Politique monétaire

La croissance était robuste au premier semestre de 2022 grâce à la réouverture de l’économie canadienne. Les prix élevés des produits de base et l’assouplissement des restrictions sanitaires stimulaient alors l’activité économique.

Parallèlement, le marché du travail tendu et les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement mondiales limitaient du côté de l’offre la capacité des fournisseurs à répondre à la forte demande des ménages et des entreprises. Les prix internationaux élevés de l’énergie et des aliments, auxquels venait s’ajouter une demande excédentaire, contribuaient à la hausse de l’inflation, qui a atteint un sommet de 8,1 % en juin.

Dans ce contexte, la Banque du Canada a relevé son taux directeur sept fois en 2022, ce qui totalise 400 points de base. Elle a aussi mis en place des mesures de resserrement quantitatif. L’économie canadienne avait considérablement ralenti vers la fin de l’année et l’inflation était en recul, à 6,3 %.

La Politique monétaire est l’une des cinq grandes sphères de responsabilité de la Banque. Découvrez les grandes fonctions de l’institution.

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation atteint son plus haut niveau en 40 ans

Tout au long de 2022, la montée de l’inflation au Canada et à l’étranger a été prononcée. Cette situation s’explique en partie par la conjoncture internationale : la guerre en Ukraine, la forte demande mondiale de biens échangeables et les perturbations continues des chaînes d’approvisionnement ont alimenté l’inflation à l’échelle du globe. Cependant, l’inflation qui avait d’abord été portée par la hausse des prix de l’énergie et des biens dans le monde s’est transformée en une inflation généralisée, les prix au Canada commençant à s’emballer. Lors de la réouverture de l’économie canadienne, il n’y avait pas assez de biens et de services pour répondre à la demande élevée, et les entreprises ont fait monter leurs prix.

Au second semestre, l’inflation a commencé à reculer, surtout en raison de la baisse des prix de l’essence, mais se situait encore en fin d’année bien au-dessus de la cible visée par la Banque.

Les attentes d’inflation à court terme au Canada, comme dans bien d’autres économies, ont augmenté au fil des mois en 2022. Les résultats des enquêtes menées par la Banque ont révélé qu’aux yeux des consommateurs et des entreprises la trajectoire future de l’inflation présentait plus d’incertitude, et un nombre accru de répondants pensaient que cette période de forte inflation serait plus longue1. Toutefois, les attentes d’inflation à long terme sont demeurées assez bien ancrées.

Combattre la forte inflation

La pandémie de COVID‑19 a eu d’importantes répercussions sur l’économie et le système financier. La Banque, tout comme bon nombre de banques centrales, a pris des mesures exceptionnelles pour restaurer le fonctionnement des marchés financiers, atténuer les graves séquelles économiques et soutenir la reprise.

Plus récemment, les banques centrales ont relevé leur taux directeur pour freiner l’inflation élevée. La Banque a commencé à augmenter son taux directeur en mars 2022 et a été l’une des institutions les plus résolues à se servir de la hausse des taux d’intérêt pour ralentir l’inflation. Elle a aussi été l’une des premières banques centrales à avoir amorcé, en avril, le resserrement quantitatif, en cessant de remplacer ses obligations arrivées à échéance. Le resserrement quantitatif sert de complément aux relèvements du taux directeur puisqu’il crée une pression à la hausse sur les taux d’intérêt à long terme et rend les emprunts plus coûteux.

Pour renforcer le taux cible, la Banque a modifié la structure et les modalités de ses opérations sur les marchés financiers. Elle a aussi annoncé qu’elle continuera de baser la mise en œuvre de la politique monétaire sur un système de valeurs plancher – plutôt que sur un système de fourchette de taux d’intérêt –, dans lequel le taux d’intérêt de la facilité de dépôt correspond au taux cible du financement à un jour2.

Avec les hausses du taux directeur, la Banque, comme beaucoup d’autres banques centrales qui se sont servies de leur bilan pour abaisser les taux d’intérêt, enregistre maintenant des pertes nettes se chiffrant à 1,11 milliard de dollars en 2022. Ces pertes découlent du fait que les intérêts reçus par la Banque sur les actifs qu’elle a achetés restent fixes, mais que les intérêts qu’elle paie sur les soldes de règlement utilisés pour financer les achats d’actifs ont augmenté de pair avec le taux directeur.

L’ampleur de ces pertes et la durée de l’épisode dépendront de la trajectoire des taux d’intérêt ainsi que de l’évolution de l’économie et du bilan. Les pertes n’ont aucune incidence sur la politique monétaire ou les opérations de la Banque. Les décisions de politique monétaire sont guidées par les mandats de la Banque à l’égard du maintien de la stabilité des prix et de la stabilité financière.

Ralentissement de la croissance et atténuation des pressions inflationnistes au deuxième semestre de 2022

Le resserrement de la politique monétaire a aidé à enclencher un rééquilibrage de l’offre et de la demande au sein de l’économie. Au second semestre, l’activité économique a commencé à montrer des signes de modération, dont le ralentissement de la demande dans les secteurs sensibles à l’évolution des taux d’intérêt.

  • Le marché du logement a été le premier secteur à décélérer en réaction au resserrement des conditions financières.
  • Les augmentations des taux d’intérêt ont aussi freiné la croissance de la consommation.

Dans l’ensemble, la croissance économique a été de 0,0 % au quatrième trimestre.

Aux signes de repli de la demande s’est ajouté un redressement de l’offre.

  • Même si les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement ont persisté en 2022, les données sur le commerce et les résultats des enquêtes menées auprès des entreprises ont indiqué des progrès durant la seconde moitié de l’année.
  • Le marché du travail est demeuré tendu, mais les pénuries de main-d’œuvre auxquelles étaient confrontées les entreprises se sont légèrement atténuées vers la fin de l’année3.

