mondiales.
La croissance du commerce mondial a ralenti
Les droits de douane américains n’ont jamais été aussi élevés depuis le début des années 1930. Dans ce contexte, les pays érigent davantage de barrières commerciales. Et les échanges commerciaux avec les États-Unis ont chuté, ce qui oblige les pays exportateurs à chercher activement de nouveaux partenaires.
Les États-Unis ne dominent plus le commerce mondial
Pendant les 25 dernières années, les États-Unis ont dominé le système commercial mondial. Mais aujourd’hui, la Chine et l’Union européenne ont gagné en importance. Les secteurs manufacturier et de haute technologie de la Chine sont maintenant en concurrence directe avec ceux des États-Unis et d’autres pays. Les entreprises chinoises tirent également parti de la politique de leur gouvernement, qui fait du commerce un élément de sa stratégie de croissance dirigée par l’État et leur donne ainsi un avantage sur leurs rivales étrangères.
Les États-Unis dominent toujours les flux financiers
Même si les États-Unis ne dominent plus le commerce mondial, les bons du Trésor américain sont toujours considérés comme l’actif sans risque par excellence dans le monde. Et le dollar américain reste la monnaie de réserve mondiale, même s’il s’est déprécié récemment. Les mesures adoptées dernièrement par les États-Unis ont ébranlé la confiance mondiale, et le rôle de valeur refuge du dollar a été remis en question.
Les déséquilibres mondiaux persistent
Les États-Unis accusent un déficit commercial persistant, tandis que la Chine et l’Union européenne enregistrent des excédents importants et continus. Quand de tels déséquilibres s’accumulent sans qu’on y remédie, cela accroît les risques pour le système financier mondial. C’est ce qui s’est passé dans la période qui a précédé la crise financière mondiale de 2008-2009, et c’est pourquoi nous devons surveiller ces déséquilibres persistants.
Les gouvernements et les entreprises opèrent des changements
Partout dans le monde, les économies montrent des signes évidents de ralentissement. De nombreux pays cherchent de nouveaux partenaires commerciaux. Et les gouvernements modifient leurs politiques et réglementations nationales pour rendre le commerce plus libre à l’intérieur de leurs frontières.
Mais il y a encore du travail à faire. À l’échelle internationale, il faut s’attaquer aux problèmes de déséquilibres commerciaux. Les organisations multilatérales doivent surveiller de près les risques qui pèsent sur le système financier mondial. Et les entreprises devront de plus en plus tenir compte des risques géopolitiques et de la résilience de leurs chaînes d’approvisionnement lorsqu’elles prendront des décisions d’affaires.
Les leaders du pays – chefs d’entreprise, responsables politiques et dirigeants économiques – doivent tracer une nouvelle voie. On aurait dû faire ces changements il y a 15 ans. Mais le deuxième meilleur moment, c’est maintenant. »
Le Canada doit saisir les occasions qui s’offrent à lui
Les exportations canadiennes ont chuté au deuxième trimestre de 2025, et l’économie a ralenti. La production diminue dans les secteurs touchés par les droits de douane. Le taux de chômage était de 7,1 % en août. De nombreuses entreprises nous ont dit avoir suspendu des projets d’investissement en raison de l’incertitude élevée entourant la politique commerciale américaine.
La politique monétaire ne peut pas réparer les dommages causés par les conflits commerciaux en cours. Mais une réforme structurelle pourrait aider le Canada à améliorer sa productivité et sa compétitivité, notamment par les mesures suivantes :
- élimination des barrières commerciales interprovinciales
- reconnaissance réciproque de nombreux titres professionnels entre les provinces
- amélioration des axes de transport est-ouest pour faire croître le commerce intérieur et extérieur
- diversification de nos marchés d’exportation
- élimination des obstacles aux investissements en réduisant les délais des approbations réglementaires et l’incertitude entourant les réglementations
- mise à profit des atouts stratégiques du Canada pour attirer les investissements étrangers, comme sa structure industrielle diversifiée, ses ressources naturelles abondantes, son taux élevé de participation au marché du travail et son large accès à une éducation de qualité
Le mouvement de patriotisme économique a suscité une forte mobilisation, mais maintenant nous devons nous retrousser les manches. Il y a beaucoup de travail à faire. »
Le gouverneur Macklem répond aux questions des médias après son discours.