Politique monétaire

En 2024, la Banque du Canada a réussi à ramener l’inflation à la cible de 2 %. Compte tenu de l’atténuation des pressions inflationnistes et de la présence de capacités excédentaires au sein de l’économie, elle a commencé à abaisser le taux directeur en juin. Elle l’a ensuite réduit à quatre reprises, pour le porter à 3,25 % à la fin de l’année. La Banque a également poursuivi la normalisation de son bilan avec son programme de resserrement quantitatif.

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) est passée de 2,9 % en janvier à 1,8 % en décembre 2024. À la fin de l’année, elle n’était plus généralisée. Les attentes d’inflation et les pratiques d’établissement des prix des entreprises étaient revenues à la normale. Et bien qu’encore élevé, le taux d’augmentation des frais de logement avait commencé à se modérer.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel au Canada a été modeste en 2024, ce qui tient aux effets persistants du resserrement passé de la politique monétaire. Le marché du travail s’est tempéré et, même si la croissance des salaires était forte, elle s’est mise à ralentir.

La Politique monétaire est l’une des cinq grandes sphères de responsabilité de la Banque. Découvrez les autres grandes fonctions de l’institution.

Surveiller l’économie canadienne

La Banque s’est appuyée sur de l’information actuelle et complète à propos de l’évolution des économies canadienne et mondiale pour éclairer ses décisions de politique monétaire. Sa surveillance continue de la dynamique de l’inflation, des attentes d’inflation et de la croissance du PIB lui a permis de déterminer le moment et le rythme appropriés des réductions du taux directeur.

Faire le suivi de la dynamique de l’inflation et des attentes d’inflation

Au premier semestre de 2024, l’inflation mesurée par l’IPC est descendue sous la barre des 3 %, en raison surtout du ralentissement de la progression des prix des biens. Toutefois, elle demeurait élevée et les pressions inflationnistes étaient encore assez généralisées. La hausse des frais de logement était elle aussi encore forte.

En octobre, les pressions inflationnistes n’étaient plus généralisées. La part des composantes de l’IPC dont la croissance était supérieure à 3 % s’était normalisée. Les attentes d’inflation se sont modérées à mesure que l’inflation diminuait. Les attentes d’inflation des entreprises et des ménages sondés à la fin de 2024 se situaient entre 2 et 3 %.

Atteinte de la cible relative à l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC)
Principaux indicateurs Niveau de référence 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024
Inflation mesurée par l’IPC (%) 2,0 1,6 2,3 1,9 0,7 3,4 6,8 3,9 2,4
Inflation moyenne mesurée par l’IPC depuis 2001 (%) 2,2
Attentes d’inflation sur dix ans (%) 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,1

Constater l’offre excédentaire dans l’économie canadienne

Après avoir stagné au milieu de 2023, la croissance du PIB du Canada s’est raffermie en 2024, bien que cette amélioration ait varié selon les secteurs.

La consommation et les dépenses publiques ont été les principales sources de croissance du PIB. En même temps, les secteurs sensibles aux taux d’intérêt, comme le logement et les investissements des entreprises, étaient affaiblis. Et même si l’augmentation de la population a soutenu les dépenses, la consommation par habitant est restée faible en 2024.

Les effets du resserrement passé de la politique monétaire ont continué de freiner l’activité économique. Le marché du travail s’est détendu davantage et des capacités excédentaires sont apparues, principalement chez les jeunes et les nouveaux arrivants au Canada. Dans l’ensemble, l’économie a affiché une offre excédentaire en 2024.

Les dépenses au titre du logement et des produits coûteux ont commencé à s’améliorer dans la deuxième moitié de 2024, sous l’effet des réductions du taux directeur effectuées plus tôt en 2024.

Normaliser le bilan de la Banque

Le resserrement quantitatif a continué de réduire la taille du bilan de la Banque, qui est passé de 316,8 milliards de dollars à la fin de 2023 à 277,2 milliards de dollars à la fin de 2024.

La Banque a continué de se préparer à ce que son bilan retourne à un niveau normal en 2025. En mars, elle a fait le point sur le moment où le resserrement quantitatif pourrait prendre fin et a expliqué quels actifs elle achèterait par la suite pour gérer son bilan1.