Ainsi, les taux sur trois mois de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) global et de l’inflation fondamentale ont reculé, ce qui porte à croire que l’inflation mesurée par l’IPC devrait continuer à fléchir au cours des mois à venir.

Soutenir la fonction Politique monétaire de la Banque

Malgré les forces très complexes s’exerçant sur l’offre et la demande globales, la Banque avait correctement prévu que la croissance du produit intérieur brut au Canada et à l’étranger serait vigoureuse au premier semestre de 2022 avant de ralentir au second semestre. Cependant, l’ampleur de la hausse continue de l’inflation a été beaucoup plus grande que prévu.

Atteinte de la cible relative à l’inflation mesurée par l’IPC
Principaux indicateurs Niveau de référence 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Inflation mesurée par l’IPC (%) 2,0 1,6 2,3 1,9 0,7 3,4 6,8
Inflation moyenne mesurée par l’IPC depuis 2001 (%) 2,1
Attentes d’inflation sur dix ans (%) 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0

Chercher à mieux comprendre les pressions inflationnistes et les attentes d’inflation

Dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet 2022, l’annexe décrit les raisons pour lesquelles la Banque n’a pas su prévoir la hausse de l’inflation et sa persistance :

  • Des facteurs mondiaux semblent expliquer environ les deux tiers de l’écart entre l’inflation réelle et celle anticipée par la Banque. Notamment, les prix des produits de base ont augmenté de façon inattendue après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La hausse des ruptures d’approvisionnement et des coûts d’expédition a aussi contribué à l’accroissement de l’inflation.
  • La reprise économique plus rapide que prévu au Canada est un autre facteur ayant contribué aux erreurs de prévision de la Banque sur le niveau de l’inflation.

Le personnel a mené des analyses approfondies sur les attentes d’inflation :

  • Les enquêtes de la Banque auprès des consommateurs et des entreprises ont fourni de précieuses informations sur l’évolution des attentes de la population canadienne.
  • Les employés ont étudié différents scénarios pour voir comment les anticipations pourraient évoluer, puis ont examiné les répercussions sur l’inflation prévue.

Ces travaux ont également permis à la Banque d’analyser divers scénarios macroéconomiques dans lesquels les attentes d’inflation à long terme se désarriment, et les conséquences de chacun pour la politique monétaire.

Intégrer une gamme variée de données pour renforcer l’analyse

Compte tenu de la grande incertitude économique, la Banque a cherché de nouvelles données pour enrichir son analyse.

  • Elle a élaboré une nouvelle enquête, Le Pouls des entrepreneurs, qui lui permet de rejoindre une plus grande variété d’entreprises qu’auparavant.
  • L’enquête auprès des participants au marché vise à recueillir les attentes des acteurs du marché financier quant aux variables macroéconomiques clés ainsi qu’à la politique monétaire. Elle alimente les analyses de la Banque sur le marché financier et éclaire la prise de décisions.
  • L’utilisation novatrice de données désagrégées aide la Banque à mieux cerner plusieurs questions, dont les effets inégaux de la politique monétaire sur les ménages et les entreprises.

La Banque a continué d’intégrer les considérations relatives aux changements climatiques dans son analyse de l’économie. Entre autres choses, elle s’est penchée sur la modélisation macroéconomique des approches concernant la transition vers une économie sobre en carbone et a commencé à modifier ses grands modèles pour qu’ils rendent mieux compte des répercussions économiques de la transition vers la carboneutralité.

La Banque s’est engagée à participer à l’avancement de l’inclusion et des perspectives économiques des peuples autochtones. En 2022, elle a commencé à collaborer avec des groupes autochtones à travers le Canada en vue d’élaborer un plan d’action favorisant la réconciliation économique4. Le personnel a aussi étudié comment la politique monétaire se transmet aux économies autochtones. De tels travaux permettent à la Banque d’avoir une vision plus claire des différentes façons dont ses actions touchent divers groupes.

Activités à venir

En 2023, la Banque continuera d’évaluer les effets des taux d’intérêt plus élevés sur l’inflation et l’ensemble de l’économie. De plus, elle :

  • continuera de cerner et de quantifier les facteurs inflationnistes, notamment le rôle que jouent l’offre intérieure et les facteurs mondiaux
  • perfectionnera ses modèles macroéconomiques pour expliquer les pressions inflationnistes, en améliorant la modélisation des réseaux de production, des liens entre les intrants et les extrants et des pratiques en matière de fixation des prix et des salaires
  • poursuivra ses recherches sur les incidences de la numérisation, de l’automatisation et de l’adoption de technologies de pointe sur l’économie canadienne
  • entreprendra une étude visant à déterminer le niveau adéquat des soldes de règlement dans un état stationnaire et à appuyer la mise en œuvre de la politique monétaire et la gestion à long terme du bilan de la Banque
  • améliorera ses enquêtes auprès des entreprises et des consommateurs afin de mieux comprendre l’évolution de l’économie et publiera les résultats de l’enquête auprès des participants au marché environ deux semaines après la publication de chaque Rapport sur la politique monétaire, à compter de février 2023

  1. 1. Banque du Canada, Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada et Enquête sur les perspectives des entreprises.[]
  2. 2. Banque du Canada (2022), La Banque du Canada annonce des modifications à ses opérations en vue de renforcer la cible relative au taux du financement à un jour, avis aux marchés, 2 mars.[]
  3. 3. Banque du Canada, La reprise du marché du travail au sortir de la pandémie de COVID‑19.[]
  4. 4. L. Schembri (2022), Réconciliation économique : pour restaurer la prospérité autochtone, discours prononcé devant l’Association nationale des sociétés autochtones de financement, Gatineau (Québec), 5 mai.[]

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