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Communication par la Banque du Canada des risques liés aux changements climatiques pour 2022

Avant‑propos

J’ai le plaisir de vous présenter le premier rapport annuel de la Banque du Canada sur les risques liés aux changements climatiques. À l’instar d’autres organisations, nous avons la responsabilité d’évaluer, de gérer et de communiquer ces risques. Le présent rapport constitue une première étape importante dans l’évaluation et la communication des risques liés au climat auxquels nous sommes confrontés en tant qu’institution financière. Il décrit également les mesures que nous prenons pour gérer ces risques et réduire nos propres émissions de gaz à effet de serre, conformément à l’objectif de carboneutralité du gouvernement du Canada.

On me demande souvent pourquoi la Banque aborde l’enjeu des changements climatiques ou pourquoi elle n’en fait pas plus pour lutter contre ceux-ci. J’en profite alors pour expliquer le lien entre les changements climatiques et notre travail, et ce à quoi la population canadienne peut s’attendre de nous.

En bref, la Banque n’établit pas de politiques climatiques. Cette tâche relève, comme il se doit, des gouvernements élus et, en dernier ressort, des parlements. Or, afin de nous acquitter des mandats de la Banque consistant à maîtriser l’inflation et à promouvoir la stabilité financière, nous devons comprendre l’incidence des changements climatiques sur l’économie et le système financier du Canada.

Je vous explique.

Les changements climatiques présentent d’énormes risques pour le Canada et le monde entier. En théorie, il existe deux types de risques. Les risques physiques associés aux changements climatiques sont les premiers qui viennent à l’esprit de la plupart des gens lorsqu’ils entendent parler de feux de forêt, d’inondations et d’autres catastrophes naturelles liées au climat. Parmi ceux-ci, citons la perte de maisons, d’entreprises, de cultures, de forêts, de vies, de moyens de subsistance ainsi que les conséquences financières pour les placements et les assurances. Tous ces éléments influent sur notre bien-être économique et financier. Le deuxième type de risque est plus complexe et encore plus difficile à prévoir. Il s’agit des perturbations qui surviennent durant la transition vers une croissance plus verte à l’échelle internationale. Cette transition vers la carboneutralité touchera presque tous les secteurs de notre économie et bon nombre de Canadiens et de Canadiennes. Dans le secteur pétrolier et gazier du Canada, la diminution de la demande mondiale de combustibles fossiles suscitera un changement profond. Et dans beaucoup d’autres secteurs – de l’agriculture à la fabrication, en passant par les transports et l’électricité –, les répercussions auront probablement une portée considérable.


La Banque n’établit pas de politiques climatiques. Cette tâche relève, comme il se doit, des gouvernements élus et, en dernier ressort, des parlements. Or, afin de nous acquitter des mandats de la Banque consistant à maîtriser l’inflation et à promouvoir la stabilité financière, nous devons comprendre l’incidence des changements climatiques sur l’économie et le système financier du Canada. »


Le déroulement – harmonieux ou disruptif – de ces transitions aura une incidence importante au Canada, que ce soit sur la tenue de l’économie, les pressions inflationnistes, l’évaluation des actifs ou la stabilité financière. Pour nous acquitter de nos responsabilités consistant à maîtriser l’inflation et à promouvoir la stabilité du système financier, nous devons comprendre comment les changements climatiques pourraient ébranler l’économie et le système financier canadiens. C’est pourquoi la Banque investit dans des modèles climatiques et collabore avec d’autres parties prenantes, dont le Bureau du surintendant des institutions financières et le secteur privé. Ensemble, nous évaluons les risques physiques et de transition liés aux changements climatiques, ainsi que les répercussions de différents scénarios climatiques sur la stabilité économique et financière.

En tant que banque centrale du Canada, nous avons aussi le devoir d’évaluer, de communiquer et de gérer nos propres risques liés aux changements climatiques. C’est l’objet du présent rapport. Nous devons faire preuve de transparence à cet égard et préciser comment ces changements pourraient influer sur la valeur des actifs que nous détenons à titre de placements ou de garanties.

Nous souhaitons également rehausser la qualité de l’information sur les changements climatiques dans l’ensemble de l’économie. Cela favorisera une transition harmonieuse et nous aidera à atteindre nos objectifs. Grâce à de meilleures données et évaluations des risques ainsi qu’à une communication de l’information plus exhaustive, les investisseurs, les entreprises, les organismes de réglementation, les gouvernements et la population pourront prendre des décisions plus éclairées en matière de changements climatiques. La Banque a donc deux bonnes raisons de rendre compte des risques auxquels elle est exposée à cet égard : c’est une de ses obligations envers les Canadiennes et les Canadiens et cela incitera les autres à lui emboîter le pas afin que nous puissions collectivement prendre de meilleures décisions.

Ce premier rapport constitue un pilier de l’interprétation des risques économiques associés aux changements climatiques et des travaux menés par la Banque pour gérer ces risques afin de maîtriser l’inflation et d’assurer la stabilité financière. Mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Les Canadiennes et les Canadiens peuvent s’attendre à ce que nous poursuivions dans cette voie dans les années à venir.

Le gouverneur,
Tiff Macklem

Sommaire

À l’échelle mondiale, les effets des changements climatiques sont de plus en plus visibles, répandus et importants. Ces dernières années, on a vu au Canada une augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles ainsi qu’une hausse des dommages matériels touchant les personnes et les biens.

Les changements climatiques ont amené le monde à un moment charnière. La Banque du Canada doit donc mieux comprendre et gérer la menace qu’ils font peser. L’économie et le système financier du Canada ne sont pas à l’abri des effets de ces changements. En fait, le pays est confronté à deux types distincts de risques :

  • les conséquences matérielles des changements climatiques eux-mêmes
  • les perturbations associées à la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone

Le présent rapport est la première communication publique de la Banque à cet égard. Dans le texte qui suit, les risques liés aux changements climatiques sont évalués en fonction de leur incidence sur les responsabilités et les activités de la Banque. Ce rapport expose les éléments qui composent sa stratégie en matière de changements climatiques et précise comment elle entend gérer cet enjeu de manière globale à l’interne, conformément aux recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques du Conseil de stabilité financière.

La première section du rapport donne un aperçu des principaux rôles et responsabilités de la Banque. Elle indique les risques physiques et de transition susceptibles de nuire aux efforts de la Banque visant à prévoir avec exactitude l’inflation et à la maîtriser. Cette section traite également des changements climatiques qui pourraient compromettre la stabilité du système financier et influer sur la valeur des actifs que la Banque détient à titre de placements ou de garanties.

La deuxième section porte sur la manière dont l’approche intégrée de la Banque en matière de changements climatiques se reflète dans sa structure de gouvernance. Le Conseil d’administration, le Conseil de direction institutionnelle, le Conseil supérieur de gestion et les principaux comités de la Banque, qui ont tous des responsabilités et des rôles distincts, supervisent la gestion des risques climatiques. Cette section expose leurs principales fonctions, y compris celles du nouveau Comité directeur sur les changements climatiques, qui assure une surveillance générale de cet enjeu dans tous les secteurs d’activité de la Banque.

La troisième section énonce les objectifs stratégiques de la Banque liés aux changements climatiques, en particulier celui de mieux relever et quantifier les risques connexes dans l’ensemble de l’organisation. En renforçant sa capacité de suivi globale, la Banque sera mieux placée pour gérer les risques et atteindre les cibles fixées, et ce, dans le cadre de ses opérations institutionnelles et de ses travaux plus généraux sur l’élaboration de politiques. Cette section décrit aussi comment une transparence et une mesure accrues sous-tendent d’autres objectifs fondamentaux, comme le verdissement des opérations matérielles de la Banque et le maintien d’un bilan et d’un fonds de pension sains.

La quatrième section décrit l’application d’une méthode d’évaluation des risques à tous les aspects des opérations matérielles de la Banque et fournit des cibles et des objectifs détaillés. Par exemple, elle énonce les efforts déployés pour accroître la résilience et renforcer la poursuite des activités en cas de catastrophe naturelle, en particulier des activités critiques comme fournir des billets de banque à la population canadienne, assurer le bon fonctionnement du système financier et mener la politique monétaire. Cette section présente également la stratégie de la Banque visant à réduire l’impact environnemental de ses opérations matérielles. Dans le but d’éliminer le gaspillage et d’atteindre la carboneutralité au cours des prochaines décennies, la Banque compte :

  • effectuer une transition vers des sources d’énergie renouvelables
  • mettre en œuvre diverses approches visant à réduire la consommation d’énergie
  • nouer des partenariats stratégiques avec des fournisseurs et d’autres organisations internationales

Par ailleurs, le bilan de la Banque contient de nombreux actifs et passifs essentiels à la conduite efficace de la politique monétaire et au bon fonctionnement du système financier. Pour évaluer les risques auxquels le bilan est exposé, la Banque surveille une série d’indicateurs rétrospectifs et prospectifs qui donnent un aperçu de l’exposition actuelle et future aux changements climatiques. De même, dans le cadre de la gestion plus globale de son portefeuille de placements, la Banque évalue l’exposition des actifs de son fonds de pension aux risques physiques et de transition inhérents aux changements climatiques. Ces efforts sont mis en évidence dans la quatrième section.

Pour la Banque, la communication des risques climatiques dans ce rapport ouvre un nouveau chapitre auquel elle entend donner suite. Par l’entremise de ce rapport et des suivants, la Banque vise à sensibiliser davantage le public aux risques associés aux changements climatiques et à présenter les stratégies de gestion qu’elle emploiera pour y faire face.

La Banque du Canada et les risques liés aux changements climatiques

La lutte aux changements climatiques est un enjeu mondial. Même si le gouvernement fédéral est le principal responsable des politiques sur les changements climatiques, la Banque du Canada reconnaît l’importance de tenir compte des risques physiques et de transition connexes. Les changements climatiques et la transition vers une économie à faibles émissions de carbone sont susceptibles d’entraîner de lourdes conséquences pour le système financier et l’économie en général. Il incombe donc aux banques centrales de se pencher sur les questions qu’ils soulèvent. En outre, comme ses homologues, la Banque est confrontée à des risques climatiques qu’elle doit comprendre et gérer dans le cadre de ses activités, et de la gestion de son bilan et du Régime de pension de la Banque du Canada.

Le rôle de la Banque du Canada

En tant que banque centrale du pays, la Banque a pour rôle principal de favoriser la prospérité économique et financière du Canada. Voici ses grandes responsabilités :

  • Politique monétaire
  • Stabilité du système financier
  • Monnaie (conception, émission et distribution des billets de banque)
  • Gestion financière (agir comme agent financier du gouvernement du Canada et, à ce titre, gérer la dette publique et les réserves de change)
  • Supervision des fournisseurs de services de paiement

La Banque met en œuvre la politique monétaire en influant sur les taux d’intérêt à court terme, ce qui, combiné à un taux de change flottant, contribue à maintenir une inflation basse, stable et prévisible. Ainsi, elle permet aux Canadiennes et aux Canadiens de prendre des décisions en matière de dépenses et de placements avec une plus grande confiance, favorise l’investissement à long terme dans l’économie du pays et appuie la création soutenue d’emplois, l’accroissement de la productivité et l’amélioration du niveau de vie.