Apprenez-en plus sur le resserrement quantitatif et le bilan de la Banque.
Le sous-gouverneur externe Nicolas Vincent donne un aperçu du processus entourant les décisions de politique monétaire de la Banque dans un discours devant la Chambre de commerce et industrie de Sherbrooke.

Le sous-gouverneur externe Nicolas Vincent donne un aperçu du processus entourant les décisions de politique monétaire de la Banque dans un discours devant la Chambre de commerce et industrie de Sherbrooke.

Mettre en œuvre la politique monétaire

En 2024, il a été nécessaire de mener un nombre accru d’opérations de prise en pension à un jour, en raison surtout des changements structurels du marché du financement à un jour. En effet, le cycle de règlement des opérations sur titres au Canada est passé de deux jours à un jour en mai 2024. Ce changement, conjugué à l’augmentation du volume des opérations de fonds de couverture sur le marché des pensions, a exercé une pression à la hausse sur le taux CORRA, soit le taux des opérations de pension à un jour2. Pour faire face à ces pressions, la Banque a apporté des ajustements à son cadre régissant les opérations de prise en pension à un jour, ce qui a permis de rapprocher le taux des opérations de son taux cible.

Soutenir la fonction Politique monétaire de la Banque

Dans un contexte où des forces complexes influaient sur l’offre, la demande et les pressions inflationnistes, la Banque avait correctement prévu dans ses projections pour 2024 que l’inflation continuerait de se rapprocher de la cible de 2 % et que l’économie afficherait de nouveau une croissance modeste au Canada.

La Banque a poursuivi le perfectionnement de ses modèles macroéconomiques. Elle a notamment amélioré sa modélisation de l’offre au sein de l’économie et élaboré de nouveaux modèles de l’inflation.

Analyser la dynamique de l’inflation et la transmission de la politique monétaire

Le personnel a effectué des recherches et des analyses afin d’aider la Banque à mieux comprendre l’évolution de la dynamique de l’inflation. Il a entre autres étudié la façon dont les pratiques d’établissement des prix des entreprises influent sur l’inflation, et comparé l’incidence de l’inflation sur les ménages à faible revenu et ceux à revenu élevé3. Il a également continué d’évaluer la transmission de la politique monétaire à l’économie4.

La Banque s’est aussi servie de ses enquêtes pour mieux comprendre la dynamique de l’inflation et la transmission de la politique monétaire5. Les données recueillies auprès des consommateurs, des entreprises et des participants au marché lui ont permis d’avoir une meilleure idée de leurs expériences. De plus, des conférences organisées par la Banque ont réuni des décisionnaires et des universitaires pour discuter d’un éventail de questions liées à la politique monétaire.

Examiner les effets des changements structurels au sein de l’économie canadienne

La Banque a continué d’étudier les effets que les changements structurels, comme les changements démographiques et la transition vers la carboneutralité6, pourraient avoir sur les économies, au Canada et ailleurs dans le monde.

Par exemple, le personnel a examiné l’incidence du rythme de l’immigration sur l’inflation et l’économie canadienne dans son ensemble. La Banque a révisé son évaluation annuelle de la production potentielle au Canada en fonction de son analyse de la croissance démographique et l’a mise à jour quand le gouvernement fédéral a annoncé des restrictions visant l’afflux de résidents permanents et non permanents7.

La Banque a également cherché à mieux comprendre la dynamique de la faible croissance de la productivité au Canada8 et a mis à jour son cadre d’évaluation des tendances du marché du travail9.

La première sous-gouverneure Carolyn Rogers prononce un discours devant le Halifax Partnership, en mars, sur le besoin d’améliorer la productivité au Canada.

La première sous-gouverneure Carolyn Rogers prononce un discours devant le Halifax Partnership, en mars, sur le besoin d’améliorer la productivité au Canada.

Renforcer l’analyse dans un monde de plus en plus complexe

Ces dernières années, l’économie canadienne a subi d’immenses chocs sans précédent, comme la pandémie de COVID‑19, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et l’évolution des flux d’immigration.

Pour mieux comprendre les répercussions de ces évolutions et d’autres facteurs sur l’économie canadienne, la Banque a complété son analyse des données traditionnelles en utilisant des sources d’information nouvelles et non traditionnelles, mettant à profit des techniques de pointe pour en tirer de nouvelles perspectives.

