Avant-propos du gouverneur

Les dernières années ont été éprouvantes pour la population canadienne, et exigeantes pour la Banque du Canada. À la fin de 2024, la situation économique s’était nettement améliorée au pays. Et, permettez-moi de le dire d’emblée, ce n’aurait pas été possible sans le dévouement des membres de notre personnel. Leurs efforts ne doivent pas passer sous silence.

Depuis sa mise sur pied il y a plus de 30 ans, le cadre de ciblage de l’inflation du Canada n’a jamais été mis à aussi rude épreuve qu’au cours des cinq dernières années. Je ne vais pas prétendre que nous avons eu un parcours sans faute. Et je ne minimiserai pas le fardeau que l’inflation et les taux d’intérêt élevés ont fait peser sur les ménages et les entreprises au pays.

Mais il importe de souligner que 2024 est l’année durant laquelle nous avons ramené l’inflation à la cible, et ce, sans déclencher de récession. Depuis l’été, l’inflation tourne autour de la cible de 2 % et elle s’est établie à 1,8 % en décembre. Bien sûr, la croissance économique a été modeste en 2024, mais l’économie a continué de progresser et des emplois ont continué de s’ajouter, même si l’inflation reculait.

Une fois que l’inflation s’est mise à retourner vers la cible, nous avons pu commencer à abaisser les taux d’intérêt en juin, et nous avons procédé à des baisses lors des quatre annonces de politique monétaire qui ont suivi en 2024. En tout, nous avons fait trois réductions de 25 points de base et deux autres plus importantes de 50 points de base, pour un total de 175 points de base. Le taux directeur est ainsi passé de 5,0 % avant l’annonce de juin à 3,25 % à la fin de l’année.

Avec notre cible comme guide, nous avons pris des mesures énergiques pour contrôler l’inflation en 2022 et en 2023. Ça a fonctionné. En 2024, l’inflation est revenue à un niveau bas, et nous avons réduit les taux d’intérêt.  

Nous amorçons l’année 2025 du bon pied. Les taux d’intérêt plus faibles commencent à stimuler les dépenses de consommation et l’activité sur le marché du logement, et devraient continuer à mesure que les effets des baisses de taux se feront sentir dans l’économie. Maintenant que l’inflation est de retour à la cible et que les attentes des consommateurs et des entreprises semblent s’être normalisées, nos enquêtes indiquent que la confiance de la population canadienne envers la Banque, qui avait faibli en 2022-2023, aurait rebondi. En fait, ce sont pratiquement toutes les mesures de l’opinion de la population vis-à-vis de la Banque qui se sont améliorées.

L’année 2024 a également marqué une étape importante dans notre évaluation des risques qui pèsent sur le système financier. Nous avons mis en place un cadre systémique élargi pour évaluer ces risques et mené des analyses plus détaillées des tensions financières auxquelles les ménages, les banques et les entreprises sont confrontés. Ces changements se sont répercutés dans notre publication du printemps, que nous avons bonifiée et renommée Rapport sur la stabilité financière. Notre solide évaluation des risques qui pèsent sur le système financier éclairera nos décisions de politique monétaire, reflétant le rôle important que joue ce système dans la transmission de la politique monétaire.

Par ailleurs, la promotion de la résilience de l’économie et du système financier était l’une des priorités des travaux internationaux de la Banque en 2024. En collaboration avec des partenaires de partout dans le monde, nous avons discuté de sujets comme la fragmentation économique accrue, les avancées technologiques, les changements climatiques et la cybersécurité. À l’heure où le Canada s’apprête à assumer la présidence du G7 en 2025, nous continuerons de mener des discussions difficiles sur des questions qui ont des répercussions partout dans le monde.

Sur le plan national, la Banque a atteint un jalon important de son nouveau mandat de supervision des fournisseurs de services de paiement. Le 1^er novembre, nous avons commencé à recevoir les demandes d’enregistrement de ces fournisseurs. Avant d’en arriver là, le personnel a travaillé sans relâche pour bâtir la capacité opérationnelle nécessaire, sensibiliser le secteur et élaborer un cadre de supervision. L’an prochain, nous allons amorcer officiellement nos activités de supervision et d’application de la loi.

Il est impossible de parler de paiements sans penser au rôle que joue la Banque pour fournir à la population canadienne des billets de banque sûrs. En 2024, nous avons intensifié nos travaux de conception du nouveau billet de 20 $ orienté à la verticale, sur lequel figurera un portrait de Sa Majesté le roi Charles III et, à nouveau, le Mémorial national du Canada à Vimy. En décembre 2024, le gouvernement du Canada a annoncé que Terry Fox sera mis à l’honneur sur le prochain billet de 5 $. Ces nouveaux billets seront dotés de caractéristiques de sécurité de nouvelle génération afin que la population canadienne puisse les utiliser en toute confiance.