La Banque promeut également la stabilité et l’efficacité du système financier, lequel englobe les banques et les coopératives de crédit, les marchés financiers ainsi que les systèmes de compensation et de règlement. Un système financier canadien solide favorise non seulement la prospérité économique et financière du pays, mais aussi la stabilité financière.

Risques climatiques

Les risques liés aux changements climatiques et à la transition vers des solutions à faibles émissions de carbone, déjà visibles à l’heure actuelle, influeront de manière considérable sur l’économie et le système financier dans les années à venir. L’analyse des changements climatiques fait donc partie intégrante du mandat de la Banque, car il faut comprendre leurs effets et leurs implications sur l’économie et le système financier.

Risques physiques

Les changements climatiques provoqués par le réchauffement de la planète sont attribuables aux activités humaines qui augmentent les niveaux de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, emprisonnant la chaleur et réchauffant la Terre. Le dioxyde de carbone est le principal responsable de ces émissions de GES d’origine anthropique (humaine). Il est libéré par des activités comme la déforestation et la combustion de combustibles fossiles. Le méthane se classe au deuxième rang, et ses puissantes émissions emprisonnent 25 fois plus de chaleur dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone1. Les sources anthropiques de méthane comprennent les processus d’extraction et de production de pétrole et de gaz naturel ainsi que les sites d’enfouissement et les activités agricoles.

Les conséquences matérielles du réchauffement climatique se voient déjà dans le nombre accru de phénomènes météorologiques extrêmes potentiellement mortels, comme les inondations, les vents violents (p. ex., tornades, déréchos), les vagues de chaleur et les feux de forêt. Les inondations de novembre 2021 dans le nord-ouest du Pacifique et la canicule de juin-juillet 2021 dans l’ouest de l’Amérique du Nord sont deux exemples d’événements comportant des risques physiques qui sont susceptibles de s’intensifier et de se produire plus souvent avec l’accélération du réchauffement climatique. Dans l’avenir, ces événements mèneront probablement à une hausse de la fréquence et de la gravité :

  • des chocs négatifs d’offre (p. ex., destruction du stock de capital, perturbations de l’offre de main-d’œuvre et des chaînes d’approvisionnement)
  • des chocs de demande (p. ex., détérioration du bilan des ménages et des entreprises menant à une diminution de la consommation et des investissements)

Les banques centrales arrivent à gérer de manière efficace les chocs de demande grâce à la politique monétaire, mais en général on ne peut pas en dire autant des chocs d’offre, puisqu’il est difficile de stabiliser à la fois l’inflation et les fluctuations de la production. Une augmentation de la fréquence et de la gravité des chocs négatifs d’offre compromet la capacité des banques centrales à prévoir avec exactitude les écarts de production et, de ce fait, l’inflation. Ainsi, l’évolution de la situation météorologique pourrait accentuer la volatilité de l’inflation globale (notamment, les prix des aliments), ce qui pourrait influer sur les attentes d’inflation. Outre leurs vastes répercussions économiques, les risques physiques constituent une menace directe pour les biens matériels de la Banque (comme ses bâtiments et systèmes) et pour ceux de ses partenaires de la chaîne d’approvisionnement et de ses contreparties.

Risques liés à la transition

La réduction des risques physiques exige une mobilisation mondiale pour mettre en place des politiques climatiques, et les mesures prises doivent s’appuyer sur les avancées technologiques et tenir compte des changements socioéconomiques. Mais les efforts visant à décarboner l’économie peuvent donner lieu à différentes conséquences selon la trajectoire de transition empruntée :

  • Une transition tardive et abrupte vers une économie à faibles émissions de carbone découlant d’un virage brusque des politiques climatiques, des technologies ou de la confiance des marchés pourrait conduire à une révision rapide des risques climatiques et à une réévaluation fondamentale du marché de divers actifs financiers.
  • L’adoption de politiques climatiques claires, actuelles et graduelles, accompagnées de politiques supplémentaires soutenant la restructuration de l’économie (p. ex., des politiques qui renforcent la capacité d’adaptation et de réaction des marchés du travail, favorisent l’innovation et améliorent l’environnement d’affaires) pourrait diminuer la probabilité de certains impacts négatifs de la transition.

Bien qu’une transition ordonnée vers une économie à faibles émissions de carbone engendre moins de perturbations, elle peut quand même avoir des conséquences macroéconomiques et être une source de difficultés pour le système financier. Les changements de la demande mondiale de combustibles fossiles, la hausse de la tarification du carbone et le nombre accru de politiques en matière d’énergie propre à l’échelle internationale pourraient provoquer des variations à long terme des prix du pétrole et du gaz naturel, ainsi que du taux de change du dollar canadien. Les fluctuations de prix des importations et de la demande d’exportations qui s’ensuivraient sont susceptibles de se répercuter sur l’inflation et les attentes à cet égard. Bien que l’on ignore le rythme de ces réévaluations, celles-ci risquent de compromettre la sécurité et la solidité du système financier et de ses participants.

L’incertitude entourant les effets du réchauffement climatique sur l’économie et la trajectoire de la décarbonation pose également des défis importants quant à la capacité de la Banque à prévoir la production potentielle et la croissance économique à long terme. L’élévation des températures à l’échelle mondiale et l’adaptation que cela exigera pourraient avoir d’importantes répercussions sur la main-d’œuvre et la productivité totale des facteurs. En outre, les migrations, les perturbations et les litiges attribuables aux changements climatiques sont susceptibles de perturber le capital social, le capital organisationnel ainsi que la capacité de production de l’économie. La volatilité économique liée au climat pourrait entraver l’aptitude de la Banque à assurer la conduite de la politique monétaire et à favoriser la stabilité financière. Il est aussi plausible qu’elle influe sur la valeur et la solvabilité des actifs que la Banque détient comme placements ou garanties.

Gouvernance

La Banque dispose d’un cadre de gouvernance bien établi. Ses pouvoirs sont définis dans la Loi sur la Banque du Canada, et le gouverneur est à la fois le premier dirigeant de l’institution et le président du Conseil d’administration de celle‑ci. La Loi confère au gouverneur le pouvoir de diriger et de contrôler les activités de la Banque au nom du Conseil.

Le gouverneur préside également le Conseil de direction institutionnelle. Composé des membres du Conseil de direction, du chef de l’exploitation et du directeur exécutif, Supervision, le Conseil de direction institutionnelle aide le gouverneur à établir l’orientation stratégique de la Banque et supervise les grandes fonctions de l’institution. Le Conseil de direction épaule le gouverneur dans la prise de décisions stratégiques, conformément aux pouvoirs qui lui sont conférés par la Loi sur la Banque du Canada.

Organes directeurs

La Banque adopte une vision globale par rapport aux changements climatiques et a intégré la surveillance de ceux-ci dans sa structure de gouvernance et son cadre de gestion des risques. Le Conseil d’administration, le Conseil de direction institutionnelle et le Conseil supérieur de gestion ainsi que les principaux comités – dont le Comité directeur sur les changements climatiques – ont tous des responsabilités et des rôles distincts. Ils supervisent la gestion des risques climatiques et l’atteinte des objectifs prévus. La figure 1 donne un aperçu de la structure de gouvernance de la Banque liée à ses activités en matière de changements climatiques, notamment celle du Conseil d’administration et de la direction.

Figure 1 : Structure de gouvernance de la Banque du Canada liée à ses activités en matière de changements climatiques

Conseil d’administration Il supervise : ●  l’atteinte des cibles prévues et la réalisation des investissements    correspondants pour verdir les opérations matérielles de la Banque●  la gestion des risques et des possibilités liés aux changements climatiques●  la production de rapports sur les risques climatiques●  les considérations liées aux changements climatiques à prendre en     compte dans le Régime de pension de la Banque du Canada Conseil de direction institutionnelle Il approuve et supervise l’orientation stratégique en ce qui concerne :●  le verdissement des opérations matérielles ●  les recherches sur les changements climatiques●  la mise en œuvre des plans, des mesures     d’atténuation des risques et des communications     de l’information relativement aux changements     climatiques Conseil supérieur de gestion Il approuve et supervise la mise en œuvre des initiatives liées aux changements climatiques qui concernent les opérations financières et matérielles de la Banque quant :●  aux investissements●  à l’atténuation des risques●  à la communication de l’information Comité directeur sur leschangements climatiques Il assure une supervision et prodigue des conseils en :●  fournissant une orientation stratégique et    en matière de politiques●  favorisant la transparence et la reddition    de comptes●  effectuant l’examen des programmes et des     initiatives Comité de surveillance des risques Il oriente et supervise l’évaluation et lesstratégies d’atténuation des risques liés àl’environnement et aux changementsclimatiques.

Surveillance par le Conseil d’administration

Le Conseil d’administration joue un rôle de surveillance générale à l’égard de la gestion et de l’administration de la Banque (pour les questions autres que la politique monétaire, qui relève du Conseil de direction).

Le Conseil d’administration supervise les activités de verdissement de la Banque et ses engagements à ce chapitre qui contribuent à l’atteinte de la carboneutralité. Il collabore avec la direction pour ce qui est des risques opérationnels et des possibilités liés aux changements climatiques. Il supervise également les rapports de la Banque sur les risques climatiques et, par l’entremise de son Comité des pensions, les considérations liées aux changements climatiques à prendre en compte dans le Régime de pension de la Banque du Canada.

Surveillance par la direction

Le Conseil de direction institutionnelle définit les priorités stratégiques de la Banque en matière de changements climatiques. En outre, il approuve les principaux engagements ou cibles de réduction, les politiques liées aux changements climatiques et l’appétit global pour le risque recommandé par le Comité directeur sur les changements climatiques.

Mis sur pied en 2021, le Comité directeur sur les changements climatiques est chargé de superviser et de favoriser le verdissement des activités de la Banque en veillant à l’orientation stratégique et politique et au suivi des programmes (encadré 1). Il joue un rôle de premier plan dans l’élaboration et la mise en œuvre de l’approche de la Banque pour prendre en compte les risques climatiques et les possibilités permettant d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Encadré 1 : Comité directeur sur les changements climatiques

Les changements climatiques recoupent de nombreux aspects des activités de la Banque et mobilisent plusieurs groupes de travail et départements. De ce fait, la Banque a créé le Comité directeur sur les changements climatiques pour superviser ses travaux à cet égard. Ce comité est présidé par le sous-gouverneur Toni Gravelle, de qui relèvent les travaux liés aux politiques sur les changements climatiques, et par le chef de l’exploitation Filipe Dinis, qui supervise le verdissement des opérations matérielles de la Banque. Deux autres membres du Conseil de direction institutionnelle siègent aussi au Comité directeur afin d’orienter les principaux chantiers de la Banque en matière de changements climatiques.