Parallèlement, la Banque a considérablement intensifié ses efforts pour rejoindre un large public partout au pays. Ces interactions lui ont permis de s’informer directement auprès des communautés sur les défis auxquels elles sont confrontées. Elles ont également aidé le public à mieux comprendre la Banque, son mandat et comment elle travaille pour atteindre ses objectifs.

Tirer des leçons du passé et préparer l’avenir

En 2024, la Banque a procédé à un examen exhaustif des mesures exceptionnelles qu’elle a prises durant la pandémie de COVID‑19, dont les programmes d’achat d’obligations visant à rétablir le fonctionnement des marchés, l’assouplissement quantitatif et les indications prospectives exceptionnelles.

Le rapport final ainsi que l’évaluation des spécialistes externes ont été publiés au début de 2025. Le rapport présente les enseignements tirés par la Banque ainsi que les questions qui orienteront les travaux à venir.

La Banque a aussi mis au point un programme de recherche pour guider le renouvellement de son cadre de politique monétaire en 2026.

Activités à venir

En 2025, la Banque :

  • continuera d’améliorer sa compréhension des moteurs et de la dynamique de l’inflation
  • finalisera, communiquera et mettra en œuvre ses plans de gestion du bilan et de conduite de la politique monétaire après le resserrement quantitatif
  • poursuivra l’élaboration d’une nouvelle série de modèles qui amélioreront les projections économiques et favoriseront l’intégration de la gestion des risques dans la conduite de la politique monétaire
  • s’appuiera sur des données recueillies dans le cadre d’enquêtes et de ses efforts de rayonnement pour mieux comprendre les effets des changements structurels sur la politique monétaire
  • fera avancer son programme de recherche et ses consultations en vue du renouvellement prochain du cadre de politique monétaire

Renseignements complémentaires

La politique monétaire : le bon outil pour la tâche à accomplir (discours du gouverneur Tiff Macklem)

En coulisses : les décisions de politique monétaire (discours du sous-gouverneur Nicolas Vincent)

Des politiques exceptionnelles dans un contexte exceptionnel : de l’assouplissement quantitatif au resserrement quantitatif (discours de la sous-gouverneure Sharon Kozicki)


  1. 1. T. Gravelle, « Retour à la normale : le bilan de la Banque du Canada après le resserrement quantitatif », discours prononcé devant la CFA Society Toronto, Toronto, Ontario, 21 mars 2024.[]
  2. 2. B. Plong et N. Maru, « CORRA: Explaining the rise in volumes and resulting upward pressure », note analytique du personnel 2024-21 (août 2024).[]
  3. 3. O. Bilyk, M. Khan et O. Kostyshyna, « Pratiques d’établissement des prix et inflation durant la pandémie de COVID-19 : ce que révèlent les microdonnées sur les prix à la consommation », note analytique du personnel 2024-6 (avril 2024).[]
  4. 4. S. Gnocchi, F. McKellips, R. Sekkel, L. Simon, Y. Xie et Y. Zhang, « The Output-Inflation Trade-off in Canada », document d’analyse du personnel 2024-7 (juillet 2024).[]
  5. 5. Banque du Canada, Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Troisième trimestre de 2024 (11 octobre 2024).[]
  6. 6. T. Duprey, S. Jo et G. Vallée, « Let’s Get Physical: Impacts of Climate Change Physical Risks on Provincial Employment », document de travail du personnel 2024-32 (septembre 2024).[]
  7. 7. T. Devakos, C. Hajzler, S. Houle, C. Johnston, A. Poulin-Moore, R. Rautu et T. Taskin, « La production potentielle au Canada : évaluation de 2024 », note analytique du personnel 2024-11 (avril 2024).[]
  8. 8. C. Rogers, « L’heure a sonné : réglons le problème de productivité du Canada », discours prononcé devant le Halifax Partnership, Halifax, Nouvelle-Écosse, 26 mars 2024.[]
  9. 9. E. Ens, A. Lam, K. See et G. Galassi, « Valeurs de référence pour évaluer la santé du marché du travail : mise à jour de 2024 », note analytique du personnel 2024-8 (avril 2024); et F. Bounajm, T. Devakos et G. Galassi, « Au-delà des moyennes : mesurer la croissance sous-jacente des salaires à l’aide des microdonnées de l’Enquête sur la population active », note analytique du personnel 2024-23 (octobre 2024).[]

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