Dans toutes ses fonctions essentielles en 2024, la Banque avait pour objectif de consolider la confiance du public et de mieux lui faire connaître son travail. Pour que notre travail soit efficace, le public doit comprendre nos actions et être convaincu que nous prenons nos décisions dans son intérêt. Pour y parvenir, nous avons intensifié notre présence et nos interactions dans les médias sociaux. Nous avons aussi déployé des stratégies audacieuses afin de publier du contenu sur diverses plateformes pour aider la population à mieux comprendre ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons.

En 2024, nous avons étendu notre programme de rayonnement et de consultation. Les membres du Conseil de direction ont ainsi participé à des visites régulières partout au pays pour écouter les gens de différentes communautés et en apprendre plus sur leur réalité économique. L’équipe du Musée de la Banque du Canada a multiplié ses efforts visant à améliorer la littératie financière du public, notamment par le lancement de la nouvelle ressource « L’économie, c’est vous », destinée au corps enseignant.

La reddition de comptes et la transparence sont essentielles à la confiance. En 2024, nous avons commencé à tenir des conférences de presse après chaque annonce du taux directeur pour expliquer nos décisions, et à publier un résumé des délibérations du Conseil de direction pour présenter les éléments pris en compte. Nous avons transformé le Rapport sur la politique monétaire pour en faire un document complètement numérique facilitant l’accès aux données sur lesquelles reposent nos prévisions. De plus, nous avons procédé à un examen complet des mesures exceptionnelles que nous avons prises pour débloquer les marchés financiers et soutenir l’économie pendant la pandémie de COVID-19. Les résultats de cet examen ont été publiés au début de 2025, accompagnés d’une évaluation externe indépendante. Ensemble, l’examen et l’évaluation externe marquent un cap important dans nos démarches d’amélioration continue et témoignent de notre engagement à sans cesse apprendre et à consolider la résilience future de notre institution.

Comme je l’ai dit en introduction, rien de tout ça n’aurait été possible sans nos équipes talentueuses et dévouées. Permettez-moi donc d’en profiter pour honorer et remercier l’ensemble de notre personnel d’un océan à l’autre, qui joue un rôle central dans notre succès.

En 2024, la Banque s’est classée au palmarès des 100 meilleurs employeurs au pays pour la 15^e année d’affilée. Nous avons continué de favoriser une plus grande diversité ainsi que davantage d’équité et d’inclusion dans nos activités, ce qui a fait de nous une institution encore plus solide. Par ailleurs, la publication du premier plan d’action pour la réconciliation de la Banque a été une grande réalisation. Ce plan vise à nous permettre d’approfondir notre compréhension des économies autochtones au Canada et de bâtir une culture organisationnelle équitable et inclusive.

C’est aussi en 2024 que nous avons annoncé notre nouveau plan stratégique pour 2025-2027, lequel nous guidera jusqu’à la fin de mon mandat à titre de gouverneur en juin 2027. Nous avons de grandes choses à accomplir. D’ici la fin de 2026, nous renouvellerons l’entente sur le cadre de politique monétaire. Bon an mal an, ce cadre a toujours très bien servi la population, et je suis déterminé à faire en sorte que nous disposions du meilleur cadre possible pour l’avenir. Ensuite, au début de 2027, nous lancerons le nouveau billet de 20 $. Nos billets de banque sont notre produit le plus concret; ils doivent être pratiques et sûrs.

Pour favoriser la réalisation de notre plan stratégique et de notre mandat, nous avons remanié notre structure de direction et de gouvernance en 2024. Nous avons entre autres mis à jour la structure du Comité de direction institutionnelle et lancé un processus en vue de nommer une deuxième personne comme sous-gouverneure ou sous-gouverneur externe en 2025. Nous avons aussi continué de renforcer notre infrastructure opérationnelle, de consolider notre cyberrésilience et de réduire notre empreinte carbone.

Maintenant que 2024 est tout juste derrière nous, l’inflation est revenue à la cible et nous voulons maintenir la stabilité des prix. En même temps, nous regardons vers l’avenir et nous nous préparons à relever de nouveaux défis. La menace de nouveaux droits de douane sur les exportations aux États-Unis est une grande source d’incertitude, et nous devons nous préparer en conséquence.

Peu importe ce que nous réserve l’avenir, nous continuerons de fournir des analyses économiques rigoureuses et fondées sur des données. Nos décisions de politique monétaire seront guidées par notre cadre de ciblage de l’inflation et prises en toute indépendance de l’appareil politique. Nous favoriserons la stabilité du système financier et la sécurité des paiements. C’est ainsi que nous contribuons à la prospérité économique et financière du pays et de toutes les personnes qui y vivent.

À tout le personnel, je vous félicite pour du travail bien fait. À la population, je vous remercie de votre confiance. Nous nous efforçons chaque jour de la mériter.

Le gouverneur,
Tiff Macklem