D’autres membres du Comité directeur sont issus de l’équipe de direction de la Banque pour que leurs responsabilités et leurs domaines d’expertise en matière de changements climatiques soient mis à profit.

Voici les six grandes fonctions du Comité directeur :

  • fournir des orientations stratégiques et en matière de politiques aux groupes de travail qui se penchent sur les changements climatiques et qui mènent des recherches ou d’autres initiatives favorisant le verdissement des opérations de la Banque
  • promouvoir la transparence et la reddition de comptes des responsables des groupes de travail
  • examiner les documents de politique, les plans de travail et les budgets
  • passer en revue d’éventuels nouveaux engagements régionaux et internationaux
  • orienter la prise de décision stratégique sur la communication des risques climatiques par la Banque
  • revoir les plans de mise en œuvre afin d’optimiser les ressources, entre autres choses

Le Conseil supérieur de gestion et les comités qui le soutiennent se concentrent sur les aspects administratifs, qui consistent notamment à approuver des plans et des investissements globaux visant à atteindre la carboneutralité, et à veiller à une intégration efficace des considérations liées aux changements climatiques aux politiques de la Banque.

Gouvernance du Fonds de pension

La gouvernance des risques climatiques et des possibilités connexes fait partie de la gouvernance globale du Régime de pension de la Banque du Canada. Le cadre de gouvernance du Régime vise à faire en sorte que les prestations de celui-ci soient financées adéquatement et que les risques – entre autres ceux liés aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en général et aux changements climatiques en particulier – soient bien gérés. La Banque est l’administrateur du Régime de pension. Son Conseil d’administration a la responsabilité ultime d’assurer la surveillance du Fonds de pension.

Les activités de placement quotidiennes du Fonds sont soumises à la surveillance générale du Comité de placement du Fonds de pension, lequel fait rapport au Comité des pensions chaque trimestre. La plupart des actifs du Fonds sont gérés à l’externe, et le Comité des pensions approuve le choix et le maintien des gestionnaires externes. Le processus d’approbation consiste à veiller à ce que les gestionnaires tiennent compte des facteurs ESG, notamment les considérations climatiques.

Le Comité de placement du Fonds de pension évalue comment les facteurs ESG et les risques climatiques sont pris en compte dans le processus de diligence raisonnable au moment de la sélection des gestionnaires de fonds externes, ainsi que dans le cadre du suivi continu et des évaluations du rendement. Afin que le Comité des pensions puisse prendre des décisions éclairées et se tenir au fait de l’évolution des meilleures pratiques, le Comité de placement du Fonds de pension collabore avec des partenaires externes pour offrir au Comité des pensions une formation adaptée sur les facteurs ESG et les changements climatiques.

Par conséquent, dans le cadre de leur fonction de surveillance et de la prise de décisions relatives au Fonds, le Comité des pensions et le Comité de placement du Fonds de pension évaluent et intègrent les risques et les possibilités liés aux facteurs ESG, y compris les changements climatiques. L’établissement de la stratégie relative aux facteurs ESG et aux changements climatiques pour le Régime de pension de la Banque du Canada incombe, en définitive, au Conseil d’administration.

Stratégie

Comme la Banque l’a annoncé en novembre 2021 dans ses engagements en vue de la COP 262, sa stratégie globale en matière de changements climatiques couvre tous les domaines, entre autres les grandes fonctions et les opérations matérielles. Elle intègre des mesures concrètes permettant de mieux comprendre les risques climatiques – notamment où et comment ils se produiront – en vue de les gérer.

L’objectif immédiat de la Banque consiste à accroître sa capacité à mesurer et à comprendre les risques climatiques auxquels elle est – et sera – confrontée. Elle doit absolument disposer de ces renseignements afin de pouvoir contenir et réduire efficacement son exposition aux conséquences matérielles et financières de ces risques.

Les répercussions potentielles des changements climatiques sur les principales activités de la Banque – de ses opérations matérielles à son bilan et à son régime de retraite – font déjà partie intégrante du processus décisionnel. Toutefois, en raison d’un manque d’information, la capacité de la Banque à évaluer la manière dont les risques connexes influeront sur les prix des actifs et l’économie en général est actuellement limitée. L’évaluation des risques climatiques dans le domaine financier est une science encore relativement récente et l’insuffisance des données limite l’exactitude prédictive et la fiabilité des mesures.

Consciente de cette réalité, la Banque se concentre à l’heure actuelle sur des initiatives qui renforceront sa capacité à cerner et à quantifier les risques climatiques, tant dans le cadre de ses activités que de son travail d’élaboration de politiques. En outre, la communication par la Banque de sa stratégie d’évaluation et de gestion des risques climatiques – par l’entremise de cette publication et des prochaines – permettra à ses contreparties et à d’autres participants au marché de mieux évaluer leurs expositions mutuelles. Cela devrait, à son tour, contribuer progressivement à une meilleure estimation des risques climatiques dans les opérations quotidiennes.

La stratégie climatique à court terme de la Banque vise trois grands objectifs :

Renforcer la capacité à mesurer les risques climatiques et à obtenir une vision globale de ceux auxquels sont confrontées la Banque et l’économie canadienne

Améliorer la transparence des marchés financiers en suivant les principes et les directives du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques et en invitant les autres participants à emboîter le pas

Progresser vers l’objectif de carboneutralité d’ici 2050 dans le cadre de ses opérations matérielles

Pour atteindre ces objectifs, la Banque a mis en place des ressources spécialisées et a commencé à acquérir une expertise en matière de données sur les risques climatiques et de techniques de mesure connexes pour ses activités principales. Elle a également noué des partenariats mondiaux avec divers fournisseurs de données sur les risques climatiques et d’autres spécialistes du climat, tout en maintenant un dialogue avec ses pairs à l’échelle nationale et internationale afin de rester au fait des meilleures pratiques de gestion de ces risques.

La publication du présent document constitue une étape importante, rendue possible grâce aux initiatives évoquées précédemment. Toutefois, il y a encore beaucoup de travail à accomplir afin de nous projeter dans l’avenir et d’élargir notre gamme d’outils d’atténuation des risques. Il faut voir cette communication sur les risques climatiques en 2022 comme le début d’un parcours que la Banque s’engage à poursuivre. Elle jette les bases d’une stratégie exhaustive à long terme, tout en ouvrant la voie à des initiatives concrètes dès maintenant.

Opérations matérielles

En tant que banque centrale du Canada, la Banque reconnaît la nécessité d’être un chef de file en verdissant ses propres activités et de se faire la championne de la réduction des émissions, en collaboration avec ses partenaires. Elle est déterminée à :

  • atteindre la carboneutralité d’ici 2050
  • promouvoir des politiques, des investissements et des pratiques axés sur la réduction des émissions
  • donner aux membres du personnel les moyens de prendre des décisions respectueuses de l’environnement en les sensibilisant davantage et en leur fournissant des données

La Banque assumera ses responsabilités : elle mesurera et communiquera son impact sur l’environnement et ses progrès vers l’atteinte de ses cibles.

Comme la réduction de son empreinte environnementale est primordiale, la Banque modifie ses opérations courantes depuis des années déjà. Ainsi, en 2011, elle a commencé à remplacer ses billets en papier par des billets en polymère. En 2019, elle a obtenu la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) Or pour son siège rénové à Ottawa, ce qui représente l’aboutissement de plusieurs années de travail (encadré 2). Ces changements reposent sur la conviction que la durabilité doit être intégrée à ses opérations. La Banque part du principe que les mesures visant à lutter contre les changements climatiques sont la bonne chose à faire, tant du point de vue moral que pratique.

Encadré 2 : Verdir les opérations matérielles de la Banque
Passage au polymère

Les billets de banque canadiens en polymère allient à merveille graphisme et technologie. Ils :

  • sont plus difficiles à contrefaire que les billets en papier
  • génèrent des économies substantielles pour la Banque
  • réduisent l’impact environnemental des billets de banque

La Banque a commandé une étude du cycle de vie des billets de banque au Canada qui s’est penchée sur l’impact environnemental d’une série de billets en papier de coton et des nouveaux billets en polymère. Dans le cadre de cette étude, on a examiné les billets sur l’ensemble de leur cycle de vie, depuis la culture du coton servant à fabriquer le papier et la production de la matière première du polymère, jusqu’à l’élimination des billets usés qui ont été déchiquetés.

L’étude a conclu que l’adoption du polymère permettrait de réduire l’empreinte environnementale des billets au pays. Depuis la publication de cette étude, la Banque a pu confirmer que les billets fabriqués avec cette matière durent au moins 3,5 fois plus longtemps que ceux en papier. Étant donné la réduction du nombre de billets de remplacement, l’utilisation du polymère a moins d’impact sur l’environnement en ce qui concerne :

  • le processus de fabrication
  • le transport des nouveaux billets vers les institutions financières et le retour des billets usés à la Banque
Verdissement du siège de la Banque

En 2019, la Banque a obtenu la certification LEED Or pour son siège rénové, à Ottawa. L’un des principaux objectifs de la rénovation était d’augmenter considérablement l’efficacité énergétique. Résultat : la consommation d’énergie a baissé de moitié. Voici les principaux jalons atteints en matière de durabilité :

  • des économies d’eau annuelles de 3,7 millions de litres, soit l’équivalent de dix piscines
  • sur le total des matériaux, 50 % ont été extraits et fabriqués localement
  • les matériaux et produits neufs intégrés à l’immeuble contenaient 30 % de matières recyclées (selon la valeur)
  • 90 % des débris de construction n’ont pas été dirigés vers un site d’enfouissement, ce qui représente 23 000 tonnes de matériaux
  • des économies annuelles de 10,4 millions de kilowattheures d’électricité (ce qui correspond à la consommation de plus de 1 300 habitations)
  • 85 % de la surface du toit de la Banque est recouverte de matériaux blancs qui refroidissent l’immeuble en reflétant les rayons infrarouges et ultraviolets

Le programme de verdissement de la Banque vise à réduire davantage son empreinte carbone. Il s’appuie sur des données de référence de 2018 et une méthodologie scientifique, lorsque c’est possible, pour tracer la trajectoire de la Banque vers la carboneutralité d’ici 2050. Son approche ciblée pour le verdissement des activités repose sur quatre grands piliers, ou domaines d’intervention, qui contribuent aux émissions (figure 2) :

  • les bâtiments
  • les voyages d’affaires
  • les billets de banque
  • les partenaires de la chaîne d’approvisionnement

En se concentrant sur les possibilités de réduction des émissions pour chacun de ces piliers, la Banque pose également des bases solides grâce à son approche de mise en œuvre équilibrée, proactive, axée sur l’impact et orientée vers l’intendance individuelle.

Au début de son parcours vers la réduction de ses émissions de GES, la Banque mettait l’accent sur les émissions générées par sa consommation d’énergie et ses opérations. Désormais, elle examine les émissions générées par ses chaînes d’approvisionnement en amont et en aval.

