Système financier

Le système financier canadien s’est jusqu’ici montré résilient dans la crise de la COVID‑19.

L’incertitude présente au tout début de la pandémie a donné lieu à une ruée généralisée vers la liquidité et rendu difficile la vente d’actifs financiers1. Comme d’autres banques centrales, la Banque a réagi en déployant des moyens exceptionnels pour soutenir la liquidité des marchés financiers. En contribuant à régler les problèmes de fonctionnement et de confiance des marchés, ces mesures ont permis d’enrayer rapidement les effets du choc de liquidité.

Le système financier du pays a bien fonctionné, ce qui a aidé les Canadiens à affronter la tempête économique et contribuera grandement à favoriser une reprise vigoureuse.

Le Système financier est l’une des quatre grandes sphères de responsabilité de la Banque. Découvrez les grandes fonctions de l’institution.

Vulnérabilités et risques

En mai, des évaluations éclairantes des vulnérabilités entourant le système financier ont été publiées à point nommé dans la Revue du système financier de la Banque. Ces analyses ont fourni à la population des clés pour mieux comprendre la crise de la COVID‑19.

Dans d’autres travaux, le personnel de la Banque s’est appuyé sur de nouvelles sources de microdonnées pour déterminer dans quels secteurs et ménages2 le risque de faillite était le plus élevé. Il a aussi évalué dans quelle mesure les programmes de soutien du revenu et les reports de paiement pourraient aider ces secteurs et ménages à affronter la crise économique. Enfin, au moyen d’un cadre de tests de résistance menés selon une approche descendante3 nouvellement créé, le personnel a mesuré la résilience des banques canadiennes4 dans l’hypothèse où le scénario le plus défavorable décrit dans le Rapport sur la politique monétaire d’avril se concrétisait5.

Plus tard en 2020, le personnel a procédé à d’autres analyses, desquelles il est ressorti que les ménages arrivaient à rembourser leurs dettes, mais que de plus en plus d’entreprises auront sûrement besoin de financement en 2021 pour s’en sortir6.

Favoriser la résilience du système financier

En réaction aux répercussions économiques de la pandémie, la Banque a mis en œuvre plusieurs mécanismes d’octroi de liquidités et programmes d’achat d’actifs, dont certains étaient nouveaux et d’autres modifiés. Les objectifs poursuivis :

  • préserver le fonctionnement des marchés et soutenir le crédit;
  • permettre aux effets des baisses de taux d’intérêt de se propager dans l’économie.

Dans le cadre de ses efforts pour renforcer la solidité du système financier à long terme, la Banque a conclu des accords avec les autorités prudentielles de la Colombie‑Britannique, de l’Alberta, du Nouveau‑Brunswick, de la Nouvelle‑Écosse et de l’Ontario. Au besoin, elle peut ainsi accorder des prêts garantis aux institutions financières sous réglementation provinciale dans ces provinces par l’intermédiaire du mécanisme permanent d’octroi de liquidités à plus d’un jour. Et grâce à un accord conclu avec le gouvernement du Québec, la Banque peut aussi octroyer une aide d’urgence à la Fédération des caisses Desjardins du Québec.

Surveillance des infrastructures de marchés financiers

Par ses activités de surveillance, la Banque a concouru au bon fonctionnement des infrastructures de marchés financiers durant la pandémie7. Dans les premiers temps de la crise, son personnel s’est associé aux autorités de réglementation provinciales pour surveiller l’activité des systèmes désignés dans le contexte difficile qui prévalait alors. Des ajustements majeurs ont par la suite été apportés à certaines pratiques relatives aux opérations et à la gestion des risques.

