La réaction de la Banque du Canada à l’inflation élevée

En 2022, l’inflation au Canada et dans le monde a atteint ses plus hauts niveaux en 40 ans. La Banque a réagi à cette situation des façons suivantes :

  • hausses rapides et immédiates du taux d’intérêt directeur
  • analyse approfondie de la dynamique de l’inflation
  • mise à jour de la stratégie de communication
  • déploiement d’un processus concerté d’analyse des leçons tirées

Réorienter la politique monétaire de la Banque

Tout au long de 2022, la Banque a réagi vigoureusement au niveau élevé et à la montée de l’inflation en entreprenant le cycle de resserrement monétaire le plus rapide de l’histoire du Canada. Il a aussi fallu prendre une série de mesures délibérées pour aider la population à se préparer à une hausse rapide des taux d’intérêt, après une longue période où ces taux étaient exceptionnellement bas.

Cesser la publication d’indications prospectives

À l’été 2020, le Canada faisait face à une deuxième vague de COVID‑19, et des restrictions à l’activité économique étaient encore en vigueur partout au pays. La Banque a commencé à fournir des indications prospectives exceptionnelles sur le taux directeur et s’est s’engagée à maintenir le taux au niveau le plus bas possible jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se soient résorbées.

En janvier 2022, le Conseil de direction de la Banque a jugé que cette condition avait été remplie, et notre institution a annoncé qu’elle mettait un terme à ses indications prospectives. La Banque a déclaré que cette décision signifiait la fin de ses mesures d’urgence pour soutenir l’économie et que les taux d’intérêt commenceraient à augmenter.

Ce changement est survenu alors que le Canada était en plein milieu de la vague pandémique liée au variant omicron et que des mesures de santé publique généralisées étaient encore en place. À ce moment-là, il était devenu de plus en plus évident que les entreprises et les consommateurs s’adaptaient et que l’activité économique était de moins en moins touchée négativement par chaque vague successive de la pandémie.

Hausser le taux directeur sans attendre

En mars 2022, le Conseil de direction de la Banque a relevé le taux directeur de 25 points de base, soit la première hausse depuis avant la pandémie. Ce taux a ensuite été augmenté rapidement afin de ralentir l’inflation et d’éviter que les gens ne finissent par nourrir des attentes d’inflation élevée. L’institution a maintenu sa stratégie visant des hausses rapides afin d’éviter de devoir procéder à un relèvement encore plus important par la suite, ce qui serait plus néfaste pour l’économie et la population.

Le taux directeur se chiffrait à 4,25 % à la fin de l’année, soit son plus haut niveau depuis avant la crise financière mondiale de 2008-2009.

Mettre en œuvre le resserrement quantitatif

La Banque a annoncé en avril qu’elle mettait fin à la phase de réinvestissement de son Programme d’achat d’obligations du gouvernement du Canada et a amorcé un resserrement quantitatif. Cette mesure signifiait que les titres en question inscrits au bilan de la Banque qui arriveraient à échéance ne seraient plus remplacés, ce qui ferait diminuer la taille de celui-ci au fil du temps.

Dans ses communications, la Banque a clairement expliqué que le taux directeur est son principal outil de politique monétaire et que le resserrement quantitatif compléterait les hausses du taux directeur.

Mieux comprendre la dynamique de l’inflation

Compte tenu de ces circonstances sans précédent, la Banque a tiré parti de diverses approches novatrices pour mieux comprendre la dynamique de l’inflation dans le monde et au Canada. Pour aider le Conseil de direction à prendre les meilleures décisions possible sur la politique monétaire, le personnel de la Banque :

  • s’est appuyé sur des sources de données nouvelles et inédites
  • a utilisé des techniques avancées d’analyse et d’enquête
  • a amélioré les capacités de modélisation de l’institution

Réorienter la stratégie de communication de la Banque

Parallèlement au changement d’orientation de la politique monétaire, la Banque s’est efforcée plus que jamais de bien communiquer avec la population canadienne et d’atteindre un plus large public. Au moyen de discours, de conférences de presse et d’entrevues, les représentants de la Banque ont préparé les Canadiennes et les Canadiens à des taux d’intérêt plus élevés, tout en expliquant à la fois leur incidence attendue et leur raison d’être. Le nombre accru d’entrevues télévisées en français et en anglais et de publications dans les médias sociaux a permis de s’adresser à plus de gens que jamais dans les deux langues officielles.

Tirer des leçons

La pandémie et la crise économique qui en a découlé ont permis aux décideurs de tirer de nombreuses leçons :

  • Les outils de politique monétaire ont soutenu la demande pendant la pandémie de COVID‑19, mais la Banque avait sous-estimé les problèmes d’approvisionnement. L’offre ne s’est pas redressée au même rythme que la demande, parce que les vagues de la pandémie ont frappé diverses parties du monde à différents moments.
  • Les facteurs qui influencent la demande ayant beaucoup divergé d’un secteur à l’autre, il a été plus difficile pour la Banque de prédire avec précision la hausse de l’inflation à l’aide de ses modèles économiques. Une compréhension plus fine de l’équilibre entre la demande et l’offre est indispensable dans un tel contexte.
  • Les perturbations de l’approvisionnement intensifient les pressions inflationnistes lorsque l’économie surchauffe. Généralement, les chocs d’offre ont des répercussions temporaires sur l’inflation et les banques centrales en font abstraction. Cependant, vu la demande excédentaire au sein de l’économie, la réaction de l’inflation à ces chocs s’est produite plus rapidement et de façon plus marquée que prévu.

La Banque applique déjà ces leçons pour améliorer ses décisions de politique monétaire.

Activités à venir

En 2023, la Banque aura encore pour priorité absolue de ramener l’inflation à la cible de 2 %. Elle a indiqué à cet égard que les décisions futures visant le taux directeur dépendront des nouvelles données disponibles et des conclusions qui seront tirées au sujet des perspectives d’inflation.

La Banque surveille de près ce qui suit :

  • comment l’économie réagit à la montée des taux d’intérêt
  • comment se résorbent les perturbations des chaînes d’approvisionnement
  • comment les entreprises répercutent sur les consommateurs la fluctuation de leurs coûts
  • l’évolution des mesures de l’inflation fondamentale pour jauger les pressions inflationnistes sous-jacentes
  • l’évolution des attentes d’inflation, car des attentes d’inflation bien ancrées sont essentielles pour retrouver la stabilité des prix

La Banque s’attachera encore à communiquer clairement et ouvertement avec le public, tout en continuant de tirer des leçons et de s’adapter alors que l’économie est entrée dans une période de croissance qui devrait être très lente.


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