La Banque adopte une approche calculée, mesurée et globale pour décarboner ses bâtiments, ses voyages d’affaires, ses billets de banque et ses chaînes d’approvisionnement, tout en préservant son efficacité opérationnelle et en renforçant sa résilience.

Figure 2 : L’approche de verdissement des opérations de la Banque du Canada


Verdissement de nos piliers

Bâtiments

  • Décarboner le cycle de vie des bâtiments
  • Réduire l’utilisation des ressources et la production de déchets
  • Passer à l’électricité de source renouvelable
  • Décarboner notre parc automobile
  • Améliorer la résilience de nos bâtiments

Voyages d’affaires

  • Faire connaître les options de voyages écologiques
  • Promouvoir une prise de décision éclairée
  • Intégrer les objectifs de verdissement dans le programme actuel de voyages d’affaires

Billets de banque

  • Réduire les répercussions environnementales du cycle de vie des billets de banque (recherche, fabrication et distribution en gros, y compris la destruction)
  • Étudier les possibilités de réduire les émissions avec nos partenaires détaillants

Chaîne d’approvisionnement

  • Décarboner notre chaîne d’approvisionnement en intégrant des mesures de réduction des émissions et des mesures incitatives dans les pratiques d’approvisionnement
  • Collaborer avec les partenaires et fournisseurs pour promouvoir des biens et services à faibles émissions

Communication de l’information

La communication publique annuelle de la Banque du Canada pour le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques décrira la capacité de celle-ci à s’adapter à l’évolution des risques climatiques en fonction de la maturité de sa stratégie, de sa gouvernance, de ses paramètres et cibles, ainsi que de ses approches d’atténuation des risques.

Assumer nos responsabilités
Pour atteindre la carboneutralité et être une organisation respectueuse de l’environnement, nous allons :
  • faire avancer les politiques, les investissements et les pratiques axés sur la réduction de émissions
  • promouvoir les innovations et les approches novatrices en matière de verdissement et de production de rapports
  • habiliter le personnel à prendre des décisions écoresponsables grâce à la sensibilisation et aux données
  • encourager les partenaires et les fournisseurs à collaborer pour réduire les émissions
Nos principes directeurs
  • Approche équilibrée reconnaissant les compromis comme nécessaires
  • Mise en œuvre le plus tôt possible chaque fois que nous le pouvons
  • Adoption d’une vision durable dans la mise en œuvre de changements nouveaux et positifs, systémiques, durables et viables pour les opérations et l’environnement
  • Décisions d’investissement basées sur les répercussions et fondées sur des faits et des données scientifiques
  • Transmission des bonnes informations dès le départ pour assurer des décisions éclairées

Par ailleurs, la Banque continuera d’évaluer de manière proactive les risques climatiques en utilisant une approche tous risques, afin de renforcer la résilience opérationnelle en cas de perturbations matérielles et d’étudier les possibilités de faire face aux risques de transition3.

Bilan

L’une des grandes fonctions de la Banque est d’être le seul émetteur de billets de banque canadiens. Son bilan soutient cette fonction, mais il sert aussi d’outil pour favoriser la mise en œuvre efficace de ses objectifs de politique monétaire et de stabilité financière. Dans des circonstances normales et exceptionnelles, la Banque peut modifier la composition de son bilan par l’entremise d’opérations sur les marchés afin de favoriser l’émergence de conditions financières qui concordent avec l’orientation souhaitée de la politique monétaire.

Conformément à ses mandats en matière de politique monétaire et de stabilité financière, la Banque examine ses opérations sur les marchés financiers pour tenir compte des risques et des possibilités d’ordre financier liés aux changements climatiques par rapport aux actifs de son bilan. Elle étudie également des moyens de favoriser la stabilité et l’efficience du système financier en aidant le secteur à atténuer les risques financiers liés aux changements climatiques.

Fonds de pension

Le Régime de pension de la Banque du Canada a un horizon de placement à long terme. Les placements du Fonds de pension sont diversifiés au sein des catégories d’actifs, des régions et des secteurs, et sont gérés en grande partie par des gestionnaires d’actifs externes. Ces placements sont exposés à des risques physiques et de transition à court, à moyen et à long terme. Il est démontré que les facteurs ESG, y compris les changements climatiques, peuvent influer de manière importante sur le risque et le rendement. La prise en considération de ces facteurs cadre donc avec les obligations fiduciaires de la Banque, qui exigent qu’elle fasse preuve de prudence et prenne des décisions de placement qui sont dans l’intérêt des participants au Régime.

La Banque veut s’assurer que les gestionnaires d’actifs externes intègrent les facteurs ESG importants – notamment les risques et les possibilités liés aux changements climatiques – dans la prise de décisions de placement, afin d’améliorer le rendement rajusté en fonction du risque à long terme. Un aspect important de la diligence raisonnable dont la Banque doit faire preuve dans le choix, le suivi et l’évaluation des gestionnaires consiste à veiller à ce que cette intégration soit conforme aux catégories d’actifs et aux stratégies de placement de ceux-ci.

La Banque a effectué une analyse descendante globale de scénarios climatiques en 2022 dans le cadre de l’examen de la répartition stratégique des actifs du Fonds de pension. De concert avec des spécialistes externes des régimes de retraite, elle procède périodiquement à un examen exhaustif de la répartition stratégique des actifs du Fonds, à la lumière des nouvelles tendances au chapitre de l’économie, des marchés financiers et des placements. L’analyse a permis à la Banque d’évaluer la résilience de la répartition d’actifs à long terme du Régime face aux risques physiques et de transition à court, à moyen et à long terme, en fonction d’un éventail de scénarios de réchauffement planétaire.

D’autres éléments importants de la stratégie de la Banque sont la mobilisation et l’incitation à communiquer des données relatives aux facteurs ESG. On s’attend à ce que les gestionnaires de fonds externes mobilisent les entreprises dans lesquelles ils investissent et leur demandent des renseignements appropriés sur les enjeux ESG pertinents, entre autres les risques climatiques. En outre, la Banque demande à ces gestionnaires de fournir de l’information sur les enjeux ESG et s’efforce activement, avec leur aide, de se conformer aux recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques.

À mesure que les normes et les meilleures pratiques mondiales évoluent, la Banque continuera d’affiner son approche de la communication de l’information sur les changements climatiques et ses pratiques de gestion de placements.

Gestion des risques, mesures et cibles

La gestion des risques permet à la Banque de prendre des décisions éclairées qui l’aident à s’acquitter de ses mandats et à atteindre ses objectifs stratégiques. Grâce à sa politique de gestion des risques, qui énonce les objectifs et les attentes, elle peut gérer efficacement ses risques d’entreprise. Cette politique est appuyée par le cadre de gestion des risques d’entreprise et l’Énoncé sur l’appétit pour le risque de la Banque. Celle-ci continue d’intégrer les risques climatiques dans les politiques existantes. Elle renforcera ce processus par des évaluations, un suivi et des rapports itératifs et continus au fil de l’évolution des risques.

Depuis quelque temps, les risques climatiques sont considérés comme un nouveau secteur de risque important dans le monde entier. Dans le cadre de son processus annuel d’autoévaluation des risques, la Banque encourage ses dirigeants et son personnel à cerner et à prendre en considération les risques climatiques et les possibilités connexes dans leurs secteurs d’activité. Grâce à une meilleure compréhension des différents risques climatiques auxquels elle est confrontée, la Banque peut tirer parti des ressources et des outils pour surveiller, évaluer et gérer ces risques de manière plus exhaustive.

À mesure que la Banque approfondit ses connaissances et sa compréhension des risques liés aux changements climatiques et que ses initiatives à ce sujet prennent de l’ampleur, ces risques occuperont une place de plus en plus prépondérante dans ses discussions et ses processus décisionnels fondés sur les risques. Cela implique d’inclure les facteurs de risque climatique dans sa taxonomie des risques et d’accorder une attention accrue aux risques climatiques dans ses décisions de politique monétaire (figure 3).

La Banque classe ses risques en quatre catégories :

  • risques stratégiques
  • risques opérationnels
  • risques financiers
  • risques environnementaux et liés aux changements climatiques

Bien que les risques climatiques externes peuvent s’inscrire directement dans la quatrième catégorie, les risques climatiques internes deviennent de plus en plus importants dans toutes les catégories, comme en témoignent les principales initiatives que la Banque mène à ce jour en matière de changements climatiques4.

Figure 3 : Intégrer les activités présentant des risques liés aux changements climatiques à la taxonomie des risques de la Banque du Canada


Risques stratégiques

  • Intégrer l’analyse des changements climatiques dans le mandat de la Banque
  • Évaluer les répercussions des changements climatiques sur l’économie et le système financier

Risques financiers

  • Évaluer et communiquer les risques climatiques pour ce qui est du bilan de la Banque et des actifs du Fonds de pension

Risques opérationnels

  • Verdir les opérations matérielles de la Banque pour renforcer sa résilience
  • Intégrer les considérations climatiques dans la planification budgétaire et la prise de décisions

Risques environnementaux et liés aux changements climatiques

  • Gérer l’empreinte carbone de la Banque et les déchets produits par les bâtiments, les déplacements, les billets de banque et les chaînes d’approvisionnement

Opérations matérielles

Risques opérationnels

Les opérations de la Banque sont exposées aux risques physiques et de transition. Ces risques peuvent influer sur la capacité de l’institution à mener ses activités, ou entraîner des dépenses accrues en raison des dommages subis, des interruptions de sa chaîne d’approvisionnement et de la hausse des coûts. Comme les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents, la Banque se tourne vers une approche tous risques en évaluant de manière proactive ses vulnérabilités aux risques physiques et en renforçant sa résilience opérationnelle.

L’incidence des risques de transition sur les opérations matérielles de la Banque découle surtout de l’augmentation des coûts d’investissement et d’exploitation. Une hausse de la tarification fédérale du carbone pourrait faire augmenter le coût de l’énergie comme l’électricité, le diesel, l’essence et le gaz naturel, qui sont actuellement indispensables au maintien des opérations matérielles de la Banque. Les risques de transition pourraient entacher la réputation de la Banque si elle ne tire pas parti des nouvelles technologies ni ne collabore avec différentes parties prenantes à un rythme assez rapide pour s’y attaquer. De ce fait, son approche en matière de gestion des risques doit refléter la responsabilité qu’elle a, en tant qu’organisation, de s’adapter aux risques physiques et de transition, et d’atténuer et de gérer ceux-ci en recourant à la science, à la collaboration et à la planification proactive.

La Banque a investi beaucoup d’efforts dans sa résilience organisationnelle, en décentralisant ses opérations essentielles et en intégrant des mécanismes de redondance dans la mesure du possible. Voici quelques faits saillants sur sa résilience opérationnelle en ce qui a trait à la monnaie et aux fonctions essentielles.