En parallèle à ses interventions en réaction à la pandémie, la Banque a continué à progresser dans le dossier des changements structurels à plus long terme visant les infrastructures de marchés financiers. Elle a entre autres :

  • désigné Virement Interac comme système de paiement important;
  • créé le Comité de résolution des infrastructures de marchés financiers, qu’elle a chargé d’exercer en son nom les responsabilités qui lui sont conférées en tant qu’autorité de résolution;
  • soutenu la transition du Système automatisé de compensation et de règlement vers une nouvelle plateforme technologique;
  • mené des travaux d’analyse des politiques, conçu une approche de supervision et entamé le dialogue avec les fournisseurs de services de paiement en prévision de l’exercice de nouvelles responsabilités à l’égard de la supervision des paiements de détail.

Partenariats avec des organismes canadiens

Durant l’année, la Banque a collaboré avec les autorités fédérales et provinciales à la surveillance et à l’évaluation des tensions qui se sont exercées sur les différentes banques et le système financier. En 2020, la Banque :

  • a appuyé la décision du Bureau du surintendant des institutions financières de modifier la réserve pour stabilité intérieure en mars, ce qui a aidé les institutions financières à continuer de prêter aux entreprises et aux ménages;
  • a piloté la création du Comité de surveillance du risque systémique8, composé de représentants provinciaux et fédéraux, afin de faciliter l’évaluation des vulnérabilités du système financier et l’incidence de la pandémie sur les vulnérabilités présentes, notamment en ce qui concerne la cybersécurité;
  • a collaboré au début de la pandémie avec ses partenaires du Groupe sur la résilience du secteur financier canadien9 à faciliter la mise en commun de l’information de nature opérationnelle, contribuant ainsi à une meilleure compréhension des risques opérationnels potentiels;
  • a continué d’appuyer le programme de Paiements Canada visant à moderniser les principaux systèmes de paiement utilisés au pays.

Dans le cadre de sa collaboration avec Paiements Canada, la Banque a réalisé des progrès sur des aspects importants de Lynx (le nouveau système de traitement des paiements de grande valeur appelé à remplacer le Système de transfert de paiements de grande valeur) et du système de paiement en temps réel (la nouvelle infrastructure qui sera mise en place à l’appui des paiements instantanés entre particuliers et entreprises). Même si le télétravail obligatoire et les protocoles de distanciation physique ont freiné les travaux de différents organismes publics participants, il est prévu que ces deux systèmes soient lancés au cours des deux prochaines années.

Réforme des taux de référence

Depuis juin, la Banque assume les fonctions d’administrateur du taux des opérations de pension à un jour (CORRA) et publie dans son site Web ce taux d’intérêt de référence sur le marché canadien, désormais calculé selon une méthode améliorée. La Banque a aussi créé le Groupe consultatif sur le taux CORRA10 pour qu’il la conseille sur les modifications à apporter à la méthode de calcul en cas de changements dans le fonctionnement du marché des pensions ou de problèmes éventuels.

En raison de l’abandon prévu du taux interbancaire offert à Londres (LIBOR), les marchés financiers mondiaux se tournent de plus en plus vers des taux de référence à un jour sans risque, comme le taux CORRA. La Banque soutient pleinement le passage du système financier canadien à ce taux qui, prévoit‑elle, finira par devenir le principal taux de référence du pays. Par l’intermédiaire du Groupe de travail sur le taux de référence complémentaire pour le marché canadien, elle s’attache activement à préparer cette transition, qui comprend maintenant un examen du taux CDOR (Canadian Dollar Offered Rate), accompagné de recommandations.

Stabilité financière et politique monétaire

Les efforts continus de la Banque pour incorporer les enjeux de stabilité financière à la conduite de la politique monétaire se sont accélérés avec la crise de la COVID‑19. Par exemple, l’institution a lancé plusieurs programmes de soutien à la liquidité destinés à restaurer le fonctionnement des marchés, à maintenir l’accès au crédit et à assurer la transmission efficace de la politique monétaire.

Tout au long de l’année, le personnel a évalué les effets des mesures prises par la Banque en réaction à la crise. Publiés dans le portail sur le système financier, les résultats de ces évaluations seront pris en compte en vue du renouvellement, en 2021, de l’entente conclue entre la Banque et le gouvernement du Canada sur la cible de maîtrise de l’inflation.

