Avant-propos du gouverneur

À la fin de 2021, notre état d’esprit rappelait beaucoup celui du début de l’année. Nous étions une fois de plus habités par un optimisme prudent, mais obscurci par une incertitude à court terme quant à la trajectoire de la pandémie et à son incidence sur l’économie. Mais en réalité, bien des choses avaient changé.

Au cours de l’année, les fermetures et les restrictions sanitaires ont laissé la place aux campagnes de vaccination et à la réouverture généralisée des entreprises, ce qui a entraîné une croissance vigoureuse de l’économie au second semestre. Et à mesure que la reprise se confirmait, nous avons revu l’appui offert par la politique monétaire en réduisant l’assouplissement quantitatif, avant d’y mettre fin en octobre.

Cependant, le redémarrage de l’économie mondiale a également apporté son lot de nouveaux défis. Les circonstances uniques de la pandémie ont provoqué partout une flambée de la demande de biens et des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Les fermetures et les protocoles de santé publique en vigueur dans de nombreux pays ont nui à la production et au transport, ce qui s’est traduit par une montée en flèche des prix de beaucoup de biens au Canada comme aux quatre coins de la planète. C’est en grande partie ce qui explique les hausses marquées de l’inflation observées dans plusieurs pays. Au Canada, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation a nettement dépassé la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque, atteignant 4,8 % en décembre. Les ménages canadiens ont donc eu plus de mal à joindre les deux bouts, surtout ceux qui ont de faibles revenus.


En 2021, la Banque et le gouvernement fédéral ont renouvelé l’entente qui les lie relativement au cadre de conduite de la politique monétaire du Canada. L’entente réaffirme que la stabilité des prix est le principal objectif de notre politique monétaire. »

Le gouverneur, Tiff Macklem

En 2021, la Banque et le gouvernement fédéral ont renouvelé l’entente qui les lie relativement au cadre de conduite de la politique monétaire du Canada. L’entente réaffirme que la stabilité des prix est le principal objectif de notre politique monétaire, axée sur une cible d’inflation de 2 %. Elle assure la constance et la clarté du cadre, et le renforce pour faciliter la gestion des réalités actuelles. C’est le cadre dont le Canada a besoin en ce moment pour faire face à l’inflation élevée et aux défis de la réouverture de l’économie. Et c’est le cadre dont nous avons besoin pour préparer l’après-pandémie.

Tout au long de l’année, nous avons tenté de mieux cerner ce qui complique la reprise économique. Nous avons utilisé des approches et des outils novateurs pour évaluer les effets des perturbations de l’approvisionnement mondial, mieux connaître les facteurs responsables de la forte inflation et mieux interpréter l’évolution du marché du travail. Nous avons aussi échangé de l’information et des points de vue avec nos homologues étrangers. Tous ces efforts ont joué un rôle essentiel pour éclairer et guider nos décisions de politique monétaire.

Nous avons également surveillé de près le marché canadien du logement. Nous nous sommes efforcés de saisir comment les changements de préférence en matière de logement et la vigueur soutenue de la demande ont contribué aux vulnérabilités financières, certains ménages empruntant à la limite de leurs moyens pour acheter une maison et se retrouvant ainsi très endettés par rapport à ce qu’ils gagnent. Nous avons notamment analysé les anticipations extrapolatives au sein de grands marchés canadiens, ainsi que l’influence croissante des investisseurs sur la demande de logements.

Dans ce contexte d’incertitude, nous avons maintenu notre engagement à faire preuve de transparence. Nous avons voulu aider le public à comprendre notre travail ainsi que gagner sa confiance par des communications et des activités de mobilisation efficaces.

Tiff Macklem est assis confortablement dans un fauteuil. Il parle à un intervieweur, qui est assis le dos à l’objectif.

Le gouverneur Tiff Macklem accorde une entrevue à Radio-Canada après la publication du Rapport sur la politique monétaire d’octobre.

Évidemment, nous ne nous sommes pas seulement intéressés aux défis liés à la pandémie.