Monnaie

Afin de fournir efficacement des billets de banque à la population, la Banque évalue sans cesse les risques opérationnels et met en place des mesures visant à accroître la résilience de la production, du traitement et de la distribution des billets. La Banque a :

  • accru la durabilité et la durée de vie des billets grâce aux changements apportés au support d’impression et aux éléments de sécurité
  • développé une solide chaîne d’approvisionnement qui est systématiquement surveillée afin d’évaluer et de réduire les risques
  • mis sur pied des centres des opérations des agences à Montréal et à Toronto, qui assurent la redondance des opérations et peuvent fournir des billets aux institutions financières canadiennes en cas de crise
  • amélioré la résilience du Système de distribution des billets de banque en :
    • décentralisant la distribution et l’emplacement des stocks
    • maintenant des réserves d’urgence à long terme et en augmentant les stocks stratégiques en vue de réduire les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et de se préparer à des hausses prononcées de la demande
    • établissant des modalités de transport de secours
    • définissant les effets des points de distribution et des itinéraires de transport vulnérables et en atténuant leur vulnérabilité
    • mettant à l’essai des plans de continuité des opérations et des options de secours
    • envisageant d’autres sources de monnaie (p. ex., une monnaie numérique)5
Continuité des fonctions essentielles

La Banque a pour mandat de préserver la valeur de l’argent, de promouvoir la fiabilité, la solidité et l’efficience des systèmes financiers et d’effectuer des opérations sur les marchés financiers pour atteindre ces objectifs. Au cours des dernières années, elle a accru la résilience opérationnelle de ces fonctions essentielles en investissant dans l’infrastructure, le personnel et les systèmes critiques afin de s’adapter et de continuer à bien fonctionner dans des situations d’urgence. La Banque mise également sur sa collaboration avec d’autres banques centrales et des partenaires du G76, et sur sa participation au Groupe sur la résilience du secteur financier canadien, pour échanger de l’information et coordonner les efforts.

Dans le cadre des mesures prises pour soutenir la continuité de ses activités financières, bancaires et de politique monétaire essentielles, la Banque a mis l’accent sur son infrastructure et son personnel :

  • Infrastructure : La Banque évalue et renforce en permanence la résilience et la disponibilité de son infrastructure clé. Grâce à ses centres de données de relève, elle dispose d’une forte résilience en cas de catastrophe et de phénomènes météorologiques extrêmes. La Banque a également investi dans ses systèmes critiques et sa cybersécurité afin de renforcer sa capacité d’adaptation et d’améliorer la continuité de ses opérations.
  • Personnel : La Banque a ouvert le Site des opérations de Calgary en 2019 pour assurer la résilience de ses opérations sur les marchés, de ses opérations bancaires et de ses systèmes informatiques. Ce site lui permettra de continuer à s’acquitter de ses fonctions essentielles en cas d’incidents liés au climat.

Tous ces efforts visant à assurer la continuité des activités permettront à la Banque de continuer à servir les Canadiennes et les Canadiens sans interruption.

À l’avenir, la Banque prévoit veiller de plus près à la résilience de ses opérations et de ses chaînes d’approvisionnement, ainsi que de ses infrastructures, face aux effets des changements climatiques. Pour ce faire, elle devra :

  • évaluer en permanence l’incidence possible des phénomènes climatiques (inondations, tornades, tempêtes de verglas, etc.) sur les opérations et les infrastructures, et mettre en œuvre des mesures pour réduire les risques
  • s’attaquer aux risques de transition en tirant parti des nouvelles technologies de transformation, des mesures d’efficacité énergétique et de conservation, ainsi que du remplacement de combustible
  • mobiliser des partenaires et des fournisseurs afin d’évaluer les vulnérabilités aux phénomènes météorologiques extrêmes et de se pencher sur les risques et les possibilités de transition
  • continuer à prendre en considération la résilience climatique dans les stratégies de planification, de budgétisation et de gestion des immobilisations

Mesures et cibles

La Banque a franchi une étape importante en 2021 en se fixant des cibles exigeantes de réduction des émissions de ses bâtiments. Ces efforts s’inscrivent dans un plan d’action ambitieux qui lui permettra d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Ces cibles correspondent à celles du gouvernement du Canada et répondent aux objectifs de l’Accord de Paris :

  • combler 100 % de ses besoins en électricité avec des sources d’énergie renouvelable d’ici 2022
  • réduire les émissions de ses bâtiments de 40 % d’ici 2025 et de 80 % d’ici 2030 (il faut noter que ces cibles dépassent celles du gouvernement du Canada)
  • détourner 75 % des déchets opérationnels et plastiques d’ici 2030
  • atteindre une consommation d’eau presque nulle en 2035 ou avant
  • atteindre une production nulle de déchets en 2040 ou avant

À l’heure actuelle, la Banque assure le suivi des mesures liées au climat pour l’ensemble de ses immeubles, de sa chaîne d’approvisionnement (biens et services achetés), des opérations liées aux billets de banque et de ses voyages d’affaires.

Lors du calcul des émissions de carbone, il importe d’établir une distinction entre les émissions directes et indirectes. Pour ce faire, la Banque utilise le concept de « portée ». La figure 4 présente les différences entre les émissions de portées 1, 2 et 3.

Figure 4 : Classification des émissions de gaz à effet de serre

PORTÉE 2 PORTÉE 3 PORTÉE 3 PORTÉE 1 Émissions indirectes Émissions de GES provenant de l’utilisation des servicesd’électricité, de vapeur, de chauffage et de refroidissement achetés à des tiers Émissions indirectes en aval Émissions de GES provenant du transport des produits, de l’utilisation des produits vendus et de l’élimination des produits Émissions indirectes en amont Émissions de GES provenant des produits achetés, du transport de marchandises et des voyages d’affaires Émissions directes Émissions de GESprovenant d’opérations sous le contrôle del’installation

Nota : GES signifie gaz à effet de serre.

La Banque a entrepris un examen des émissions générées par tous les aspects de ses opérations matérielles. La présente communication porte principalement sur ses émissions opérationnelles de portées 1 et 2 (notamment celles liées à ses bâtiments et à son parc automobile). La Banque peut ainsi tirer parti de données fiables sur la consommation d’énergie et d’hypothèses sectorielles standardisées pour le calcul des indicateurs.

La Banque continuera à améliorer ses calculs des émissions de portées 1 et 2, et elle commencera aussi à s’intéresser aux émissions de portée 3 associées aux billets de banque, aux voyages d’affaires et à d’autres parties de sa chaîne d’approvisionnement. Ces travaux lui permettront d’élargir sa compréhension d’ensembles de données plus complexes sur la consommation d’énergie.

À l’heure actuelle, la Banque n’a pas fixé de cibles pour les émissions de portée 3. Toutefois, dans le cadre de sa démarche de verdissement des opérations, elle prévoit établir des cibles de portée 3 en vue d’atteindre des émissions opérationnelles nettes nulles d’ici 2050.

En 2022, la Banque a respecté son engagement consistant à alimenter ses bâtiments en électricité entièrement renouvelable (encadré 3) et a déjà mis en place des programmes de recyclage et de compostage complètement intégrés.

Encadré 3 : L’approche de la Banque pour rendre sa consommation d’électricité plus écologique

Dans le cadre de l’analyse de la base de référence des émissions de la Banque, soit les émissions de 2018, le personnel a quantifié la réduction de carbone associée à l’achat d’énergie renouvelable ou verte pour tous les bâtiments détenus ou loués. L’analyse de scénarios comprenait des hypothèses sur la hausse ou la baisse de la consommation d’électricité liée à diverses mesures de réduction des émissions de carbone, comme la conservation et l’efficacité de l’énergie, le remplacement de combustible et l’électrification.

La Banque a emboîté le pas à la Stratégie pour un gouvernement vert du gouvernement du Canada, qui s’est engagé à consommer de l’électricité entièrement renouvelable d’ici 2022, en lançant au début de cette même année un appel d’offres aux fournisseurs d’énergie de ce type, pour toutes les propriétés qu’elle possède et loue.

À l’avenir, dans le cadre de sa stratégie de gestion des changements climatiques et des actifs, la Banque continuera d’évaluer différentes options pour réduire son empreinte carbone liée à l’électricité, notamment la production d’électricité renouvelable sur place (p. ex., solaire et éolienne) et d’autres ententes d’achat d’électricité.

Le tableau 1 et le graphique 1 exposent en détail les émissions de GES associées aux activités de la Banque.

  • Les émissions actuelles de portées 1 et 2 de la Banque n’incluent pas celles liées aux locaux loués (4 % de l’empreinte totale de ses bâtiments).
  • Les variations de l’utilisation annuelle de carburant de la Banque sont attribuables aux fluctuations météorologiques saisonnières, ainsi qu’au remplacement et au recalibrage des appareils.
  • En 2018, la Banque a changé le principal système de chauffage de son siège. Elle utilise maintenant un échangeur de chaleur électrique, qui a réduit considérablement l’utilisation de vapeur. Ce changement, ainsi que les achats de certificats verts débutés en 2022, a donné lieu à une baisse de 40 % des émissions des immeubles de la Banque (de 2018 à 2022).
Tableau 1 : Émissions de la Banque du CanadaÉmissions de gaz à effet de serre (GES)
  GES totaux (t éq. CO2)
  2018 2021 2022
Portée 1
Émissions directes

(gaz naturel, génératrices à moteur diesel, réfrigérants, parc automobile)
1 301 993 1 042
Portée 2 (méthode fondée sur le marché)
Émissions indirectes

(électricité, vapeur, eau refroidie)
1 598 1 183 681*
Total (méthode fondée sur le marché) 2 899 2 176 1 723

*La Banque a acheté des certificats verts auprès de Bullfrog Power en 2022 pour la totalité de l’électricité utilisée dans les quatre immeubles qu’elle détient en Ontario et au Québec (ce qui équivaut à 455 t éq. CO2). En se basant sur la méthode fondée sur l’emplacement, la Banque estime que ses émissions indirectes de portée 2 totales atteignent 1 136 t éq. CO2 en 2022.

Nota : t éq. CO2 signifie tonnes d’équivalent dioxyde de carbone. Ces résultats relatifs aux GES cadrent avec les normes établies dans Le Protocole des gaz à effet de serre : Une norme de comptabilisation et de déclaration destinée à l’entreprise du World Council for Sustainable Development et du World Resources Institute, et dans le rapport GHG Protocol Scope 2 Guidance du World Resources Institute. Les données et méthodologies sous-jacentes utilisées pour estimer les émissions continuent d’évoluer et de s’améliorer, comme le montrent les mises à jour du Rapport d’inventaire national. Par conséquent, la déclaration des émissions de la Banque pourrait faire l’objet de changements à l’avenir.

Regard vers l’avenir

À mesure que la Banque continue de réduire ses émissions opérationnelles, il lui faut planifier l’avenir pour atténuer les risques et s’adapter aux changements climatiques. Pour ce faire, elle doit trouver des solutions efficaces et efficientes pouvant s’harmoniser avec son objectif d’atteindre des émissions opérationnelles nettes nulles d’ici 2050 dans plusieurs sphères.