La Banque a par ailleurs avancé dans la modélisation des liens fondamentaux entre la stabilité financière et les décisions de politique monétaire. Grâce aux modèles de politique monétaire de prochaine génération, elle sera en mesure d’évaluer, par exemple, la façon dont les attentes relatives aux prix des logements peuvent amplifier les cycles d’expansion et de contraction.

Les efforts dans ce domaine ont aussi bénéficié du soutien du tout nouveau laboratoire sur l’hétérogénéité. Dans cet espace collaboratif virtuel, les chercheurs de la Banque analysent le rôle de l’hétérogénéité, c’est‑à‑dire les différents aléas auxquels font face les ménages et les entreprises. Ce sont des travaux du genre qui ont permis de faire avancer les connaissances de l’institution sur des questions liées à l’épargne et à l’endettement des ménages durant la crise de la COVID‑1911.

Activités à venir

En 2021, la Banque continuera à :

  • utiliser des microdonnées pour surveiller les effets de la pandémie sur les ménages et les entreprises, en particulier celles tournées vers les services et directement touchées par les mesures de distanciation physique;
  • assurer le bon déroulement des opérations sur obligations du gouvernement du Canada (règlement compris) dans un contexte de bas taux d’intérêt, conjointement avec les acteurs sectoriels;
  • améliorer la résilience du système canadien de paiement de gros, de concert avec Paiements Canada et les institutions financières;
  • se préparer à remplir son nouveau rôle de surveillance des fournisseurs de services de paiement de détail, en collaboration avec les parties prenantes et le ministère des Finances du Canada;
  • mener, en vue du renouvellement du cadre de politique monétaire, des recherches sur différents outils de politique monétaire, leur conception et les façons de les mettre en œuvre efficacement, ainsi que sur la complémentarité entre politique monétaire et politiques macroprudentielles;
  • intégrer à la politique monétaire des considérations relatives à la stabilité financière, dont celles qui concernent l’hétérogénéité des ménages.

  1. 1. Banque du Canada (2020), Revue du système financier, mai.[]
  2. 2. O. Bilyk, A. T. Y. Ho, M. Khan et G. Vallée (2020), Les risques de l’endettement des ménages dans la foulée de la COVID‑19, note analytique du personnel nº 2020‑8, Banque du Canada.[]
  3. 3. T. Duprey, X. Liu, C. MacDonald, M. van Oordt, S. Priazhkina, X. Shen et J. Slive (2018), Modelling the Macrofinancial Effects of a House Price Correction in Canada, note analytique du personnel nº 2018‑36, Banque du Canada.[]
  4. 4. Banque du Canada (2020), « Le système financier demeure résilient », Revue du système financier, mai.[]
  5. 5. Banque du Canada (2020), Rapport sur la politique monétaire, avril.[]
  6. 6. T. Gravelle (2020), Prendre le pouls du système financier canadien, discours prononcé devant l’Autorité des marchés financiers, Montréal (Québec), 23 novembre.[]
  7. 7. Banque du Canada, Surveillance réglementaire des systèmes de compensation et de règlement désignés.[]
  8. 8. Banque du Canada (2020), « Encadré 1 : La collaboration avec les Responsables des organismes de réglementation », Revue du système financier, mai.[]
  9. 9. Banque du Canada (2019), La Banque du Canada annonce la création d’un partenariat visant à renforcer la résilience du secteur financier, communiqué, 27 juin.[]
  10. 10. Banque du Canada, Groupe consultatif sur le taux CORRA.[]
  11. 11. J. C. MacGee, T. M. Pugh et K. See (2020), The Heterogeneous Effects of COVID‑19 on Canadian Household Consumption, Debt and Savings, document de travail du personnel nº 2020‑51, Banque du Canada.[]

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