Nous avons continué à améliorer notre compréhension des risques pour l’économie et le système financier associés aux changements climatiques. En collaboration avec le Réseau pour le verdissement du système financier, nous avons élaboré des stratégies pour atténuer les risques de transition et promouvoir la finance durable. En partenariat avec le Bureau du surintendant des institutions financières et le secteur des services financiers, nous avons analysé des scénarios que nous avons créés afin d’évaluer l’incidence possible, pour l’économie et le système financier, de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Nous avons en outre lancé une stratégie de verdissement pour la Banque, qui prévoit des cibles concrètes de réduction des gaz à effet de serre émis par toutes les opérations de notre institution.

Nous nous sommes encore attachés à renforcer la résilience de nos opérations, de même que celle du système financier, notamment en élaborant une nouvelle stratégie de cybersécurité axée sur les capacités d’intervention et de reprise.

Grâce aux recherches et aux activités de sensibilisation que nous avons menées, nous en savons plus sur l’évolution de l’utilisation de l’argent liquide et les modes de paiement préférés des Canadiens. Nous avons aussi poursuivi la modernisation de nos centres de traitement des billets de banque et contribué au lancement de Lynx – le nouveau système canadien de transfert de gros paiements. Enfin, en vue de préparer l’avenir, nous avons accéléré notre exploration des avantages et des modèles conceptuels possibles d’une monnaie numérique de banque centrale.

En 2021, la Banque s’est vu confier une nouvelle grande fonction, soit la supervision des paiements de détail au Canada. Nous avons commencé par jeter les bases de nos nouvelles activités de surveillance des risques et d’application de la loi, et nous avons entamé les travaux visant à établir notre façon d’enregistrer les fournisseurs de services de paiement.

En plus de remplir les fonctions essentielles pour lesquelles la population compte sur nous, nous avons affiné et affirmé les valeurs qui sous-tendent notre travail, à savoir anticiper l’avenir, inclure tout le monde et inspirer confiance. À ce sujet, nous avons préparé le terrain pour les années à venir en lançant notre plan stratégique 2022-2024, intitulé Remplir notre promesse. Ce plan stratégique se veut une réponse à notre environnement qui évolue rapidement, et il nous permet de conserver des objectifs ambitieux. C’est la feuille de route d’une organisation véritablement dynamique, engagée et digne de confiance – et ce, en toutes circonstances.


Peu importe ce que 2022 nous réserve, nous continuerons à favoriser le bien-être économique et financier de la population aux quatre coins du pays. »

Le gouverneur, Tiff Macklem

Nous avons mis en œuvre une solide stratégie visant à soutenir l’équité, la diversité et l’inclusion. Elle s’est traduite notamment par de nouveaux objectifs pour accroître la diversité à la Banque ainsi que par des bourses pour les étudiants appartenant à des groupes racisés. Nous avons aussi eu des discussions axées sur la collaboration avec nos homologues de banques centrales des pays du G7 afin de voir comment accélérer les progrès en matière de diversité et d’inclusion dans nos institutions et, plus largement, dans le monde de l’économie et de la finance. Nous avons également renforcé notre engagement auprès des peuples autochtones, en cofondant le Réseau de banques centrales pour l’inclusion des Autochtones et en coorganisant le premier Symposium sur les enjeux économiques autochtones.

Enfin, la COVID‑19 nous a incités à réfléchir à nos façons de travailler pendant une pandémie et au-delà. Nous avons fait de gros progrès pour que nos locaux et nos espaces en ligne – et naturellement nos employés – soient prêts pour un nouveau modèle de travail hybride.

L’année 2021 s’est bien terminée. Premièrement, en décembre, la Banque a accueilli sa nouvelle première sous-gouverneure en la personne de Carolyn Rogers. Mme Rogers se joint à une formidable équipe de collaborateurs dévoués qui ont constamment fait preuve d’intégrité et de professionnalisme, malgré les défis personnels que l’année leur a réservés. Deuxièmement, nous nous sommes classés parmi les 100 meilleurs employeurs au Canada pour une douzième année consécutive et parmi les meilleurs employeurs pour la diversité au Canada.

Au nom du Conseil d’administration et du personnel de la Banque, je m’engage à ce que notre institution continue à servir les Canadiens tandis que nous devrons faire face à de nouveaux défis au cours de l’année à venir. Peu importe ce que 2022 nous réserve, nous continuerons à favoriser le bien-être économique et financier de la population aux quatre coins du pays.

Les Canadiens peuvent compter sur nous.

Tiff Macklem
Gouverneur