  • Bâtiments :
    • mettre en œuvre diverses solutions, en tirant parti du remplacement de combustible (passage du gaz naturel à l’électricité), de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables sur place et des importantes rénovations de ses bâtiments afin de réduire son empreinte et ses émissions de 80 % d’ici 2030
    • trouver d’autres possibilités de réduire les déchets et la consommation d’eau en adoptant les meilleures pratiques à ce chapitre
  • Chaîne d’approvisionnement :
    • collaborer avec les fournisseurs pour cerner des occasions de verdir sa chaîne d’approvisionnement
    • adopter des directives de base et faire de la sensibilisation afin d’intégrer les considérations climatiques dans les processus d’approvisionnement
  • Voyages d’affaires :
    • aider son personnel à prendre des décisions éclairées en vue de réduire les émissions liées aux voyages d’affaires
  • Billets de banque :
    • tirer parti de son étude sur l’établissement d’une base de référence (en cours) pour formuler de futures recommandations sur les éléments du cycle de vie des billets susceptibles de réduire l’empreinte environnementale

Bilan

Le bilan de la Banque diffère de celui des autres institutions financières, en raison du rôle unique qu’elle joue en tant que banque centrale du Canada. Les actifs et les passifs qui figurent au bilan jouent un rôle déterminant dans la mise en œuvre de ses grandes fonctions et pour assurer son indépendance, plutôt que pour maximiser ses profits.

En temps normal, les actifs financiers que détient la Banque découlent surtout du rôle qu’elle assume comme seule autorité habilitée à émettre des billets de banque pour le Canada (son principal passif). Une partie relativement moins importante des actifs financiers qu’elle détient servent à contrebalancer les dépôts du gouvernement du Canada et des membres de Paiements Canada (les deux autres principaux types de passifs). Dans des circonstances exceptionnelles, la Banque peut modifier activement la taille et la composition des actifs financiers de son bilan pour atteindre efficacement ses objectifs liés à la politique monétaire et au système financier et instaurer des conditions financières qui concordent avec l’orientation souhaitée de sa politique monétaire.

En 2020, la Banque a déployé une stratégie d’achat d’actifs pour soutenir l’économie et les marchés financiers durant la pandémie de COVID‑19. Cette stratégie a entraîné une augmentation substantielle, mais temporaire, du total des actifs financés par les dépôts détenus au bilan. Bien qu’ils soient normalement maintenus à un plus faible niveau, les dépôts constituent maintenant le principal passif du bilan de la Banque. Les titres émis ou garantis par le gouvernement du Canada restent le poste d’actif le plus important du bilan. Les obligations provinciales et les obligations de sociétés ne représentent qu’une petite partie du bilan et arriveront à échéance dans un avenir proche.

Pour en savoir plus sur les programmes mis en place par la Banque pour soutenir l’économie et les marchés financiers durant la pandémie de COVID‑19, consultez les pages suivantes :

Évaluation des risques

À titre de banque centrale du pays, la Banque doit examiner dans quelle mesure les changements climatiques et la transition vers une économie carboneutre influeront sur ses mandats actuels et ses politiques de gestion des risques. Le présent rapport est le premier d’une longue série de publications qui comporteront une évaluation des risques climatiques pour son bilan.

De concert avec des fournisseurs de données externes, la Banque a évalué un éventail d’indicateurs qui caractérisent l’empreinte carbone des principaux groupes d’actifs de son bilan, ainsi que leur exposition aux risques physiques et de transition associés aux changements climatiques. Comme l’analyse des risques climatiques est un nouveau domaine de la finance, cette évaluation s’accompagne de plusieurs mises en garde portant notamment sur une couverture incomplète des données, des données non auditées et des hypothèses méthodologiques simplifiées. Par conséquent, les mesures présentées dans ce rapport fournissent des estimations initiales de l’exposition du bilan aux risques climatiques.

Actifs visés par la présente communication

Au 31 décembre 2022, les titres du gouvernement du Canada7 représentent près de 97,1 % des actifs du bilan de la Banque qui sont visés par cette première communication. Le reste des actifs visés est constitué d’obligations provinciales (environ 2,9 %) et d’obligations de sociétés (moins de 0,1 %), lesquelles ont été acquises dans le cadre des mesures prises par la Banque en réaction à la pandémie de COVID‑19. Le tableau 2 présente la ventilation des actifs de la Banque (en dollars canadiens) visés par la présente communication. Ce bilan actualisé exclut les actifs détenus en garantie des avances consenties dans le cadre du mécanisme permanent d’octroi de liquidités, en raison de leur courte durée de détention. La Banque étudie d’autres méthodes pour cerner les risques financiers liés aux changements climatiques qui sont associés à d’autres actifs du bilan8.

Tableau 2 : Actifs de la Banque du Canada visés par la communication Valeur nominale, fin d’exercice (31 décembre 2022)
Type d’actifs Millions $ CA
Obligations du gouvernement du Canada, obligations à rendement réel et Obligations hypothécaires du Canada 377 230
Obligations provinciales 11 166
Obligations de sociétés 125
Total des actifs 388 521

Mesures et données

Les mesures des risques climatiques permettent d’évaluer l’exposition à ceux-ci, ainsi que les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs stratégiques liés aux changements climatiques et d’en assurer le suivi. Afin de mesurer l’exposition du bilan aux risques climatiques, la Banque passe en revue une série d’indicateurs de risques climatiques rétrospectifs et prospectifs utilisés par des institutions homologues, ainsi que ceux recommandés par le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques.

  • Les indicateurs rétrospectifs mesurent l’exposition actuelle (à un moment précis) fondée sur les résultats passés de l’entité sur le plan climatique (p. ex., l’intensité carbonique moyenne pondérée)
  • Les indicateurs prospectifs donnent un aperçu de l’exposition future d’une entité aux risques climatiques et des pistes de décarbonation. Ils se divisent en deux catégories :
    • les mesures des risques de transition, qui estiment les répercussions associées à une transition vers une économie à faibles émissions de carbone
    • les mesures du risque physique, qui évaluent l’exposition d’une entité aux risques climatiques aigus et chroniques9

Dans le cadre de cette communication, la Banque a exclu les émissions de portée 3 associées aux actifs de son bilan et de son Fonds de pension en raison de l’insuffisance des données déclarées et de la possibilité de double comptabilisation. Dans certains scénarios, les émissions de portées 1 et 2 d’une société peuvent correspondre aux émissions de portée 3 d’une autre personne morale (p. ex., la combustion de combustibles fossiles est de portée 1 pour les sociétés qui utilisent du carburant pour leurs activités, mais de portée 3 pour une société d’extraction de pétrole et de gaz). La Banque continuera à surveiller les émissions de portée 3 à mesure qu’elle obtiendra de nouvelles données. Dans certains secteurs d’activité (notamment le secteur bancaire et la construction automobile), les émissions de portée 3 constituent la composante la plus importante de l’empreinte carbone.

Limites des données et mises en garde

Comme l’évaluation des risques climatiques est encore récente dans le secteur financier, elle comporte des limites considérables en ce qui a trait aux données, aux indicateurs et aux techniques de mesure. Il faut tenir compte des obstacles auxquels la Banque est confrontée à ce chapitre pour son bilan et son Régime de pension lors de l’analyse des communications ci-dessous. De plus, au moment de la rédaction du présent rapport, il n’existe aucune norme sectorielle sur la taxonomie et les méthodes de quantification des risques climatiques. Les organismes internationaux qui définissent les normes d’information financière s’efforcent d’établir un ensemble complet et unifié de normes pour assurer une plus grande uniformité et une meilleure comparabilité entre les entités comptables.

Expositions aux titres souverains et provinciaux

Pour ses portefeuilles de titres souverains et provinciaux (y compris son Régime de pension), la Banque utilise des données sur les émissions calculées à l’aide de la méthode de comptabilisation liée à la production, qui tient compte de toutes les émissions de GES produites à l’intérieur des frontières d’un pays, quelle que soit la destination du bien ou du service10. Cette méthode se révèle utile et conforme aux normes internationales, mais elle comporte des risques, comme la fuite de carbone11. Elle introduit également une double comptabilisation lorsque les actifs sont regroupés dans un portefeuille à catégories multiples (p. ex., des obligations de sociétés et des obligations souveraines). Ce risque est inhérent à tous les portefeuilles comportant des catégories d’actifs multiples. La Banque a atténué ce risque en divisant ses portefeuilles en fonction des expositions aux titres souverains, aux titres provinciaux et aux titres de sociétés12.

Expositions aux titres de sociétés

Comparativement à son important portefeuille de titres du gouvernement du Canada, la Banque a une exposition faible aux obligations de sociétés (tableau 3). Environ le tiers des sociétés déclarent annuellement des émissions de portées 1 et 2, tandis que le reste des données disponibles proviennent de modèles d’estimation des émissions élaborés par les fournisseurs de données de la Banque13. Le tableau 3 présente la qualité des données sur les émissions pour les portefeuilles du bilan et du Fonds de pension.

L’utilisation de données modélisées sur les émissions augmente la couverture globale, quitte à introduire une incertitude supplémentaire quant à l’exactitude des résultats mesurés. Pour la fin de l’exercice 2022, le pourcentage de données modélisées sur les émissions s’élevait à 15 % pour les actifs du bilan visés par la communication, ainsi qu’à 22 % et à 18 % respectivement pour les portefeuilles d’actions et de titres à revenu fixe du Fonds de pension.

Outre l’utilisation de données modélisées sur les émissions pour accroître la couverture, la Banque a mis en correspondance certaines sociétés qui ne possèdent pas de données déclarées ou modélisées à ce chapitre avec leurs entités mères respectives. Cette mise en correspondance a été réalisée pour le segment des obligations de sociétés du bilan et le portefeuille de titres à revenu fixe du Fonds de pension, ce qui a permis d’augmenter la couverture de 48 % et 14 %, respectivement.

La Banque s’attend à une amélioration des données, des cibles des sociétés et des cadres de comptabilisation des émissions, au fil du temps. On observe déjà une tendance vers une communication accrue des émissions suscitée par la réglementation, la demande et le comportement du secteur.

