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L’évaluation des risques : un outil de gestion de la stabilité financière

Nous voulons que le système financier soit suffisamment résilient pour accomplir ses principales fonctions même lorsque les choses tournent mal. Autrement, les risques pourraient avoir des effets graves sur l’économie.

Pour promouvoir la stabilité financière, nous surveillons les vulnérabilités du système financier, comme le fort endettement des ménages et les déséquilibres sur le marché du logement au Canada. Toutefois, pour mieux saisir les effets possibles de ces vulnérabilités, il importe de comprendre comment leurs éventuelles interactions avec des chocs défavorables (des événements négatifs) pourraient produire des effets très néfastes. Nous appelons ce phénomène la matérialisation des risques planant sur le système financier.

L’évaluation quantitative des risques favorise la stabilité financière de deux manières. Elle nous permet :

  • de définir les canaux susceptibles de transformer des chocs défavorables en effets très néfastes, facilitant ainsi la planification des moyens d’atténuation des vulnérabilités;
  • de mesurer la gravité de divers risques et de vérifier si le système financier est suffisamment résilient pour les gérer.

Outils d’évaluation des risques systémiques

Pour évaluer les risques planant sur le système financier et y parer, nous devons analyser leurs effets, tant sur l’économie dans son ensemble que sur les différentes parties du système financier.

Pour ce faire, nous utilisons un ensemble de modèles, appelé Cadre d’identification et d’évaluation des risques (cadre FRIDA). Celui-ci mesure la propagation des risques et leur incidence sur les ménages, les entreprises et les grandes banques. [Consultez le rapport technique n° 113 "The Framework for Risk Identification and Assessment".]

On peut considérer le cadre FRIDA comme un outil de test de résistance puisqu’il évalue la mesure dans laquelle les banques peuvent résister à un scénario de risque donné. Cela dit, nos objectifs diffèrent considérablement de ceux d’un test de résistance effectué à des fins de surveillance. En effet, nous ne nous intéressons pas à la gestion des risques des différentes banques. Nous examinons plutôt le système financier dans son ensemble pour :

  • en évaluer la résilience;
  • comprendre les mécanismes de propagation et d’accroissement des risques.

Risque de correction des prix des logements

La correction des prix des logements compte parmi les principaux risques pesant sur le système financier canadien. Ces trois dernières années, les prix des logements ont augmenté :

  • de près de 40 % dans la région de Toronto;
  • de plus de 55 % dans la région de Vancouver.

Si la croissance des prix des logements a considérablement ralenti sur ces marchés au cours de la dernière année, cela ne change en rien les hausses importantes des années précédentes. Bien que la forte demande et l’offre limitée y soutiennent les prix des logements, des attentes irréalistes quant à la croissance des prix pourraient avoir en partie alimenté les hausses. Le cas échéant, les prix pourraient baisser rapidement. Une telle correction pourrait exercer des tensions sur certains ménages et prêteurs, et se répercuter sur le système financier et l’économie.

Nous examinons le scénario d’une chute hypothétique de 20 % des prix à l’échelle nationale, les régions les plus touchées étant celles de Toronto et de Vancouver. Il ne s’agit pas d’une prévision, soit de ce que nous pensons qu’il se produira, mais d’un scénario de risque portant sur un événement peu probable qui nous permet d’analyser différents canaux de transmission et d’amplification dans un système financier sous tension.

Le diagramme qui suit illustre la manière dont nous utilisons le cadre FRIDA pour examiner ce scénario hypothétique.

Résultats obtenus à partir du modèle

À l’aide du cadre FRIDA, nous examinons les effets macroéconomiques d’une correction des prix des logements et d’une intensification des tensions financières. Des tensions peuvent découler d’une incertitude accrue et de corrections marquées des prix survenant simultanément sur les marchés des actifs et les marchés financiers. En pareil cas, la chute des prix des logements pourrait amplifier les effets négatifs sur l’emploi et la croissance économique.

Le ralentissement de la croissance économique, combiné à d’autres effets de la correction des prix des logements, fait augmenter les défauts de paiement des ménages et des sociétés, ce qui entraîne des créances irrécouvrables plus importantes pour les banques.

Le ralentissement de la croissance économique, combiné à d’autres effets de la correction des prix des logements, fait augmenter les défauts de paiement des ménages et des sociétés, ce qui entraîne des créances irrécouvrables plus importantes pour les banques. réformes du cadre réglementaire entreprises au cours de la dernière décennie. Dans ce scénario, les grandes banques peuvent aussi gérer leurs créances irrécouvrables grâce à des bénéfices élevés et à leur diversification internationale. Dans l’ensemble, le scénario de risque se solderait par une croissance moins rapide des dividendes et une accumulation moindre de fonds propres, mais ne représenterait pas une menace pour les fonds propres des banques. [Consultez la note analytique du personnel 2018-36 "Modelling the Macrofinancial Effects of a House Price Correction in Canada".]

Sources d’incertitude

Dans ce scénario hypothétique et peu probable, le système financier devrait être résilient, mais les résultats importent moins que les grandes leçons tirées de l’analyse des risques. Le cadre FRIDA nous permet de comprendre la manière dont les vulnérabilités du système financier peuvent transmettre et amplifier les chocs, et l’incertitude entourant ces canaux.

Le cadre FRIDA traite l’incertitude de deux manières :

  1. Il nous permet de faire appel au jugement d’experts à différentes étapes. Cette intervention est nécessaire, car les modèles utilisant des données historiques ne peuvent pas entièrement tenir compte d’événements rares comme les risques qui pèsent sur le système financier.
  2. Certaines de ses composantes modélisent directement l’incertitude en générant divers effets macroéconomiques, taux de défaut ou pertes pour les banques dans un scénario donné.

Le cadre nous aide aussi à réfléchir aux autres facteurs susceptibles d’augmenter ou de diminuer les effets de ce risque sur le système financier. En voici quelques exemples notables :

  • La correction des prix des logements dans les régions de Vancouver et de Toronto de même que ses répercussions sur d’autres marchés risquent d’être plus ou moins importantes que prévu.
  • Si la correction des prix des logements ébranlait la confiance des investisseurs canadiens et étrangers, les tensions pourraient s’accentuer au sein du système financier.
  • Ce scénario de risque pourrait s’ajouter à d’autres risques, comme celui d’une profonde récession à l’échelle du pays (risque 1 de la Revue du système financier de juin 2018) ou d’une forte augmentation des primes de risque à l’échelle mondiale (risque 3 de la Revue du système financier de juin 2018). Nous prévoyons de faire un examen quantitatif de certains de ces autres scénarios de risque à l’avenir.
  • Les banques et les pouvoirs publics disposent d’autres outils que ceux modélisés dans le cadre FRIDA, et ils peuvent s’en servir pour intervenir en cas de tensions financières. Par exemple, les banques pourraient augmenter leurs fonds propres et les pouvoirs publics, adopter des mesures budgétaires pour contrer les tendances récessionnistes.

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