Tableau 3 : Évaluation de la qualité des données pour les portefeuilles du bilan et du Fonds de pension de la Banque du Canada
Portefeuille d’actifs financiers Données sur les émissions (%) Données –cote des risques physiques (%)
Déclarées Modélisées par un fournisseur Mises en correspondance avec l’entité mère Couverture totale Couverture totale
Bilan Titres du gouvernement du Canada 100     100 100
Titres provinciaux 100     100 100
Obligations de sociétés 35 15 48 98 99
Fonds de pension Actions de sociétés ouvertes 75 22   97 90
Obligations de sociétés 60 18 14 92 83
Titres provinciaux 100     100 100
Titres du gouvernement du Canada 100     100 100

Mesures de l’empreinte carbone

Dans la présente communication, l’intensité carbonique moyenne pondérée (ICMP) a été calculée pour les portefeuilles du bilan et du Fonds de pension de la Banque. Recommandé par le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques, cet indicateur est le plus couramment utilisé par les participants du secteur. L’ICMP mesure l’exposition d’un portefeuille aux entités à forte intensité en carbone et permet de comparer différents portefeuilles dans diverses catégories d’actifs. Les portefeuilles dont l’intensité en carbone est relativement plus élevée sont considérés comme étant exposés à des risques climatiques plus importants (p. ex., les changements à la réglementation et l’évolution du marché) à mesure que les pays effectuent leur transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Aux fins du calcul de l’ICMP, le personnel de la Banque répartit les émissions des sociétés par million de dollars de ventes. Pour les expositions aux entités souveraines et infranationales, les émissions sont présentées par rapport au produit intérieur brut (PIB) :

\(\displaystyle{ICMP}\ {du}\ {portefeuille}\) \(\displaystyle=\,\sum_{i}^{n}\frac{Valeur\ des\ avoirs_i}{Valeur\ du\ portefeuille}\) \(\displaystyle\times\,\frac{{Émetteur_i\ }émissions\ de\ GES}{{Émetteur_i\ }ventes\ ou\ PIB}\)

Le graphique 2 présente l’ICMP des actifs du bilan de la Banque visés par la présente communication au 31 décembre 2022. L’ICMP des titres du gouvernement du Canada, qui équivaut à 305 tonnes d’équivalent dioxyde de carbone par million de dollars (t éq. CO2/million $) de PIB, correspond aux émissions de ces titres. Celles-ci sont beaucoup plus élevées que la moyenne du G7 (186 t éq. CO2/million $)14, surtout en raison de l’importance de l’industrie pétrolière et gazière au pays, grande émettrice de carbone. La Banque détiendra toujours des titres du gouvernement du Canada pour appuyer ses principales initiatives en matière de politiques et, compte tenu de ses grandes fonctions, il n’est pas envisageable qu’elle réduise la quantité de ces titres qu’elle détient en raison de leur ICMP. Toutefois, l’ICMP de ces obligations devrait diminuer à mesure que le Canada se décarbone et s’efforce d’atteindre l’objectif de carboneutralité du gouvernement d’ici 205015. L’ICMP de la Banque devrait donc être largement corrélée à la trajectoire de décarbonation de l’économie canadienne et évoluer en fonction de celle-ci.

L’ICMP du portefeuille de titres provinciaux, qui s’établit à 316 t éq. CO2/million $, témoigne de la stratégie de neutralité pour le marché du Programme d’achat d’obligations provinciales (PAOP). Sans surprise, cette ICMP se situe près de celle des titres du gouvernement du Canada. On s’attend également à ce que l’ICMP du portefeuille de titres provinciaux, comme celle des titres du gouvernement du Canada, diminue avec la décarbonation du Canada. L’ICMP des obligations de sociétés s’établit à 245 t éq. CO2/million $, toutes les obligations de ce type détenues au bilan de la Banque ayant été acquises dans le cadre du Programme d’achat d’obligations de sociétés (PAOS). Il convient de noter que le PAOP et le PAOS étaient provisoires et ont été abandonnés. Les actifs restants arriveront à échéance et disparaîtront du bilan de la Banque dans les années à venir. Au 31 décembre 2022, l’échéance moyenne des titres acquis dans le cadre du PAOP était de 3,9 ans, tandis qu’elle était de 1,2 an pour les titres du PAOS. La nature temporaire de ces deux programmes16 réduit les risques de transition pour ces portefeuilles.

Mesures prospectives

Risques de transition

À mesure que le monde effectue sa transition vers une économie à faibles émissions de carbone, les entreprises et les pays devront procéder à des changements structurels pour réduire leur empreinte carbone et s’adapter à des modèles économiques durables. Grâce à une évaluation des risques de transition, la Banque mesure l’incidence de ces changements et détermine où ils pourraient survenir. Ces risques sont vastes; ils pourraient toucher les politiques, des aspects réglementaires et juridiques, la réévaluation des prix sur le marché et la technologie, et avoir d’autres répercussions qui entraîneront des transformations importantes sur le marché.

En plus de prendre en considération les indicateurs climatiques rétrospectifs, la Banque s’est penchée sur les indicateurs de risques physiques et de transition susceptibles d’appuyer l’analyse prospective des risques climatiques. Elle a évalué la hausse implicite de la température (HIT) et la valeur à risque (VaR) climatique de MSCI comme étant des paramètres pouvant décrire des risques de transition prospectifs.

  • Hausse implicite de la température
    • La HIT indique l’ampleur (exprimée en degrés Celsius) du réchauffement de la planète si l’économie mondiale produisait des GES sur la même trajectoire que la société ou le portefeuille à l’étude.
    • Cette mesure peut être utilisée comme un point de comparaison avec les objectifs de l’Accord de Paris – limiter le réchauffement de la planète bien en deçà de 2 degrés Celsius, de préférence à 1,5 degré Celsius – et d’autres cibles.
    • Les aspects clés de la méthodologie basée sur la HIT sont les cibles de réduction des émissions des sociétés (et les moyens de les atteindre). Ces cibles sont utilisées pour projeter les émissions futures, qui sont ensuite converties en une valeur HIT.

    À l’heure actuelle, seul un nombre restreint de sociétés dont les titres sont détenus dans les portefeuilles du PAOS et du Fonds de pension de la Banque ont publié des cibles17, ce qui limite l’utilité de la mesure. Outre cette insuffisance de cibles pour les sociétés, la méthodologie comporte un nombre important d’hypothèses susceptibles d’influer sur l’exactitude des résultats. Toutefois, la Banque reconnaît la valeur du suivi interne de la HIT et s’attend à ce que la couverture s’améliore au fil du temps, à mesure que les sociétés établissent des plans pour s’adapter à une économie à faibles émissions de carbone. Par conséquent, la Banque pourrait envisager d’inclure cette mesure des risques de transition dans ses communications à venir.

  • Valeur à risque climatique

    Outre la mesure de la HIT, la Banque a examiné la VaR climatique de MSCI. Celle-ci peut être utilisée pour :

    • les actifs de sociétés
    • les actifs souverains

    Les méthodologies diffèrent de manière considérable entre ces types d’actifs, et même si la méthodologie initiale de la VaR climatique pour les actifs souverains a été publiée au deuxième trimestre de 2022, celle pour les actifs de sociétés est mieux établie. La méthodologie permettant d’établir la VaR climatique pour les actifs de sociétés tient compte de différents scénarios de transition et calcule la valeur actualisée des coûts et des revenus futurs liés au climat en pourcentage de la valeur de marché d’un portefeuille ou de la valeur de l’entreprise concernée18. Le modèle englobe tous les coûts liés au climat (y compris les bénéfices éventuels) jusqu’en 2100.

    Les résultats de la mesure de la VaR climatique ne sont pas concluants pour le portefeuille d’obligations de sociétés de la Banque. De surcroît, les risques de transition exercent une influence moindre en raison de l’échéance moyenne relativement courte de ce portefeuille. À l’instar de l’indicateur de la HIT, la méthodologie relative à la VaR climatique comporte un nombre important d’hypothèses et dispose d’une couverture de données limitées.

    La VaR climatique pour les actifs souverains s’appuie sur le cadre du Réseau pour le verdissement du système financier et tire parti de son éventail de scénarios pour extrapoler les chocs éventuels sur les courbes de rendement des obligations souveraines. Ces chocs sur la courbe de rendement servent à réévaluer les obligations souveraines et, en définitive, à mesurer l’incidence des scénarios climatiques sur la valeur de marché des obligations.

    La Banque continuera de collaborer avec ses fournisseurs de données pour appuyer l’élaboration de mesures de la VaR climatique pour les titres de société et les actifs souverains ainsi que d’autres nouvelles méthodes prospectives d’estimation des risques de transition touchant les actifs inscrits au bilan de la Banque.

  • Analyse des contributions déterminées au niveau national

    L’évaluation des contributions d’un pays, déterminées au niveau national, peut se révéler utile pour analyser les risques de transition. Ces contributions sont des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris qui représentent les objectifs et cibles à long terme des pays en matière de réduction des émissions de GES. Ces objectifs et cibles peuvent être comparés entre pays ainsi qu’à des repères reconnus à l’échelle internationale (p. ex., l’Accord de Paris). Les pays qui disposent d’un plan de transition désordonné seront probablement confrontés à des risques plus importants que ceux qui réduisent leurs émissions de manière ordonnée. La Banque suivra les contributions déterminées au niveau national du Canada et l’atteinte de ses objectifs à court et à moyen terme (p. ex., l’objectif de réduction des émissions pour 2030).

Risques physiques

Les répercussions matérielles des changements climatiques seront ressenties partout dans le monde, mais leur gravité variera. Les conséquences pour une organisation ou un pays dépendront des changements à long terme des régimes climatiques et de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes (comme les ouragans). Une entreprise peut être touchée à travers de nombreux canaux, notamment son infrastructure directe (bâtiments, entrepôts, etc.) et sa main‑d’œuvre, ainsi que ses chaînes d’approvisionnement indirectes en amont et en aval. En outre, les conséquences matérielles des changements climatiques peuvent entraîner une migration massive hors des régions devenues inhabitables, qui pourrait avoir des répercussions socioéconomiques mondiales. Les secteurs de l’économie ressentiront différemment ces conséquences matérielles, selon leur sensibilité aux phénomènes météorologiques ou leur dépendance à l’égard des ressources naturelles.

Pour mesurer l’incidence des phénomènes météorologiques, la Banque a utilisé la cote des risques physiques des solutions ESG de Moody’s19 afin de cerner les risques inhérents aux conséquences matérielles des changements climatiques. Il s’agit de risques aigus (causés par des phénomènes météorologiques extrêmes plus graves et plus fréquents, comme des ouragans ou des inondations) et de risques chroniques (provoqués par des changements à long terme dans les régimes climatiques, entre autres, la hausse des températures ou l’élévation du niveau de la mer). Les mesures utilisées pour cette analyse englobent des données relatives aux sociétés et aux entités souveraines et infranationales (provinciales). Cette méthodologie se base sur un ensemble diversifié d’indicateurs pour générer une cote par percentile pour les risques climatiques (feux de forêt, élévation du niveau de la mer, etc.). L’échelle s’étend de 0 à 100, où les cotes plus élevées révèlent un risque accru. Ainsi, une cote de 10 indique que, comparativement à la totalité des sociétés évaluées, 10 % obtiennent une cote inférieure. Les cotes par percentile ne fournissent pas une évaluation des dommages potentiels (économiques ou financiers), mais elles mettent en lumière le classement relatif au sein de l’ensemble plus vaste des sociétés, des pays ou des entités infranationales.

La méthodologie utilisée diffère pour les entités souveraines et les sociétés. La cote des sociétés correspond à une moyenne pondérée des cotes fondée sur l’emplacement :

  • des opérations matérielles de l’entité (70 %)
  • des partenaires de la chaîne d’approvisionnement (15 %)
  • des points de vente finaux (15 %)

Pour les expositions aux entités souveraines, les cotes reposent sur la proportion des populations actuelles et projetées, du PIB et des terres agricoles utilisées à l’heure actuelle, qui est ensuite remise à l’échelle en fonction du PIB total du pays (nécessaire pour normaliser les mesures des pays, grands et petits).

Les cotes des risques physiques fournissent une mesure détaillée de l’exposition à ces risques. Toutefois, une des limites principales réside dans le fait que les données ne tiennent pas compte de la sensibilité ou de la faculté d’adaptation de l’entité. L’aptitude à faire face aux changements climatiques varie de manière importante entre les sociétés et les entités souveraines et dépend de facteurs comme leur situation financière, leur capacité à accéder au capital et leurs structures de gouvernance.

Les cotes présentées dans le graphique 3 montrent que les titres de sociétés détenus par la Banque sont relativement peu exposés aux risques physiques. La cote totale des risques associés aux titres de sociétés de la Banque s’élève à 37. Parmi les facteurs particuliers qui contribuent aux risques opérationnels, les inondations constituent le plus grand risque physique (cote de 66), tandis que les autres présentent un risque modéré à faible. Une ventilation plus détaillée révèle que 59 % des titres de sociétés de la Banque obtiennent une cote totale inférieure ou égale à 25 pour ce qui est du risque, 37 % ont une cote se situant entre 25 et 75, et seulement 4 % affichent une cote égale ou supérieure à 7520.

Comme l’indique le graphique 4, les cotes des risques physiques pour le portefeuille de titres du gouvernement du Canada détenus par la Banque sont relativement faibles. La cote totale du portefeuille s’établit à 23, soit moins de la moitié de la moyenne du G7, qui se chiffre à 4721. Les inondations et l’élévation du niveau de la mer constituent les risques physiques les plus élevés du portefeuille.

Les cotes des risques physiques pour le portefeuille de titres provinciaux détenus par la Banque sont relativement faibles (graphique 5). Les cotes des six facteurs de risque climatique sont inférieures à 50, et la cote totale est de 31. Comme c’est le cas pour les titres du gouvernement du Canada, les risques liés aux inondations sont élevés par rapport aux autres risques physiques pour les titres provinciaux détenus par la Banque.

Régime de pension de la Banque du Canada

Gestion des risques financiers liés aux changements climatiques

Les risques financiers liés aux changements climatiques – et, de manière plus globale, les risques inhérents aux facteurs ESG – sont actuellement évalués et gérés par le processus de diligence raisonnable de la Banque pour la sélection, la surveillance et l’évaluation des gestionnaires d’actifs externes. La diversification du portefeuille d’actifs de la Banque en fonction des secteurs, des régions, des catégories d’actifs et des stratégies de placement constitue également un aspect important de la gestion de ces risques.

Les évaluations des gestionnaires sont qualitatives. Elles permettent ainsi de déterminer dans quelle mesure le gestionnaire tient compte des facteurs ESG importants – y compris les changements climatiques – dans ses décisions, conformément à la catégorie d’actifs et à la stratégie de placement.

L’analyse de scénarios climatiques entreprise dans le cadre de l’examen de l’affectation stratégique des actifs du Fonds de pension permet de mesurer les risques climatiques de l’ensemble du portefeuille. Elle aide la Banque à évaluer la résilience de l’affectation stratégique des actifs du Régime de pension face aux risques de transition et aux risques physiques et, en fin de compte, aux changements climatiques.

Actifs visés par la présente communication

Les actifs du Régime de pension de la Banque du Canada visés par la présente communication s’élevaient à 1,31 milliard de dollars au 31 décembre 2022, comme l’indique le tableau 4. Ils comprennent des actions de sociétés ouvertes (composées d’actions canadiennes et mondiales), des titres du gouvernement du Canada (composés surtout d’obligations à rendement réel et de bons du Trésor), et des obligations provinciales et de sociétés canadiennes. Les avoirs privés du Fonds de pension, composés de placements dans l’immobilier et les infrastructures, ne sont pas visés par le présent rapport, étant donné l’accessibilité limitée à ces données.

Tableau 4 : Actifs du Régime de pension de la Banque du Canada visés par la présente communication Valeur nominale (à l’exception des actions), au 31 décembre 2022
Type d’actifsMillions $ CA
Actions de sociétés ouvertes619
Titres du gouvernement du Canada139
Obligations provinciales390
Obligations de sociétés165
Total des actifs1 313

Mesures et données

Le graphique 6 présente l’ICMP des actifs du Fonds de pension visés par la présente communication. L’ICMP des titres du gouvernement du Canada (305 t éq. CO2 /million $) est représentative des émissions du Canada, qui sont considérablement plus élevées que la moyenne du G7 (186 t éq. CO2/million $). L’ICMP du portefeuille de titres provinciaux (248 t éq. CO2/million $) est inférieure à celle du portefeuille de titres du gouvernement du Canada. L’ICMP du portefeuille d’obligations de sociétés et celle du portefeuille d’actions de sociétés ouvertes s’élèvent à 198 et 143 t éq. CO2/million $, respectivement.

Comme indiqué précédemment (graphique 4), les cotes des risques physiques du Fonds de pension en ce qui concerne le portefeuille de titres du gouvernement du Canada sont en général inférieures à celles des homologues de la Banque au sein du G7. Le portefeuille d’actions de sociétés ouvertes du Fonds de pension présente une exposition globale relativement modérée aux risques physiques (cote totale de 51), ainsi qu’à tous les facteurs particuliers qui contribuent aux risques opérationnels (graphique 7). L’exposition du portefeuille au stress thermique constitue le risque physique le plus important (avec une cote de 58).

Les cotes du graphique 8 montrent que le portefeuille d’obligations de sociétés du Fonds de pension est relativement peu exposé aux risques physiques (cote totale de 38). Parmi les facteurs particuliers qui contribuent aux risques opérationnels, les inondations constituent le risque physique le plus important (avec une cote de 69). Les autres facteurs présentent un risque modéré à faible.

Comme l’indique le graphique 9, les cotes des risques physiques pour les obligations provinciales détenues par le Fonds de pension sont aussi relativement faibles. Les cotes des six facteurs de risque climatique sont inférieures à 50, et le total se chiffre à 32. Les inondations constituent le risque physique le plus important (avec une cote de 42).

  1. 1. United States Environmental Protection Agency (2022), Overview of Greenhouse Gases, 16 mai.[]
  2. 2. La COP 26 est la 26e Conférence des Parties des Nations Unies sur les changements climatiques.[]
  3. 3. Une évaluation tous risques permet de déterminer, d’analyser et de classer toutes les menaces, malveillantes ou non, par ordre de priorité. Le processus établit les vulnérabilités associées à des menaces précises et les conséquences possibles de ces menaces, et propose des stratégies d’atténuation des risques.[]
  4. 4. Les risques climatiques externes sont ceux que les activités des banques centrales font peser sur l’environnement. Ils découlent de sources telles que les propres émissions des banques centrales ainsi que le financement indirect de pays ou d’entreprises émetteurs de carbone par l’entremise de prêts ou d’investissements. Les risques climatiques internes sont les risques que les changements climatiques font peser sur le bilan et les portefeuilles des banques centrales, de même que sur leurs opérations internes.[]
  5. 5. La Banque met en place les capacités nécessaires à l’émission d’une version numérique du dollar canadien – une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Pour l’instant, elle n’envisage pas d’émettre une telle monnaie. En définitive, c’est le Parlement et le gouvernement du Canada qui détermineront si une MNBC doit être émise et, le cas échéant, le moment de son émission.[]
  6. 6. Le G7 est une organisation internationale regroupant sept des plus grandes économies avancées du monde, soit l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni.[]
  7. 7. Outre les obligations du gouvernement du Canada et les obligations à rendement réel, les Obligations hypothécaires du Canada, émises par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, sont associées au gouvernement du Canada (c.-à-d. qu’elles sont considérées comme des titres du gouvernement du Canada), car celui-ci est le débiteur ultime de ces titres (par l’entremise d’une garantie).[]
  8. 8. Les autres actifs du bilan comprennent des actions de la Banque des Règlements Internationaux (0,1 % du bilan de la Banque au 31 décembre 2022).[]
  9. 9. Les risques climatiques aigus englobent les pertes dues à des phénomènes météorologiques extrêmes (comme les vagues de chaleur et les ouragans), tandis que les risques chroniques comprennent les pertes découlant de l’élévation du niveau de la mer ou de la hausse des températures moyennes.[]
  10. 10. Les émissions des entités souveraines comprennent toutes les émissions de GES produites par le pays, et pas seulement les opérations financées par le gouvernement.[]
  11. 11. Cette méthode de comptabilisation ne tiendrait pas compte d’un changement délibéré dans la production de biens et de services à l’extérieur des frontières d’un pays en vue de réduire les émissions.[]
  12. 12. Les données sur les émissions de GES des entités souveraines et provinciales ont un décalage de deux ans, c’est-à-dire que les données de 2020 sont utilisées pour les avoirs de la Banque à la fin de l’année 2022.[]
  13. 13. Pour estimer les émissions, la Banque utilise les modèles exclusifs d’estimation des émissions de portée 1 et de portée 2 de Morgan Stanley Capital International (MSCI), qui varient selon le secteur.[]
  14. 14. Le personnel de la Banque a calculé l’ICMP du portefeuille de référence du G7 en pondérant la dette totale du marché de ce groupe de pays à la fin de l’exercice 2022 (selon les données fournies par Bloomberg Finance L.P.).[]
  15. 15. Pour en savoir plus, voir Environnement et Changement climatique Canada (2022), Plan de réduction des émissions pour 2030 : Prochaines étapes du Canada pour un air pur et une économie forte, 29 mars.[]
  16. 16. Il est à noter que 82 % du portefeuille du PAOS sera arrivé à échéance en 2024 et que le portefeuille en entier sera échu à la fin de 2025.[]
  17. 17. Si cette mesure est utilisée, il faudra effectuer un suivi des progrès du plan de réduction des émissions d’une société pour veiller à l’atteinte de ses cibles.[]
  18. 18. Les scénarios utilisés pour cette mesure sont tirés des scénarios climatiques du Réseau pour le verdissement du système financier (p. ex., transition différée). Pour des précisions, consultez le portail de scénarios du Réseau.[]
  19. 19. Moody’s est une société américaine qui assure la prestation de services commerciaux et financiers.[]
  20. 20. Selon les expositions à la valeur marchande.[]
  21. 21. Le personnel de la Banque a calculé la cote totale moyenne pour le G7 en pondérant la dette totale contractée sur les marchés des pays du G7 à la fin de l’exercice 2022 (selon les données fournies par Bloomberg Finance L.P.).[]

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